Aujourd’hui, tu te sens en veine. La petite mamie qui tient la boutique d’antiquité t’a lâché plus tôt ce soir. Sans compter le petit billet de 10$ que tu as ramassé en sortant de chez-toi ce matin. Puis, pour parfaire le tout, tu as eu la joie de découvrir un nouveau trailer d’Avengers : End Game ce matin. Quoi de mieux pour la petite fan de Marvel que tu es ? Il ne manque alors à ce tableau qu’une seule chose : ton verre d’alcool journalier. N’étant cependant pas d’humeur à gâchée la fin de la journée chez toi, seule, tu décides de sortir pour te rendre dans ton bar favori. Oui, favoris, c’est le mot. Depuis maintenant presque six mois tu y passes chaque soir. Après tout ce temps, tu commences à connaître l’endroit, même le staff. Enfin, un peu, pas trop. Tu as surtout retenu le prénom d’un barman ainsi que d’un des propriétaires. Il faut dire que tu lui dois plus ou moins la vie à celui-là. Donc, difficile de passer à côté de son prénom. Une petite pensée te traverse d’ailleurs l’esprit soudainement : est-ce qu’il sera là ? Cette idée qui te passe par la tête te stoppe alors dans ta marche. Voilà une bien étrange pensée que tu te dis. Secouant légèrement la tête, tu l’éjectes de ton esprit avant de reprendre la route. Comme souvent, il ne te faut pas longtemps pour te rendre enfin à ton endroit de prédilection. Ton corps gelé par la fraîcheur de l’hiver est bien heureux de retrouver finalement un peu de chaleur. Que ce soit humaine ou par un simple radiateur. Frottant ses bras, la blonde se glisse entre quelques personnes, se frayant un chemin jusqu’à bar. La route n’est cependant pas sans embûche, tu te prends les pieds dans ceux d’un tabouret et manque de tous les faire tomber tel un jeu de dominos. Heureusement, encore sobre, tes réflexes sont au plus hauts et, tu rattrapes le premier tabouret de justesse. Oups.. Lâches-tu dans un sourire un peu bête. Bordel, ta journée jusqu’ici a été parfaite, sans embûche, tu espères que les malheurs ne vont pas commencer. Prenant place au bar, tu commences ce que tu as l’habitude de commander : un verre de vin. Rien de bien exceptionnel pour le moment, si ce n’est que c’est le premier d’une longue liste. Tu l’espères en tout cas. Maintenant ton verre en main, tu ne peux pas t’empêcher de jeter un oeil à la salle tout en replaçant l’une de tes mèches blondes. Un blond, qu’en y pensant, tu espères bientôt échangé contre le brun de tes premiers jours.
La nuit passée, tu l’avais effectué aux urgences, une nuit entière sur le qui-vive, à ne pas fermer l’œil et à faire ce pour quoi tu t’es engagé. Puis tu es rentré à huit heure du matin chez toi, afin de dormir au moins quatre ou cinq heure pour récupérer de ta nuit agitée. Quatre ou cinq heures qui se sont finalement transformé en sept, huit heure. Oui, t’étais vraiment fatigué visiblement. T’as finalement émergé qu’en début d’après-midi et vu la neige dehors et le froid visiblement présent, t’as préféré rester tranquillement chez toi à te reposer, chose qui t’arrives plutôt rarement finalement, hyperactif que tu es. Mais ça n’a pas duré longtemps, t’as zieuté rapidement l’heure sur ton téléphone et, d’un geste vif, t’as quitté ton canapé pour aller prendre une douche et devenir un peu plus présentable. Coiffé, habillé, parfumé, te voilà prêt pour rejoindre ton deuxième lieu de travail. Oui, tu allais te rendre à l’union pool, ce bar que tu as racheté il y a un an à peu près maintenant. Un endroit que tu as réussi à ouvrir et à tenir grâce à ton collègue et ami, ainsi qu’à ses employés. Un endroit qui lui fait du bien et qui espère fait autant de bien à ses clients. Ce soir il n’était pas de garde à l’hôpital et plutôt que de rester enfermé chez lui à cogiter, il préférait aller bosser là bas.
Cela faisait déjà trois heures que tu bossais derrière le bar, saluant et discutant avec les clients habituels qui venaient carrément tous les soirs. Des clients devenus des amis pour beaucoup, de très proches connaissances pour d’autres. C’est principalement pour ça que tu aimes ce boulot, rencontrer de nouvelles personnes tous les jours, découvrir et apprécier. A l’arrière du bar, récupérant quelques tasses que la grosse machine qui sert de lave vaisselle a finir de laver, tu zieutes rapidement la salle que tu vois de là où tu es, reconnaissant rapidement une petite blonde qui venait tout juste d’entrer dans le bar. Tu fronces les sourcils en souriant, cette jeune demoiselle était pile à l’heure, tous les soirs elle venait au bar pour y siroter ces habituels verres de vin, elle avait l’air d’apprécier cet endroit et tu n’en étais plus que ravis. Le sourire aux lèvres tu revenais derrière le comptoir en rangeant les tasses, juste en face de cette même blonde, visiblement occupée à observer la pièce tandis que tu appuyais tes deux bras sur le bord du bar en t’adressant à elle. Promis, j’engueulerais le tabouret d’avoir osé se placer sur votre chemin. Tu disais en souriant en coin, lui faisant clairement comprendre que tu avais tout vu, dans les moindres détails.
Le regard porté sur le reste de la salle, ton verre en main. Tu n’as même pas besoin de tourner ta tête que tu sais déjà qui s’adresse à toi, juste au son de sa voix. Il faut dire qu’elle a, durant quelques heures, résonné dans ta tête il y a quelques mois. Difficile de l’oublier à présent. Tu comprends aussi assez vite à ses mots qu’il a été témoin de ta maladresse. Comme par hasard. Le karma a-t-il décidé de te punir ce soir ? Alors que ta journée avait si bien commencé. Bien. Tu prends une petite inspiration, une douce gorgée de ton vin puis, tu finis ton petit manège en te tournant vers lui. Tu peines à empêcher un sourire de se dessiner sur tes lèvres quand tu croises juste son regard. Tes lèvres se pincent, ton verre se pose sur le bar et, tu prends finalement la parole. Il ne sera pas trop puni au moins ? Demandes-tu innocemment, pour commencer. Il fait tout de même bien son travail en supportant mon poids. Lances-tu en glissant l’une de tes mains contre le rebord de ton assise. Suite à tes mots, tu laisses quelques secondes ton regard dévier sur le reste de sa personne, du moins, ce qui n’est pas caché par la structure du bar. Il est face à toi, accoudé, à sourire.. Tu le sens bien que ce sourire n’a rien d’innocent. S’amuserait-il de ta maladresse ? Tu en viens à te questionner. Cette petite interrogation bien vite chassée de ton esprit, tu ne peux pas t’empêcher de t’accouder toi-même contre le bar, face à lui. Tu te penches même un peu sur ce qui soutient tes bras. Tu joues quelques secondes avec les contours de ton verre, ton majeur en dessine le cercle formé par le verre. Inlassablement. Cela t’absorbe quelques secondes seulement avant que ton regard ne se reporte sur lui. Donc, vous êtes ici ce soir. Commences-tu par constater. Je pense ne pas vous avoir vu depuis quelques jours. Peut-être une semaine ? Je ne me souviens pas bien. Tu dis cela comme si tu avais remarqué son absence - ce qui, au fond, est un peu le cas, mais tu ne l’avoueras qu’à demi-mot - mais que tu n’y avais pas prêté plus que ça attention.