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Invité a posté ce message Mar 18 Juin 2019 - 23:58 #

Sometimes the only answer people are looking for when they ask for help is that they won't have to face the problem alone - Joddie et Christina - 19 JUIN 2019

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Le bruit était quelque chose que Christina affectionnait. Plus on hurlait à ses oreilles et moins elle entendait les cris de ses pensées. Un moyen de préserver sa santé mentale, un moyen de ne pas devenir folle. Si nombreux de ses collègues avalaient les aspirines comme des pastilles à la menthe, leur tête menaçant d'exploser sous les cris de mécontentements des suspects,le vacarme des téléphones qui ne cessaient de sonner ou encore les aboiements répétés du petit chien que tenait une vieille dame entre ses bras pendant que l'on prenait sa déposition, elle aurait pu passer sa vie à son bureau, à fixer ce flux incessant d'hommes et de femmes. Un endroit bien moins accueillant que sa petite maison familiale, mais c'était bien ici qu'elle se sentait le mieux.

Malheureusement pour le lieutenant Muñoz, sa tranquillité était bien trop souvent interrompue par la sonnerie de son téléphone portable. Un outil qu'elle aurait aimé éteindre, si elle n'avait pas peur qu'il puisse arriver quelque chose à Ricardo, son fils. Son travail passait bien trop souvent en premier plan, pour ne pas dire tout le temps. Sans doute aurait-elle voulu passer plus de temps avec son enfant, partager tous ces moments d'innocence qu'il offrait encore du haut de ses six ans. Mais à peine poussait-elle la porte de son domicile qu'elle rêvait de fuir. Fuir les problèmes qui l'attendaient. Un énième échec professionnel de Tim, une nouvelle dépense imprévue qui mettait en danger le paiement du loyer ou du crédit de la voiture. Alors, quand elle savait que le soir venu elle devrait faire face à ses soucis, elle n'avait pas envie qu'ils la suivent jusqu'au bureau, au milieu de collègues qui ignoraient jusqu'à l'existence de sa famille.

Son compagnon était un bon père, mais ce n'était pas un génie. Et elle en faisait encore une fois les frais, alors qu'elle chuchotait dans le téléphone, visiblement mécontente. Au loin, derrière la voix de Tim, elle entendait le petit Ricky chouiner. D'après son père, il avait chuté dans le grenier, une pièce dont il n'aurait même pas du avoir l'accès. Et si l'homme se trouvait dépassé, ne sachant pas où sa compagne avait rangé le désinfectant, celle-ci se pinçait l'arête du nez, sidérée d'être dérangée pour quelque chose qui aurait pu se régler sans elle. Mais alors qu'elle se laissait tomber au fond de sa chaise avec un soupir, répétant pour la troisième fois la position de la trousse à pharmacie, l'excuse parfaite pour raccrocher venait d'apparaître devant elle.

La policière se leva alors, refermant le fameux dossier qu'elle était en train de feuilleter avant d'être aussi grossièrement interrompue, et arrangea son chemisier. Cette affaire, c'était elle qui l'avait voulu, en la sachant rouverte. Christina aimait les défis. Elle aimait devoir se plonger des heures dans un dossier, elle aimait croire que personne ne pouvait commettre le crime parfait. Malgré la distance qui séparait les forces de l'ordre du lieu de l'accident, les suspects étaient pourtant sur le territoire. Après avoir épluché les quelques maigres informations contenues dans sa pochette cartonnée, elle avait eu envie d'évincer la petite amie de cette fameuse liste. Une victime collatérale, et pourquoi pas la victime principale ?

-Mademoiselle Brown ?, interrogea-t-elle avec un sourire avant de lui tendre la main. Je suis le lieutenant Muñoz, merci d'avoir pris le temps de venir répondre à mes questions. Vous voulez bien me suivre ? Nous allons nous mettre dans une salle d'interrogatoire, afin d'être un peu plus au calme.



@Joddie Brown


©Pando
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Invité a posté ce message Mer 26 Juin 2019 - 21:15 #

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ft. @Christina Muñoz



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_ Je peux savoir où tu comptes aller comme ça, interpella David, sans omettre de croiser les bras pour ajouter un peu plus de sérieux, posture qui faisait comprendre à sa protégée qu'elle ne pourrait en échapper. Joddie y avait cru pourtant, car aussitôt l'entraînement terminé elle s'était faufilée dans les vestiaires pour enfoncer ses affaire dans le sac à dos. Elle pinça ses lippes l'une contre l'autre à l'intonation de son coach sportif, releva tranquillement son buste et ne put s'empêcher de porter un regard furtif au plafond où quelques traces supposaient une ancienne fuite. Elle prit une grande bouffée d'air, emplissant ses poumons, avant de laisser un long filet d'air caressé ses narines. _ Mes scores d'aujourd'hui sont meilleurs qu'hier, j'ai pensé..., tenta-t-elle désespérément, mais incapable de mentir par nature, elle se ravisa, il y a un rendez-vous que je ne dois absolument pas louper. David haussa un sourcil à la fois surpris qu'elle ne lui en ait pas parlé qu'étonné qu'elle ait pu oublier qu'aucun entretien ne devait être pris pendant la période d'entraînement, à savoir jusqu'à Juillet.

_ Et qu'attendais-tu pour m'en faire part, finit-il par articuler après un court silence pendant lequel il n'avait cessé de fixer la métisse, reculant de quelques pas pour trouver, de son dos, le mur qui faisait face au banc. Joddie haussa les épaules, parce qu'elle n'avait absolument aucune réponse assez satisfaisante qui lui venait à l'esprit, probablement parce qu'elle n'en avait pas. _ C'est personnel, insista-t-il, bien décidé à avoir le fin mot de l'histoire, notamment parce que rien, d'accoutumée, ne passait avant les séances qu'ils programmaient ensemble. Joddie comprit qu'elle n'aurait pas le choix de lui annoncer, mais elle ne savait comment y parvenir. Elle tourna à demi sur elle-même et décida de se poser près de son ballotin de sport, les coudes sur les cuisses et le visage entre ses paumes. _ Pas exactement, non, fit-elle quand son cerveau peinait à trancher entre le laisser deviner lui-même ce qui se tramait qu'il ne savait et l'en bombarder pour se débarrasser du poids. Et si couper la poire en deux était le meilleur des compromis ?

_ Est-ce Samael qui te demande, interrogea-t-il avant qu'elle ne puisse se lancer, créant une réaction quasi-instantanée de la part de l'Aborigène; qu'entendait-il, par là, je trouve que vous vous envoyez énormément de messages depuis les signatures du contrat de sponsoring, commenta-t-il sans lâcher le visage de la pilote professionnelle de ses yeux verts. _ Quoi, tu m'espionnes maintenant, demanda-t-elle, plaquant sa colonne vertébrale contre le pan derrière, j'en reviens pas, siffla-t-elle, détournant le regard quand son faciès se mouvait à la négative, d'Est en Ouest. Sans nul doute qu'il s'était introduit dans son mobile lorsqu'elle prenait sa douche ou était à son premier tour de circuit. _ Je pense qu'il faudra penser à changer de sponsor pour l'année prochaine, car j'ai peur qu'il ne te déroge de tes obligations, pointa-t-il de ce ton trop paternel qu'il avait pour habitude d'utiliser. Ou avait-il simplement peur de ne plus être la seule source de motivation dans l'entourage de la plus jeune ? Peu importait, finalement, elle ne releva pas.

_ Je suis convoquée au commissariat de police, lança-t-elle une bouteille à la mer sans qu'il n'y ait réellement de mot à l'intérieur qui en expliquait le sens. Elle laissa le temps en suspend quelques secondes, à peine en fallut-il le double pour que l'incompréhension qui s'était éveillée dans les billes de l'ancien pilote de F2 ne disparaisse. La chambre à idées de son cerveau s'illumina et il comprit, resta même silencieux le temps de trouver, dans les prunelles de Joddie, une lueur qui l'autoriserait à aller plus en avant. _ Alors ça y est, acquiesça-t-il de la tête en même temps, et Joddie s'y mit aussi, ils en auront mis du temps à ré-ouvrir le dossier sur New-York, ne trouva-t-il rien d'autre à dire qu'une plainte qui ne fut même pas réceptionnée par l'oreille de la brune. Finalement, le plus important n'était-il pas que l'affaire avait trouvé preneur ? Joddie s'en contenterait, en tout cas. _ Je vais te laisser te préparer, lui accorda-t-il indirectement son absence à l'entraînement pour les deux prochaines heures, bien qu'il aurait préféré qu'elle n'ait à subir un quelconque interrogatoire concernant Joa.

Il s'éclipsa, laissant Joddie seule. Était-ce parce qu'il ne se sentait pas d'entamer une discussion qui impliquait devoir parler de son premier champion, ou parce qu'il avait senti la métisse meurtrie par ce qui avait pourtant semblé inévitable ? Probablement un peu des deux, David aussi avait été affecté par la mort du fils Grahams. L'Aborigène suivit la trajectoire de son mentor et bloqua ses prunelles sur la porte en bois qu'il ferma derrière lui. On disait souvent que remuer le couteau dans la plaie n'était bénéfique pour personne, pourtant, dans ce cas précis, laisser resurgir le passé pouvait permettre d'attraper l'assassin d'un homme qui n'avait rien fait pour mériter de perdre la vie, - de sa passion, qui plus est. Elle resta plantée là, assise sur le banc du vestiaire pour quelques minutes, remplie de pensées qui l'assaillirent, jusqu'à ce que le vibreur de son téléphone portable ne vienne la tirer de ses songes. Le message du futur professeur d'arts plastiques de New Haven, à moitié déchiffrable des quelques mots affichés sur l'écran verrouillé, lui témoignait du courage.

Elle le lut mais ne répondit pas. Elle glissa l'appareil dans sa poche avant de short,  ôta le T-shirt floqué de son écurie ainsi que la brassière pour dégager sa poitrine et passa un débardeur large; l'heure était venue .

* * * * * * * * * * * * *

Joddie était immobile devant le poste de police de Brooklyn Est depuis près de cinq minutes maintenant. Elle fixait l'enseigne, remettant inconsciemment en cause sa présence bien qu'elle lui était obligatoire. Ce fut la veille qu'elle reçut un appel du commissariat, probablement d'un simple officier ayant atterri au bureau administratif pour sa période. A peine s'eut-il présenté qu'elle devina la raison qui l'eut poussé à tapoter le numéro de son téléphone portable sur le large combiné. Après tout, il n'y avait pas trente-six mille raisons, et si ça n'avait été pour Joa, c'était que son père avait -encore- fait des siennes. Sa peau agressée par le soleil brûlant du milieu d'après-midi, Joddie ne put que se résigner à pousser la porte de l'établissement de justice pour y faire son entrée. Quelques pas en avant, elle posa son regard sur les citoyens en attente de déposer une plainte à sa gauche quand, à sa droite, une femme menottée se devait de patienter auprès d'un policier. Sa main gauche sur la lanière de son sac à dos, ajusté à son épaule, elle serra ses doigts autour; c'était sa première fois.

Heureusement, une voix articula son nom et son regard se détourna de la prisonnière qui mimait des injures de ses lèvres, -probablement déjà reprise à maintes reprises par son gardien pour ses mots inappropriés. Une femme s'avança vers elle, souriante à souhait, quand elle resta de marbre dans l'attente que la distance soit écourtée. _ Joddie Brown, se présenta-t-elle à son tour une fois leurs mains soudées pour une poignée énergique. Si elle voulait bien suivre; avait-elle réellement le choix ? Elle hocha de la tête sans qu'aucune émotion ne transparaisse sur son faciès, comme à son habitude. Pourtant, elle avait clairement la boule au ventre bien qu'il n'y avait pas de raison qui expliquait ce sentiment : elle était innocente. Et ça personne n'en avait douté, même si les journalistes s'étaient amusés à émettre des suppositions remplis de non-sens. _ Une salle d'interrogatoire, répéta-t-elle d'une petite voix, alors que l'inspectrice avait déjà tourné les talons pour lui ouvrir le chemin. Et maintenant, pouvait-elle paniquer ?

Le battant ouvert, l'intérieur de la pièce semblait froid, comme exempté de toute émotion positive, exactement la même sensation que l'on avait lorsqu'on entrait dans la pièce où un mort reposait jusqu'à son enterrement. Il n'y avait pas de fenêtre qui menait à l'extérieur, juste une grande baie vitrée noire qui permettait à d'autres individus de prendre part à l'interrogatoire sans se faire voir. Joddie ressentit un frisson parcourir ses membres supérieurs et descendre tout du long de son échine. Elle attendit d'être invitée à entrer et se glissa jusqu'à la chaise de l'accusé. A présent posée, elle eut un regard sur le carreau foncé en face d'elle derrière lequel la pièce cachée se tenait, se demandant si d'autres agents attendaient ses réponses, eux aussi. Les semelles des chaussures de l'inspectrice Muñoz marquèrent son rythme cardiaque et il ne décéléra pas au moment où elle s'immobilisa. Le regard de Joddie se leva sur le faciès typé de sa vis-à-vis et, comme si cela était inévitable, sa vie se rembobina automatiquement, remontant jusqu'au dernier tour de piste du championnat européen tenu au Royaume-Uni.

L'excitation du public qui ne s'entendait pas dans l'habitacle mais se ressentait. Les rires graves de son partenaire de course, et de vie, dans l'oreillette qui exprimaient la victoire assurée. Le sourire à moitié dissimulé de Joddie lorsqu'elle dépassa le dernier adversaire qui s'était concentré à bloquer l'avancée de Joa sur l'asphalte. La dernière boucle avant la ligne droite qui fit s'exclamer l'homme de vingt-cinq ans bien avant le franchissement de la ligne d'arrivée. Puis la fumée, remarquée bien trop tard, qui eut le don de faire lâcher un juron à Grahams. Oui, un juron. Un tout dernier juron avant la première explosion, qui fit jaillir des flammes de plusieurs mètres de chaque côté de la carrosserie, et les nombreuses détonations qui, superposées, eurent raison du véhicule et de son pilote. Devant la chargée d'enquête, Joddie ne cilla pas. Les yeux grand ouverts, elle revécut la scène grâce au rétroviseur posté à l'intérieur de sa présente existence. _ Je ne l'ai pas tué, murmura-t-elle, ayant fait abstraction des gestes et paroles qui eurent pu trouver vie autour d'elle.

Elle trouva la force de reprendre les rennes de son corps et de mouver les paupières, croisant les billes foncées de son interlocutrice. _ Je n'aurais jamais tué Joa Grahams, répéta-t-elle pour être certaine qu'elle l'ait entendu; elle n'aurait jamais voulu de mal à son coéquipier, et partenaire de vie. Jamais.
1876 mots
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Invité a posté ce message Mer 3 Juil 2019 - 14:38 #

Sometimes the only answer people are looking for when they ask for help is that they won't have to face the problem alone - Joddie et Christina - 19 JUIN 2019

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Non pas qu’elle trouvait son travail répétitif, au contraire. Chaque affaire avait quelque chose de touchant. Chaque victime que Christina avait pu rencontrer depuis le début de sa carrière avait laissé, chacun à sa manière, une trace sur elle. Un souvenir, parfois diffus, qui ne la quittait jamais réellement. Elle se souvenait de chaque larme, de chaque regard ou même de chaque sourire, quand elle leur permettait de tourner la page. Quand elle mettait enfin le coupable devant la justice, offrant un peu de paix aux innocents. Ce poste dans l’unité spéciale, elle l’avait toujours voulu. C’était d’ailleurs celui qu’elle visait lorsqu’elle était entrée dans la police en 2009. Il lui avait fallu huit longues années pour faire ses preuves, pour se forger une véritable expérience et il n’y avait pas une seconde où elle avait pu regretter le travail qu’elle avait fourni. Pas un matin où elle ne se levait pas avec une certaine fierté, une certaine joie. Celle de savoir qu’elle était à la bonne place et qu’elle pouvait être utile aux autres.

Elle espérait, une fois encore, pouvoir rendre le sourire à ceux qui restaient ici, sur Terre. Ceux qui souffraient de l’absence des victimes. Cette enquête avait été, à son sens, bâclée. Il restait tant de zones d’ombres qu’elle aurait voulu éclairer mais le dossier était si mince qu’elle ne savait pas vraiment par où commencer. Alors, elle espérait que Joddie puisse l’aider. Elle était, d’après ce qu’elle avait pu comprendre, la personne la plus susceptible d’en savoir un rayon sur les relations de la victime, Joa Grahams. Ce fut pourquoi, après une poignée de main énergique, elle la guida dans les couloirs du commissariat, pour les éloigner du bruit.

Dans la poche de son pantalon à pince, son téléphone vibra. Pensant à un possible message de Tim, qui s’occupait aujourd’hui du petit Ricardo, elle s’empressa de sortir l’appareil. Une simple notification Instagram, qu’elle aurait ignoré en temps normal, voulant éviter que les images de nourriture postées ne lui mettent l’eau à la bouche. Mais en bref sourire étira ses lèvres alors qu’elle fixait celui sur la photo récemment postée, un sourire angélique qui la mettait de meilleure humeur.

Elle n’osait imaginer ce qu’avait pu ressentir la pilote. Elle n’osait même pas tenter d’estimer la douleur, dans sa poitrine. Quand l’être aimé nous était arraché aussi violemment, elle ne savait pas si le temps réussissait à panser les blessures. S’il était d’une quelconque aide. Si, marchant devant la jeune femme, le lieutenant Muñoz se réconfortait dans l’idée que personne de son entourage n’approche de ces voitures puissantes. Que Seth ne s’en approche pas. La terreur, cependant, serra un court instant son estomac alors qu’elle pensait à tous les dangers qu’un agent du FBI pouvait rencontrer. A toutes les choses qui pourraient le blesser, ou bien pire, lors de son quotidien. Que pourrait-elle bien ressentir si un jour elle apprenait une terrible nouvelle ? Se relèverait-elle de savoir qu’il n’était plus là ? La vie sans l’agent Rhodes-Morales lui semblait cauchemardesque, faisant trembler ses jambes alors que cette disparition n’était que supposition et ce n’était que dans le couloir mal éclairé que sa conscience sembla s’illuminer soudain. Son esprit lui rappela, un peu à la façon d’une violente claque à l’arrière du crâne, que son inquiétude aurait dû se porter vers une autre personne. Comme une illumination soudaine, elle se rappela qu’elle n’avait pas le droit d’avoir ces pensées. Puisque lorsqu’elle rentrerait chez elle, après cette journée, ce n’était pas les bras du guatémaltèque qu’elle retrouverait. Qu’elle n’avait jamais vraiment pu y goûter, à ses bras. Elle chassa ses pensées, mettant fin à cette illusion, hors de propos, et sa culpabilité d’un vague geste de la tête avant de s’approcher de l’une des portes. Chris chercha quelques secondes, sur le trousseau de clés qu’elle tenait, le dossier habilement coincé sous son aisselle, la clé qui ouvrait cette salle. Elle ouvrit enfin la porte, tapant du dos de la main sur l’interrupteur pour éclairer cette minuscule pièce qui n’avait rien d’accueillant mais qui avait le mérite d’être silencieuse et d’avoir un semblant de climatisation, contrairement aux bureaux surchargés.

-Installez-vous, je vous en prie, l’invita-t-elle en se poussant pour la laisser entrer la première.

Et si Christina prenait des pincettes, avec son sourire qui se voulait réconfortant, il ne fallait pas être un génie pour deviner que cette épreuve devait être difficile, pour cette jeune femme. Si jeune et déjà si touchée par la cruauté des autres. Elle referma la porte derrière elles, jetant le dossier sur la table, la pochette glissa sur une dizaine de centimètres alors que la policière venait défaire ses boutons de manchettes pour remonter les manches fines de son chemisier. Elle prit alors place de l’autre côté de la table métallique, d’abord sans un mot alors qu’elle faisait glisser de nouveau le dossier vers elle. Ses doigts fins ouvrirent la pochette, la laissant contempler quelques secondes les différents documents qui s’y trouvaient ainsi que les notes qu’elle avait prises elle-même avant l’arrivée de Joddie.

-Vous avez l’air un peu pâle. Vous poussez pourtant le plus clair de votre temps dans un minuscule habitacle, ne me dites pas que cette salle vous étouffe ?, tenta-t-elle de plaisanter avec un fin sourire.

Une petite moquerie
sans méchanceté destinait à détendre l’atmosphère mais son interlocutrice semblait toujours aussi tendue. La brune éparpilla quelques feuilles et, avant même qu’elle n’ait pu poser une question, Joddie prit la parole. Si le lieutenant n’était pas certain d’avoir entendu, puisqu’elle avait murmuré, Chris releva les yeux en fronçant légèrement les sourcils. Jusqu’à ce que la jeune femme ne se répète, parlant un peu plus fort. Cette défense, lancée alors qu’aucune accusation ne lui avait été porté, aurait pu être signe qu’elle avait bien quelque chose à se reprocher. Mais la policière avait déjà écarté cette piste, ne pensant pas qu’une fille aussi frêle, qui semblait pouvoir s’écrouler à tout moment face à elle, ait pu porter atteinte aux jours de son petit-ami. Il ne fallait pas être plus intelligent que la moyenne pour le deviner. Alors, reprenant son fin sourire, elle se redressa, posant ses coudes sur la table en joignant ses mains.

-Mademoiselle Brown, nous sommes dans une salle d’interrogatoire pour profiter de la climatisation et pouvoir parler de tout ça dans le calme. Vous n’êtes en aucun cas soupçonnée du meurtre de Joa Grahams et vous êtes libre de vous en aller quand vous le souhaitez. Alors, respirez un bon coup, je suis ici pour vous aider. C’est d’accord ?

Les angoisses étaient quelque chose que Christina devait gérer à chaque fois qu’elle interrogeait quelqu’un, suspect ou non. Le commun des mortels était toujours impressionné de se retrouver dans une salle pareille, qu’ils n’avaient pour la plupart qu’aperçu dans des films ou des séries, pensant qu’à tout moment on allait les envoyer en détention. Ce n’était facile pour personne, de devoir répondre à des questions quand on ne savait pas si une parole de travers pourrait faire douter l’agent en face de nous.

-Vous avez sans doute déjà répondu à beaucoup de questions, après l’accident et je sais que c’est pénible pour vous. Mais est-ce que monsieur Grahams s’était disputé avec quelqu’un, les jours précédents sa mort ? La moindre petite dispute, le moindre incident dont il aurait pu vous parler.

La population avait tendance à penser qu’un meurtre était parfois motivé par une haine profonde. Mais certaines personnes, dérangées, n’avaient pas besoin d’être poussées à bout pour passer à l’acte. Et si la victime avait eu un mot plus haut que l’autre avec quelqu’un, Joddie était le parfait témoin.





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Invité a posté ce message Mer 10 Juil 2019 - 0:03 #

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Elle hocha la tête lorsque le lieutenant tenta de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas été appelée pour être jugée comme potentielle coupable du crime. Oui, Joddie hocha la tête mais resta méfiante malgré l'acquiescement. La métisse qui se tenait assise en face d'elle semblait être digne de sa confiance, malheureusement l'Aborigène n'était pas celle qui l'offrait facilement. Depuis gamine, elle avait appris à ne dépendre que d'elle, et les autres, auxquels elle se fiait, se comptaient sur les doigts d'une main, -peut-être un peu moins. Elle savait que cette prudence excessive lui avait coûté de nombreuses amitiés. Sans tous ces soupçons, elles auraient pu voir le jour, être tentées, mais la pilote professionnelle en avait toujours décidé autrement. Pour ne pas être blessée, pour ne pas être déçue : elle ne savait pas trop en réalité. Elle supposait beaucoup que cela puisse venir de la relation qu'elle avait entretenu avec ses sœurs, -pour peu qu'elle ait déjà existé, d'ailleurs. Contrairement à ce qu'on aurait pu penser d'une famille nombreuse, il y avait toujours eu ce groupe de quatre nénettes, très féminines et majestueuses bichonnées par maman, contre la plus jeune, chouchoutée par le paternel et ravie de partager des activités plus manuelles et moins bling-bling.

_ Contrairement à ce que vous venez d'insinuer, je n'ai été interrogée qu'un très court instant et n'ai jamais été appelée à nouveau à témoigner, confia-t-elle à la plus âgée qui avait la place la mieux gardée, ça m'a d'ailleurs inquiété par la suite, jusqu'à ce que l'affaire soit clôturée peu avant la mort de Joa, continua-t-elle avant de se reprendre, de Monsieur Grahams, employa-t-elle son nom pour le côté plus formel de l'entretien, ne sachant pas comment elle devait agir face à l'agent supérieur de la police. Était-elle la partenaire professionnelle ou la compagne du défunt aux yeux de la brune ? N'importait réellement. Joddie se rappela du moment qu'avait choisi l'interviewer, instant peu adéquat durant lequel son conjoint avait fait un arrêt. Elle avait été bippée en urgence par les parents du grand brûlé, et ce fut en plein milieu de la rue qui menait à l'entrée de l'hôpital de Londres qu'il s'était dépêché à la stopper pour lui réclamer réponses aux questions anotées sur un calepin qu'il ne cessait de griffonner. Paniquée d'arriver trop tard aux côtés de son compagnon, elle n'avait lancé un regard au policier et avait continué de fixer les portes du centre spécialisé des rescapés des flammes qui ne cessaient de s'ouvrir et se fermer sur d'autres familles dévastées par les événements qui avaient frappé l'un de leurs proches.

_ Est-ce qu'il me serait possible d'avoir un verre d'eau, s'il vous plaît, quémanda-t-elle quand elle sentit sa gorge se serrer. Était-ce parce qu'elle s'attendait à parler durant de longues heures comme les films le démontraient, parce qu'elle avait peur de devoir rester enfermée dans cette cage exiguë, bien que préparée à l'endurance au sein d'un habitacle de voiture, ou était-ce dû au simple souvenir de ces émotions en montagnes russes qu'elle n'eut cessé de subir quelques semaines durant ? Le bip tranquille, monotone, presque apaisant, de la machine qui, soudainement, commençait à s'emballer et agiter les cœurs de ceux présents dans la pièce au moment des faits. Les cris de la maternelle qui suppliait les infirmiers de réanimer son fils et ces mêmes professionnels de la santé qui demandaient inlassablement de sortir de la pièce le temps qu'ils se chargent de lui. Ces minutes interminables pendant lesquelles les allers-retours étaient insupportables à vivre, et faisaient penser à la fin, jusqu'à ce que le médecin urgentiste n'apparaisse, le visage dégagé, pour prévenir de la stabilisation du comateux. Le retour dans la pièce, les yeux à la limite de l'implosion, marqués par la fatigue et la détresse, les mains qui se joignaient les unes aux autres devant une ligne de vie régulière sur le moniteur; et ce jusqu'à la prochaine impulsion du corps désireux qu'on lui accorde le repos.

_ Merci, baissa-t-elle les billes sur la main qui porta le verre cartonné au milieu de la table; elle ne sut déterminer si les doigts appartenaient à ceux d'un homme ou d'une femme, du lieutenant elle-même ou d'un autre de ses coéquipiers qui surveillaient les alentours. Elle agrippa le récipient entre ses phalanges et le porta jusqu'à ses lèvres qui stagnèrent sur le bord. Joddie but la moitié du gobelet recyclable d'une traite afin d'être certaine de faire passer l'émotion; qu'elle soit l'impatience, la crainte ou la souffrance. _ Excusez-moi, fut-elle sincère en replaçant le fond sur la même trace arrondie dessinée sur la matière froide du meuble sur lequel ses avant-bras étaient postés, est-ce que vous pourriez répéter la question, fit-elle d'une voix neutre en relevant ses quartz sur les obsidiennes de sa vis-à-vis. Contrairement à ce qui aurait pu être pensé, l'Aborigène ne tentait pas de gagner du temps, la censure de son inconscient avait joué en sa faveur pour la protéger de la douleur que le passé pourrait transmettre. Cette jeune femme de vingt-deux ans se montrait souvent impassible et maîtresse de toute situation, elle n'était pas habituée à ce qu'on puisse la déstabiliser ainsi. Pourtant, il fallait bien admettre qu'elle n'aurait d'autres choix que de se livre entièrement à son interlocutrice si elle ne voulait passer dans la colonne des possibles meurtriers.

_ Vous savez, Joa..., commença-t-elle avait de froncer les sourcils et racler sa gorge, Monsieur Grahams, bafouilla-t-elle à nouveau avant d'offrir un court silence à l'inspectrice en charge de l'enquête ré-ouverte depuis Avril en Europe, est-ce-que ça vous dérange si je l'appelle Joa, interrogea-t-elle la plus âgée en naviguant dans l'une et l'autre de ses pierres noires; cela la heurtait beaucoup de devoir mettre de la distance en le nommant d'une manière aussi courtoise et polie quand ils avaient tout de même vécu une belle histoire de près de huit années. _ Il n'était pas si plaisant à vivre que ces personnes qui le fantasment peuvent le décrire, commença-t-elle pour introduire doucement sa réponse, il était même plutôt borné et montait facilement dans les tours quand quelque chose le dépassait, s'assura-t-elle d'être vraie sans pour autant le dénigrer, car elle l'aimait toujours profondément, malgré tout ça. _ Les disputes faisaient partie de son quotidien et il vivait très bien avec, hocha-t-elle du faciès pour appuyer ces dires. Oui, c'était presque à croire qu'il se plaisait à toucher la corde sensible des uns et à trouver de quoi redire aux mots d'autres. _ C'était sa manière de laisser échapper les nombreuses tensions qu'il accumulait entre son métier, l'adulation qu'on lui portait et les études, expliqua-t-elle avant de reprendre une gorgée d'eau pour hydrater sa bouche; elle n'avait peu l'habitude de parler d'une ligne.

_ Les personnes avec qui il a eu quelques accrochages les jours ayant précédé l'accident, préféra-t-elle utiliser plutôt que "meurtre", sont nombreuses, fut-elle consciente que cela n'allait pas aider le lieutenant Muñoz, si bien qu'elle mima sa désolation d'un mouvement bref de la bouche. _ Lui et moi, nous ne nous quittions jamais, alors je peux vous dire qu'il s'est entretenu avec notre coach sportif deux jours avant la course, débuta-t-elle à lister les noms et les soit-disant raisons connues, ça a dégénéré, comme toujours, ne fit-elle pas attention aux mots employés, parla comme elle pourrait raconter à un proche, Joa mettait souvent en avant qu'il aurait aimé prendre une année sabbatique pour s'exiler en Océanie et remettre tout ça en ordre, lâcha-t-elle le gobelet prêté pour imiter les guillemets de ses doigts; à comprendre qu'il voulait réfléchir aux suites à donner à sa carrière et sa place à l'Université de Columbia. _ C'était un sujet peu apprécié par David, notre manager, parce qu'il savait que Joa était en pleine ascension, fixa-t-elle la discorde entre le mentor et le pilote, du moins c'est ce qu'il répétait toujours. Joddie n'était pas très chiffre, ne pouvait pas tellement affirmer si les dires de David était réel ou si cela n'avait été que prétexte à dissuader le fils Grahams de renoncer aux championnats qui auraient dû suivre. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle avait une confiance aveugle en leur protecteur.

_ Il a bousculé notre coach et est parti se réfugier à l'hôtel, omettant notre dernier entraînement, conclut-elle sans pour autant en avoir fini avec la réponse. _ Lorsque je suis rentrée dans notre chambre, il était au téléphone avec sa mère, jongla-t-elle sur une autre personne avec qui Joa connaissait quelques tensions, ma discrétion m'a permis d'entendre quelques bribes de leur conversation. Le chouchou de Madame n'était pourtant pas irréprochable à ses yeux, -tout du moins, pas assez-, et leur relation mère/fils était bourrée d'intonations que Joddie n'aurait jamais soupçonné avoir avec l'un ou l'autre de ses parents. _ Joa cherchait toujours du réconfort en appelant sa mère, mais les appels finissaient rarement par un "je t'aime", si vous voyez ce que je veux dire, osa-t-elle poser la question à la brune, la laissant imaginer un instant ce que cela pouvait donner avant de peaufiner, il a hurlé qu'elle ne comprendrait jamais rien et qu'il ne voyait pas pourquoi il s'acharnait à vouloir faire en sorte que tout se passe bien entre eux si elle ne daignait pas essayer de le comprendre. Joddie expliqua par la suite qu'il lui avait raccroché au nez en l'insultant d'un mot qu'elle n'osa prononcer de sa bouche mais qui était peu élogieux. Elle avança aussi qu'elle se fit remarquer et en prit pour son grade également avant de feindre d'aller prendre une douche; elle préféra ne pas indiquer qu'elle s'en était allée pour être certaine de ne pas subir une gifle de la part de son compagnon.

_ Je sais qu'il avait appelé un ami que nous avions en commun, rien que pour lui reprocher de m'avoir accompagné à maintes reprises jusqu'à chez mon père, après ça, trouva-t-elle quelques secondes pour poser ce détail, bien qu'elle n'eut énormément à dire à ce sujet : elle savait que Keith n'avait rien à voir avec le meurtre de Joa, il en était incapable. De plus, Joa avait trouvé le moyen de s'en prendre à une personne qui était restée sur New-York parce qu'il savait les accusations complètement erronées : il était celui qui demandait au Cherokee de s'assurer de la sécurité de Joddie jusqu'à l'immeuble, trouvant le Bronx bien trop éloigné de son lieu de résidence qu'était Staten Island. _ Le jour de la course, il a également refait des siennes sur un mécanicien en le traitant d'incapable, avait-elle froncé les sourcils avant d'articuler ce fait. Elle prolongea l'information en affirmant que s'il n'avait pas été appelé par David, il en serait venu aux mains sans remord. Au final, avec qui Joa Grahams ne s'était pas pris la tête les jours ayant précédé le départ ? _ Vous pensez que c'est quelqu'un avec qui il se serait disputé qui aurait commis ce... crime, eut-elle trouvé douloureux d'utiliser ce mot.
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Invité a posté ce message Lun 22 Juil 2019 - 20:24 #

Sometimes the only answer people are looking for when they ask for help is that they won't have to face the problem alone - Joddie et Christina - 19 JUIN 2019

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Ce dossier, elle l’avait voulu. Elle n’allait pas mentir, elle avait besoin de se concentrer sur quelque chose. Quelque chose qui ne lui prendra pas une journée, ni même une semaine. Alors quoi de mieux que de s’occuper d’un meurtre déguisé en banal accident, survenu à l’autre bout du monde. Une excuse pour passer ses soirées au poste ou à interroger de potentiels témoins ou suspects. Contrairement aux policiers qui avaient « mené l’enquête » à l’époque, Christina n’était pas du genre à jeter l’éponge aussi rapidement. La justice n’était pas un concept flou que l’on pouvait ignorer quand on sentait que c’était trop difficile. Et manifestement, c’était ce qu’il s’était passé à l’époque si on en jugeait ce que lui racontait Joddie. Christina ne veut pas enfoncer les collègues qui étaient chargés de l’enquête à l’époque mais ça la démange de faire une remarque alors elle baisse un peu les yeux sur son dossier, se mord l’intérieur de la joue pour éviter de dire le fond de sa pensée.

La jeune métisse demande à boire et Christina s’exécute, avec un hochement de tête. « Je vais vous chercher ça ». Elle referme la porte de la salle derrière elle, ne la verrouille pas. Après tout, comme elle l’avait dit plus tôt, la jeune femme n’était pas convoquée comme suspecte mais comme témoin, et elle pouvait partir si elle le souhaitait. Bien que cela risque de ralentir une enquête qui traîne déjà en longueur. Le lieutenant Muñoz entre dans la salle de repos, pour servir un verre d’eau à la fontaine, bien plus fraîche que celle qui se trouve dans la partie qui accueille le public. Un petit avantage à travailler ici, surtout par une chaleur pareille. Son témoin ne semble pas à l’aise et elle peut le comprendre, c’est pourquoi elle disparait un moment, pour un simple verre d’eau. Le temps de la laisser se calmer, de la laisser se faire à ce nouvel environnement où elle est amenée à revenir dans le futur, pour discuter sur les relations de la victime avec d’éventuels suspects.

Lorsqu’elle revient dans la salle d’interrogatoire, Joddie n’a pas bougé et c’est déjà une victoire, de la voir aussi courageuse face à une situation qui ne doit pas être facile à vivre. Le lieutenant pose le verre devant elle, avec un sourire mais la jeune femme ne la regarde même pas, toujours aussi perdue. Elle s’installe sur la chaise qu’elle vient de quitter, quelques minutes auparavant et laisse le temps à son interlocutrice de boire un peu, avant de répéter sa question. « Je voulais savoir si monsieur Graham s’était disputé avec quelqu’un. Même sur un sujet anodin, comme une place de parking. Tout peut-être une piste ». Et c’est justement là le problème. Christina part de zéro, dans cette enquête. Pas le moindre suspect, pas la moindre raison de lui en vouloir au point de le tuer. Et même si l’ancienne petite-amie du pilote parle d’un tempérament difficile à supporter, dans tout ce qu’elle peut raconter, Christina ne voit pas une raison suffisante pour tuer quelqu’un, pas de cette façon, pas pour des motifs aussi stupides.

Pourtant, elle note consciencieusement tout ce qu’elle peut lui apporter dans un petit carnet. D’une écriture presque illisible, elle prend quelques notes. Elle avait encore du mal, malgré le temps depuis lequel elle faisait ce boulot, à se servir d’un ordinateur. Elle savait à peine différencier une souris d’un clavier. Et alors, elle devenait une véritable quiche quand il s’agissait de sauvegarder ses notes, ou de les envoyer par mail. Sans oublier qu’elle oubliait une fois sur deux d’enregistrer alors elle préférait rester aux bonnes vieilles méthodes : une feuille et un crayon.

David, manager. La mère de la victime. Un ami commun. Un mécanicien. Des gens proches, d’autres beaucoup moins. Si cette liste était courte et que chacun avait un mobile, plus ou moins suffisant, il y avait de grandes chances pour que le meurtrier ne se trouve même pas dans ces quelques noms. Mais c’était déjà l’ébauche d’une piste, que le lieutenant menait maintenant. Si elle extrapole un petit peu, plusieurs scénarii s’ouvrent à elle. Cette histoire d’année sabbatique est une raison suffisante pour éliminer son pilote vedette ? Sans doute, si celui venait à tout lâcher pour partir en Océanie. Le coach avait-il eu peur de voir s’envoler sa poule aux œufs d’or ? Avait-il une raison financière de le voir mourir plutôt que de le voir abandonner ? Et cet ami commun, qui avait ramené Joddie ? C’était une belle jeune femme, avec un avenir brillant. Jalousie ? Crime passionnel ? Peut-être était-il désireux d’éliminer la concurrence pour la garder pour lui seul. Le mécanicien était peut-être arrivé à saturation. N’être que dans l’ombre des pilotes, qui le traitaient comme un moins que rien. Une vengeance, pour toutes les fois où on l’avait rabaissé. Trois motifs, trois suspects. Et si le puzzle semblait prendre forme dans chacune de ces histoires, seule celle sur sa mère semblait coincer.

Christina avait un fils, elle aussi. Passionné de baseball, le petit garçon n’était pas promis à un brillant avenir dans ce sport alors peut-être ne pouvait elle pas comprendre le regard de cette mère sur la célébrité sur son fils. Mais une relation conflictuelle, aussi malsaine qu’elle puisse être, ne lui semblait pas être un motif suffisant. Elle savait qu’elle allait tout de même creuser cette piste mais la simple idée d’une femme puisse tuer son enfant lui donnait des sueurs froides. Il fallait être sacrément dérangée pour que ce soit le cas.

Alors qu’elle finissait de griffonner sur sa feuille tout ce que Joddie pouvait bien lui raconter, cette dernière lui posa une question. Une question que bien trop posait. Elle releva la tête, avec un léger soupir et les lèvres pincés. Elle avait vu passer tellement d’horreurs, dans ce métier, que plus rien ne pouvait désormais l’étonner sur la nature humaine. « Vous savez mademoiselle Brown, certaines personnes ne réfléchissent pas comme vous et moi. Il peut arriver qu’un simple incident sans importance, comme une dispute dans un supermarché, puisse conduire certaines personnes à commettre l’impensable. Mais ne vous en faites pas, puisque mon travail est de les mettre derrière les barreaux ». C’était une piètre consolation mais elle l’espérait suffisante.

Après un sourire, elle jeta un œil à sa montre pour vérifier l'heure avant de fermer son calepin ainsi que le dossier. « Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, c’est déjà gentil de m’avoir accordé autant de votre temps. Je risque de vous recontacter. D’ici là, si quelque chose vous reviens, je vous donne ceci » indique-t-elle en sortant une petite carte de sa poche, la faisant glisser vers elle sur la table « Il y a mon numéro personnel, au dos. Si la moindre chose vous reviens, même si ça vous paraît sans importance, appelez-moi »





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Invité a posté ce message Mer 31 Juil 2019 - 22:14 #

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When the past reappears.


ft. @Christina Muñoz



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Bon nombre d'hommes et de femmes trouvaient raison à l'homicide, c'était ce que l'Inspectrice Muñoz venait d'affirmer. Si ça paraissait aussi proche de la normalité pour sa vis-à-vis, -notamment parce que, chaque jour, elle avait affaire à ce genre de cas, et non parce qu'elle trouvait cela juste-, Joddie peinait à croire que l'envie de meurtre pouvait surgir n'importe où, n'importe quand, et pourtant. Pour avoir vécu son adolescence dans un quartier difficile du Bronx, où son père vivait encore, elle en avait rencontré de ces membres de gangs qui n'hésitaient pas à tirer un couteau de leur ceinture pour obtenir ce qu'ils étaient venus chercher, ces mêmes qui pointaient un flingue sur la tempe d'innocents pour les convaincre de leur pouvoir dans ces rues. Elle les avait vu prendre de haut des filles de son âge et des gars plus sages qui ne faisaient pas le poids contre la bande. Joddie avait subi quelques jurons pour avoir osé porter une tenue qui dénudait un peu trop sa peau, des bousculades pour avoir voulu sortir du wagon avant eux maintes fois, et ces sifflements qui perduraient au creux de ses tympans pour lui avoir été souvent adressés les week-ends où elle se rendait seule chez son paternel. Elle n'avait jamais paniqué mais au fond elle savait de quoi ils étaient capables.

_ Il faut ajouter à ça une situation du moment compliquée et vous touchez le gros lot, c'est ça, supposa-t-elle que la raison pouvait amener à faire penser au meurtre, mais qu'une quelconque faiblesse pouvait faire passer à l'acte. Elle serra son verre de ses doigts et l'approcha de ses lippes qui glissèrent sur le rebord, moment où elle bascula l'eau jusqu'à sa bouche. Malheureusement, elle avait beau usé de ses méninges, elle ne voyait personne entre deux-eaux dans ceux qu'elle avait cités comme ayant subi le déséquilibre émotionnel de Joa. David avait bien une pression professionnelle qui émanait de l'écurie et des sponsors du pilote, mais il avait été champion avant ça, était habitué à recevoir les coups de téléphone les moins élogieux. Keith et Joa ne s'étaient jamais appréciés, notamment pour les agissements hautains du plus vieux, de la grande bouche dont il n'hésitait pas à se servir, mais il était bien trop calme et au-dessus de tout ça pour que ça en arrive aussi loin. Concernant le mécanicien, il était certain que ça l'embêtait au plus haut point d'être éloigné de sa famille le temps du championnat. Il venait d'être papa, avait déjà loupé l'accouchement de sa femme pour ne pas avoir posé congés au moment voulu. De quoi, effectivement, l'avoir de travers, mais il était père de famille, ne pensait qu'à eux, à leur bien-être, que ferait-il, enfermé derrière les barreaux ?

Ne restait plus que Madame Grahams, mais là encore, qu'avait-elle a gagné à faire souffrir son fils ? Joddie ne la connaissait pas plus que ça. Malgré les nombreux repas partagés, les soirées passées à ses côtés depuis ses douze ans, elle n'avait que très peu communiqué avec son ex-belle-mère, et s'était bien plus retrouvée dans les paroles du père de famille. Pour autant, l'Aborigène n'était pas sans savoir qu'elle adorait du plus profond de son cœur ses trois fils, qu'elle aurait fait n'importe quoi pour les satisfaire. N'importe quoi ? Oui, mais pas à se salir les mains. Elle avait beau détesté l'idée que son fils s'expatrie en Océanie, envoyé là-haut par les racines de sa chère et douce, qu'il tire un trait sur ses études, tout ça pour conquérir l'asphalte encore, et encore, Madame Grahams n'était pas l'assassin de sa propre chair. _ Vraiment, s'éveilla la métisse lorsque la plus âgée lui somma qu'il était temps qu'elle retrouve sa liberté, en-dehors de ces murs, je ne pensais pas sortir d'ici avant l'heure du dîner, fut-elle surprise, vérifiant tout de même la position des aiguilles à sa montre. Et encore fut-elle bien généreuse de sonner la sortie de vingt heures, elle qui avait, au départ, imaginé dormir dans une cellule dès la porte franchie. Mine de rien, elle n'allait pas s'en plaindre : quelqu'un l'attendait à la maison, son père patientait.

Joddie porta ses billes sur le geste qu'eut l'Inspectrice Muñoz au niveau de sa poche et reconnut une carte de contact dès lors qu'elle fut tendue en sa direction, au-dessus de la table d'interrogatoire. La jeune femme leva les doigts de sa main droite jusqu'au carton et l'enserra entre ses pulpes avant d'instinctivement prêter attention à ce qui était noté dessus; les coordonnées directes de celle qui lui faisait face. _ Vous pouvez compter sur moi, fit la demoiselle aux cheveux frisés, le regard toujours baissé. Le pouvait-elle réellement ? Après tout, Joddie avait à peine commencé à passer outre cette période difficile de sa vie. Avril avait signé un renouveau, pour lequel elle s'était promise de faire des efforts afin d'enfin se sociabiliser comme tout jeune adulte de son âge. Résultat, il n'eut fallu que quelques mois pour que tout dégringole, -à croire que Joa la hanterait à jamais. Alors, finalement, et bien qu'elle espérait voir pourrir le coupable derrière le fer, devait-elle repenser aux semaines qui avaient précédé "l'accident", celui qui n'en était pas un ? Devait-elle décrypter chaque dernière journée qu'elle avait vécu à ses côtés ? Devait-elle se remémorer la fumée, les explosions, les flammes, ce corps dégarni de peau maintenu artificiellement en vie ? Devait-elle se blesser par amour ?

Elle se pencha vers le sac qui avait tenu bon contre sa cheville tout du long, ouvrit la pochette-avant de ce dernier pour y glisser, au milieu de quelques feuilles griffonnées, le contact de l'Inspectrice. Il trouva place sur son dos, une fois qu'elle s'eut levée, -et elle ne se fit pas prier pour le faire, maintenant qu'on la poussait au-dehors. _ Je ne veux pas que ces gens que j'ai cités aient des ennuis à cause de moi, jugea-t-elle bon d'articuler alors que ses jambes étaient encore placées entre l'assise et le rebord de la table. Bien plus soucieuse du bien-être des autres qu'elle n'osait le montrer d'ordinaire, Joddie n'avait que ça en tête maintenant qu'elle se savait, aux yeux de tous, non coupable. _ Je..., tenta-t-elle de continuer, mais les mots restèrent bloqués, en signe qu'elle n'avait besoin de justifier quoi que ce soit, juste... je vous remercie d'avoir repris le dossier en main. En dépit de tout, Joa mérite de reposer en paix, et ça ne sera possible que lorsque justice sera faite, n'eut-elle peur de croiser le regard ébène de son interlocutrice. Et, pour la toute première fois depuis le début de l'entretien, le coin des lèvres de l'Aborigène se levèrent. Bien que l'esquisse fut légère et brève, elle signifia un sentiment qui se rapprochait du soulagement et qui en disait long sur le poids transparent, mais indélébile, avec lequel elle vivait.

Un signe de tête fut laissé là avant qu'elle ne tourne les talons, ne s'échappe de la salle. Elle retrouva le chemin qu'elles eurent emprunté facilement et, aussitôt à l'extérieur du commissariat, la brise légère s'emmitoufla dans ses brins de cheveux, caressa le contour de son visage. Elle ferma les paupières, gonfla les poumons en usant l'air du vent avant de le renvoyer chatouiller d'autres citoyens bercés par les ennuis; sereine, à présent elle était sereine..
1325 mots

ENDED
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