i'm glad it's your birthday. (noa)

Ce soir, j’ai sorti mes plus beaux habits pour le repas. Ce dernier se déroulera dans l’un des restaurants les plus huppés de l’Upper East Side, le bilboquet où ne sont servis que des mets typiquement français. J’avais appelé le jour de l’anniversaire de ma sœur pour réserver une table pour deux, une réservation qui n’avait pas été très dure à réaliser. Le nom Nadeau est plutôt bien connu, encore plus par le chef, un très bon ami de notre défunt père. J’étais même passé directement par lui, profitant pour prendre des nouvelles et pour lui en donner en retour. Avoir pu réserver ici me faisait plaisir, d’une il y avait la sûreté de manger plus que bien, et de deux c’était l’un des restaurants favoris de Noa. D’une pierre deux coups. L’heure du rendez-vous avait été fixée avec ma sœur pour 20h et, pile à l’heure, j’étais installé à notre table, attendant son arrivée. Chose qui ne fut pas très longue. « La plus belle est enfin arrivée. » Dis-je en apercevant Noa venir dans ma direction, me levant alors pour faire quelques pas à côté de la table et pouvoir la prendre dans mes bras, lui offrant une accolade fraternelle. Puis, après avoir déposé un baiser sur son front, je m’éloigne pour mieux la regarder, un sourire étirant mes lèvres sans trop de difficulté. « Bon anniversaire encore, mon petit bébé Nono. » Je sais que ça va la faire râler, elle déteste quand je la traite de bébé, sauf que pour moi ça restera toujours un bébé. Le bébé des Nadeau, peu importe qu’elle ait un ou quatre-vingts ans. Je lui tire sa chaise à la place du maître d’hôtel et la laisse s’asseoir, reprenant ensuite place face à elle, le serveur nous apportant les cartes des menus. Je sais par avance que le choix ne sera pas très long à être fait, tous les deux ayant déjà nos plats favoris dans ce restaurant, et ce n'est pas pour me déplaire. Trop d'attente, ça a tendance à me rendre impatient.

@Noa Nadeau

Paco il sait toujours comment faire plaisir à Noa, et encore une fois ça n’avait pas raté. Pour son anniversaire il leur avait réservé une table pour tous les deux au Bilboquet, un des restaurants préférés de la brune. Pas un choix très risqué en soit puisque le chef est un ami de leur père, qu’ils ont passé bon nombre de repas ici, et qu’il sait très bien qu’elle adore, mais ça lui convient parfaitement. Elle est ce genre de fille qui aime bien ses petites routines et n’aime pas trop changer ses habitudes. Alors c’est avec l’humeur la plus joyeuse possible qu’elle rejoint son frère là-bas. Un petit moment qu’ils partagent ensemble tous les ans, à son anniversaire à elle, et à celui de Paco aussi, et même si ça ne doit arriver que quelques jours ou semaines plus tard quand leurs emplois du temps sont trop chargés, ils ne le laissent quand même jamais passer. C’est toute apprêtée qu’elle arrive, mais à vouloir se faire toute belle elle en est retard. Enfin, si on peut vraiment appeler ça du retard, à peine cinq minutes. Elle sourit en entendant les paroles de Paco, et lui rend son accolade quand il la prend dans ses bras. « Faut savoir se faire un peu désirer quand on est une princesse. » L’excuse typique de la personne qui n’est pas à l’heure, mais ce n’est pas si faux que ça, c’est une petite princesse Noa après tout non ? Elle aime bien se le dire avec son frère en tout cas. Parce que dans son comportement général habituelle, elle en est bien loin. Une petite moue boudeuse apparaît ensuite quand il la qualifie encore de bébé. « Merci, mais je suis pas un bébé, papy Coco. » C’est juste lui le vieux, c’est tout. En vrai gentleman il lui tire lui-même la chaise, puis s’assoie à son tour, et le serveur leur apporte alors les menus. Elle a déjà presque tout testé et elle sait donc déjà quel plat a sa préférence, ses yeux ne parcourent donc la liste que quelques secondes avant qu’elle ne la repose. « Bon alors comment tu vas ? »

Noa arrive enfin après quelques minutes d’attente, et je me lève pour l’accueillir, souriant à ce qu’elle dit. C’est vrai qu’elle est une princesse, la gamine. La petite princesse Nadeau, celle pour qui on a toujours tout céder parce que c’est le bébé de la famille. D’ailleurs, je l’appelle ainsi encore une fois et sa petite moue me fait doucement rire. Elle n’aime vraiment pas ça, je le sais, et c’est peut-être pour ça que je continue à l’appeler ainsi. Voulant me rendre la monnaie de sa pièce, elle me traite de papy, sauf que moi, je ne rentre pas dans son jeu en le prenant mal ou en soupirant. « Même quand t’auras 80 ans, tu resteras mon bébé, Noa. » Ouais, autant qu’elle s’y habitue maintenant, elle va devoir le supporter jusqu’à la fin de sa vie ce petit nom. Lui tirant la chaise, je l’aide à s’asseoir, avant de m’installer face à elle, un serveur venant nous tendre les menus qu’on ne prend même pas la peine de lire. On est déjà occupé à autre chose. « Bien et toi ? » Je lui souris, ne lui mentant pas pour une fois. Je me sens vraiment bien aujourd’hui, bien décidé à profiter de cette soirée entre frère et sœur. « Et t’as vu ? La plus belle vue pour la plus belle partenaire de dîner que je puisse avoir. » Tout en parlant, je lui montre la belle vue que nous offre le restaurant sur l’Empire State Building. Bon, il s’agit d’une vue de loin, le restaurant se trouvant à une quinzaine de minutes à pied du gratte-ciel New-Yorkais, mais c’est déjà mieux que rien, non ? Et puis, ça ne change rien au fait que ça soit magnifique. Jetant un rapide coup d’œil au menu, je tombe sur la liste des pizzas, réfléchissant quelques secondes. « Tu crois que ça serait de l’audace de demander du saucisson à la place de salami ou de chorizo sur la pizza ? » Que je demande avec un air interrogateur, la tête relevée pour fixer Noa.

Les lèvres de Noa passent en une seconde d’un grand sourire quand elle se qualifie elle-même de princesse, à une moue boudeuse quand elle entend Paco la qualifier de bébé. Il y a bien longtemps qu’elle n’est plus un petit bébé et il sait très bien qu’elle n’aime pas qu’il la considère ainsi. Mais elle sait aussi que c’est justement pour ça, pour l’embêter, qu’il continue à le faire, et aussi qu’il n’arrêtera jamais de la considérer comme son bébé, elle n’a pas d’autre choix que de s’y faire, comme il le confirme en précisant que même quand elle aura 80 ans ce sera encore pareil. « Sauf que comme t’es déjà un papy, tu te seras transformé en momie quand j’aurai 80 ans. » Et son grand sourire réapparaît. C’est ce qu’il y a de bien quand elle passe du temps avec son frère, c’est toujours comme ça, ils passent leur temps à se taquiner dans la bonne humeur. Tel un gentleman il lui tire la chaise et ils s’installent, se retrouvant rapidement avec le menu dans les mains, bien qu’ils n’en aient pas vraiment besoin et ne le regardent donc pas vraiment. A la place elle se concentre sur le sourire de Paco et ça la rend heureuse de le voir sincère. « Je vais bien aussi. » Rien de nouveau dans sa vie, rien de particulier dont elle ait à parler, donc oui, tout va bien pour elle aussi. Il attire ensuite son attention sur la vue, et il n’a pas tort, c’est surement à cette table qu’elle est la plus belle de tout le restaurant et ils n’ont pas toujours l’occasion de l’avoir. Mais rapidement elle revient à lui, faisant une remarque par rapport à la deuxième partie de sa phrase. « Tu dis ça parce que t’as plus de meuf. » Non pas qu’elle veuille remuer le couteau dans la plaie, mais elle se sent obligée de le taquiner sur le fait qu’il dise qu’elle est la plus belle partenaire qu’il puisse avoir. La question qu’il lui pose ensuite lui fait lever un sourcil, il lui prend des interrogations bizarres parfois mais bon. « Oh non, c’est toujours une bonne chose de remplacer le salami. Puis tu pourrais demander n’importe quoi à Louis qu’il serait d’accord pour te le faire je pense. » Ce n’est pas de la vantardise, mais le chef les adore alors, avec la générosité dont fait preuve cet homme, il leur préparait tout ce qu’ils veulent avec grand plaisir si c’est eux qui lui demandent. Elle en est persuadée puisqu’il a déjà eu droit à certaines de leurs demandes loufoques et qu’il l’a toujours fait de bon cœur.

Je ris en l’entendant dire que je serai une momie lorsqu’elle aura atteint 80 ans. « Tant mieux, ça me permettra d’effrayer tout tes petits-copains avec plus de facilité. » À mon tour d’afficher un grand sourire sur mes lèvres. Je sais pertinemment qu’il faudra bien qu’un jour je cesse de foutre les pétoches à ses petits-amis, mais c’est plus fort que moi. J’ai dû mal avec le fait que Noa soit désormais une femme, une qui plaît à bien trop de mecs même et, parfois, il s’avère que ces types-là ne sont pas très bien pour elle... Bon en fait, si on écoute ma logique, aucun gars n’est assez bien pour elle, sauf que ce n’est pas réellement étonnant que je pense ça. Ma petite-sœur ne manque pas ensuite une occasion pour contredire mes propos, ceux sur le fait qu’elle soit la plus belle partenaire. Je ne prends pas mal ses dires parce que je sais qu’elle ne cherche pas à me faire du mal en évoquant ma séparation avec Jazz. À la place, je secoue la tête négativement et affiche un air faussement étonné. « Tu ne sais pas que les Nadeau sont les plus belles femmes du monde ? » En tout cas, pour moi, ça a toujours été le cas. Mes petites-amies n’ont fait que compléter cette liste de femmes belles et merveilleuses, tout simplement. Mon questionnement lui fait hausser un sourcil et ce qu’elle répond me fait sourire. Elle n’a pas tort, Louis a toujours fait en sorte de satisfaire nos moindres demandes, même lorsqu’il a dû me faire des spaghettis au ketchup quand j’avais 7 ans et que je ne voulais que ça comme repas à chaque fois. « Il a dû nous en faire des choses, ce bon Louis. Je le plains d’avoir eu comme client des enfants aussi exigeants que nous. » Bon, ce n’est pas vraiment le cas, on lui a toujours demandé des choses simples à réaliser, bien qu’elles ne soient pas toujours en adéquation avec le standing de ce restaurant. Un serveur arrive alors, prêt à prendre notre commande. Je laisse Noa faire la sienne, puis ajoute à mon tour : « Un bœuf bourguignon. On prendra également votre meilleure bouteille de champagne, merci. » Parce qu’il n’y a pas meilleure façon de célébrer un anniversaire qu’avec du champagne.