pizzas et chandelle + TESSONEL

F E V R I E R , 2 0 1 9 – « Il hésite à faire comme tonton Tommy ou comme son frère, son cœur balance. » Tu fais de grands gestes avec tes mains, mimant son hésitation. Martin ne voit que le succès qu’apporte votre métier : la gloire, l’argent et des portes grandes ouvertes. Il ne voit les concessions que vous devez faire au quotidien, bien qu’il soit le premier à subir tes absences. Les prochains mois risquent d’être difficile, et c’est là qu’intervient Kyra. Tu sais que tu peux compter sur elle, qu’elle prendra soin de Martin autant que tu prends soin de chacun d’entre eux. Tout comme toi, elle laisserait les jouer s’étaler sur le sol jusqu’à marcher dessus, et jurer jusqu’à ce que les morts se réveillent. « Je crois que mon petit orteil souffre encore. » D’une main libre, tu t’empares de ton pied et tente de le faire passer par-dessus la table. « Faudrait que tu le masses d’ailleurs. » Un massage, elle ne pourrait pas te faire plus plaisir. Même la pizza ne peut pas te faire atteindre ce plaisir absolu, te faire tout oublier en un rien de temps.
Tu comprends tout à fait sa perturbation. Ton cerveau avait lui-même fait mis plusieurs secondes avant de tout mettre en ordre dans ta tête. Et des jours avant de véritablement tout bien assimiler. Ce n’est pas comme si on t’avait appris qu’on allait refaire la façade de ta maison. Tu soulèves les sourcils, affirmant que c’était de même pour toi. « Non t’inquiètes, ça m’a fait le même effet … en plus électrique, on va dire. » Tu n’arrives toujours pas à te faire à l’idée, mais t’essayes de garder la tête au-dessus de la surface. « Oui, c’est clair que Destiny est plus facile à gérer à côté. » Enfin, tu n’es pas réellement certain de ce que tu avances. Elle t’a brisé, et elle a le don de savoir remuer le couteau dans la plaie. Au moins, tu sais la gérer, ce qui n’est pas forcément le cas d’un bébé. Elle viendra bouleverser ton cœur, alors que lui bouleversera tout sur son passage. Tu esquisses un petit sourire lorsqu’elle vient te complimenter, te dire que tu serais te débrouiller. T’es loin d’être aussi optimiste qu’elle à ce niveau. Mais elle marque un deuxième point. Ça ne s’est pas si bien terminé que ça entre vous, et la faute à qui ? « Ouais je sais, ce n’était pas tellement au programme. » Tu t’ébouriffes les cheveux. « Je dis pas qu’on va se remettre ensemble. » Bien que ça t’es effleuré l’esprit à de nombreuses fois. « Je veux seulement faire les choses bien, ne pas la laisser seule face à tout ça. Je suis autant responsable, tu vois. » Tu ne penses pas encore au fait qu’un autre gars fait parti de l’histoire. Tu verras ça viens plus tard. « Le placard est plein. Je pensais nous faire des shoot tequila, vodka, gin, mais j’ai trop peur que tu vomisses partout, et que tu tâches le plancher. »
Les lumières ont sauté, encore une coupure de courant. C’est certainement à cause du grand froid. « Tessa, tu nous portes la poisse sérieusement. Y a toujours des coupures d’électricité avec toi. » Dis-tu en t’emparant de ton téléphone, afin d’éclairer ce qui vous entoure.

@Tessa Goldstein

pizzas et chandelle

──────── @LEONEL SHACKLEBOLT & @TESSA GOLDSTEIN ────────

Une hésitation entre le baseball et le football … ça ne la surprend même pas. Enfant, être influencé c’est tellement simple mais elle sait que ce gamin parviendra à faire son choix avec le temps et elle sera plus que ravie de l’épauler et même de devenir son agent si ça devient sérieux. Peut-être que mêler vie professionnelle et vie personnelle n’est pas malin, mais elle sait faire la différence et ça ne l’empêche pas de gérer correctement la carrière de Tommy par exemple. Tessa pourrait le faire avec un gamin qu’elle connait depuis des années, elle en est persuadée. Parfois, il suffit seulement de se faire confiance. « Beurk, retire-moi ça de là. » Elle grogne en regardant son pied avec une grimace. Elle n’a rien contre les pieds mais … d’accord, elle n’aime pas vraiment ça. Elle accepte les pieds que lorsqu’elle est certaine qu’ils sortent de la douche et sont propres, le reste du temps elle en a une sainte horreur. Y compris lorsqu’ils appartiennent à son meilleur ami. « Ou alors lave-le, peut-être que si t’es vraiment gentil je pourrais accepter … et encore, je ne sais pas si tu le mérite vraiment. » Il se peut aussi qu’elle n’en ait pas envie. Masseuse, ce n’est pas son métier. Elle gère des carrières, pas le corps de ses clients même si, tout bien penser, il se peut que concernant son client actuel si, mais c’est une autre histoire. Le côté bon enfant de leur conversation s’envole dès qu’il est question d’ex petites amies et surtout de bébé. Incapable de maîtriser, elle aurait pu tomber littéralement sur le cul, à la place elle reste bouche bée. Merde alors, ça elle ne s’y attendait pas. Ça se lit partout sur elle et Leo la connaît tellement qu’il ne peut pas l’ignorer. « Non, non je me doute que ça ne veut pas forcément dire à nouveau ensemble mais … wouah. » Comment ça elle se répète ? La nouvelle, elle ne s’y attendait pas, c’est tout. « Tu sais que t’es vraiment un gars bien j’espère ? Du genre qu’on trouve plus, t’es en voie de disparition, Leo, méfies-toi. » Elle plaisante mais pas trop non plus. Parce qu’elle n’en connait pas beaucoup des hommes comme lui, c’est rare et il faut savoir les préserver. « Enfin tu sais que malgré mon choc, si t’as besoin de soutien ou juste de te plaindre, je suis là. Je te consolerai avec des tas de pizzas. » Tessa lui assure avant qu’il ne parle du placard à alcool et surtout de sa peur qu’elle vomisse qui la fait froncer les sourcils. « Alors là je ne vois pas de quoi tu parles ! J’ignore qui t’as dit ça, mais je sais me tenir, je suis une princesse voyons. » La brune exagère mais généralement elle vomit … eh bien le lendemain matin avec une belle gueule de bois. Heureusement pour elle, elle boit rarement ce qui fait que tous les désagréments elle ne les vit pas souvent mais plus violemment. Prête à rejoindre le fameux placard, elle s’arrête à l’instant où la lumière se coupe et fait râler son meilleur ami. « Eeeeh ! Si ça trouve la facture d’électricité n’a pas été payée, j’y suis pour rien moi. » Dit-elle en grimaçant même s’il ne peut pas le voir. Elle fouille dans sa poche, sors à son tour son smartphone. « Les bougies sont toujours au même endroit ? Au cas où ça ne repartirait pas. » Mieux vaut prévenir que guérir.

F E V R I E R , 2 0 1 9 –

Comme tu t’en doutais, elle crie au scandale en voyant tes pieds. Elle ne désire pas le voir et encore moins les toucher. T’aimes la taquiner, c’est si facile. Tu ris comme un enfant, et pourrait continuer ainsi toute la soirée. « Si je suis gentil ? » Tu la regardes, toujours avec cet air qui te définit si bien. Malicieux que tu es. « Mais je suis tout le temps gentil. » Dis-tu en faisant mine d’être offusqué. Tu penses déjà à ce petit bain de pieds que tu vas t’offrir afin de présenter tes membres inférieurs sous leur meilleur profil. De quoi aiguiller davantage ta soirée. Même mes piètres masseurs font ton bonheur. Tant que l’on ne vient pas te broyer les muscles et les os, tout est accepté.
À son wouah, tu surélèves tes sourcils, étant également du même avis qu’elle. Les ex font souvent leur grand retour dans la vie des uns et des autres. On s’y habitue plus ou moins. Pas sûr que tu puisses aussi facilement t’habituer à cette grande nouvelle. À sauter de joie rien qu’évoquer ce possible futur avenir qui t’es réservé. Tu changeras possiblement d’avis d’ici la naissance. Qui sait ? Tu ne peux t’empêcher de sourire de manière gênée lorsqu’elle te fait autant de louanges. Tu ne crois pas vraiment en ce qu’elle dit. Tu penses que tu as fait de nombreuses erreurs et que tu essayes d’être meilleur. Tu crois également que l’homme bon n’est pas une espèce en voie de disparition, on ne le reconnaît pas tout le temps. Tu penses que les femmes sont compliquées et qu’elles vous font perdre la tête. « T’es adorable Tess. » T’évites de la contre dire, t’es pas assez con pour refuser des compliments. « T’en fais pas pour moi, je devrais pouvoir m’en sortir. » Tu lui fais un clin d’œil, essayant de lui montrer que tu es sûr de ce que tu fais. Pourtant, tu y vas à l’aveuglette. Tu veux seulement faire ce qui est mieux, de ne pas reproduire deux fois la même erreur. « Tu sais toujours comment arranger les choses, c’est fou. » Dis-tu en croquant un bon coup dans ta part de pizza. Il n’y a pas meilleur remède. Dans les films, on voit constamment les femmes tristes manger des glaces, tu penses que c’est uniquement pour les films. « Je n’y manquerai pas. Je viendrai toquer à ta porte à 3 heures 22 du matin pour manger dans ton lit, et m’y cacher. J’ai compris. » Elle comme toi, vous savez que ce jour n’arrivera pas, que tu n’es pas du genre à aller pleurnicher dans les jupes de qui que ce soit. Tu prends sur toi, toujours. « Une princesse ? » Tu pouffes dans ta barbe, c’est plus fort que toi. « Et je n’ai besoin de personne pour savoir que tu n’en es pas une. Je vis avec toi, et je n’ai jamais vu de licorne dans le salon. Jamais. » Tu secoues la tête tandis qu’elle se déplace vers le fameux placard, celui qui contient toutes les boissons interdites à l’unique enfant de la maison. Et soudainement, les lumières s’éteignent, vous laissant dans l’obscurité. Tessa parle de la facture, et il te semble avoir fait le chèque la semaine dernière, et l’avoir envoyé après avoir déposé Martin à l’école. « Non, je m’en suis déjà chargée. » Tu fronces les sourcils cherchant pourquoi les plombs ont pu sauter. À l’aide de ton téléphone, tu te déplaces à travers la cuisine. « Il y a celles d’anniversaires. » Tu grimaces. Pas certain que ça puisse vous aider. « Je vais voir au sous-sol si ça vient directement du compteur. Regarde dans l’un des tiroirs du salon, je crois qu’il y a une lampe torche. » Tu ouvres la porte qui même au sous-sol, et descends.
Quelques minutes plus tard, tu remontes désespéré. Tu n’es pas électricien, mais t’as l’impression que cela vient de l’extérieur. Les lampadaires de la ruelle se sont également éteints. « Je crois que c’est toute la rue qui est touchée. J’ai rien pu faire. »

@Tessa Goldstein

pizzas et chandelle

──────── @LEONEL SHACKLEBOLT & @TESSA GOLDSTEIN ────────

C’est à son tour de pouffer en l’entendant affirmer qu’il est toujours gentil. Elle est sans doute extrêmement bien placer pour savoir que c’est faux, non pas que Leonel soit un monstre – il en est très loin – mais il est aussi parfait qu’elle l’est. C’est-à-dire pas du tout. La perfection dans ce monde ou dans n’importe quel autre monde ça n’existe pas et quelque part Tessa se dit que ce n’est pas plus mal, ça colore leurs vies après tout. « Continues de te répéter ça et peut-être que ça deviendra vrai. » Elle le taquine, son large sourire amusé venant illuminer son visage fatigué. S’il est simple pour son meilleur ami de la taquiner, ça fonctionne parfaitement dans l’autre sens. Ils ont eu des années pour s’apprivoiser et vivre sous le même toit les aide aussi à savoir comment se chercher l’un l’autre. Sans compter que la plaisanterie peut aider dans une situation aussi inattendue que celle dans laquelle le brun se trouve. Pas un instant elle ne se serait attendue à ce qu’il lui annonce être possiblement papa dans quelques mois. Les ex vont et viennent, Tessa elle-même en côtoie encore mais entre le retour de Destiny et cette histoire avec Meghan, la brune doit admettre ne plus savoir quoi penser. Tout ce qu’elle peut faire c’est être là pour lui comme Leonel a été là pour elle si souvent. « Ça m’arrive de l’être. » Confirme-t-elle alors qu’il la complimente, haussant une épaule avec un petit sourire en coin. « Je m’en ferais toujours pour toi, c’est à ça que serve les amis. » Tant pis si elle finit avec des cheveux blancs avant l’âge à force de s’inquiéter sans arrêt. De toute manière se préoccuper autant de ses proches c’est comme inscrit dans son code génétique, elle ne peut rien faire contre. « Ma porte t’es toujours grande ouverte … enfin sauf quand elle ne l’est pas. » Comme lorsque Tommy est là et que ni Leonel, ni Tessa – ni Tommy d’ailleurs – n’ont envie qu’il débarque à l’improviste, voilà qui serait beaucoup trop gênant et perturbant pour eux trois. Déjà que la discrétion n’est pas toujours le maître mot, autant ne pas aggraver les choses. Le nez dans les placards, à la recherche de l’alcool fort dont ils ont tous les deux besoin, la lumière décide de couper d’un coup et c’est sur Tessa que ça retombe. « Bon je suis peut-être vraiment malchanceuse. » Admet la jeune femme quand il lui confirme avoir payé la facture. Son portable dans sa main, elle cherche les bougies d’anniversaire qui pourraient possiblement leur être utiles si la lumière ne revient pas vite et que la batterie de leurs téléphones finit par lâcher elle aussi. Les petites bougies dans la poche de son jean, Tessa prend son portable pour s’éclairer jusqu’au salon et elle fouille à la recherche de la fameuse lampe torche qu’elle trouve alors que Leonel apparaît dans son dos. « Va peut-être falloir écrire au maire pour lui dire que sa ville a de sérieux soucis d’électricité. » Elle grogne en penchant la tête vers la rue effectivement plongée dans le noir. « Heureusement qu’on n’avait aucun film de prévu pour ce soir, ça aurait gâché notre soirée. A la place, tu vas être obligé de parler avec moi et de boire beaucoup d’alcool pour nous occuper. Pose tes fesses, je vais chercher les verres et les bouteilles. » Inutile de discuter que, déjà, elle part en direction de la cuisine à la recherche du nécessaire pour faire passer le temps … y compris des pizzas qui ne sont pas terminées.

Pourquoi tout ça n’arrive qu’à vous ? Tu te poses bien la question. Comme si la poisse rôdait au-dessus de vos têtes. Les galères ça vous connait, à la longue. Tessa propose d’écrire à la maire au sujet des nombreuses coupures d’électricités auquel vous faites face. Tu penses surtout que c’est le froid présent dans la ville depuis plusieurs jours qui vient perturber les disjoncteurs … Malheureusement, ça risque d’être compliqué à pouvoir régler éternellement. Ça restera fréquent comme problème. « Je me charge d’appeler la compagnie. Elle passera plus facilement si on est plusieurs à leur faire appel. » Vous allez devoir vous éclairer aux lampes torches. Et vos yeux devront s’habituer à l’obscurité. « Au moins on a de quoi s’éclairer en attendant. Et on se réchauffera à l’ancienne. » Lui dis-tu en désignant les bouteilles de bières. Ivre, vous n’allez pas ressentir le froid qui risque d’envahir la maison. Elle a beau être isolée, le risque zéro est très loin d’exister. « Oh quelle triste vie on a. » Dis-tu en la taquinant, tandis que tu prends place comme tu peux sur la chaise haute. En attendant, tu prends la peine de composer le numéro de la compagnie, et appelle. T’aime bien vivre à la dure. Mais quelques heures te suffisent. Il ne faut pas non plus déconner. T’es habitué à ton petit confort depuis le temps. Tessa prend place devant toi, les bouteilles en main. Tu sais que l’attente va durer un moment. Il y a déjà tout un menu que tu dois suivre. Effectuer des numéros par-ci, par-là pour pouvoir accéder à celui qui t’intéresse. Et on t’annonce que tu vas devoir attendre un quart d’heure. A la longue, le coup de fil va durer plus longtemps que la coupure de courant. Tu mets ton téléphone en haut-parleur et le pose. « On va être accompagné d’une sublime musique d’attente. De quoi pouvoir s’ambiancer. » Terminant ta bière, tu te remets à dévorer ta part de pizza. Froide. Qu’est-ce que tu as horreur de ça ! Mais tu vas devoir faire avec. Grimaçant, tu mâches la bête. « Bon, on doit parler de toi. Parlons-en, je suis certain que tu as pleeeeeeein de choses à me raconter. »

pizzas et chandelle

──────── @LEONEL SHACKLEBOLT & @TESSA GOLDSTEIN ────────

« Je me charge d’appeler la compagnie. Elle passera plus facilement si on est plusieurs à leur faire appel. » Oh je le laisse faire sans même lutter plus que ça. En fait, je ne lutte pas du tout. Passer des heures au téléphone, je sais faire, ça m’arrive très souvent lorsque je travaille pour Tommy, que je lutte pour obtenir gain de cause face à une marque qui veut faire de lui son égérie ou pour toutes autres choses se rapportant à sa carrière. Il m’arrive souvent de devoir prendre sur moi pour ne pas entrer dans le combiner et aller étrangler la personne à l’autre bout. Je préfère le face à face mais dans notre société actuelle, le téléphone est plus rapide. Cela dit, si je peux éviter de lutter avec une compagnie une fois dans le confort de ma vie privée, je le fais. « Je te laisse faire, après ma journée à la pizzeria je serais capable d’insulter la pauvre personne qui va gérer et ça ne nous apportera rien de bon. » Ma patience a tout de même certaines limites, ce soir je les ai largement atteintes. Bouteille et verres enfin ramenés, c’est ce qui va nous permettre de faire passer le temps à défaut de pouvoir faire autre chose. Je ne vais même pas essayer de gagner ma chambre, douée comme je suis je serais capable de m’étaler dans l’escalier. « Au moins on a de quoi s’éclairer en attendant. Et on se réchauffera à l’ancienne. Oh quelle triste vie on a. » Je pouffe un peu, m’assoie face à lui et verse notre boisson dans nos verres comme je le peux si peu éclairés. « Si on se réchauffe vraiment uniquement avec l’alcool même avec l’électricité de retour je ne sais pas comment on va atteindre nos chambres … à quatre pattes peut-être ? » Une scène forcément hilarante si on peut s’en souvenir. Mais complètement ivre je crois que je vais même être capable de marcher à quatre pattes tout court jusqu’à ma chambre, pas seulement dans l’escalier. Le téléphone posé entre nous, la musique d’attente se met aussitôt à résonner dans la pièce et me fait lever les yeux au ciel. « Je comprends pas pourquoi on n’entend pas ça partout, sur toutes les radios, c’est tellement parfait comme musique. Pas agaçant du tout. » Ironisé-je en portant mon verre à mes lèvres pour finalement le reposer. « J’espère qu’ils ne vont pas s’amuser à raccrocher avant même qu’on ait pu avoir quelqu’un. » Je grimace. Je connais bien ces cellules et ce genre de petit "souci" est plus récurent qu’on ne le pense. Mauvaise manipulation ou simple flemme, nous ne sommes pas à l’abri de devoir tout recommencer. « Bon, on doit parler de toi. Parlons-en, je suis certain que tu as pleeeeeeein de choses à me raconter. » Plein de choses, je ne suis pas certaines que ça soit correct mais il y a bien quelques petits détails, oui. « J’ai … hm, j’ai retrouvé mon père biologique. Enfin, disons que j’avais déjà quelques pistes que je ne voulais pas creuser mais je l’ai fait et je ne sais pas trop quoi en penser. » Autant commencer par ça, le reste me semblera plus simple.

Vous allez passer la soirée à boire, dans une pièce mal éclairée. Il ne va pas falloir faire une soirée Twister, ou vous risquerez d’éborgner l’autre. Dans l’obscurité, votre soirée pourrait très facilement virer au drame. Mais bien que cela vous embête profondément, vous allez sagement attendre que la lumière renaisse de ses cendres. Assise en face de toi, Tessa tente de verser l’alcool dans ton verre et en renverse un peu à côté. Tu lèches tes doigts trempés. On n’en perd pas une miette. Tout est bon dans le cochon ! Et tu te mets à rire lorsque ta meilleure-amie évoque le fait que vous auriez des difficultés à monter les marches menant à vos chambres. Elle n’a pas tort. Tu vous imagines bien monter les escaliers à quatre pattes. L’un poussant l’autre pour éviter qu’il ne tombe. « Ou on fera du camping en bas. C’est peut-être moins risqué. » Tu réfléchis. « Ouais, c’est sûr, comme ça. » Et tu te mets à rire. Tu n’as pas envie d’aller faire un tour à l’hôpital qui lui-même est peut-être en pleine coupure de courant. La musique continue de tourner, mais fort heureusement pour vous deux, vous êtes de très bonne humeur. Assez pour faire abstraction de ces notes redondantes que sont sensées faire passer le temps de manière plaisante. T’as l’impression d’entendre la vieille musique d’accueil d’un ascenseur. Vous plaisantez sur ce sujet. Elle-même ne comprend pas pourquoi cette musique ne fait pas fureur. « Ça doit être à cause des droits d’auteur, je ne vois que ça. » Dis-tu en surélevant les épaules. Tu t’empares d’une autre part de pizza, que tu plies et enfournes dans ta bouche afin d’en manger un gros bout. Mais Tessa prononce une phrase qui te décroche un visage stupéfait. « Ils feraient pas ça les cons. Si ? » Dis-tu la bouche pleine de pizza. Il ne manquerait plus que ça, que vous vous coltinez cette musique agaçant pour rien. T’espères que ça ne se produira pas, car sinon, tu t’y déplaceras personnellement demain. Ça risque de chauffer pour leur matricule. Tu regardes ton téléphone afin de t’assurer qu’ils ne raccrochent pas. Mais tu sens que ça va durer une plombe et que c’est toi qui vas finir par raccrocher. Ou alors c’est ton téléphone qui rendra l’âme avant, à cause d’une batterie à plat. La bouche terminée, sirotant tranquillement ton verre, vous changez de sujet. Et pour changer de conversation, tu préfères savoir où en est Tessa. Pour une fois que vous êtes que tous les deux, vous aurez l’occasion de parler de sujets sérieux. C’est là qu’elle vient à te parler de son père biologique et de ses recherches. Tu manques de t’étouffer avec ton alcool. S’il y a bien un sujet auquel tu ne t’attendais pas, c’est bien celui-là. « Sérieux ? » Dis-tu en toussant. « Qu’est-ce qui t’inquiète ? C’est une bonne nouvelle, non ? » La soirée c'est continuée dans l'alcool et dans le noir, la compagnie répondant finalement à cet appel incessant. L'électricité allait être remis demain matin. Et vous, vous vous fichez bien de voir vos sales têtes complètement déphasées à cause des multiples verres que vous avez enchainés. Ivres, vous n'aviez pas eu le courage de monter les marches menant au premier étage. Vous aviez déplié une tente qui tainais à l'entrée et aviez mis couvertures et coussins, sombrant vers 4 heures du matin dans les bras de Morphée, ronflant en coeur.

FIN