(sven) waffles are just pancakes with abs.

Ses jours de repos sont une véritable bénédiction. Lou a beau aimer son métier, sacrifier énormément pour celui-ci, elle n’en reste pas moins un être humain qui a besoin de dormir et dieu seul sait à quel point elle néglige son sommeil depuis des années. Aujourd’hui, elle aurait pu rester au lit une bonne partie de la journée si elle n’avait pas prévu de manger avec son frère. Il n’y a pas énormément de personnes qui peuvent l’empêcher de faire ce qu’elle a envie de faire et Gus peut se vanter d’en faire partie. Il est probablement le seul, d’ailleurs. Enfin, pour le coup, c’est son initiative donc son envie à elle avant tout. Peu importe ô combien elle est fatiguée, à bout même parfois, elle trouve toujours du temps pour son aîné, la seule famille qui lui reste à ses yeux et il en fait de même. La preuve, aujourd’hui, le brun la cale littéralement entre deux rendez-vous.
Ecouteurs dans les oreilles, Lou occupe son trajet de métro en jouant à music tiles, l’un des seuls jeux se trouvant dans son vieil iPhone. A quoi bon en avoir une tonne ? Elle n’aurait jamais le temps de tous y jouer. La jeune femme est tellement concentrée sur son écran qu’elle en loupe presque son arrêt. Elle a à peine le temps de se glisser entre les portes du métro avant que celles-ci ne se referment. C’était moins une ! A présent, le cabinet de Gus est à quelques minutes de marche alors elle en pousse la porte assez rapidement. Comme indiqué par le danois, elle patiente sagement dans la salle d’attente. La porte du bureau s’ouvre, laissant sortir un couple d’une quarantaine d’années, la mine dépitée. Dieu, Lou espère n’avoir jamais besoin d’un professionnel. Le sexe en lui-même est une thérapie pour elle. Que ferait-elle si elle n’avait plus ça ? Qu’est-ce qu’ils ont ces deux-là ? Il aime la mordre et ça lui déplait ? La plus jeune des deux lancent un regard malicieux à son frère avant de le prendre dans ses bras pour le saluer. Puis, faisant comme chez elle, elle pénètre dans le bureau, ôte sa veste avant de s’affaler sur le sofa de Gus. T’as bien commandé les sushis ET les gaufres ? Elle tient à en être sûre. Elle est venue autant pour la bouffe que pour la compagnie du sexologue. Elle n’en a même pas honte. Pourquoi couper la poire en deux quand on peut tout avoir ? J’espère qu’ils ne vont pas oublier les sauces, qu’elle murmure presque pour elle-même. Tu sais, je pense toujours que tu devrais rajouter un panneau quelque part. C’est trop compliqué à trouver quand on connait pas. Elle se souvient de la première visite ici. Son frère avait dû venir à sa rencontre, certainement saoulé de ses nombreux sms de détresse. Maintenant, elle connait le cabinet et même le quartier comme sa poche. Qu’est-ce qu’elle peut être bavarde avec son frère quand même, heureusement qu’il a l’habitude.

@August Svendsen

Ta sœur avait envie de gaufres, de faire un brunch, dans un restau que t’aurais bien évidemment payé parce qu’elle n’a pas un rond pour vous l’offrir. Elle est maligne. Elle propose et c’est toi qui te retrouves à devoir payer la note. Heureusement, tu t’en fous. L’argent n’est pas un problème. Et puis t’aimes trop ta petite sœur pour lui refuser ça. Malheureusement pour elle, ton travail ne te permet pas de pouvoir partir comme ça. Tu pourrais, mais tu risquerais de perdre ta réputation. T’as trop bossé pour ça. Hors de question. Alors, tu lui avais proposé de venir au cabinet. Tu avais passé diverses commandes. Le genre de plats qui ne vont pas ensemble. Qui vient commander des sushis et par la suite des gaufres ? Uniquement les Svendsen juniors. Vos parents ne connaissent absolument pas la nourriture asiatique. Non, eux se sont des adeptes de la nourriture local. Rien de plus. Ce sont d’extraordinaires cuisiniers, et pourtant leurs plats ne te manquent absolument pas. Tu remercies le couple venu en rendez-vous et les salues. Tu vois ta sœur, lui fais signe de te suivre, et laisse la porte ouverte afin qu’elle entre dans le bureau. Tu te mets à rire. On dit que t’es un sacré connard, mais ceux-là, ne connaissent pas ta sœur. « Je crois qu’ils auraient préféré rencontrer ce problème. » Tu ne peux lui parler du véritable problème. D’un c’est de l’ordre du secret professionnel et de deux, ce n’est pas ton genre à dévoiler la vie privée des uns et des autres. Ça ne regarde qu’eux. C’est déjà assez compliqué comme ça. Inutile d’en rajouter une couche. Tu viens à t’asseoir sur l’un des fauteuils, tout en regardant ton téléphone. Surveillant la progression de ta commande. « Ah non, j’ai commandé uniquement de la salade. » Lances-tu sérieusement avant de dévoiler un sourire en coin. « Mais bien sûr ! Ça devrait arriver d’ici cinq minutes. Tu bas devoir être patiente. Tu peux y arriver ? » Tu l’as sent un tantinet impatiente de manger. Elle qui pense déjà à la sauce qui doit être comprise dans votre commande. « Tu penses qu’à la bouffe, sérieux. » S’il y a bien une chose qui vous différencie c’est bien ça. Depuis que tu as fait l’émission de survie, tu n’es plus son gros mangeur. T’as complètement revu ta façon de manger. Mais ne cuisine pas pour autant. Non, c’est une perte de temps, alors tu commandes presque tout le temps. « Même avec des panneaux, tu arriverais à te perdre. T’es tout simplement nulle. Tu n’as aucun sens de l’orientation. Faut dire ce qui est. » Tu la taquines, mais pas tant que ça finalement.

C’est plus fort qu’elle, à chaque fois qu’elle se retrouve dans la salle d’attente de son sexologue de frère, son esprit divague et elle se met à imaginer toutes sortes de problèmes qui pousseraient ces couples divers et variés à consulter. Surtout qu’il ne s’agit pas d’une thérapie de groupe comme une autre. Non, lorsque ces couples en appellent aux services de Gus, c’est qu’il y a un problème dans la chambre à coucher. Tristesse. Elle doit quand même bien avouer que souvent, son esprit divague trop et elle trouve des potentiels problèmes plus sordides les uns que les autres et bien évidemment, elle les partage avec son frère dès qu’elle le peut. Aujourd’hui ne fait pas l’exception, à peine le couple disparu qu’elle émet une suggestion. Il rit et ça suffit à la satisfaire puisque c’était le but. Je crois qu’ils auraient préféré rencontrer ce problème. Lou fait la moue volontairement. Elle sait qu’elle devra se satisfaire de cette réponse. August a beau prendre peu de choses au sérieux, dès qu’il s’agit de son travail et de ses patients, il respecte toutes les règles en commençant par celle du secret professionnel. Du coup, aussi cool que peut être le métier de son frère, elle n’a même pas le droit à quelques anecdotes. Ah non, j’ai commandé uniquement de la salade. Elle a beau avoir essayé des milliers de fois de lui faire comprendre que ce genre de remarques n’est pas drôle – et qu’il n’est pas drôle aussi d’ailleurs – Gus ne semble pas vouloir comprendre. Pour simple réponse, elle lui envoie un regard blasé qui semble faire son effet pour qu’il reprend. Mais bien sûr ! Ça devrait arriver d’ici cinq minutes. Tu vas devoir être patiente. Tu peux y arriver ? Elle hausse nonchalamment les épaules. Ce n’est pas comme si j’avais d’autres choix, qu’elle répond, la mine boudeuse à nouveau mais cette fois, elle finit rapidement par adresser un sourire à son aîné. Merci d’inviter. Dans quatre-vingt-quinze pour cent des cas, c’est Gus qui régale parce que Lou est clairement pauvre. Depuis que leurs parents lui ont coupé les vivres, elle n’a clairement plus le même niveau de vie. Il lui tarde le jour où elle pourra enfin inviter son frère à son tour de façon régulière même si elle devrait probablement commencer par lui rembourser l’argent qu’il lui a avancé pour ses études. Avancé, elle insiste là-dessus parce qu’elle compte bien lui redonner chaque dollar lorsqu’elle le pourra. Tu penses qu’à la bouffe, sérieux. Cette remarque lui soutire un léger sourire qu’elle ravale parce qu’elle préfère jouer l’offensée. Attends, c’est quand même ce qui nous maintient en vie ! Ça comporte le nombre indécent d’oreos qu’elle s’enfile à ses pauses sans aucune culpabilité. Oui, elle aime la bouffe et non, elle ne s’en cache pas. Elle a la chance de ne pas prendre un gramme alors pourquoi devrait-elle se priver ? Elle a toujours un dollar pour l’un des nombreux distributeurs de l’hôpital et lorsque ce n’est pas le cas, elle trouve un collègue gentil – bonne poire – ou le distributeur défectueux des urgences qu’il suffit de secouer dans le bon sens pour voir tomber une petite douceur. Un secret bien gardé qu’elle partage avec seulement les internes de son groupe. Même avec des panneaux, tu arriverais à te perdre. T’es tout simplement nulle. Tu n’as aucun sens de l’orientation. Faut dire ce qui est. Je t’emmerde, Sven. Elle répond tellement naturellement, sans gêne que ça pourrait en choquer certains mais elle sait que ça ne sera pas le cas de son frère. Ils sont comme ça, sans filtre. Faut dire ce qui est, qu’elle répète volontairement, haussant une nouvelle fois les épaules, un air malicieux sur le visage.

Dès que vous avez un peu de temps, entre Sven vous vous donnez rendez-vous et profitez des minutes qui vous sont offertes à passer ensemble. Vous vous êtes très bien entendu, pensez beaucoup de mal de vos parents et vous comprenez à la perfection. Vos ressemblances sont plus grandes que vos différences, et on est quelque peu mal à l’aise lorsqu’on se retrouve entre vous deux. Vous parlez de manière totalement désinhibée, vous foutant bien de ce que peuvent penser les autres. Cette franchise choque plus qu’elle étonne. Tu désinfectes la table, là où gisait il y a peu des mouchoirs remplis de morve et de larmes. « T’en fais pas. Je note à chaque fois mes invitations pour que plus tard tu me rendes la pareille. » plaisantes-tu. Elle ne croule pas sous l’or, et elle n’est pas prête de mener une vie aussi détente que la tienne. Sans aucune hésitation, sans remord, tu as accepté cette somme astronomique tes parents t’ont donné lors de ta majorité. Quand tu es parti pour vivre le rêve américain. Et régulièrement, tout au long de tes études, ils t’ont donné de l’argent. Beaucoup. Tu as tout mis de côté, économisé et travaillé à côté des cours malgré tout. Aujourd’hui, tu gagnes ta vie par toi-même. La gagne très bien grâce à cette émission qui t’a fait connaître de tous. Tes prix sont loin d’être abordables, ton planning est complet. Bref, tu mènes une carrière parfaite qui dégoûte quelque peu tes parents. Et c’est ça le réel pied. « En dehors de cette faim qui se fait de plus en plus grande, comment tu vas ? » Tu rigoles de ces remarques, et pourtant tu ne lui rétorques rien. C’est comme ça entre vous. Elle pourrait même t’insulter de tous les noms, tu le prendrais avec le sourire. Elle en ferait de même avec toi. Car vous êtes les Sven, et que vous vous comprenez comme les siamois des Aristochats.

T’en fais pas. Je note à chaque fois mes invitations pour que plus tard tu me rendes la pareille. Pffff. Elle secoue la tête, un air faussement exaspéré sur le visage alors qu’en réalité, elle est plus amusée qu’autre chose. Elle sait que Gus s’en moque de payer la plupart du temps. Lui, contrairement à elle, il a eu le droit à une aide significative de la part de leurs parents pendant qu’il était étudiant et à présent, il gagne très bien sa vie. En gros, il n’a jamais été dans le besoin. Ça ne le dérange pas de dépenser de l’argent parce qu’il en a et si Lou pourrait être jalouse de ça, ce n’est pas le cas. Elle préfère être contente pour lui, contente qu’il fasse un métier qui lui plait et qui en plus, rapporte. Son tour viendra, elle doit juste être patiente. Pour l’instant, ce n’est qu’une interne, le bas de la chaine alimentaire mais ça évoluera. C’est ça, concentres toi plutôt sur ton ménage, Conchita ! Allongée sur le divan, elle lève la jambe pour lui donner un coup de pied sur les fesses, geste qui la fait rire telle une vraie gosse. En dehors de cette faim qui se fait de plus en plus grande, comment tu vas ? Lou hoche machinalement les épaules. Je dors plus la nuit mais tout va bien. Elle est incapable de retenir son ironie. Enfin pour ça, il faudrait déjà qu’elle essaie. Consciente que son frère souhaite une vraie réponse, elle ajoute. Plus sérieusement, ça va. C’est intense à l’hôpital mais je tiens le coup. Elle se garde bien de lui expliquer comment elle tient le coup. Si August apprenait qu’elle prend des cachets à nouveau, il serait hors de lui. Nul besoin de l’inquiéter pour rien, elle gère. Ce n’est qu’un cachet de temps à autre pour l’aider à tenir le rythme, vraiment rien d’important. Quelqu’un toque à la porte du cabinet, Lou se redresse aussitôt, en alerte. La nourriture est là. Elle va ouvrir et constate avec joie qu’en effet, il s’agit du livreur du sushis suivi par celui apportant les gaufres. Parfait. Elle se charge des pourboires, elle peut bien faire ça et retrouve Gus dans son bureau, les bras chargés de nourriture. Elle parvient à tout poser sur la table sans ne rien faire tomber. Oh, t’as même pris à boire. Dr Pepper ! qu’elle s’exclame en souriant. Il n’y a pas à dire, il la connait. Elle adore cette boisson beaucoup trop sucrée mais on s’en moque. Il ne leur faut pas longtemps pour tout déballer, remplissant la table de nourriture. Tchin ! Bêtement, elle vient cogner son california contre le sien avant de le déguster dans un soupir de bonheur.

Comment ose t-elle te parler de la sorte ? Elle vient frapper tes fesses avec son pied pour t'activer à faire le ménage. Tu fais volte-face, le regard noir. C’est à se demander qui a droit au respect dans cette pièce. « Tu veux peut-être un peu de morve que je viens de collecter. Tiens, regardez, y en un bien dégueux, juste là… là. » Tu viens lui mettre ton chiffon sous le nez, prêt à le lui étaler sur le visage. Mais c’est trop sale pour que tu le fasses. Tu péterais un plomb si elle te le faisait, alors t'éviter de lui faire ce qui risque de la mettre hors d'elle. Vous allez manger, autant garder une bonne ambiance. D’autant plus qu'elle vient seulement d'arriver. « Aah j'ai compris, t'essayes de vivre une vie de vampire ! Mais, Sven, ça n'existe pas. Bella et Eduard c’est un roman, un mythe. » dis-tu en te jetant sur le canapé. Clairement, tu te moques de ta sœur. Car tu sais ce qu’elle vit. Tu es toi-même passé par là dans tes études. Et tu es bien heureux d'en avoir terminé avec ça. Il t'arrive encore parfois de rester tard au bureau, croulant sous les dossiers ou alors parce que tu donnes un coup de pouce Leona dans ses enquêtes. Lou reprend son sérieux. « Courage ! Dis-toi que tu n'es pas seule. On passe tous par là à un moment ou à un autre. » Tu avais souffert de ce manque de sommeil. Toi qui peux dormir des heures. Une vraie marmotte. T'avais carrément abusé de la caféine, des boissons énergisantes. Du grand n’importe quoi pour un homme qui est sensé soigner des malades. On cherche encore la logique. « Un conseil, évite un café à la Red Bull. D'un c’est dégueux et de deux, ton cerveau part carrément en vrille. Et je ne te parle même pas de ton cœur. » Tu écarquilles grands les yeux en resongeant à ce rythme cardiaque battant sous nitro, prêt à battre les records de Need for Speed. Puis quelqu'un vient à toquer à ta porte. Lou aux aguets, bondit en un rien de temps vers la porte et s’empare de vos commandes. Contrairement à toi, ta sœur est une vraie goinfre. Elle pense avec son estomac. Tu étais comme elle avant de partir faire ton aventure. Et puis tu as revu ta façon de manger. Elle déballe le tout et s’extasie devant une boisson. « Ouais, la deuxième est pour toi aussi. Je participe à ton cholestérol. » lui lances tu avec un sourire et un regard mesquin. Tout ça, dans l'unique but de la voie s’enrager. Tu t'empares de ta bouteille d'eau et viens trinquer à on ne sait trop quoi.

Lorsqu’elle cherche Gus, elle finit toujours par le trouver parfois rapidement et parfois, il fait preuve de plus de patience mais dans les cas, il craque et répond toujours à ses attaques. Après tout, ce n’est pas le lot de tous les frères et sœurs ? Se faire chier jusqu’à s’en taper sur les nerfs ? En tout cas, c’est aussi comme ça que ça fonctionne entre eux. Il faut dire que les deux chieurs qu’ils sont ont bien du mal à se contenir en la présence de l’autre. Bien souvent ils s’allient contre une tierce personne, martyrisant celle-ci à coup de comportement enfantin mais lorsqu’il n’y a personne aux alentours, ils sont bien obligés de s’en prendre à l’autre. Tu veux peut-être un peu de morve que je viens de collecter. Tiens, regardez, y en un bien dégueux, juste là… là. Lou ne rigole plus, elle est soudain très sérieuse, défiant son grand-frère du regard parce qu’elle sait pertinemment qu’il n’osera pas. Ils se respectent et s’aiment assez pour ne pas dépasser les limites de la plaisanterie. C’est avec un sourire satisfait qu’elle le regard abandonner son idée et s’installer à ses côtés. Aah j'ai compris, t'essayes de vivre une vie de vampire ! Mais, Sven, ça n'existe pas. Bella et Eduard c’est un roman, un mythe. Pff, tais toi donc, abruti. Elle l’aime son frère, il ne faut pas en douter. Elle a juste pris l’habitude de l’insulter gentiment. D’ailleurs, son sourire amusé la trahit bien vite. Courage ! Dis-toi que tu n'es pas seule. On passe tous par là à un moment ou à un autre. La jeune femme se contente de hausser les épaules, pas forcément d’accord avec son frère. Tout le monde ne fait pas médecine. Tout le monde n’enchaine pas quatre ans d’université avec quatre ans d’école de médecine suivis d’un long parcours avec de devenir chirurgien titulaire mais c’est son choix. Elle n’a pas été forcée donc elle n’a pas vraiment le droit de se plaindre – même si elle est très douée pour ça. Un conseil, évite un café à la Red Bull. D'un c’est dégueux et de deux, ton cerveau part carrément en vrille. Et je ne te parle même pas de ton cœur. Elle grimace à l’idée d’un mélange café/red bull mais ce qu’elle ingurgite à nouveau n’est certainement pas mieux. Sauvée par le gong ! La bouffe est là. Après avoir récupéré les deux commandes, Lou rejoint son frère sur le canapé, défaisant ses chaussures à l’aide de ses pieds pour s’installer en tailleur. Le fait que Gus ait pensé à prendre du Dr Pepper la met en joie – évidemment. Ouais, la deuxième est pour toi aussi. Je participe à ton cholestérol. Elle le regarde, faussement choquée une main sur la poitrine. Deux sodas ? Tu veux me charger en sucre ou quoi ? J’ai pas envie de voir des boutons me pousser de partout. Je dois préserver cette beauté naturelle. D’un geste théâtral de la main, elle renvoie ses cheveux en arrière avant de rire bêtement. Merci, Gus et bon app ! Elle ne tarde pas avant de déguster son premier California. Thon cuit, mayonnaise, avocat, son préféré. Un instant, elle ferme les yeux et soupire de plaisir. C’est presque aussi bon que l’orgasme auquel j’ai eu le droit hier ! Puis elle fait mine de réfléchir. Ou peut-être que la bouffe est meilleure en fait. Elle y réfléchit très sérieusement à présent, se remémorant les images de la veille, son frère à ses côtés. Quoi de plus normal ?

Tu te moques de Sven, pour ne pas changer. Mais entre vous, il n’y a pas de chichi, personne ne se prend la tête. On accepte tout, et on entend tout. C’est tout ce qui compte. « D’ailleurs ça me fait penser que je dois terminer la série The Order. C’est aussi épouvantable de ton film à deux balles, mais je persiste à regarder. Autant pisser dans un violon, finalement. » T’ignores pourquoi tu regardes cette série. Mais tu l’as commencé, alors tu te dis que tu dois la terminer. C’est comme un livre. Il a beau être nul à mourir, tu vas le terminer. Sinon, à quoi bon commencer les choses si ce n’est pas pour les finir ? Alors tu perdras quelques minutes de ta vie. De manière inutile. Tu t’endormiras très probablement devant, et laisseras les épisodes défiler jusqu’à ce que la plateforme te demande : êtes-vous toujours là ? Tu seras incapable de répondre, pris au piège dans les bras de Morphée. Lou vient te rejoindre sur le canapé après avoir récupéré votre commande. Elle se met à son aise, comme bon nombre de patients. Et voilà qu’elle se met déjà à critiquer ce que tu lui as pris. Elle n’est jamais contente de ce qu’elle a. Tu secoues la tête, et l’imites avec une voix criarde. « Deux sodas ?! Tu veux me charger en sucre ou quoi ?! » Tu grimaces tout en mimant de parler. « Tu parles d’une beauté ! T’aurai même pas gagné le concours de Miss Copenhague, et pourtant le niveau n’était pas élevé. » Tes paroles manquent de sincérité, mais ça lui ferait trop plaisir de lui avouer qu’elle est jolie fille. Tu ne regardes pas vraiment comment elle est de toute manière. C’est ta sœur. On ne relooke pas son sang des yeux. Certains font peut-être dans l’inceste, mais ce n’est pas ton genre. Toutefois, elle fait preuve de bonne fois, et te remercie de lui offrir le repas. Rapide sourire, tu acceptes ses paroles et prends un sushi. Les odeurs viennent finalement titiller tes papilles gustatives et réveiller la faim qui sommeillait. Sven se sert ni une ni deux et compare sa bouchée avec la sensation intense qu’elle a ressenti la veille. Il t’en faut bien plus pour te gêner. Au contraire, tu parles librement de ça avec celle que tu considères comme ton égal. « Dis pas de connerie. » lâches-tu la bouche pleine avant de te laisser le temps de finir. « Y a rien de mieux qu’un orgasme, sauf si tu l’as simulé. Là, y a pas photo. » Non, à tes yeux, entre la bouffe et le sexe, tu choisis le sexe. Tu déprimerais trop sans ce sport de chambre qui égaille tes journées.

A croire que lorsqu’elle se retrouve en compagnie de son grand-frère, c’est tout simplement impossible pour eux de garder leur calme et encore moins leur sérieux. Ces deux-là, deux grands gamins, ne peuvent s’empêcher de se chercher inlassablement. D’ailleurs ça me fait penser que je dois terminer la série The Order. C’est aussi épouvantable de ton film à deux balles, mais je persiste à regarder. Autant pisser dans un violon, finalement. Lou fronce des sourcils. Qu’est-ce qu’il lui baragouine encore ? Il déteste cette série. Il lui a même confié s’être endormi devant à plusieurs reprises. Lou soupire. T’es vraiment un branquignol, Sven. Elle secoue de la tête, un air faussement exaspéré sur le visage. Sérieux, t’as rien de mieux à faire ? Ça serait un bouquin encore, je comprendrais mais une série Netflix. Ils sont très différents à ce niveau-là. Si tous les deux aiment aller au bout des choses, la cadette ne s’embêtera pas à fournir des efforts dans quelque chose d’inutile or à ses yeux, venir à bout de The Order n’a aucune utilité. C’est une totale perte de temps.
Deux sodas ?! Tu veux me charger en sucre ou quoi ?! Elle regarde son frère l’imiter – très mal au passage – et se retient de lui foutre une baffe sur l’arrière du crâne. Ce n’est pourtant pas l’envie qui manque. Qu’est-ce qu’il peut être agaçant parfois ! Tu parles d’une beauté ! T’aurai même pas gagné le concours de Miss Copenhague, et pourtant le niveau n’était pas élevé. A nouveau, elle secoue la tête. De toute façon, il est grillé. Elle sait qu’il la trouve joli tout comme elle sait qu’il est beau gosse. C’est juste quelque chose qu’ils refusent de s’admettre l’un à l’autre parce que ça ferait beaucoup trop plaisir à l’autre. Si Lou avoue à Gus qu’elle comprend pourquoi il fait craquer autant de femmes, elle en entendra parler jusqu’à sa mort. L’inverse étant vrai, Gus ne prend pas le risque. Tout en sachant ça, la jeune femme décide tout de même de jouer le jeu. Déjà, tu mens. Les danoises sont particulièrement attirantes. Elle tient à commencer par là histoire de rétablir la vérité déformée par son idiot de frangin. Ensuite, je suis clairement la plus belle de cette famille. C’est moi qui relève le niveau, espèce de babouin ! D'un geste volontairement exagéré, elle repousse ses cheveux détachés en arrière.
Dis pas de connerie. Y a rien de mieux qu’un orgasme, sauf si tu l’as simulé. Là, y a pas photo. Entre deux sushis, Lou fronce les sourcils. Pourquoi j’aurai simulé ? Je lui dois rien à ce mec moi, c’est pas mon job de lui faire croire qu’il est à la hauteur alors que c’est pas le cas. Elle hoche les épaules. D’ailleurs, le fait qu’elle ait été clair sur le fait qu’elle ne souhaitait pas le revoir a dû lui mettre la puce à l’oreille ou pas, d’ailleurs. C’est fou ce que les hommes peuvent être certain de leurs performances alors qu’il y a encore du boulot à fournir. La fierté, sans aucun doute. Brandissant son portable, elle choppe son frère par l’épaule pour faire un selfie. Regarde, une vraie Barbie ! Tu vois que je suis belle. Dire qu’elle détesterait qu’on la compare à une telle chose mais lorsque cela vient d’elle et que ça peut l’aider à prouver son point de vue, ça passe. Mad og min grimme bror, qu’elle prononce à haute voix tout en tapant le message sur son portable. Le selfie termine sur sa story instagram et elle offre un grand sourire à son frère. Cependant, la fête est de courte durée. Alors qu’elle déguste son troisième sushi, voilà qu'elle est prise de hoquet. Elle peine à terminer sa bouchée, gênée par les légères secousses. Une fois chose faite, elle s’empare de la bouteille d’eau de son frère et en boit une grande qualité, en vain. Le hoquet est toujours là et c’est relou.

« Tu sais très bien que je termine tout ce que je commence. Rien n’est laissé en suspend. » A quoi bon commencer dans ce cas ? Heureusement pour toi, il n’y a qu’une seule saison. Ça aurait été con de commencer une série comme Grey’s Anatomy, ne pas aimer et devoir faire la quinzaine de saisons existantes, avec chacune plus de vingt épisodes. Là ça aurait été de la torture pure et dure. « C’est comme, je ne sais pas si tu t’en souviens, mais la cabane dans l’arbre. Quand on était gosse. Au bout d’une demi-heure, j’ai clairement compris que ça allait être un enfer, mais j’ai tenu bon, j’ai ravaillé dur et au bout d’une semaine on a eu une cabane acceptable. » C’était toute une fierté pour toi. Tout le monde disait que ça n’allait pas tenir, et tu t’es acharnée à al faire. Pour avoir quel résultat ? Quelque chose qui ressemblait vaguement à une cabane, et seulement par ego tu allais jouer dedans. En vrai, c’était loin d’être l’éclate, mais on ne venait pas te casser les pieds là-haut. Avec tes parents qui ont peur du vide, c’était l’endroit parfait. C’était comme leur couper l’herbe sous le pied. Inutile de te chercher, de faire appel à toi, t’étais indisponible pour eux, et rien n’allait les décider à te sortir de là. Même enfant, tu étais déjà un génie. Vous vous taquinez, encore ! Les années passent et pourtant rien ne change entre vous. On pourrait croire que vous avez toujours dix ans. « Ouais, j’avoue qu’elles sont canons. » Tu secoues la tête, comme pour appuyer tes dires. Vous n’habitiez pas un pays de laiderons. Et la beauté naturelle de ces femmes te manque particulièrement. Tu pourrais retourner au pays uniquement pour pouvoir à nouveau flirter avec elles. « T’as de la merde dans les yeux, clairement ! Regarde-toi, et regarde moi. Désolé, y a pas photo, je suis number one. Et si on réfléchit bien c’est même la cousine Doutzen qui est devant moi. Elle, c’est un ca-non. » Dommage, on ne touche pas à la famille. C’est la première des règles. Ne pas faire d’avance et ne pas coucher avec un membre de la famille. D’un c’est sale, et de deux bonjour la consanguinité. Faut pas prendre de risque. « Donc, je suis deuxième et toi minimum troisième. Minimum. »

« J’en sais rien moi. T’aurais pu lui faire croire qu’il était doué, comme ça monsieur n’est pas vexé et il se casse tout content de lui, sans qu’il revienne à la charge dans l’espoir d’améliorer sa performance. » D’où est-ce que tu sors ça ? De toi. On n’a jamais eu a te dire que tu étais nul, qu’on avait besoin de simuler. Et même sans qu’on te le dise, tu le sais. Une femme comblée, ça se sent, ça se voit et ça s’entend. Un combo. Et si tu découvrais la supercherie, tu ferais tout pour montrer que tu peux mieux faire. Ne jamais rester sur une mauvaise note. Jamais ! Un sushi en bouche, Lou te saute dessus, te prenant par l’épaule. « T’fais quoi là ?! » Bouche pleine, tandis qu’elle prend une photo de vous deux. « Gå lort ! » Vous avez perdu l’habitude de parler dans votre langue natale. Même chez vous, l’anglais est couramment parlé. Alors vous avez poursuivi de cette manière. Sans changer vos habitudes. « Vas-y fais toi plaisir, bois tout, mets tes morceaux de riz à l’intérieur, je vais rien te dire. » Tu récupères ton fond de bouteille, et regardes ta sœur qui a toujours le hoquet. « Comme diraient les parents, c’est le bon Dieu qui t’a puni. »