they could never ever tear us apart / rojas

Aujourd’hui c’est Rojas quality time. Elle ne va consacrer son temps qu’à son frère et à sa soeur, ses bébés comme elle les considère. Elle est un peu trop mère poule elle veut bien l’avouer, c’est pourtant un  rôle qu’elle n’était jamais censée tenir. Mais la vie en a décidé autrement. Même quand leur mère était encore en vie, elle tenait plus ou moins ce rôle, alors Mila et Kenneth y sont déjà habitués. Ils sont censé manger ensemble à midi, chez leur père. Ils essaient de se voir le plus souvent possible, même si certaines semaines ça reste compliqué pour Eden à cause de son travail. Elle a beau dire qu’il ne passera jamais avant sa famille, le crime n’attend pas. Elle reste joignable bien entendu, mais aujourd’hui, il n’y en a que pour sa famille. Elle a même pris Bart avec elle. Il l’accompagne partout pendant son temps libre de toute façon. Arrivée au pied de l’immeuble où vit son frère, elle fait bien attention avec le cheesecake qu’elle a acheté en chemin pour le dessert. Le portier la laisse entrer dans l’immeuble sans problème, et elle grimpe jusqu’à l’étage où elle doit se rendre, Bart, sage, à sa suite. Elle sonne, attendant sagement qu’on lui ouvre.

Ce midi, je reçois du monde chez moi, alors je me suis levé assez tôt pour préparer le repas. Je le fais rarement, n’étant pas un très fin cuisinier, au point où le plat du jour sera de simple lasagne. Vérifiant la cuisson dans le four, je me fais déranger par les couinements de Ronflex, mon chien. Je l’ai récupéré de la maison paternel il n’y a pas très longtemps et, visiblement, il a encore un peu de mal avec l’absence de jardin. Je le comprends et ça me fend le cœur de l’entendre chouiner. Je prends le temps de le caresser un peu, avant d’aller prendre ma douche. « Soit sage, il y a ton copain qui vient à la maison aujourd’hui. » J’ai dénommé Bart, le chien de ma sœur aînée. Elle ne vient jamais sans lui, alors même si elle ne m’a rien dit, je sais par avance qu’il sera là. Fort heureusement, les deux toutous s’entendent à merveille. Je vais ensuite me glisser sous la douche, la prenant assez rapidement. Du moins, juste assez pour que, lorsque j’ai fini de me changer, la sonnette retentie. Je me dirige tranquille vers la porte, souriant à pleines dents en y trouvant mes soeurs. « Ah bah enfin, j’ai cru que vous ne viendrez jamais. » Je les taquine bien évidemment, il est à peine midi. Je n’attends pas plus longtemps pour leur faire un câlin, tour à tour, faisant attention au cheesecake que tient mon ainée dans ses mains. « Bon bah, entrez, faîtes comme chez vous. » Que je lance en me décalant, un ton taquin dans la voix. Ça me fait toujours bizarre de me dire qu’on est chez moi, dans mon appartement, et pas le logement d’un des parents.

@Eden Rojas @Mila Rojas

A peine arrivée devant la porte, elle est rejointe par sa soeur. Elle a une petite mine, malgré tous ses efforts pour le cacher, il en faut pour duper Eden. Elle pourrait tout à fait laisser passer ça, mais elle ne peut s’empêcher une petite remarque. Elle ne serait pas une grande soeur si elle décidait de se taire. « Courte nuit ? » Demande-t-elle avec un petit sourire moqueur, destiné à cacher son inquiétude. Mila a beaucoup changé depuis la mort de leur mère, et elle n’aime pas du tout ça. Elle voudrait l’aider, mais elle ne sait pas comment. Ce n’est pourtant pas faute de laisser son deuil et ses sentiments de côté pour, mais elle n’y arrive pas. « Mais je suis contente aussi, tout va bien pour ma part. Je vais pas te demander ce que t’as fait cette nuit hein. » Quant à lui demander comment elle va, elle a déjà sa petite idée, et elle sait que peu importe sa réponse, elle ne sera pas forcément sincère. Elles n’ont pas le temps d’en dire plus que la porte s’ouvre, révélant un Kenneth tout beau, tout propre. Regardant sa montre suite à sa remarque, Eden tapote dessus pour voir si elle fonctionne bien, puis tapote la tête. « Impossible, je ne suis jamais en retard. » Mais bon, quelque chose lui dit qu’il les taquine, bien que Mila est plus susceptible de ne pas être à l’heure qu’elle. Alors qu’elles soient arrivées en même temps… Après avoir eu droit à son câlin, la jeune femme entre dans l’appartement, Bart toujours à sa suite. « Eh bien, Kenny, ça sent super bon. C’est toi qui a cuisiné ? » Il en est tout à fait capable, mais elle-même ne s’est pas embarrassée pour le dessert.

Ma petite réflexion fait son effet, Eden regarde automatiquement sa montre pour vérifier l’heure, et je pouffe de rire. « Toi, c’est vrai. » Dis-je en regardant l’aînée de mes deux sœurs, puis je me tourne vers la cadette, petit sourire amusé lorsque je lâche : « Toi, par contre... » Nul besoin d’en dire plus, on sait tous les trois que la ponctualité n’est pas son fort, mais on l’aime comme ça. Câlins échangés, je laisse mes sœurs entrées dans mon appartement. Le premier commentaire vient d’Eden à propos de l’odeur qui embaume le logement et je souris, tirant ensuite la langue à Mila pour sa méchanceté. Plus une taquinerie qu’une méchanceté quand même. « Oui, j’ai cuisiné, mais je me demande si je ne vais pas te donner le repas de Ronflex, Mila. » Soit, des croquettes, et un nouveau tirage de langue suit mes menaces. Je me comporte comme un grand gamin, mais j’en suis sûrement encore un. Au moins un petit peu, dans le fond. Je me dirige ensuite vers la plus grande de la fratrie. « Je te débarrasse. » Je récupère le cheesecake de ses mains et pars dans la cuisine pour le déposer dans le frigidaire. Profitant d’être devant cet objet indispensable, je tourne la tête vers mes sœurs. « Je vous sers quoi à boire ? J’ai un peu de tout. » Des trucs normaux et qui sont dans tous les frigidaires quoi, rien de bien folichon.

@Eden Rojas @Mila Rojas

Eden et Mila sont toutes les deux très différentes. Elles ont beau avoir été élevées de la même façon, avoir vécu les mêmes choses, elles ont deux caractères et deux façons de voir la vie très différentes. C’est mieux comme ça, ce serait d’un ennui sinon… Mais ça ne l’empêche pas de connaitre sa soeur par coeur. C’est la même chose pour Kenny, d’ailleurs. Ils se connaissent mieux que quiconque. Sans surprise, les chamailleries commencent à peine le seuil de la porte passé. A croire que c’est pas Kenneth le petit dernier… Eden se contente dans un premier temps de lever les yeux au ciel et de s’intéresser à Ronflex, Bart commençant à renifler un peu partout comme lorsqu’il se rend quelque part pour la première fois. Quand son frère leur propose à boire, elle se redresse. « De l’eau gazeuse pour moi, pour le moment. » Autant commencer sagement. Rien ne dit qu’elle va changer d’idée de toute façon, ce n’est pas vraiment le moment idéal pour boire jusqu’au trou noir. Elle se rend ensuite dans la cuisine, rejoignant Mila et Kenny. « Il faut t’aider à faire quelque chose ou on a juste à se poser et croiser les bras en te regardant travailler ? » Les deux lui vont, même si elle s’en voudrait de voir son petit frère galérer pendant qu’elle se tourne les pouces. « Bon connaissant Mila, elle ne va pas se gêner pour te regarder trimer mais… sait-on jamais. » Elle aussi peut être taquine quand elle le veut. Qui aime bien châtie bien de toute façon.

La réplique de ma sœur me fait légèrement rire, elle n’en manque vraiment pas une, franchement. « Je vais finir par empoisonner ton assiette. » Que je balance à Mila avec une petite moue boudeuse sur le visage. Elle cherche aussi, je me sens obligé de répondre, même s’il s’agit de connerie ou d'une chose que je ne ferais pas. Allant dans la cuisine, je les questionne sur ce qu’elles veulent boire et sans que je ne sois étonné, les deux me demandent d’apporter de l’eau gazeuse. Je sors donc la bouteille du frigo et pendant que je récupère trois verres dans le placard, Eden me demande si j’ai besoin d’aide tout en taquinant notre sœur. Cette dernière en profite pour me charrier à son tour tandis que je reviens vers elle avec les affaires. « De toute façon, c’est connu, les derniers sont toujours les esclaves des aînés. » Je râle comme à chaque fois qu’elles sortent leurs fainéantises du placard, déposant la bouteille et les verres sur la table basse. « Je vous ferais payer toutes ses années de souffrance un jour, sœurs tyranniques. » Bon, je l’avoue, j’abuse un peu, elles sont loin d’être des tyrans avec moi. C’est même tout le contraire, mais il faut bien que je fasse mon calimero parfois. Ouvrant la bouteille, je nous sers de l’eau, vide mon verre d’une traite avant de le reposer sur la table et prends la direction du buffet, déclarant : « Vous m’excuserez, Cendrillon doit aller mettre la table. »

C’est rassurant, quelque part, de voir Mila et Kenny se chamailler. Tout tourne toujours aussi rond entre eux, c’est leur normalité, et c’est bien une preuve de leur affection l’un pour l’autre. Ca fait partie du jeu dans une fratrie de toute façon, et Eden n’est pas la dernière à taquiner ses cadets. Surtout Mila, elle doit bien être honnête, mais elle le fait parce qu’elle sait que sa soeur est capable de l’encaisser. Puis elle aime voir ses réactions. En entendant son petit frère se plaindre, elle lève tout de même les yeux au ciel. A croire qu’il est vraiment à plaindre alors que tellement d’enfants ont eu une pire enfance que la sienne. « Ceux qui se laissent faire le sont, oui. » lui répond-elle, insinuant qu’il n’a jamais rien fait pour se rebeller et qu’il aurait peut-être pu en être autrement. Mais encore une fois, elle le charrie. Elle a toujours eu plus envie de le protéger plutôt que de le laisser galérer. Et voilà qu’il leur promet de se venger. Cette fois, la brune éclate de rire. « Tu ne feras rien du tout. T’es beaucoup trop gentil pour ça. » Et il n’aurait aucune chance de toute façon. Elle n’en sait rien pour Mila, mais Eden ne le laisserait jamais s’en tirer aussi facilement, bébé frère ou pas bébé frère. « Mais reconnais que t’es pas à plaindre. Tu es et tu as toujours été un vrai petit prince. Il est grand temps que tu nous rende la pareille. » Elles ont assez donné, en tout cas Eden a assez donné. Mais là encore, lorsqu’elle le voit partir mettre la table, elle ne peut s’empêcher de se lever pour aller l’aider. Instinct maternel, encore une fois. « Tu sais, ça sert à rien de faire la victime quand on est qu’entre nous, tu n’auras personne pour te plaindre. » Qu’il essaye avec des inconnus, ça marchera peut-être.