« Less talking more dancing » feat Kiara & Seth

La nuitée pointe le bout de son nez, mais le sommeil est encore loin. La fatigue accumulée par le boulot qu’il exerçait n'aidait étonnamment pas — d’ailleurs, même couché sur son lit, Seth avait passé la nuit à fixer le plafond sans parvenir à trouver comment occuper son esprit errant. Les mêmes images qui se répétaient, inlassablement, depuis bien des années maintenant. Sans doute avait-il besoin d’un verre. “Besoin d’un verre”. Cette pensée tout le long de la journée n’a de cesse que l’accompagner.

La journée a été longue, et Seth a la fatigue dans le corps. Les muscles tendus, et l’esprit préoccupé. Va savoir pourquoi. Simplement le besoin de décompresser, au moins juste un peu. Histoire d’oublier cette balafre que porte désormais son trésor. Le travail dans les bureaux, ce n’est rien comme il a toujours fait. Pas habitué à une telle routine. Mais il apprécie le boulot, assez physique pour lui changer les idées, et assez solitaire pour ne pas avoir à parler à longueur de journée. Ses collègues ont appris à le laisser tranquille, et à accepter sa présence relativement muette pendant les heures de travail. Le respect installé, et pas de problème à l’horizon. Seth s’y était habitué - son corps, un peu moins. Avec les mouvements réguliers, les blessures réapparaissaient et empiraient avec le temps. Il espérait juste que ça n’allait pas s’envenimer, notamment pour son épaule où une vieille blessure par balle le faisait souffrir. Mais c’était le prix à payer pour les années à avoir joué avec la vie et la mort sans prudence. La vieillesse qui se profilait doucement à l’horizon, malgré le fait que l’agent eut toujours cru crever bien avant.

Finalement, il ne tient plus. Ne supporte plus le silence, ne supporte plus les réflexions souffrantes. Il se redresse, sort de son lit. Traverse la chambre pour s'approcher de la petite table d'appoint disposée sous la fenêtre. Y saisit les clefs qui s'y tiennent — puis, aussi soudainement fixe l'extérieur, lointain. Jean enfilé, chaussures attrapées. Il ne met pas bien longtemps avant de dévaler les escaliers en direction de la porte d’entrée.

...

Une heure plus tard, le voilà fine silhouette empli de charisme parmi cette foule indécente, pleine de leurs gestes d’indolence et de cette complexe quintessence. De ces fines danses aux esprits désincarnés dans ce lieu de courbes promettant les plaisirs exultés -quel endroit à l’existence consacrée. Tout cela l’écrase et se saisit de lui à la gorge, dans ce noir et ce soir, Seth n’est plus simplement agent, mais un loup à l’image des autres. Un petit effort pour un réconfort. Et le voilà qui sans jamais prêter grande attention au monde qui l’entoure, descends les marches du Playground - ô Styx qui n’a de cesse que de le mener en enfer. Car oui quand l’agent Rhodes-Morales pense à cet endroit, cet « Enfer » est l’image qui convient le mieux.

Et alors il s’avance parmi la bourgade, là où il n’est plus qu’une ombre déstructurée, comme les autres entités qui se pâment fièrement pour mieux embusquer. A l’entrée se dévêt, et poursuit son chemin transporté par les effluves de l’alcool et d’autres senteurs oniriques. Clope au bec, Seth prend d’ailleurs le temps d’en savourer chaque inspiration tandis que son regard se porte au loin, comme en quête de réponse.  Il prend le temps d’observer ces regards qui se font insistant sans pour autant daigné y répondre. Il est là simplement là, à cueillir le temps attendant que le barman daigne lui rapporter la bière qu’il a commandé. Mais tout ça, c’est sans se douter de la présence de cette même fille qu’il a rencontré ce matin. D'ailleurs c'est bizarre mais il a comme cette impression de déjà-vu.

 - « Désolé je ne suis pas en service... »

Spoiler:

Faut dire que c’est la dernière personne que Seth s’attendait à retrouver ce soir. Que ce soit l’endroit ou la personne, tout avait été une véritable surprise. Sans doute cela résultait-il du fait qu’il ait pénétré dans le premier bar venu — très certainement.
Mais bon dans tous les cas vu comment il l’avait accueilli, très peu de chance pour qu’elle reste dans les parages ; cependant là encore, faisait-il fausse route. Il prend le temps de prêter attention à la voix qui s’élève.

Après un léger soupir, il reporte alors son regard sur son ami du soir (ô sympathique verre de whisky), dans ces débauches qu’on ne peut voir comme un trésor saupoudré d’or dans l’oubli planifié de ces graciles cabrioles rapprochées. Aux premières paroles, il n’avait lâché qu’une pâle exclamation, peu compréhensive de ces expressions. Mais tout bien réfléchi, la véracité des propos émis plante ses griffes au fond de sa psyché.

 - « Une chance pour vous que je n’aies pas été flic, ou bien j’aurai été contraint de vous retirer votre permis. »  répond t-il accompagné d’un rictus feutré.

La situation ne s’envenime pas encore et c’est pour le mieux certes. Mais Monsieur Rhodes-Morales conserve toujours ce ton caustique, et pour cause puisque c’est ce qui fait la son charme. Lui n’était pas ce genre d’homme sensible aux cajoleries fleurissant sur les lèvres, lui est de ceux qui prêtent attention aux actions. Le don de mots était un art qu’il appréciait à bien des égards certes, mais qu’il ne confiait toutefois implicitement sous ce même sourire qui se paradait d’un air narquois. Cette foule cacophonique avait le don de glisser entre les deux, faisant oublier le but qui persistait entre eux. Il l’invite donc a prendre place là où fut conviée, de ses conversations versatiles et de ses mirettes aux pensées fertiles.

Alors, seulement, Seth prête cet air hébété à ces traits, ce même faciès qu’il avait devant Cami. Celui là-même qui n’a qu’une ignorance ponctuelle de ces jeux d’adultes sensuels, auxquelles se livre ladite demoiselle devant lui. Mais où diable l’avait-il déjà vu ? Il se le demande mais essaye de le dissimuler.

 - « Il faudra bien plus qu’un verre pour essayer de soudoyer un agent fédéral, Mademoiselle. »

@Kiara Chamberlain Il est super ton rp