Arr Mate - Lukas + Dick

Je prends amoureusement une pincée de la boîte ronde et métallique, ouverte et déposée sur le comptoire du bar. Frottant le pouce et l’indexe je saupoudre délicatement, sur le papier la même herbe que j’y avais préalablement étalé. La langue sortie et collé sur un coin de mes lèvres, j’ai le visage concentré, à quelques centimètre de l’objet de mon désire. Que c’est bon de faire ce qu’on aime. Surtout quand on le fait si bien. vous ne pensez pas?
Moi oui.
Et je sais que personne ne roule des joints aussi beau que moi. Le secret est dans le doigté. Le mouvement de roulage, qui va suivre le remplissage minutieux que j’étais en train d’opérer. Et le coup de langue pour tout coller.
Les meilleurs joints de manhattan  sont ceux de Dick, tout le monde le sait!
Comme chaque jour, quelques heures avant l’ouverture du bar, soit l’un de mes meilleurs moments de la journée, Je prends place sur le bar. Oui oui, sur le bar. Les jambes croisé, mon matériel étalé devant moi sur le bois du comptoire, et une musique choisie au hasard, sortant des baffles d’une radio ancienne, que seul moi semble savoir faire marcher...  Les serveuses, en pleine préparation du playground pour la soirée, s’agitent d’un bout à l’autre de la piste de danse, des mouvements rapides, saccadé, que je remarque du coin de l’oeil. Jack, le barman, vient d’avoir sa livraison d’alcool, et s’affaire à remplir les étagères, et le réfrigérateur. Il dépose une bouteille de bière à côté de moi, et soupire pour la forme. Eh oui, depuis le temps, le nombre de fois ou il m’a demandé de ne pas faire ça sur le bar, de ne pas m’assoir sur le bar, ou de ne pas danser sur le bar… sans vraiment avoir de réaction positive… lui ont fait comprendre que ça ne servait à rien.  
“Lukas.” crie une voix, fortement masculine, depuis l’autre bout de la pièce. Une voix que je ne me rappelle pas avoir entendu auparavant. “Lukas Foster” répète la voix. Bien sure que c’est Lukas Foster, on n’en a pas d’autre. Je scrute le nouveau venu, aussi masculin que sa voix, gonflé aux stéroïdes, tout en ayant le ventre d’un ivrogne… le paradox… Si on plisse les yeux, on pourrait presque voir un pirate.
Leslie, l’une des serveuse s’apprête à lui répondre quand, sautant du Bar, je me dirige vers lui et prends la parole, ramenant son attention sur moi “Lukas?” demandais je.
Je gagne du temps en répétant le nom, ce n’est pas comme s’il avait été discret. Vu le volume de sa voix, même le concerné devrait l’avoir entendu, depuis ses appartements à l’étage. Leslie me jette un coup d’oeil, comprends que je prends en charge, et détale.
“Ouai. Lukas Foster” Arr Mate, à l’abordage. Il ne lui manque plus qu’un patch sur l’oeil et une jambe en bois pour aller avec sa voix bourrue et son manque de vocabulaire.
Ses yeux (sans patch), passent sur moi et il semble me juger. Suis je Lukas? Non .
“Qui le demande?” question tout à fait logique, vu que je ne le reconnais pas.
“Et qui t’es toi?” réponse tout autant logique. Souriant de toutes mes dents devant son air faussement menaçant je réponds “Ah non ! C'est moi demandé en premier” . Je suis taquin que voulez vous…
Apparement, pas lui. Voilà qu’en guise de réponse, il se contente d’un grognement résgné, avant de m’éloigner de sa main, à la forme plus proche d’un jambon que d’une réelle main. “Lukas Foster”  répéte t il encore plus fortement cette fois. M’ayant dégagé de son chemin comme si je n’étais qu’un moustique. Remarque, vu la différence de taille, je vois bien l’analogie. Il avance sur la piste de dance.
“C’est moi Lukas”  lui dis je le plus nonchalamment du monde.
“ Je ne crois pas non”  me réponds t il d’un air dédaigneux, se contenant d’un furtif coup d’oeil à mon attention.
“Et pourquoi donc?”  demandais je, faussement piqué dans ma dignité, prenant un air excessivement vexé.
“Ecoute moi bien minus… ” commence t il. Il se retourne vers moi, tout en déposant une boîte en carton que je n’avais jusque la pas remarqué. Je crois que dans une partie de ma tête, je pensais que c’était une extension de sa personne. “... Je n’ai pas de temps à perdre avec un putain de travlo manucuré, alors t’as deux choix” il me prends par le col de mon pull, et m’approche de son visage, toujours aussi “menaçant” “Sois tu me dis ou je vais trouver Foster, soit je te casse ta petite gueule”
Ne perdant toujours pas mon sourire, je mime un bisous dans l’air, à quelques centimètre de ses lèvres, espérant faire assez peur a son côté homophobe pour l’éloigner. Gagné, il se décale, sans vraiment me lâcher. “Je savais bien que je te faisais de l’effet” me contentais je de dire.