high hopes / braeden

Ses félicitations, j’ai envie de les lui faire bouffer. Est-ce qu’elle n’a pas remarqué à quel point je me suis décomposée lorsqu’elle m’a annoncé la nouvelle ? Je suis loin, très loin de sauter au plafond. En fait, j’ai surtout envie de pleurer, de me terrer dans un trou pour ne plus jamais en sortir. Très mature de ma part, je sais. Mon sac et ma veste attrapés, je pars à toute vitesse de cet endroit à la recherche de celui où je vais pouvoir aller me cacher. Chez moi, c’est hors de question. Ma tête doit trahir toutes les émotions que je ressens et je n’ai pas envie de répondre aux questions de mes colocataires. En revanche, je sais que j’ai envie d’en parler. Non, j’ai besoin d’en parler, c’est différent. Un tas de personnes se bousculent dans ma tête mais une seule me semble être logique : Braeden. C’est peut-être idiot, mais je ressens le besoin de me confier à mon frère, de lui parler, peut-être même d’avoir son avis. Pour quelques temps je voudrais juste être sa petite sœur et pas … ça. Vu l’heure, je suis quasiment certaine qu’il se trouve au boulot à veiller que tout soit prêt pour la soirée, c’est donc à l’Output que je me rends, passant par l’entrée de service puisque la principale n’est pas ouverte. « Je cherche mon frère. » Dis-je quand le regard de l’un des barmans se pose sur moi. D’un mouvement de la tête il me fait comprendre qu’il est dans son bureau. Evidemment, pourquoi ai-je posé la question hein ? « Merci. » Je détale vite fait, frappe à la porte et passe la tête dans la petite ouverte que je crée. « Hey ! T’as un peu de temps pour moi ? » Une petite moue sur le visage et je le supplie du regard parce que je suis très douée pour ça, que je sais aussi pertinemment de quelle manière faire céder mon frère et là, j’ai besoin qu’il accepte de me supporter quelques minutes.

Généralement, l’idée de déranger mon frère ne me pose pas de problème. Au contraire, j’ai toujours eu un goût prononcé pour ce qui est de venir l’embêter. Le privilège d’être la petite sœur sans doute, ou alors simplement le fait que je suis une chieuse et que j’aime de cette manière. Mais ce soir, ce n’est pas ce que j’ai en tête. A vrai dire, si jamais je le dérange je vais vite m’éclipser. Je n’ai pas envie d’être un poids pour lui, j’ai besoin de me confier en étant certaine qu’il n’attendra pas avec impatience le moment où je vais disparaître. Ma détresse doit se lire sur ma tête. Je ne suis pas une experte pour ce qui est de cacher mes émotions, néanmoins j’y arrive mieux que ça normalement. Mais j’oublie souvent qu’il s’agit de Braeden et que nous avons grandi ensemble. Il me connaît par cœur. Dans son bureau, je m’installe sur l’un des sièges face à son bureau, une jambe sous ma fesse. Totalement décontractée en apparences. « C’est écrit en gros sur mon front, c’est ça ? » Je râle mais souris assez vite. « Non, non … je viens totalement l’improviste. J’aurais dû appeler, mais j’ai pas réfléchi en fait. » Ce qui semble être une habitude en ce moment. Parfois je me collerais bien une paire de baffes afin de remettre mes idées en place et arrêter d’être aussi peu sérieuse. Regard rivé sur mon aîné, mon cerveau tente de trouver de quelle manière annoncer la chose. Il n’y arrive pas. « Je pense pas qu’il y ait quinze milles façon de le dire alors … » Je souffle un coup, les mains nouées sur mon genou. « Je viens d’apprendre que je suis enceinte et … c’est pas vraiment une bonne nouvelle. C’est pas une bonne nouvelle tout court en fait. C’était pas prévu et je suis quasiment sûre que ça va pas faire sauter de joie le père … j’avais besoin de le dire à quelqu’un et aussi besoin de savoir ce que je dois faire parce que je pense à me cacher dans un trou mais je suis pas certaine que ça aide. » J’enchaîne à toute vitesse pour être sûre qu’il ne m’arrête pas une fois le mot "enceinte" prononcé. S’il me coupe, je n’arriverais pas à reprendre et je vais laisser ma panique gagner. Je suis déjà deux doigts de pleurer tellement c’est la misère, j’ai besoin de tout vider avant de ne plus pouvoir.