thea&solal - girl i do this often

« Dit-il alors qu’il n’a pas été capable d’attendre trente seconde après que je sois partie pour me rejoindre. » rétorque Thea. Je lève les yeux au ciel d'un air un peu blasé. Elle a pas tort. Malgré le fait que ses inconnues ont été un pue collantes, si je voulais avoir l'air crédible, il aurait fallu que je me retienne de la rejoindre mais sur le coup, je n'ai pas vraiment réfléchi, c'était plutôt comme si je cherchais une excuse. Du coup, devant cette nouvelle attaque, je ne fais que lever les yeux au ciel et sourire à moitié blasé et amusé. Faut dire que j'apprécie la compagnie de Thea et je ne parle pas seulement de la compagnie intime. Je finis par tout de même ouvrir la bouche. « D'accord, je m'ennuyais et ton apparition a donné un regain d'intérêt à ma soirée, t'es contente ? » ai-je avoué d'une  voix tranquille. C'est la vérité après tout. Bon, elle s'en doute déjà et j'ai juste l'impression que je viens de renforcer son égo mais peu importe. Ce n'est pas parce que ce n'est pas sérieux entre elle et moi qu'on ne peut pas se faire un compliment de temps en temps. On a peut-être commencé par coucher ensemble, mais on a fini par devenir amis. « Je ne savais pas que ça faisait partie de tes attributions. T’es un videur amélioré ? » réplique Thea quand je lui dis qu’elle est une VIP.  Je manque d’éclater de rire. « T’es plutôt bien placée pour répondre à cette question toute seule. » ai-je répondu d’un ton plein de sous-entendus. « Tu traites tous les clients de la même façon ? » continue Thea. Je fais semblant de réfléchir et hausse les épaules. « Non, on va dire que je suis particulièrement de bonne humeur ce soir. T’en as de la chance. » En vérité, je ne traite pas tous les clients comme ça tout simplement parce que tous les clients ne sont pas mes amis ou des gens avec qui je couche ou la sœur ou le frère de mon patron… ou les trois en même temps. Je ne fais que mon boulot, la plupart du temps, la suite dépend de certaines choses. « T’inquiète pas, je lui dirai à quel point tu es attentionné envers ses clientes.  » dit Thea quand elle parle d’aller voir son frère dans son bureau. Je sens le sous-entendu dans sa réponse et je sais bien qu’elle ne lui dira pas un truc pareil parce qu’on a tous les deux trop à y perdre, surtout moi. Malgré tout, je prends la peine de rajouter : « Et ses clients… Je ne peux pas être accusé de favoritisme. » Ça fait un moment que je ne cache plus ma bisexualité. L’avantage de bien choisir ses proches mais aussi de venir d’un pays comme la France et de vivre aux États-Unis. Tout n’est pas parfait, loin de là, surtout depuis quelque temps, mais la peur n’est pas la même que dans certains pays. « Bon courage, une heure ça va passer vite. » lance-t-elle alors que je m’éloigne. Je souris alors qu’elle me fait un clin d’œil. Elle va voir son frère tandis que je retourne à ma place. L’heure qui suit passe en pointillé. Il y a des moments où absolument rien ne se passe et d’autres plus agités. Je ne pense même pas à regarder si Thea dans le coin, pas seulement pendant les périodes animées mais aussi de façon générale parce que je ne veux pas lui accorder ce plaisir. Je lui ai déjà trop montré que j’étais content de la voir. Alors j’ai préféré me concentrer sur la raison de ma présence à l’Output. Résultat, quand sonne l’heure de ma pause à 3 heures, je jette un premier et rapide coup d’oeil pour voir que Thea est revenue au bar. Je ne retourne pas la voir. J’ai trop chaud. Ma chemise noire me colle à la peau, tout comme ma veste. J’ai besoin de prendre l’air. Une fois que mon collègue est venu prendre le relai, je me dirige vers les vestiaires qui, cachés derrière une porte, sont réservés aux employés. J’ignore si Thea m’a vu partir. Quand on se voit tous les deux pendant que je bosse à l’Output, on a quelques possibilités, ce qui fait que même si elle ne m’a pas vu, elle n’aura pas beaucoup à chercher parce qu’il n’y a pas non plus énormément de lieux où on peut être tranquilles. Une fois dans les vestiaires des employés qui sont déserts à ce moment de la nuit, je ne peux pas m’empêcher d’apprécier le calme. Bien évidemment, j’entends encore la musique mais ce n’est pas comparable. Je récupère une bouteille d’eau dans mon casier et me dirige  vers la porte de service des employés. Me voilà dehors, dans l’impasse qui est derrière le club. L’air frais fouette mon visage et me réveille. J’ouvre et bois quelques gorgées de ma bouteille d’eau en m’adossant au mur qui est en face de la porte de service.

On se cherche encore un peu, comme il est d'usage entre nous. C'est souvent la même chose, surtout quand elle vient me voir pendant que je bosse. C'est pas comme si je pouvais faire autre chose avant ma pause de toute façon. Je pense que si ça marche toujours autant entre nous  malgré le fait que ça se passe souvent de la même manière c'est en partie parce qu'on est devenus amis. J'apprécie autant ces moments où on se cherche que ceux où on se retrouve dans un lit. Comme elle, je sais comment ça va se terminer ce soir, ce qui ne m'empêche de prétendre le contraire. On va dire que j'ai besoin de me divertir un peu pendant le boulot. Thea et moi finissons par nous séparer. Je retourne faire mon travail tandis qu'elle va voir Braeden dans son bureau. L'heure qui suit s'écoule assez lentement mais il y a eu pire. Les minutes alternent entre l'ennui mortel et le manque de temps pour penser à autre chose que ce que je fais. Autrement dit, deux types bourrés qui commencent à se foutre sur la gueule et qu'Elias et moi devons virer tout en évitant leurs poings. À trois heures, quand mon autre collègue vient me remplacer, je suis soulagé. Je ne perds pas mon temps et file vers les vestiaires pour pouvoir ressortir dans l'allée derrière le club. Après avoir pris la bouteille d'eau dans mon casier, je me retrouve donc dehors, à l'air frais. L'allée est évidemment déserte et l'air nocturne me réveille. Je bois un coup d'eau tout en observant le ciel et constate, comme toutes les autres nuits, que la pollution nocturne empêche de voir les étoiles. C'est à ce moment que la porte de service par laquelle je suis sorti s'ouvre. Thea apparaît, pas surprise de me voir là. En buvant une nouvelle gorgée d'eau, j'ai limite l'impression que ma peau fume tellement j'ai eu chaud à l'intérieur du club et qu'il fait froid dehors. « T’as l’air épuisé. » lance Thea en laissant la porte se refermer derrière elle. Elle s'avance vers moi alors que je rebouche ma bouteille et m'adosse contre le mur derrière moi. « Pas trop long, ces soixante minutes ? Ca a dû être une torture de pas pouvoir me surveiller. » continue-t-elle. Je souris, m'étant attendu à ce genre de remarque. « Un peu crevé, oui... y a deux mecs qui ont foutu le bordel tout à l'heure. Mais j'avais surtout chaud en fait. Du coup j'aurais pas eu le temps de te surveiller de toute façon. » ai-je répondu avec un sourire insolent avant de reprendre. « Mais il se pourrait que tu m'aies manqué de temps en temps quand même... juste comme ça. » Un léger sourire ne quitte plus le coin de mes lèvres. Quand je sais qu'on se verra à ma pause, ça me donne toujours un peu plus de courage d'affronter le boulot jusqu'au moment où je vais pouvoir souffler. « T'as pas trop emmerdé ce pauvre Braeden sinon ? »