risin' up to the challenge ☾ freyatt

Oh il se doutait que cette conversation finirait mal. Il l’a su à l’instant où il est entré dans la salle de sport ou – plus exactement – dès qu’il a utilisé son travail pour avoir l’adresse. Wyatt va trop loin, il va trop loin et il va probablement finir par s’en mordre les doigts. Que faire d’autre lorsque la personne auprès de qui vous tenez à vous racheter refuse de vous accorder le pardon ? Et même d’y penser ne serait-ce que quelques secondes ? Borné, le brun ne peut pas accepter l’échec et puisqu’il a ce dernier en horreur, il force. Sauf qu’il connaît Freya. Malgré les années écoulées, il la connaît que trop bien et sait qu’elle déteste qu’on lui impose les choses. Il sait aussi qu’elle ne fait pas facilement confiance et que la trahir est une mauvaise idée. Il le sait parce qu’il est fait de la même façon qu’elle. Probablement l’une des raisons pour lesquelles ils étaient bien ensemble à l’époque. Toutefois, même en sachant ça, il insiste et à mesure que leur conversation avance – ou pas selon les points de vues – il la voit s’énerver. « Pardonne-moi, j’oublie souvent que tu as toujours été parfaite. » Qu’il ne peut s’empêcher de répliquer, parfaitement sarcastique. A l’entendre, il est le seul à toujours tout faire de travers, à avoir été imparfait. Pourtant, elle a aussi eu ses défauts et a également fait des erreurs, comme n’importe quel être humain. Détail que Freya semble volontairement oublier. Wyatt, il n’est pas fier de tout ce qu’il a pu faire, mais il a au moins le mérite de vouloir se racheter. « Bordel mais on avait vingt ans, Freya ! Tu voulais qu’on fasse quoi d’un enfant ? Tu crois vraiment qu’on aurait été de bons parents ? On savait à peine se gérer nous-même alors un enfant ?! » A l’heure actuelle, peut-être qu’il aurait pu assumer et encore, il n’en est pas certain. Mais il y a six ans ? C’était à peine s’ils sortaient de l’adolescence tous les deux et lui pensait surtout au sexe plus qu’à changer des couches ou donner un biberon à un petit être passant son temps à pleurer. « T’as peut-être raison cela dit, je ferais mieux d’abandonner. Oh pas parce que je baisse les bras, mais parce que finalement ton pardon il ne mérite même pas qu’on s’en préoccupe. »

Bien sûr que ça ne lui plaît pas que Freya continue de l’envoyer balader alors qu’il essaye de s’excuser. Elle ne compte pas lui pardonner pour autant. Elle n’en est absolument pas obligée, et tant mieux si ça l’énerve aussi. Peut-être qu’il laissera tomber ainsi. Et à s’énerver contre elle, il ne fait que réveiller d’autant plus sa colère. Il ne connaît rien de sa vie actuelle, parce qu’il a fait le choix d’en sortir alors qu’elle pensait pouvoir lui faire confiance. Comment se permet-il de la juger ainsi ? « Je n’ai jamais dit ça. » Oh non, elle n’est pas parfaite, et ne prétend pas l’être. Contrairement à Wyatt qui dit et répète avoir changé, être meilleur. Que ça soit vrai ou non, elle n’a pas envie de le savoir. C’était quand elle lui a annoncé qu’ils allaient avoir un enfant qu’il aurait dû bien agir. Six ans plus tard, c’est trop tard. Et les phrases que prononcent Wyatt ensuite résonnent dans sa tête. S’il savait… Mais non, il ne doit pas savoir. Peut-être que lui n’était pas assez mature, mais elle, elle avait pris ses responsabilités, avait bousculé sa vie et ses rêves pour l’arrivée de ce petit humain. Elle prend une respiration, ferme les yeux avant de le regarder en face. « C’est ça ton excuse pour avoir été le pire des cons ? On n’était pas prêts, alors t’as décidé de me traiter comme de la merde ? » Peut-être qu’elle réécrit un peu l’histoire, qu’il avait fini par claquer la porte parce qu’elle s’était énervée contre lui. Mais dès le début de sa réaction, il avait merdé. Et visiblement, il ne l’assume pas autant qu’il pourrait le laisser penser, s’il se cherche toujours des excuses. « C’est ça, abandonne. C’est ce que tu fais le mieux. » S’il ne veut pas de son pardon, tant mieux, il ne l’aura pas. Même si, sans qu’elle veuille se l’admettre, ça lui fait un petit quelque chose ce qu’il pense d’elle. C’est pathétique. « De toute façon, je n’ai pas besoin de toi, tu n’as pas besoin de moi. Plus vite tu le comprendras, moins chiant tu seras. »

Evidemment, sa patience a atteint ses limites. Il est surpris d’avoir tenu aussi longtemps d’ailleurs. Plus du genre impulsif dans la vie de tous les jours, il prend souvent sur lui au poste pour ne pas exploser la tête d’un suspect sur la table histoire d’avoir des aveux plus rapidement. Il est connu pour son tempérament de feu, surtout depuis son retour de Chicago. Avec Freya, il essaye de se tempérer. Il sait qu’elle est tout autant une boule de nerfs que lui, qu’elle peut s’énerver très rapidement et que tous les deux peuvent en venir à s’insulter. Mais là, il craque. C’est aussi simple que ça. Il en a assez de se battre contre de la fumée, de se fatiguer pour rien. « Tu l’as pas dit, mais tu agis comme si c’était le cas. » Qu’importe ce qu’il peut dire ou faire, elle le fera toujours passer pour le méchant de l’histoire sans jamais se remettre en cause. Alors oui, il lui balance au visage ce qu’il pensait déjà à l’époque : qu’ils n’étaient pas prêts à être parents, qu’ils étaient bien trop jeunes pour ça. « C’est mon excuse pour avoir refusé d’avoir un enfant à l’époque. Et si je me souviens bien, tu n’as pas été tendre non plus quand on s’engueulait déjà à ce propos à l’époque ! Je n’aurais pas dû réagir comme je l’ai fait, mais ça ne change pas que j’avais en partie raison. » Il reconnaitra toujours avoir mal réagi, surtout avec elle, mais jamais il ne reviendra sur le fait qu’ils n’auraient pas été de bons parents, certainement pas lui en tout cas. Il n’était pas prêt à abandonner ses rêves, ne voulait pas rester à New York à l’époque. Quel père ça aurait fait de lui ? Il aurait considéré son gamin comme la cause de ses rêves brisés. « Ce que je fais de mieux ? Qui m’y pousse, Freya ? Certainement pas moi. Mais t’as raison, on n’a pas besoin l’un de l’autre, reste cantonnée dans l’idée que t’as toujours raison et que tu sais mieux que tout le monde, tu verras bien où ça te mènera. » Le ton étant monté entre eux, forcément des curieux viennent voir ce qui se passe. Wyatt leur jette un regard mauvais, puis en fait de même avec Freya. Il ne rajoute rien, ramasse rageusement ses affaires et quitte la salle sans un mot. Tout a été dit non ? Alors il claque la porte une fois sortie et sait déjà qu’il ne va pas se rendre chez lui mais plutôt dans un bar pour faire passer tout ça avec une bonne dose d’alcool.