when the stars goes blue (hailey)

La musique du bar est forte et ambiance la plupart des gens qui m’entoure. Je suis là, une table avec une petite bière à la main, parce que je refuse de boire un alcool plus fort que ça pour une soirée aussi détente. Quelques collègues sont là, avec moi, et papotent déjà de la rentrée, des futurs étudiants qu’ils auront, des cours qu’ils ont programmés. De quoi me donner envie de m’endormir dès maintenant. Mes cours, je les prépare peu à l’avance, parce que je m’inspire surtout du mood du moment, de la musique qui m’inspire et de ce que j’ai envie de transmettre. Forcément, parler de la rentrée qui n’a lieu que dans deux semaines, ça ne m’intéresse pas. Je préfère me noyer dans cette bière au goût amer et sucré. J’ai appris à contrôler mes pulsions sur l’alcool et me restreindre à des choses peu fortes. Je bois très rarement pour me mettre mal, et lorsque je succombe à un bon whisky, c’est principalement parce que c’est une occasion particulière. Verre à la bouche, j’observe les autres personnes autour de moi, et bloque sur un joli visage, au sourire frais et ensorceleur. Ses yeux – verts je crois ? Ou peut-être gris – de biche, ses lèvres légèrement rosées, et ses cheveux un peu bouclées retombant sur ses épaules. Elle est un peu plus jeune, je suppose mais sans doute pas beaucoup. Si j’avais été d’humeur à ramener une fille chez moi ce soir, je l’aurai sans doute invité. Non, ce qui me bloque c’est la familiarité que son visage représente pour moi. C’est la première fois que je la vois, et pourtant j’ai cette impression de l’avoir déjà vu. Mais où ? Quand ? Je n’en ai aucune idée. J’essaye de me remettre dans la conversation, troublé par cette fille, mais à chaque fois que je décroche, mon regard tombe sur elle pour l’étudier. Vous savez c’est comme quelque chose que vous savez mais qui ne vous reviens pas : ça vous énerve. Ça vous obsède jusqu’à retrouver ce que vous avez oublié. Sauf que ce soir, je suis incapable de me souvenir où je l’ai déjà vu. Peut-être est-ce juste une impression qui se joue de moi ? Ça doit être ça. J’apporte mon verre à la bouche et me rend compte qu’il est vide. « Je reviens » Je soupire et me lève pour aller en recommander un nouveau, loin de savoir que cette prétendue nana fonçait droit sur moi.

Bien heureuse de ne pas avoir à bosser au Union Pool ce soir, j'ai accepté avec plaisir l'invitation de trois copines - que je connais depuis le lycée - à passer une soirée toutes les quatre je-ne-sais-où. C'est vêtu d'un bodysuit noir avec de la dentelle et un short en jeans par-dessus que je suis sortie de chez moi, prenant bien soin de verrouiller puisque je sais que ma colocataire Allana bosse ce soir. C'est sans grande surprise qu'en arrivant chez l'une de mes copines, j'apprends que nous allons passer la soirée dans un bar - ce que je fais normalement à tous les soirs - mais heureusement, elles préfèrent toutes les trois aller à Manhattan. Une fois le bar choisi, c'est via le métro et un peu de marche que nous arrivons à destination. Table déjà attribuée, je prends place sur un tabouret alors qu'une autre fille revient quelques minutes plus tard avec nos consommations. Je ne pense pas trop boire ce soir puisque je sais qu'il faut tout de même avoir quelqu'un d'un peu plus responsable lorsque nous allons retourner à Williamsburg et ça ne me dérange pas du tout d'être cette personne. Toujours bien intéressée par la musique, je tente d'entendre le morceau qui joue présentement, mais avec le bruit qu'il y a dans ce bar, c'est absolument impossible de réussir à le faire. Je bois très doucement dans mon verre, écoutant d'une oreille ce qu'elles se disent alors que l'autre semble déterminer à découvrir le titre de cette chanson. C'est une mauvaise manie que j'ai, de tenter de trouver le titre d'une chanson chaque fois que j'en entends une. Mes yeux se promènent un peu partout dans le bar au même moment où je croise le regard de cet homme au loin. Un homme séduisant qui me fixe ce qui me gêne un peu. Loin d'être timide en temps normal, je cesse de le regarder tentant de me concentrer à nouveau sur mes copines qui discutent encore d'un sujet qui ne m'intéresse pas, mais je suis incapable de focuser sur autre chose. Limite énervée de ne pas pouvoir me concentrer sur ma soirée avec mes copines, je décide de me lever en voyant qu'il fait pareil. « Je vais aux toilettes. » Que j'annonce à mes copines même si c'est totalement faux et qu'elles vont bien finir par s'en rendre compte. Fonçant directement vers l'homme qui semble un peu trop absorbé par je-ne-sais-quoi chez moi, je m'arrête au bar où il se trouve et fronce les sourcils en le regardant alors qu'il est retourné vers le bar. « Vous savez que regarder quelqu'un comme ça au loin, ça ressemble limite au profil du psychopathe qui cherche sa prochaine victime? » Bon, c'est peut-être un peu trop directe, mais je m'en fiche, j'ai toujours été un peu trop honnête et ce n'est pas ce soir que je vais changer cet aspect de ma personnalité.

CODAGE PAR AMATIS | @WARREN DIMITRIOS

C’est peut être juste un visage croisé à la sauvage dans la rue, ou une étudiante qui a une fois suivi mon cours. Peut-être qu’on s’est déjà croisé en soirée et qu’on ne s’est juste pas approché. Ou peut-être que c’est juste une parfaite inconnue et que je déraille totalement. Mais cette sale impression persiste. Elle m’obsède presque que je préfère tenter de l’oublier en allant chercher une bière. Ce sera certainement ma dernière ce soir, d’ailleurs. Il y a bien longtemps que j’ai arrêté de boire beaucoup – ou bien me mettre mal grâce à l’alcool. La drogue, je n’en parle même pas. Elle a quitté ma vie lorsque je suis rentré dans ce centre et que le sevrage a été accompli. Douloureux. Long. J’ai finis par extraire toute trace dans mon organisme – il est hors de question que j’en ré-ingurgité un jour. C’est aussi pour ça que je suis presque anti-médicaments, parce que j’ai peur d’en devenir dépendant. Alors quand je me blesse ou que j’ai une affreuse migraine, je préfère vivre la douleur plutôt que de prendre quoi que ce soit. « Une pinte s’il vous plait » dis-je en tenant mon verre vide au barman. « Blonde ? » « Très bien merci » Je tapote sur le bar à la seconde qu’une silhouette se glisse près de moi. Bien trop près, j’arque un sourcil lorsque je reconnais ce visage que je tente de déchiffrer. « Vous savez que regarder quelqu’un comme ça au loin, ça ressemble limite au profil du psychopathe qui cherche sa prochaine victime ? » Putain, elle a du culot pour une nana ! Je la regarde une seconde interloquée, ne sachant pas quoi dire avant de passer une main dans mes cheveux et secouer la tête : « Je suis navré. C’est juste que… » Je fronce des sourcils, alors que ma bière arrive et que je saisis un billet dans la poche de mon jean : « Gardez la monnaie » Le barman sourit, acquiesce et file s’occuper d’un autre client. Elle me regarde, de ses grands yeux – gris maintenant j’en suis persuadé – en attendant une explication à mon harcèlement du regard. « On se serait pas déjà croiser ? » J’arrive vraiment pas à remettre ce visage d’ange qui se dresse devant moi, et pourtant ses traits sont familiers et à la fois inconnus. Très étrange. Elle bloque une seconde avant que j’enchaine : « Oubliez, j’ai dû simplement confondre. » La fatigue sans doute. Ou l’alcool qui me monte déjà la tête ? C’est peut-être bien ça.

Peu concentré sur la conversation de mes copines, mes yeux restent figés sur le regard de cet homme en ma direction. Déjà plusieurs gorgées de ma bière prises, j'arrive tout de même à regarder ailleurs pour ne pas avoir l'air moi-même d'un psychopathe et d'un élan plutôt surprenant, je décide de me lever au même moment que lui pour m'approcher du bar et aller l'aborder. Bon, c'est surtout parce que j'ai besoin d'un autre verre et que je me dis aussi que s'il tentait de me regarder de manière plus subtile, ce n'est pas vraiment de cette façon qu'il doit procéder. Surtout qu'à voir son apparence, je doute que quelqu'un lui ait refusé quoique ce soit un jour. Enfin, si c'est le cas, il faut me le dire parce que clairement, elles ne sont pas normales. M'approchant de lui sans même savoir ce que je vais lui dire, j'opte pour ma référence douteuse à You et pense immédiatement au fait que je passe peut-être beaucoup trop de temps devant Netflix et que j'aurais peut-être mieux fait de rester assise dans mon coin. Il se retourne finalement vers moi et tout de suite, mes yeux admirent les siens. « Je suis navré. C’est juste que… » C'est juste que? Pour le coup, j'admets être curieuse de savoir ce qu'il va bien trouver comme excuse ou peut-être comme véritable raison, je n'en sais trop rien, je ne connais absolument rien de ce mec. Son regard quitte le mien une seconde, il donne l'argent au barman et se concentre à nouveau sur moi. J'attends simplement la suite de son explication, ma main appuyée sur le comptoir du bar, mon verre vide maintenant déposé dessus. « On se serait pas déjà croiser ? » Fronçant légèrement les sourcils, je tente de me souvenir d'où j'aurais pu le croiser avant ce soir, mais rien ne me revient. Bon il faut aussi dire que je n'y ai pas tellement songé longtemps puisque je suis persuadée que non. Et juste avant d'ouvrir la bouche, il m'arrête et reprend la parole. « Oubliez, j’ai dû simplement confondre. », « Je crois que je me souviendrais de vous avoir croisé si c'était le cas. » Oui, surtout ses yeux qui arrivent facilement à m'hypnotiser, mais c'est peut-être aussi la bière qui fait déjà son effet - ce que je doute puisque je suis normalement plus résistante à l'alcool que cela. « Je vois que deux solutions au problème... Soit vous arrêtez de me regarder, parce que c'est un peu gênant hein. » Sentir le regard de quelqu'un sur soit c'est gênant oui et même si suis loin d'être gênée, je me laisse tout de même intimider par ça un peu il faut dire. « Soit vous me payez un verre pour vous faire pardonner.. » Mes lèvres pincées, je finis par lui offrir un joli sourire, battant légèrement des cils.

CODAGE PAR AMATIS | @WARREN DIMITRIOS

Idiot. Je suis un idiot. Qui fixerait une nana comme un psychopathe qui choisirait potentiellement sa prochaine victime. Idiot jusqu’au bout en se faisant surprendre par cette nana au bar et qui m’insulte presque d’en être un. Forcément, c’est presque perdu que je lui demande si on s’est vraiment croiser mais retire ce que je viens de lui demander. Ce n’est peut-être qu’une impression, un sosie d’une fille que j’ai du ramené un soir. Rien de plus. « Je crois que je me souviendrais de vous avoir croisé si c’était le cas. » Je fronce des sourcils, en tentant d’analyser ce qu’elle vient de dire. Elle s’en serait souvenue… ? Pourquoi ? Ca signifie qu’on ne s’est jamais vraiment croiser alors, non ? Je brise tout contact de regard en me persuadant que l’alcool me fait déjà défaut. C’est le problème de ce genre d’addiction enfin vaincue. Parce qu’à la moindre petite goutte, j’ai l’impression d’en avoir bu plusieurs. « Je vois que deux solutions au problème….Soit vous arrêtez de me regarder, parce que c’est un peu gênant, hein » Je n’arrive pas à sourire alors que j’affiche une mine désolée. « Soit vous me payez un verre pour vous faire pardonner » Son invitation me prends presque de court. J’ai toujours aimé les filles directes. J’ai toujours été un gros romantique mais j’ai arrêté de l’être et de croire à l’amour, avec tout ce que j’ai vécu. Non, je préfère irriguer les énormes murs qui m’entourent pour me foutre royalement de la vie. « Et bien… » Je regarde mon verre encore plein et lui réponds en souriant : « C’est mon dernier, mais je peux bien vous offrir un nouveau » J’appelle le barman, qui me fait signe qu’il arrive d’une seconde : « Moi, c’est Warren » dis-je finalement en lui tendant la main pour lui une salutation officielle. Je ne sais pas trop où cette rencontre mènera, parce que j’étais simplement partis pour ne pas rentrer tard ce soir. Mais l’idée de ne pas rentrer seul me séduit de plus en plus. Faut dire qu’en plus de cette sensation de la connaître, elle est plutôt canon. Ses jolis yeux gris qui viennent illuminés son visage, encadré de cheveux ténébreux, de jolies lèvres attractives, et un corps sublimé par une petite robe à fleurs. A son visage, je devrais confirmer qu’elle est sans doute plus jeune que moi, mais…je m’en fou royalement. Il n’y a pas d’âge pour de la bonne compagnie, non ? Le serveur arrive, finalement et me demande ce que je veux. Je laisse la demoiselle choisir son verre et l’obtient quelques minutes plus tard. « Pas que j’aime rester au bar, mais je propose d’aller rejoindre cette petite table au loin » Un peu en retrait parce que proche des toilettes, je préfère être quand même seul plutôt qu’entouré des imbéciles bourrés.  

Seulement un peu d'alcool dans le sang, j'ai encore absolument toute ma tête et je ne comprends toujours pas comment se fait-il que j'ai osé me lever et venir rejoindre cet inconnu. Peut-être est-ce simplement parce que ce regard sur moi m'a plutôt dérangé ou parce que je me suis senti soudainement plus courageuse que je ne le suis d'habitude. Mais bon, maintenant que je suis devant lui et que j'ai déjà débuté la conversation plutôt directement, je ne peux plus vraiment reculer surtout que ma curiosité me poussait beaucoup trop à connaître la vérité sur la raison du pourquoi cet homme me regardait avec ses grands yeux. Visiblement gêné que j'ai remarqué son regard posé sur moi, les phrases plutôt directes qui sortent de ma bouche me surprennent moi-même. Tellement que je blâme l'alcool qui normalement, n'est pas un problème avec moi. Mais c'est sans doute parce que j'ai tellement l'habitude de me faire prendre pour une femme objet lorsque je bosse au Union Pool, que j'ai décidé sur un coup de tête que ce soir, je ne me laisserais pas faire. En arrivant pourtant devant cet homme, me perdant surtout dans son regard, je me dis que ce n'est pas si dramatique qu'un homme aussi séduisant me regarde. C'est même plutôt flatteur. « Et bien… » Plutôt fière de moi parce que je l'ai visiblement surpris en lui proposant de m'offrir un verre, j'use de mon petit sourire sourire charmeur et de mon regard planté dans le sien pour qu'il accepte. C'est peut-être un jeu dangereux, mais mes copines ne sont pas vraiment loin s'il arrive quoique ce soit. « C’est mon dernier, mais je peux bien vous offrir un nouveau » Satisfaite de sa réponse, je ne quitte pas ses yeux, me perdant peu à peu dans son regard avant de revenir sur Terre lorqu'il me tend la main. « Moi, c’est Warren », « Et moi Hailey. » Humectant mes lèvres, je me confirme à nouveau qu'il est impossible que j'ai déjà fait la connaissance de cet homme. Puisque si c'était le cas, je sais que je m'en souviendrai forcément, impossible de penser le contraire. Le barman revenant vers nous, je commande une nouvelle bière comme celle que j'avais est terminée et me concentre à nouveau sur lui. Warren. Il a un sourire plutôt charmeur, mais c'est surtout de le voir m'analyser un peu et baisser ses yeux de haut en bas sur moi qui me fait sourire encore plus. Peut-être plus par gêne que par assurance par contre. « Pas que j’aime rester au bar, mais je propose d’aller rejoindre cette petite table au loin » Jetant un coup d'oeil sur l'endroit qu'il me désigne, j'approuve d'un signe de tête, puis remercie le barman lorsqu'il revient avec ma bière. Je laisse Warren payer et prends un peu d'avance sur lui pour aller rejoindre la table pour être certaine de l'avoir. Coin un peu plus intime du bar, je m'installe, pose ma bière sur la table et joue légèrement avec mes cheveux. « Alors.. vous faites quoi ici sinon? Mise à part fixer des jeunes femmes que vous pensez avoir déjà vu? » Curieuse de nature, je bois une gorgée de ma bière en patientant pour sa réponse. « Je peux.. vous tutoyer au fait? » Puisque bon, même s'il semble un peu plus vieux que moi et que j'ai voulu seulement être polie, je crois que s'il le veut bien je pourrais arrêter le vous formel.

CODAGE PAR AMATIS | @WARREN DIMITRIOS

J’ai pas l’habitude d’être pris comme le type creepy. A vrai dire, rapidement dans ma vie, j’ai attiré l’attention des filles par mon charme, visiblement hérité de ma mère. Et j’en ai assez profité dans mon adolescence, notamment grâce à mon groupe. Soirée démesurée, fille à gogo, j’étais le parfait petit con qui profitait des nanas comme il pouvait. Parce que je me pensais invisible. Je me sentais puissant. A mesure que les concerts s’enchaînaient et que les fans remplissaient les bars à craquer, j’avais fini par perdre la raison. J’ai basculé ce soir-là, dans les sombres côtés de la vie. Oh, j’ai eu l’air désespéré et en détresse avec mes deux tentatives de suicide. J’ai eu le droit à de la pitié, à des engueulades, à des longues discussions, à des longs silences. Mais de ce que je sache, je n’ai jamais été pris comme le mec pervers et psychopathe qui matte les filles aussi intensément. Généralement, c’est plus subtil – ou plus direct – en fonction de mes envies. « Et moi Hailey » « Enchanté, Hailey » J’arrête de la dévisager à la seconde où elle me propose un verre. Je saute surtout sur l’occasion, parce que j’ai beau l’avoir dévisagé pour tenter de retrouver sa familiarité…je ne la regarde que maintenant. Je la détaille, de haut en bas, et me mort presque la joue intérieure devant ce canon qu’elle est. Lorsqu’elle remarque que je la regarde, j’arrête aussitôt, comme un adolescent de quatorze ans. Je préfère faire diversion avec cette petite table au loin. Faire diversion pour ne pas se faire cramer, c’est souvent une bonne tactique.  Sa bière récupérée, elle s’extirpe aussitôt du bar pour rejoindre l’endroit cité, pendant que je paye son verre. Je ne tarde pas à la retrouver et m’assoit en face d’elle. « Alors…vous faites quoi ici sinon ? Mise à part fixer des jeunes femmes que vous pensez avoir déjà vu ? » Je n’arrive pas à cacher mon sourire qui se dessine sur mes lèvres lorsque j’approche ma propre bière. « Je peux…vous tutoyer au faite ? » J’acquiesce aussitôt en ajoutant : « Fais donc » Je ne connais pas notre différence d’âge, mais je m’en contrefou. Elle semble bien trop intéressante – physiquement j’entends – pour laisser mes principes dicter mes gestes. « Je suis là avec des…amis » Je désigne la table un peu plus loin qui semble ne pas avoir remarqué mon absence. « Mais à vrai dire, je me faisais plus chier qu’autre chose. Fixer des belles jeunes femmes, c’est quand même plus intéressant » Je souris de nouveau, signe que mes paroles ne sont que des taquineries. Rien de creepy, je promets.

« Enchanté, Hailey » Oh je le suis tout autant, surtout en voyant ce sourire se dessiner sur ses lèvres. Impossible de résister à un charme comme ça et j'imagine qu'il semble être du même avis que moi en ce qui me concerne à le voir me détailler de la sorte. Bien à l'aise avec mon corps et même contente d'avoir choisi cette petite robe fleurie ce soir, je reste tout de même un peu gênée devant lui. Pas parce qu'il est intimidant - enfin, un peu quand même - mais surtout parce qu'il y a quand même une partie de moi qui a encore de la difficulté à faire confiance aux hommes, surtout ceux qui flirtent dans les bars même si je fais exactement la même chose et qu'en plus, je le fais peut-être un peu trop souvent ces derniers temps. Bière payée et maintenant tous les deux installés à cette table bien éloignée, je tente du mieux que je peux de ne pas me perdre dans ce regard charmeur qu'il a pour avoir l'air indifférente même si je suis loin de l'être. Luttant mentalement avec moi-même pour ne pas me lancer dans une période de questions interminables, je préfère commencer par la base et lui demander ce qu'il fait ici - sans manquer l'occasion de souligner une nouvelle fois qu'il me regardait, évidemment - puis en profite même pour lui demander presque l'autorisation de pouvoir le tutoyer. Mes parents m'ont bien élevé, mais même s'il semble plus vieux que moi, je refuse de continuer à faire connaissance et avoir l'impression de parler à un petit vieux. Je souris toujours, d'autant plus lorsqu'il accepte et attends patiemment qu'il donne une réponse à ma question. Menton appuyé sur ma main, je me pince doucement les lèvres en le regardant, me retenant presque pour ne pas la mordre. Il faut vraiment que je pense à autre chose que ça, mais son regard vient chercher des choses en moi jusque dans mon bas ventre. Je dois me contrôler. Me calmer surtout. « Je suis là avec des…amis. Mais à vrai dire, je me faisais plus chier qu'autre chose. Fixer des belles jeunes femmes, c'est quand même plus intéressant » Laissant un petit rire s'échapper de mes lèvres, je bas légèrement mes cils, mon mode charmeuse bien activé, même si j'ai l'impression que ça vient un peu naturellement en moi ce soir. « Oh je n'en doute pas. Puis, visiblement, tu sembles être un expert dans ce domaine. » Que je dis, moi aussi à la blague. J'admets être plutôt flattée que ce soir, son regard ce soit arrêté sur moi. « Tant que ça ne fait pas partie de tes passes-temps de tous les jours, il n'y a pas trop de raisons de s'inquiéter. » Ma bière posée sur mes lèvres, j'en bois quelques gorgées avant de reposer mon verre sur la table. « Mais peut-être que t'aimes bien entrer dans un bar et choisir ta cible. » Je dis ça comme si c'est vraiment un psychopathe, mais ce ne sont que des blagues. Sans quoi, je ne lui aurais jamais demandé de m'offrir un verre. Faut vraiment que je pense à ce que je vais dire avant d'ouvrir la bouche.

CODAGE PAR AMATIS | @WARREN DIMITRIOS

Je ne saurai dire ce qui m’attire chez elle, mais elle a définitivement quelque chose qui me pousse à m’arrêter pour l’étudier. Ce côté familier me perturbe encore un peu, mais maintenant, en l’étudiant vraiment c’est plus ce petit quelque chose qui m’intrigue. Je ne saurai dire quoi, mais c’est bien là. Si j’avais imaginé finir ma soirée comme ça, j’aurai sans doute ris aux éclats. Mais au final, en la voyant battre des cils, ses yeux bleus se révélant à moi, je ressens directement mon bas ventre s’exciter.« Oh, je n’en doute pas. Puis visiblement tu sembles être un expert dans ce domaine » Je souris à sa blague en secouant la tête. Fixer des belles demoiselles est loin d’être mon passe-temps favoris, encore moins draguer dans un bar. Je n’ai que des relations d’un soir, depuis….Maxyne. Mais je ne suis pas non plus le type qui va s’amuser à baiser tout ce qui bouge juste pour oublier. Je respecte les femmes et j’ai sans doute fait trop de mal autour de mal pour les considérer comme des objets. « Tant que ça ne fait pas partie de tes passe-temps de tous les jours, il n’y a pas trop de raison de s’inquiéter. Mais peut-être que t’aimes bien entrer dans un bar et choisir ta cible » « Oh non ! » Je lève les mains au ciel comme pour prouver mon innocence. « C’est assez inédit, je dois avouer. J’aime être volage, mais je ne considère pas les femmes comme des cibles » C’est peut-être un peu trop sincère, mais c’est légitime. Cela dit, je préfère annoncer la couleur de suite : je suis volage. Je ne recherche rien de plus qu’un moment de plaisir. C’est peut-être direct, mais au moins autant mettre les points sur les i. J’ai trop souvent eu des soucis avec certaines anciennes conquêtes qui voulaient plus. Je suis incapable de donner plus, incapable de faire rentrer quelqu’un dans ma vie. Quelqu’un que je pourrais encore blesser ou détruire. C’est mieux comme ça, et je me suis fait une raison. J’attends doucement sa réponse, en tentant de la sonder mais la sonnerie de mon téléphone retentit. « Excuse-moi… » Je sors en sachant qui m’appelle, et que si elle m’appelle à cette heure-ci c’est pour une bonne raison. « Oz ? » Elle est en larme au téléphone, m’affirme que ce sont les hormones, mais je sais qu’avec sa grossesse, la perte d’Oliana, elle a beaucoup trop sur les épaules. « T’es où ? » Chez elle, visiblement. Ou anciennement appartement d’Ollie. « D’accord, j’arrive. Bouge pas. » Lorsque je raccroche, le regard intense d’Hailey me transperce. Une belle opportunité de manquée, mais peut-être que ce n’était que ça : une rencontre ponctuelle qui restera dans l’oubli. « Je dois y aller… » Commençais-je à dire en rangeant mon téléphone. Je me lève, tout en souriant : « Merci pour le verre….Hailey. » Je ne prends pas le temps de récupérer son téléphone, ni de lui redonner un rendez-vous. Je préfère filer, parce que si le destin n’a pas voulu que j’aille plus loin avec elle, c’est pour une bonne raison. Superstitieux ? Non. Mais avec mon passé, je préfère ne plus me donner d’opportunités qui finiront par blesser quelqu’un.

THE END.