Journée compliquée - Devon

Journée de merde. C'est tout ce que j'ai à dire. Le genre de journée où on ferait mieux de rester couché et se mettre en position foetale. Je résume. Déjà ce matin, j'avais rendez-vous à 9h30 avec un potentiel gros client qui souhaite privatiser le club pour certaines occasions. Je voyais déjà la pluie de dollars s'abattre sur moi. Sauf qu'une fois sur place, personne. J'ai essayé de l'appeler au moins trois fois. J'ai même envoyé un mail, mais non, le type fait le mort. Et comme si la matinée n'était pas assez gâchée comme ça, la serveuse du café où on devait se rencontrer a renversé mon chocolat chaud sur mon pantalon. Fait chier, c'était mon pantalon préféré. Direction pressing du coup. En arrivant au pressing, une queue du diable. Je me résouds à la faire, pour que trente minutes plus tard, l'employé me dit que la tâche ne partira pas car trop profonde. Ok, puisque c'est ça, je rentre à la maison.

Finalement, j'ai passé l'après midi chez moi à regarder des séries sans grand intérêt. Vous saviez qu'ils ont fait une série sur le diable qui viendrait sur Terre pour passer des vacances ? Quelle idée pourrie. Finalement, après avoir vaqué à mes diverses occupations, la nuit tomba rapidement. C'est l'heure d'enfiler mon costume de patron du club le plus branché de la ville. Oui, j'aime m'accrocher à cette idée. Laissez moi dans mon déni. Après mon petit tour routinier, je m'aperçois que je n'ai pas mon barman. La poisse. Je file vite dans mon bureau et la c'est le drame. J'avais complètement oublié que je lui avais accordé sa journée. Bon, tant pis, ce sera à moi d'assurer derrière le bar. Ce n'est pas quelque chose qui me dérange, j'ai déjà fait quelques extras en tant que barman durant mes études alors je peux bien le faire ici une fois de temps en temps. Surtout que pour le coup, j'étais le seul responsable de ce problème.

Ce qui est amusant quand je suis derrière le bar, c'est que la plupart du temps, les clients ne savent pas que je suis le patron. Qu'est ce que je ris quand un client me manque de respect et que je le fait expulser du club. Heureusement, l'Eden Club a une clientèle de qualité, ce genre de souci n'arrive pratiquement jamais. La soirée bat son plein, sans le moindre accroc, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Et forcément, je parle trop vite. J'entends comme un bruit de verre qui se casse pas très loin du bar. Ma serveuse est accroupie, en train de ramasser les morceaux de verre, alors que les clientes commencent à pester contre elle. Cela arrive, ce n'est pas un drame. Et comme je ne laisse jamais tomber mon personnel, j'accours tel un chevalier à son secours.

- Bonsoir jeunes femmes. Je suis Samael Johnson, le patron de ce lieu. Veuillez excuser ma serveuse, d'habitude elle casse seulement un verre, pas tout les verres. Puis-je vous proposer une petite "compensation" ?

C'est terrible, c'est affreux. Et elle se moque de tout. Diable, pour qui se prend-elle cette jeune fille, probablement pucelle, d'humeur peu grivoise, avec son air arrogant, ses longs cheveux cendrés, sa tenue peu conventionnelle et, par dessus le marché, sa putain de grande bouche ? Sait-elle seulement à qui elle s'adresse ? Evidemment qu'elle le sait, je me suis présenté il y a tout juste quelques secondes. Je suis Samael Johnson de la maison Johnson, premier du nom. Roi de la fraternité Phi Khi Psi de la faculté de Columbia. Père de l'Eden Club. Briseur de conventions. L'imbrulé. Oui, parce qu'une fois, j'ai passé mon doigt dans la flamme d'une bougie, et ben j'ai rien senti. Et elle, qui à part casser les bijoux de famille de son paternel, n'a rien accompli dans sa vie, me relègue au statut de bouffon ? Dans mon propre club ou je suis souverain ? La vie est parfois d'un sarcasme déconcertant. Je m'approche d'elle, suffisament pour pénétrer son espace vital. C'est une technique de manipulation psychologique pour avoir le dessus dans une situation de conflit. La prochaine étape serait normalement de poser ma main sur son épaule, mais elle serait capable de crier au viol.

- Ton érudition sur le métier de serveuse m'impressionne jeune fille. Ton culot aussi. Et cela tombe très bien.

Ce numéro de stand up, je le joue chaque soir au club. Celui du patron presque idéal. Souriant, charmeur, empathique. Celui qui n'hésite pas à monter au front pour défendre ce qui lui tient à coeur. Et là, à cet instant, ce qui me tient à coeur, c'est de faire comprendre à cette petite garce que dans la vie, il y a des règles. Il y a une hiérarchie. Et que chacun doit rester à sa place. Et c'est pour cela que les forts restent forts et que les faibles restent faibles. Elle a voulu prendre le rôle d'un fort et maltraiter mon personnel. Aucun problème. Par contre, maintenant, je vais lui faire voir son "problème" sous un autre angle. Je repars donc vers le bar, d'un pas rapide, et je récupère un plateau sur lequel je pose quatre verres que je remplis quasiment au maximum. Et me revoilà, occultant complètement les gens qui m'entourent. Je ne respire que pour cette jeune fille.

- Un poste de serveur vient de se libérer. Tu penses faire mieux que mon personnel ? Je t'en prie. Va au bout de ton numéro de fille à papa guindée, et montre moi si t'as autant de cran que ce que tu veux me faire croire.

Elle l'a fait. Et plutôt bien fait. Rares sont ceux qui osent s'élever devant moi. Et pourtant, cette jeune fille, avec toute cette insouciance et cette détermination qui caractérisent son âge, venait de le faire. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle venait de me donner une leçon de vie, ce serait un peu exagéré, mais clairement elle venait de relever le défi avec brio. C'était à se demander si elle n'était pas serveuse quelque part, durant son temps libre, histoire de gratter quelques sous pour payer ses études. Alors, lorsqu'elle revint vers moi, je l'applaudis. J'applaudis l'audace. J'applaudis la réussite. J'applaudis le courage. Mais surtout, j'applaudis sa beauté qui me fascine. La profondeur de ses yeux n'a d'égal que la pureté de son âme. Je ne saurais pas vraiment expliquer le sentiment que je ressens en la regardant, si ce n'est celui d'un artiste admirant son oeuvre. Dans les faits, elle ne l'était pas. La fille est personne. Et pourtant, son visage faisait d'elle quelqu'un d'unique. Elle est envoutante. Comment cette si simple enfant arrive à m'atteindre de la sorte ? Dans mon esprit, j'ai des flashs. Le genre de flashs que l'on ne souhaite pas raconter, que l'on assume que très peu. J'ai toujours été un grand conservateur. Certaines valeurs doivent être respectées. Alors quand mon subconscient me projeta une image d'elle, entièrement nue, en train de dormir dans mon lit, je fis un brusque mouvement de tête, comme pour me ramener à la raison. Elle était juste là, pile en face de moi. Je ne sais pas combien de temps à duré mon absence, mais suffisament pour lui faire perdre patience.

- Pardon, j'étais perdu dans mes pensées. Quel est ton prénom jeune fille ?

Je devais mettre un nom sur ce visage. Que je rangerai ensuite dans une case de mon esprit et qui n'en sortira probablement jamais. Et je pris un risque. Celui de tenter déjà le contact physique. Rien de bien audacieux. Seulement une sorte de prise de température. Alors je posai ma main sur son épaule, d'une façon à la fois douce et paternelle. Une sorte de geste de félicitations. Mon subconscient le sait, je veux beaucoup plus de toi. Mais moi je m'y refuse, tu n'es qu'une enfant, je ne peux pas ressentir cette attirance. Je n'en ai pas le droit.

- En tout cas, bravo, c'était un très joli numéro. Mon offre pour le poste de serveuse est toujours valable. Tu veux un peu de temps pour y réfléchir ?

Devon. Quel doux prénom. A la fois si aérien et en même temps si puissant. Si j'avais du lui donner un prénom, j'aurais probablement donné celui là. Il lui va comme un gant. Elle me parlait et pourtant j'étais encore perdu dans mes pensées. Ces quelques lettres résonnaient dans ma tête, inlassablement. C'était à la fois apaisant mais en même temps terriblement angoissant. Pourquoi réagir de la sorte ? Ce n'est qu'une enfant. Une simple enfant. Alors pourquoi je sens ma gorge se serrer, mes mains devenir moites et mon rythme cardiaque augmenter de façon significative ? Elle n'a pas le droit de me faire jouer à ce jeu dangereux. Et pourtant, j'ai envie d'y jouer. Te regarder, t'intriguer, t'effleurer, t'embrasser. Putain, je l'ai dit. C'est peut-être pour cela que j'insiste à ce point pour que tu acceptes de travailler pour moi. Pour t'avoir quelques temps à mes côtés. Toi, jeune étudiante à la chevelure cendrée, si frêle mais si forte. Soudain je reprends conscience, tu es là à me demander des informations sur ton futur emploi. Mon subconscient fait encore des siennes, et t'imagine en tant qu'esclave sexuel, dans une tenue si indécente qu'il n'y aurait qu'un homme fou pour ne pas y succomber. Mais tu seras une simple serveuse, une parmi tant d'autres. Et moi je serai ton patron. Et il faudra s'arrêter là, je t'en prie.

- Tu es étudiante non ? On pourra arranger tes horaires selon ton emploi du temps si tu le souhaites. De préférence, j'ai besoin de monde le weekend, que ce soit en journée ou en soirée. Et pour le salaire, n'oublies pas que tu es à l'Eden Club. Tu auras le salaire qui va avec le prestige du lieu.

Je ne peux pas dévoiler ma grille des salaires devant tout ces gens. Sinon, j'aurais beaucoup trop de candidatures. J'ai beau être proche de mon argent, il était normal de rémunérer mon personnel de façon proportionnelle à l'argent qu'ils me font gagner. Nous ne sommes pas un petit club miteux de banlieue, ou règne la drogue, les clans, les bagarres... Non, ici est un lieu sophistiqué, chic, où l'on peut s'amuser entre gens de l'élite. Et il était important qu'elle le sache. Si son travail était impeccable, elle n'aurait aucun mal à se faire un salaire plutôt confortable. C'est très rare que je prenne des étudiants, en général ils ne tiennent jamais plus de 15 jours. Mais là, ce n'est pas une étudiante comme les autres. C'est Devon, cette créature de l'enfer venu me tenter.

- Si tu veux plus de détails, tu peux me suivre dans mon bureau. J'ai quelques bricoles à faire. Tu y seras la bienvenue.

@Devon Mulligan

La copine un peu relou, réglé. Nous voilà désormais seuls, avec comme unique cap mon bureau. Et, si les choses évoluent positivement de façon significative, dans la suite privée de l'Eden Club. Galant, je fermais la marche tandis que mes directives lui permettent de trouver l'escalier menant au lieu des négociations. La galanterie était une feinte parfaite. La réalité étant qu'avec Devon juste devant moi, l'occasion était parfaite d'observer de quel bois elle était faite. Ouais, lui matter le cul à outrance comme un gros pervers. Et je pense qu'elle le savait, mais vu que nous sommes en pleine partie du chat et de la souris, il y a fort à parier que si elle ne me croque pas maintenant, ce sera pour plus tard. Sa tenue faisait ressortir à la perfection le galbe de son postérieur. De la tentation dans son état le plus démoniaque. Mon coeur semblait vouloir sortir de ma poitrine pour aller mourir un peu plus loin. Et ma main, quant à elle, subissait les pulsions de mes désirs, pousée inconsciemment vers le graal (qui aux dernières nouvelles, serait un récipient). Quelques pas plus loin, et alors que la tentation de me jeter sur elle se faisait de plus en plus insistante, nous arrivions à mon bureau, gardé par un videur. C'était une sorte de loge depuis laquelle je pouvais voir tout ce qui se passait entre les murs. A l'intérieur, quelques écrans de contrôle afin que rien n'échappe à ma surveillance. Mais aussi un bureau plutôt massif, avec tout un tas de dossiers et de rangements. Derrière le bureau, une bibliothèque et un bar personnel, avec tout un tas de bourbons hors de prix. C'est important de se sentir bien. Puis dans un coin de la pièce, une platine sur laquelle tourne un vieux 33 tours. Pour l'ambiance.

Et puis nous y sommes. La Reine du Nord contre le Maitre des Dragons. Notre début de relation ressemblait fortement à une série américaine au budget gargantuesque, préférant privilégier les bénéfices et le fan service à la cohérence du scénario pour son ultime saison. J'invite Devon à s'asseoir alors que je prépare deux verres de bourbon. Pas ma meilleure bouteille, bien évidemment. Qui offre un bourbon hors de prix à ses futurs employés ? Je veux bien être un patron modèle, mais il y a des limites. Je me dirige alors vers les grandes baies vitrées de mon bureau, scrutant le club, vigilent à ce qui s'y passe. Nous ne jouons pas au roi du silence, mais nous savons tout les deux que le premier qui joue a intérêt à avoir une très bonne main, avec tout ce qu'il faut de répartie. Le moindre échec, et c'est la fin de partie assurée. Alors je reste patient, comme un lion en cage, attendant que ma soigneuse approche son bras pour la dévorer. Et puis mon cerveau se met à faire des siennes à nouveau. Et si j'attrapais de force pour l'asseoir sur mon bureau, l'embrasser encore et encore, puis lui retirer ses vêtements ? Ce n'est qu'une enfant, certes, mais avec un tempérament aussi volcanique, je ne peux pas m'empêcher d'imaginer jusqu'ou nos corps pourraient nous amener. Je l'entends déjà me supplier de continuer à lui donner du plaisir. Et alors que mon rêve déclenche en moi une légère sensation de rigidité, je suis ramené à la raison par deux pupilles bleu azur, me fixant fermement. Je n'ai pas le choix, je me lance.

- Donc, emploi du temps ici calé sur celui de l'université. Pas plus de 15 heures par semaine. Car même si j'apprécie le fait que les étudiants veulent travailler pour financer leurs études, si ils passent plus de temps ici qu'à réviser leurs cours, aucun intérêt pour eux. Par contre, vous allez devoir vous déshabiller pour essayer les vêtements des serveurs. Allez y.

Je laissais un blanc de deux secondes, pas plus. Déjà pour pas qu'elle ne prenne peur, et aussi pour anticiper le fait que vu son tempérament, elle serait capable de s'exécuter. Sauf que si elle fait ça, ma braguette explose, clairement.

- Je plaisante. Juste la taille de vêtement que vous portez sera suffisant. Vous voyez quelque chose à rajouter ?