we're gonna rise 'til we fall. (poppy)

Jour de repos, enfin, et seul à la maison en prime. Que demander de plus, dîtes moi ? Le réveil désactivé, je me permets une semi-grasse matinée en me levant à 10h. Oui, bon, je ne suis pas vraiment ce qu’on pourrait appeler de lève-tard, même quand je ne bosse pas. Je me lève tôt les lendemains de soirée, pour tout dire, quand bien même j’ai la gueule de bois. Prenant mon petit-déjeuner assez rapidement, je remonte ensuite dans ma chambre pour m’installer sur mon lit. Alors que je commence tranquillement à checker un peu les nouvelles vidéos postées sur YouTube, j’entends des bruits de pas dans les escaliers, mais je n’y prête guerre attention. Il doit s’agir d’un des colocs qui rentrent plus tôt, tout simplement. Un bruit de porte s’élève ensuite dans l’étage silencieux, celle de Naleya et, l’espace de quelques secondes, je pense qu’il s’agit de ma jolie coloc. Avant de réaliser que ce ne sont pas les mêmes bruits de pas. Ni de ceux d’un des autres colocs d’ailleurs. À force de les entendre marcher, je reconnais leur bruit de pas. Oui, ça peut être assez flippant, mais très utile par moment. Les bruits se rapprochent ensuite de ma chambre et je me lève afin d’accueillir comme il se doit l’inconnu, prêt à en découdre s’il s’agit d’un intrus non désiré. Mais lorsque la porte s’ouvre, ce n’est pas un individu quelconque qui apparaît. Non, c’est même une personne qui n’est pas étrangère à cette maison. Poppy. Sans que je puisse le retenir, un léger sourire vient se placer sur mes lèvres. « J’aurais dû me douter que c’était toi. » Il n’y a qu’elle pour entrer dans cette maison comme dans un moulin, alors qu’elle n’y vit plus. « Par contre, si tu cherches Naleya, c'est pas ici, c’est l’autre chambre, tu sais ? » Que je lui lâche d’un air taquin. Bien évidemment qu’elle le sait, elle est allée dans la chambre de la demoiselle avant.

@Poppy Moran

Elle est censée retrouver Naleya ce matin. Elles doivent aller déjeuner rien que toutes les deux, ça fait un moment qu’elles n’ont pas eu de moment rien qu’à elles, et Poppy, elle doit bien avouer que ça lui manque ce genre de moment privilégié avec sa meilleure amie. C’est autant la faute de la brunette que la sienne, elles ont toutes les deux un emploi du temps très chargé, alors forcément dès qu’il y a une ouverture, elles en profitent. Poppy a dit qu’elle passerait à la coloc, là où elle vivait autrefois mais où tous ses anciens colocataires vivent encore. Ca lui fera une occasion de pourquoi pas leur dire bonjour, et de toute façon c’est pas franchement loin de là où elles vont manger. Quand elle arrive là-bas, une personne qu’elle n’avait encore jamais vu lui ouvre. Elle se présente rapidement, et ça doit lui suffire puisqu’elle la laisse entrer. Elle se dirige alors sans attendre vers la chambre de Naleya qui est vide, sans grande surprise. La fille qui l’a laissée entrer lui a bien dit qu’elle n’était pas là et elle comptait bien l’attendre dans sa chambre, mais en passant, elle a entendu du bruit dans la chambre voisine. Et cette chambre, c’est celle d’Anton. Anton dont elle n’a pas eu beaucoup de nouvelles depuis plusieurs mois, date à laquelle où elle est partie en fait. Elle ne peut pas résister, elle change d’idée et se dirige vers sa chambre à lui, puis sans prendre la peine de frapper, ouvre la porte. Là elle se retrouve nez à nez avec lui, qui change d’expression dès qu’il la voit. Elle sourit alors à son tour et faisant comme chez elle, va s’asseoir sur son lit. « C’est pas elle que je suis venue voir pour le coup. » Elle hausse les épaules, puis le fixe du regard, le sourire en coin. « Enfin, si, mais comme elle est pas là je me suis dit que j’allais mettre mon temps libre à profit. » Ils ont toujours eu cette dynamique étrange, ils n’ont jamais été vraiment proches et c’est pas faute d’avoir essayé. Ca fait partie de sa personnalité et il représente toujours un défi pour elle. Elle va tenter de profiter des quelques instants qu’elle a devant elle pour le relever. « Je t’ai manqué ? Au moins un peu ? »

Si on m’avait dit que ce matin, en ouvrant la porte de ma chambre, je tomberais nez à nez avec Poppy, je crois que je l'aurai verrouillé pour qu’elle ne puisse pas entrer. Ce n’est pas par méchanceté de ma part, ni car la demoiselle est une mauvaise personne, pas du tout. Le gros souci, c’est qu’elle a tendance à vouloir en savoir plus sur moi, ma vie, ma personnalité. Des choses que je n’ai pas envie de dévoiler à tout le monde en fait, alors ça me dérange énormément ce côté curieux qu’elle a. Mais en même temps, je l’aime bien quand même cette fille parce qu’elle est sympa. Puis, elle a été une de mes anciennes colocataires et, autant dire que sur ce point-là, elle en est une exemplaire. Jamais de retard de loyer, toujours là pour dépanner les autres colocs, et une aide infaillible pour les tâches ménagères. J’ai vraiment rien à lui reprocher sur ce point-là. Si seulement elle aurait pu être moins têtue et cesser de chercher la moindre information me concernant. Alors, en ouvrant la porte et tombant nez à nez avec elle, je sais d’avance que la journée risque d’être épuisante avec ses questions. Je souris toutefois, c’est plaisant de la voir malgré tout au fond et elle me sourit en retour, entrant sans attendre dans ma chambre et s’installant sur mon lit. Je lève les yeux au ciel, elle prend ses aises la demoiselle. Je ne dis cependant rien et me tourne vers elle pour l’écouter, riant légèrement sur l’évocation du temps libre à profit. « Tu t’es dit que t’allais venir m’embêter un peu ? Pour rattraper le temps perdu, ou un truc du genre ? » L’air s’affichant sur mon visage se veut sournois. Je ne rate jamais une occasion pour la faire chier un peu de mon côté, juste retour de bâton pour son trop-plein de curiosité. À son questionnement, je fais mine de réfléchir, avant de finalement demander à mon tour : « Mh... Et moi, je t’ai manqué ? » Répondre à une question par une autre ? Totalement mon style, encore plus avec elle comme interlocuteur.

Il lui en faut beaucoup pour la décourager en général. Poppy est une fille tenace, pas du genre à abandonner à la moindre déconvenue. Elle ne serait pas allée loin dans la vie sans ça, et elle ne serait même pas là, à New York, aujourd’hui. Alors quand elle voit que Naleya n’est pas encore là, elle ne rebrousse pas chemin. Elle va bien trouver comment s’occuper, surtout qu’ici, c’était chez elle avant. Elle avait ses habitudes, et elle en a gardé certaines. Ce n’est peut-être pas une bonne chose, mais c’est comme ça. C’est bien pour ça, d’ailleurs, qu’elle se dirige droit vers la chambre d’Anton. Anton qu’elle n’a jamais réussi à cerner, pendant tout son temps passé ici, et qui reste l’un des plus grands mystères de sa vie. L’un de ses plus grands défis, aussi. Sa réaction ne la surprend pas le moins du monde, mais elle est contente de voir qu’il est content de la voir malgré tout. C’est son charme naturel, ça. On ne peut pas la détester, elle est beaucoup trop gentille et adorable. Même pour quelqu’un dont la carapace est dure ne serait-ce qu’à fendiller. « Exactement. Je n’aime pas la façon dont se sont terminées les choses entre nous. » Elle n’a jamais réussi à le percer à jour, et c’est exactement ce à quoi elle fait référence. Rien de salace ou d’inapproprié, parce qu’elle ne l’a jamais vu de cette façon, Anton. Il est un ami, ou en tout cas c’est ce qu’elle aime se dire. Elle constate qu’il n’a pas perdu ses bonnes habitudes, répondant à sa question par une autre question. C’est quand même dingue, ça. Heureusement que ça la fait sourire, bien qu’elle lève quand même les yeux au ciel. « Bien sûr, j’étais bien ici. » Ca vaut pour tous ses anciens colocataires, qu’elle peut recroiser de temps en temps grâce à sa relation avec Naleya. « On va dire que je t’ai manqué. Si tu veux pas me répondre, j’ai le droit de me faire mes propres réponses. » Si après, il veut la corriger, libre à lui. Elle regarde tout autour d’elle avant de reposer son regard sur son ancien colocataire. « Bon, et sinon, qu’est ce que j’ai interrompu ? Tu faisais quoi avant que je ne vienne ensoleiller ta journée ? » Elle non plus n’a pas perdu ses bonnes habitudes avec lui. Les questions sont ses armes les plus redoutables face à lui.

« Dit comme ça, j’ai le sentiment d’avoir fait un truc de mauvais et qui aurait conduit à la fin de notre relation. » A sa façon d’en parler, quelqu’un d’extérieur et sans connaissance de notre passif en tant que colocataire pourrait croire à une relation amoureuse. Sauf qu’il n’en est rien, il n’y a jamais eu quelque chose entre la jeune femme et moi. Il n’y aura jamais rien de plus. Imaginez deux secondes que je couche avec la meilleure amie de Naleya alors que je viens à peine de me la faire ? Je pourrais dire adieu à l’espoir de pouvoir la foutre de nouveau dans mes draps, définitivement. Un risque que je ne prendrais pas, je la désire encore bien trop pour ça. Me questionnant par la suite sur le manque ressentit par son absence, je me contente de répondre par un retour de question. S’il y a bien une chose que j’aime faire, c’est l'embêter en ne répondant jamais à ses questions. Surtout pas quand il s’agit de venir lui dire ce qu’elle veut entendre. Et ce qu’elle me rétorque me fait légèrement sourire. Je le sais qu’elle se sentait bien ici, nous aussi, on aimait bien l’avoir avec nous. Dans la compétition de qui est le plus un rayon de soleil, il y avait un combat acharné entre elle et Jillian, les deux étant quasi-semblables sur leur bonne humeur au quotidien. Désormais, il n’y a plus que ma meilleure amie pour foutre de la joie dans toute la maison. Je ris face à ses propos. « Libre à toi de te faire tes propres réponses. » Qu’elle se dise ce qui lui fait le plus de bien, je ne suis pas aussi mauvais pour lui refuser ça. Et puis, elle n’aurait pas tort de croire qu’elle m’a manqué, au moins un peu, parce que c’est le cas. Quand tu prends l’habitude de voir une personne régulièrement, ça te fait toujours un petit quelque chose lorsque ce n’est plus le cas, c’est humain. « Je faisais rien de spécial. Pour une fois, ton arrivée ne vient pas noircir ma journée, c’est miraculeux. » J’ajoute alors, avec un ton taquin. J’abuse pas mal lorsque je dis qu’elle me noircit mes journées, ce n’est pas le cas, mais j’aime bien trop lui faire croire que si. Tel le vilain que je peux être en sa présence.