Aujourd’hui, Leïa a décidé de faire un tour au marché de Noël. Honte a elle, elle n’a pas encore préparé les décorations pour le Noël, celui qui se déroulera le 6 janvier. C’est donc avec empressement qu’elle est sortie de chez elle et qu’elle s’est rendue au marché de Noël.
Brr. Y a quand même beaucoup de monde. Mais pourquoi je suis venue aujourd’hui, moi. Les gens se bousculent pour trouver des cadeaux de dernière minute - c’est même plus que de la dernière minute, Noël est déjà passé. Ou bien encore pour trouver des mets locaux pour les repas du Réveillon et du Nouvel An.
Les fêtes de fin d’année. D’aussi loin qu’elle se souvienne, Leïa a toujours célébré cette période. C’est le moment le plus joyeux de l’année. Du moins, ça l’était avant le massacre. Tout le monde se retrouvait pour fêter la nouvelle année. C’était même traditionnellement un temps de trêve entre les différents gangs qui sévissaient dans le Bronx. Pendant près de vingt ans, tous les ans, elle aidait celui qui était devenu au fil du temps son « оте́ц » (
prononcer otets, qui veut dire père) à préparer les fêtes. Et rien que pour lui, aujourd’hui, elle continue. Pour honorer sa mémoire. Car Noël n’a plus du tout la même saveur depuis qu’il n’est plus là. Plutôt un goût amer et une couleur saignante. Même l’année dernière, alors qu’elle était en plein deuil, elle a dédié une place spéciale à un sapin. L’arbre était fait en vieilles caisses en bois que l’ancien propriétaire des lieux avait laissé derrière lui. Ce sapin, c’est la seule extravagance qu’elle s’est autorisée l’année dernière. Mais aujourd’hui, après un an à pleurer ceux qu’elle considérait comme sa vraie famille, elle est bien décidée à reprendre une vie normale. Certes, cette boucherie la marquera à jamais, ça a été un tournant dans sa vie, mais il faut bien continuer.
C’est donc les bras chargés de décorations qu’elle parcourt le Marché de Noël. Même si le Noël chrétien est déjà passé, il y a encore beaucoup de monde sur le marché.
Ça m’étonnerais que ces gens soient là pour préparer le 6 janvier. Les américains ne sont pas vraiment réputés pour être orthodoxes. Et puis que c’est lourd tout ça. Les colis commencent à peser leurs poids. Devant elle se trouve un stand où se dégage une délicieuse odeur épicée. «
Hum, que ça sent bon. » Elle adore cette fragrance typique des fêtes. Les muscles tellement endoloris qu’ils mériteraient une pause, elle se laisse entrâiner vers le marchand. Elle dépose avec grands fracas tout son chargement.
Oups, c’est pas ce que je voulais. «
Pfou, ça fait du bien. » Un homme somme toute assez banal est en train de se faire servir. «
Madame, que désirez-vous ? » Une bonne femme, qui pourrait bien être sa grand-mère, bien en chaire, la regarde avec un grand sourire, attendant sa réponse. Leïa sursaute. Elle ne s’attendait pas à ce que l’on s’occupe d’elle tout de suite. Elle regarde autour d’elle et hume les délicieuses odeurs qui flottent dans l’air.
Le choix va être compliqué. Elle hésite. «
Hum, je prendrais bien un chocolat chaud à la cannelle. »
@Warner Eaton