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Invité a posté ce message Mer 25 Sep 2019 - 21:52 #

Most beautiful thing can't be seen or touched
Just felt with heart

3 Octobre ft. @Adrian Hastings

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La cuillère continuait de tournoyer à l'intérieur du fait-tout, en émanait d'ailleurs une vapeur parfumée. La métisse ne savait pas exactement combien de temps elle avait surveillé ces légumes et morceaux de bœuf, ne s'était même pas arrêtée pour se poser la question. Concentrée sur la recette qu'elle avait maintes fois effectué pour Stephan, son père, Joddie regardait circuler quelques feuilles de lauriers dans la sauce qui, doucement, s'était épaissie. Aujourd'hui, il n'était pas question de faire saliver les papilles de cet homme qui l'avait portée dans ses bras au milieu du salon, là où elle naquit plus de vingt années auparavant, -d'ailleurs, et pour une raison qu'elle ignorait, il s'était mis à détester ce plat. Elle se rappelait des heures passées à avoir épluché les carottes, pommes de terre et autres éléments goûteux, à avoir retiré chaque partie grasse de la viande pour voir ses efforts rejetés d'une main violente, et finir à terre. Non, ce soir, elle ne réservait pas ce ragoût à l'homme qu'elle ne reconnaissait, de toute façon, plus.

Elle leva les yeux sur l'horloge de la cuisine à demi-ouverte pour surveiller les aiguilles. Inutile, finalement, mais ça avait don de l'apaiser. Adrian n'avait jamais d'horaires fixes, souvent l'Aborigène était déjà au lit lorsqu'il rentrait. Elle entendait les clés chercher la serrure, et même s'il tentait de ne pas faire de bruit, sa colocataire avait l'ouïe fine. Tout du moins, la vie ne lui avait pas donné le choix : son père avait toujours demandé beaucoup d'attention, et il était préférable pour elle d'être à l'écoute de ses moindres faits et gestes. Aussi, pour avoir vécu dans un quartier où il était compliqué de vivre serein, elle avait perdu ce sommeil lourd acquis durant l'enfance, dans son état natal. Elle ne se levait pas, s'assurait simplement qu'il s'agissait d'Hastings, puis s'autorisait à refermer les yeux, heureuse qu'il soit là. Parce que, mine de rien, sa présence lui faisait du bien. Bien qu'elle acceptait la solitude, il lui était incommodant de vivre, -de se savoir-, seule. Mais ça, encore, c'était une autre histoire.

Adrian et Joddie vivaient ensemble depuis la fin Août. Ça s'était décidé sur un coup de tête alors qu'ils s'étaient retrouvés pour la énième fois lors d'une séance de footing. Contrairement aux autres fois, la brune n'avait pas semblé être d'humeur au sport, et on évitera de parler des divers moments où elle perdit pieds sur les graviers jusqu'à se tordre légèrement la cheville, sans gravité. Ce fut probablement la première fois où le pilote la vit s'énerver, à jurer tout en balançant sa casquette fétiche dans la poussière du chemin emprunté, et s'asseoir sans chercher une seule seconde à reprendre le rythme de leur foulée. Des problèmes, elle en avait connu, mais ils avaient fini par s'accumuler trop rapidement pour que ça ne puisse la heurter. Elle avait tut sa disqualification pour la World Cup, faute d'un sponsor extérieur à McLaren, s'était accommodée du départ de Melech, l'un de ses colocataires, et de l'aller sans retour de Paulin, l'homme qui lui avait fait toucher un monde beaucoup plus coloré. Elle s'était retrouvée seule dans l'appartement, avait préféré quitter les lieux pour retrouver son père, mais ça ne lui avait plus paru vivable.

Cela faisait un peu plus d'un mois qu'ils partageaient tous deux le même logement. Adrian lui avait fait de la place dans son appartement trop grand, et Joddie s'était promis de le remercier en évitant de se montrer trop présente, -et il fallait dire qu'elle savait parfaitement faire le fantôme. Depuis lors, ils s'étaient rarement croisés plus de quelques dizaines de minutes, ne savaient peut-être pas comment entamer une discussion sous le même toit sans que ça paraisse étrange. En fait, peut-être qu'ils s'étaient sentis intimidés, embarrassés de devoir se retrouver au quotidien alors qu'ils n'avaient eu pour habitude que de se fréquenter pour des heures ponctuelles de course à pieds. En tout cas, c'était le cas pour Joddie, car vivre auprès d'un pilote professionnel lui ramenait quelques souvenirs qu'elle craignait de revivre auprès d'Hastings, -et finalement, ce n'était peut-être pas si anodin qu'elle s'autorise à sombrer dans les bras de Morphée qu'une fois le presque trentenaire de retour.

La porte s'ouvrit d'ailleurs, et l'Aborigène remit le couvercle sur le fait-tout afin que la sauce ne puisse s'évaporer davantage. Elle se glissa en-dehors pour rejoindre le salon clair au sol grisé pour, ne serait-ce que, croiser le maître des lieux. Son visage s'ouvrit au moment où il s'avança, ses lèvres connurent même un début d'esquisse. _ Bonsoir, lâcha-t-elle au professionnel. Il lui répondit, mais avec peu d'enthousiasme. Elle l'avait connu plus enjoué, plus souriant. Son faciès était aussi fermé que le sien les années passées, et ça n'était aucunement dans ses habitudes. Joddie le suivit du regard, parce qu'il ne daigna pas s'arrêter, avait probablement déjà décidé de rejoindre directement la chambre qui était sienne. Les traits de la jeune femme s'affaissèrent également, et elle baissa ses pierres précieuses sur ses chaussettes colorées, dans lesquelles elle fit aller ses orteils, les droits puis les gauches. Elle réfléchit un instant, ses quartz plongés dans le bleu ciel qu'ornait ses pieds, et puis se dit qu'elle n'avait pas grand-chose à perdre.

_ Adrian, fit-elle, d'une voix faible, une fois qu'elle eut rejoint la porte qui menait à la pièce intime du jeune homme. L'épaule contre le pan du mur qui tenait l'encadrement, elle vint mordiller sa lèvre inférieure. Et pour sûr qu'il ne l'ait pas entendu, elle frappa quelques coups sur le battant en bois du dos de son index pour réitérer l'interpellation. _ Désolée de te déranger, s'excusa-t-elle, au travers de la porte, n'attendant pas vraiment qu'il l'ouvre, j'ai préparé de quoi manger pour ce soir, et je crois que j'ai eu la main un peu lourde, en réalité, elle en était certaine, si jamais tu n'as pas eu le temps d'avaler un truc sur la route, t'es le bienvenu, l'invita-t-elle enfin, un peu moins implicitement. Elle se tut, dans l'attente de sa voix grave aux tonalités pourtant douces, mais pas assez pour lui permettre de prendre la parole, toutefois. _ Je t'attends dans le salon, si jamais, conclut-elle avant de tourner les talons. Il lui était moins difficile de converser, mais elle se trouvait toujours aussi idiote d'essayer de les débuter.

Elle revint alors sur ses pas, retrouva l'odeur alléchante du ragoût une fois la fumée libérée et se servit d'une louche pour remplir une assiette creuse. Elle s'en léchait d'avance les babines, avait attendu patiemment le retour de son colocataire pour s'en délecter, et son ventre criait famine depuis bientôt une heure. Munie d'une cuillère à soupe, -les morceaux de viande coupés déjà finement-, elle vint poser le tout sur la table basse du salon. L'Aborigène avait prévu à l'avance un tissu pour éviter les possibles tâches sur le bois du meuble, et fit un dernier aller-retour pour le verre et la carafe d'eau. Elle releva les fines bretelles de son débardeur gris, parce qu'habituée à vivre auprès d'hommes, -et qu'elle était loin de vouloir leur faire profiter de son décolleté-, elle s'assit en tailleur à même le sol après avoir réajusté son short, ample et rose pâle. L'assise confortable, elle prit la télécommande de ses longues phalanges et alluma la télévision pour trouver la chaîne qui promettait de nombreux gags, ce soir.

Elle en avait besoin. Ils en auraient besoin.
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Invité a posté ce message Jeu 10 Oct 2019 - 11:44 #

Ses opales fixaient le plafond de sa chambre plongée dans le noir complet. Encore une fois, il ne parvenait pas à trouver le sommeil, depuis que la nouvelle était tombée. Depuis qu’il savait que sa paternité avec cet enfant était véridique. L’esprit embrumé, il était incapable de se calmer, toutes ses nuits se ressemblaient, détachées, compliquées, à l’image de sa vie. Plus rien n’allait dans sa tête et ça se ressentait dans ses résultats sportifs, pitoyables, minables. Son entraîneur avait plusieurs fois dû faire des remontrances dans l’espoir que le jeune homme reprenne du poil de la bête, mais rien n’y faisait. Pour l’heure, il était bien trop préoccupé pour occulter tout ça. Peut-être qu’une pause ne ferait pas de mal. Après tout, l’argent ne manquait pas, car durant toutes ces années, il avait su mettre de côté. Sa main tâtonnait sa table de nuit à la recherche de ses écouteurs et de son téléphone, seule manière de l’apaiser. La musique calmait ses ardeurs, ses questionnements futiles. Il se concentrait uniquement sur les sons mélodieux de la musique classique. Sa respiration reprenait un rythme normal alors que peu à peu il sombrait dans les bras de Morphée pour quelques heures.

Ainsi étaient ses nuits. Ses journées n’étaient guère mieux, le manque de sommeil se faisait sentir. Son visage était marqué, ses réflexes bien moins précis et ses réactions plus difficiles. Ce manque le rendait moins sympathique qu’à l’accoutumée. Plus susceptible, colérique, Adrian affichait une tout autre part de sa personnalité, loin de lui plaire. Il n’arrivait cependant pas à faire autrement, il avait la sensation que son corps atteignait bientôt un état de non-retour. Aujourd’hui n’échappait pas à la règle, entraînement parsemé d’embûches qu’il créait lui-même. Les sponsors allaient probablement remarquer une baisse de régime conséquente. Peu importait, ils reviendront le moment venu. Hastings n’y arrivait pas, n’y arrivait plus. Le monde de la Formule 1 évoluait sans lui, il se sentait dépassé par tout ça. Et visiblement, il n’était pas le seul à connaître une période complexe, au bord du trou même. Joddie aussi semblait avoir ses problèmes. La voir perdre pied lors de leur cession de footing l’avait alerté, ce n’était pas son genre de s’énerver ainsi. Alors, sur un coup de tête et probablement pour se déculpabiliser du fait d’avoir joué au nombriliste en pensant être le seul à avoir des ennuis, le juvénile lui avait proposé une colocation. Son appartement trop grand manquait de vie et après tout, ils n’allaient pas manquer de place. Chacun avait sa chambre, son espace vital et intime.

Depuis son arrivée chez lui, ils ne s’étaient pas vraiment croisés. Le concerné ne savait pas s’il l’évitait sciemment ou de manière involontaire. A dire vrai, son état d’esprit des dernières semaines n’était pas vraiment à la discussion. Il ne désirait pas montrer à la jeune femme ce côté-là de son caractère. Elle n’avait vu que les bons côtés de lui, il tenait à ce que ça le reste. A ses côtés, il voulait afficher sa meilleure version de lui-même, et non cet état de décomposition constant qui le suivait depuis des jours. Pourquoi ? Il ne savait pas, Joddie était une amie, qui elle aussi rencontrait des ennuis, nul besoin d’en rajouter. Chacun portait sa croix, Adrian ne voulait pas l’accabler de tous les maux de la terre et surtout pas de son propre mal-être. Situation dans laquelle il se retrouvait par sa faute et uniquement sa faute. Lui qui était si prudent se retrouvait père d’un gosse non désiré. Son existence lui avait échappé un instant, il suffisait malheureusement d’une fois. Le choc mettrait du temps à être accepté, des mois, voire des années. « Bonsoir. » Répondit le concerné à sa colocataire avec un sourire quelque peu forcé afin de la rassurer. Néanmoins, il ne s’attarda pas dans la salle de vie et trouva rapidement le chemin de sa chambre, son refuge. De toutes les émotions ressenties, la colère semblait subitement prendre place en son for intérieur. Une colère sourde envers ses propres erreurs. Si seulement il avait su rester raisonnable. Son poing vint trouver violemment le miroir de sa chambre qui se brisa. Un peu de sang s’échappa de sa main tandis qu’il se reculait en grimaçant. Mais la voix de la jeune femme l’extirpa de ses idées noires pour l’inviter à la rejoindre pour dîner. Un léger sourire se dessinait sur ses lippes en l’écoutant. Finalement, cette colocation n’était peut-être pas une mauvaise idée. Il avait besoin d’elle et réciproquement.

L’odeur de la nourriture parvenait à ses narines, une odeur exquise qui éveilla ses papilles. Alors, il se décida à sortir de sa tanière pour rejoindre la jeune aborigène dans le salon où tout le repas attendait patiemment sa venue. « Tu aurais pu commencer sans moi si tu avais faim. » Il venait s’asseoir à ses côtés, sa main rougie et quelque peu ensanglantée par son excès de colère un peu plus tôt. « J’ai cassé le miroir de ma chambre, ça porte malheur tu crois ? » Ce geste lui avait fait un bien fou, il avait pu extérioriser toute sa frustration dans ce malheureux miroir qui venait de terminer sa vie un peu prématurément. Ce n’était pas dans ses habitudes de perdre ainsi pied, mais tout le monde avait ses moments de déchaînement, de rage. Il leva la tête afin de scruter le plat préparé par la jeune femme. Tout ça paraissait succulent, bien différent de ce que lui pouvait cuisiner. A dire vrai, ils n’avaient pas les mêmes origines, découvrir des nouveaux mets était un vrai plaisir, surtout pour Adrian, ce grand gourmand. « Merci, ça a l’air délicieux, j'ignorais tes talents culinaires, tu m'apprendras ? »

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Invité a posté ce message Dim 13 Oct 2019 - 10:35 #

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3 Octobre ft. @Adrian Hastings

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Assise en tailleur, elle eut tout juste le temps de se munir de la cuillère qu'un aboiement quémandeur attira son attention. A sa gauche, Pépito était assis, droit et fier, le crâne penché de côté. Il semblait vouloir dire quelque chose, continua de japper comme lorsqu'il était un petit chiot. Incompris, il décida d'employer une autre manière et leva sa patte pour la poser sur le bras de Joddie à plusieurs reprises, caressant l'épiderme de la jeune femme de ses coussinets. _ Oh, je devine très bien ce que tu me demandes Pépito, commença-t-elle, lâchant son couvert pour venir gratter, de ses ongles, l'arrière d'une oreille du Husky, je t'ai gardé quelques morceaux de viande crue, et tu les auras tout à l'heure, lui promit-elle avant de lui sommer de se coucher un peu plus loin, d'un geste vif du doigt. Adrian voulait lui donner une bonne éducation, pour que la cohabitation puisse se passer au mieux, et l'Aborigène ne se voyait pas enfreindre les règles. Elle n'avait jamais eu d'animaux, que ce fut dans sa région natale ou ici, et préférait être en accord avec le propriétaire plutôt que se le mettre à dos. Pépito savait jouer de sa belle gueule, il était parfois compliqué de lui résister, mais la métisse n'avait jamais cédé aux caprices de la bête par respect pour son colocataire.

D'ailleurs, en parlant de colocataire, elle remarqua la silhouette d'Hastings se décider à la rejoindre pour le dîner, et c'eut le don d'élargir ses lippes en une adorable esquisse. _ Mes parents m'ont toujours dit que c'était impoli, lui retourna-t-elle avant de glisser de côté pour le laisser prendre place à sa droite autour de la table basse. Dans sa voix, on pouvait facilement ressentir l'engouement qu'elle avait de voir le pilote accepter son invitation. Elle prit alors la deuxième assiette, encore vide, et leva légèrement son corps pour venir la remplir de ragoût, moment où il décida d'avouer indirectement la bêtise qu'il avait faite quelques minutes plus tôt. Elle stoppa l'avancée de la louche jusqu'au récipient, son sourire s'effaça d'un coup d'un seul. Elle réfléchit un instant à la réponse qu'elle pourrait lui donner, décida que son esquisse devait refaire -tristement- surface sur son portrait et reprit le service. _ Ça dépend si tu es superstitieux ou pas, tourna-t-elle son visage vers Adrian, mes ancêtres utilisaient l'eau des rivières comme miroir,  du coup les sept ans de malheur n'existent pas dans ma culture, fit-elle en plissant les yeux, à toi de voir ce que tu préfères croire, conclut-elle avant de poser l'assiette, maintenant pleine, devant son acolyte.

_ Pourquoi t'apprendre, interrogea-t-elle aussitôt le compliment du presque-trentenaire, tu comptes déjà me mettre à la porte, tenta-t-elle une maigre plaisanterie, le souffle rieur s'échappant de ses narines. Elle fit comprendre indirectement que ça ne la dérangerait pas, à partir de ce soir, de lui faire profiter de quelques uns de ses talents culinaires. Elle pourrait facilement prévoir un plat pour deux s'il était prêt à les apprécier. De toute façon, n'avait-elle pas été habituée à prendre soin de l'estomac de son paternel, jusqu'ici ? _ Ma mère était bonne cuisinière, lâcha-t-elle, évoquant sa maternelle pour la première fois depuis qu'elle avait quitté son état, elle était mère au foyer, alors on avait pour habitude de se régaler à la maison. Susan était une Colombienne qui se plaisait dans son rôle familial, et Joddie se rappelait de cette femme aux courbes généreuses qui attendait ses enfants sur le perron de la maison, soucieuse de savoir si la journée à l'école s'était bien passée. Elle faisait la brioche du goûter de ses propres mains, et la confiture était confectionnée de fruits saisonniers du jardin. _ Nous étions cinq filles, alors il n'était pas rare qu'elle nous réquisitionne après les devoirs pour l'aider, partagea l'Aborigène avec l'Australien, je ne suis pas aussi bonne cuisinière qu'elle, mais ça me plait.

Cela lui permettait de se souvenir qu'il était bon de donner de soi aux autres, chose qu'elle avait oublié inconsciemment en se renfermant sur elle-même ces dernières années. La cuillère à soupe avait plongé plusieurs fois dans son assiette, mais les légumes et morceaux de bœuf n'avaient pas encore réussi à atterrir sur ses papilles. Après avoir dévisagé longuement le portrait du pilote, elle baissa ses billes sur la main blessée sur laquelle elle n'avait pas osé s'arrêter jusqu'à présent. _ C'est bien de vouloir extérioriser, mais tu devrais penser à t'attaquer à moins fragile, se moqua-t-elle gentiment, et pour la première fois, ouverte sur l'extérieur depuis qu'elle avait accepté l'aide d'une association qui apaisait les séquelles psychologiques et physiques, tu devrais installer un punching-ball, proposa-t-elle, c'est pas la place qui manque dans ta chambre. Et elle savait que ça faisait du bien, de frapper, pour avoir passé les portes d'une salle de sport, et s'être dirigée naturellement vers un sac sur lequel laisser exploser sa colère à la perte de Joa. _ Je vais chercher de quoi te soigner, fit-elle après avoir analysé que les fentes n'étaient pas assez profondes pour s'alarmer. Quel sportif professionnel se permettait de ne pas avoir un kit de premier secours chez lui ? Aucun.

Elle se leva, n'attendit pas l'autorisation d'Adrian pour sortir de table, n'ouvrit encore moins les oreilles si ce dernier essaya de la retenir de s'occuper de lui, Joddie était une femme de caractère, têtue à souhait, qui, lorsqu'elle avait une idée en tête, fonçait tête baissée sans prendre en compte les interdictions et recommandations de son entourage. Encore heureux, d'ailleurs, car elle n'en serait pas là aujourd'hui. Ses pas la menèrent dans la salle de bain spacieuse et, plantée devant le lavabo, elle ouvrit les portes du meuble qui se trouvait juste au-dessus. Ici, elle était certaine de trouver des compresses, du désinfectant et un bandage pour les plaies du pilote. Le tout entre les doigts, elle fit demi-tour, les semelles de ses chaussons larges glissant contre le parquet gris, trop lourdes pour qu'en cette fin de journée ses jambes les soulèvent. Les éléments de premier soin posés près de son assiette, elle s'assit perpendiculairement à Hastings, humidifia le linge aéré qu'elle eut sorti de sa pochette stérile et tendit sa paume vers l'homme. _ Donne-moi ta main, demanda-t-elle. Elle attendit qu'il le fasse de lui-même, le força si ce ne fut pas le cas, et vint tamponner sur ses blessures par à-coups légers le gaze. Elle se concentra sur ses gestes, ni dit mots durant le nettoyage des écorchures.

_ Tu es étrange, ces derniers temps, avoua-t-elle après qu'elle soit restée silencieuse. Elle enroula finalement la bande pour couvrir les griffes qu'avaient laissé les morceaux de verre, dans le calme. _ Je ne suis personne pour te demander des explications, ni la mieux placée pour te promettre une écoute attentive, fut-elle sincère, très à l'aise avec le fait qu'il puisse avoir d'autres personnes vers qui se tourner plus aisément, mais si tu as besoin... Elle releva les pierres pour les plonger dans son océan, navigua une fois de plus dans le bleu de ses yeux avant de détourner ses quartz puis fermer ses paupières. Elle fronça ses sourcils, consciente qu'elle n'était probablement pas assez directe dans sa démarche. _ Je veux dire que, débuta-t-elle à nouveau, faisant à nouveau visuellement face à son colocataire, ça fait un mois qu'on vit ensemble, et te voir comme ça m'affecte beaucoup. Et j'ai beau aimé les voitures, je reste une nana qui pense beaucoup, cassa-t-elle l'atmosphère pesant d'un sourire avant qu'elle ne reprenne sa démarche, alors ne crois pas me protéger de tes maux en me passant devant pour t'enfermer dans ta chambre, sortit-elle, parce qu'à chaque fois que tu fais ça, je m'en rends un peu plus coupable.

Explose, crie, pleure devant elle, même sans qu'aucune raison ne lui soit explicitement donnée, mais ne l'ignore pas. Car elle saura se faire discrète et muette pour le seul pilote qu'elle accepte encore de côtoyer, pour le seul homme sous le toit duquel elle se sent encore en sécurité. _ Tu devrais manger, agrandit-elle son esquisse avant de se remettre face à son assiette pour dévorer sa première cuillère; le ragoût ne fumait plus.
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Invité a posté ce message Lun 21 Oct 2019 - 15:13 #

Honteux. Il l’était. Lui qui voulait absolument tout maîtriser de son existence avait la sensation que tout lui échappait. Lui qui ne désirait rien de plus que la liberté se voyait en être privé. Adrian se sentait honteux de faire subir cela à son entourage, dont sa famille qu’il aimait tant. Sa sœur pouvait être parfaitement déçue de son comportement, sa déception serait légitime. Les nuits se ressemblaient toutes, entre cauchemars et prémonitions, le pilote professionnel ne savait plus quoi faire, devenir père aussi vite n’avait rien de bon. Il n’était pas prêt, ne le sera probablement jamais. Pourtant, il l’aimait sa fille. Dès le premier instant où ses prunelles se posèrent sur cette petite créature, il en avait été charmé, son cœur volé pour toujours. Etait-ce cela qu’on appelait la fibre paternelle ? Personne n’aurait pu parier que ce genre de chose existait en Adrian Hastings le sauvage, le volage attaché à sa liberté de célibataire. Les responsabilités s’arrêtant à nourrir son chien et nettoyer son appartement. Aujourd’hui, c’était tout autre puisqu’il avait un gosse à s’occuper, pas juste à nourrir comme il le faisait avec Pépito. D’ailleurs, ces moments passés en sa compagnie se faisaient plus rares, l’animal devait pourtant bien sentir que son maître n’allait pas bien. Les animaux sentaient tout, dotés d’un sixième sens, ils ressentaient bien plus que l’on ne pouvait l’imaginer. Fort heureusement, il avait été bien dressé et obéissait même à Joddie. Plutôt fière de son éducation, le cadet Hastings ne pouvait qu’être très fier de ce qu’il était devenu. Certes, il avait été un maître exigent, mais son chien avait un caractère facile, loin d’être commun à ce genre de race. Le petiot savait faire les yeux doux pour tenter d’amadouer et réclamer plus de nourriture. Heureusement, aucun des deux n’avait lâché pour l’instant, non sans mal.

Se décidant à sortir de sa chambre après avoir presque brisé son miroir, le sportif se tenait la main ensanglantée à cause de cet excès de colère. Mine de rien, cela faisait un bien fou de se défouler. Autant dire que ça ne sera probablement pas la première ni la dernière fois qu’un objet prendra un de ses coups. Adrian était un homme sensible fonctionnant avec le cœur et non la raison. Lorsqu’une émotion le traversait, c’était en entier et ça le prenait aux tripes. Un sourire aux lèvres lorsqu’il découvrit le plat de la jeune femme. Joddie vivait chez lui depuis quelque temps, mais avec leur emploi du temps respectif, ils n’avaient pas eu beaucoup de moments ensemble. Il était temps de rattraper ça. S’asseyant par terre, il se frottait encore la main, endolorie. Il n’était pas de ceux qui croyaient aux superstitions, mais peut-être qu’à force allait-il le devenir. Si autant d’ennuis lui tombaient dessus, ce n’était sûrement pas pour rien. Peut-être qu’il méritait ces malheurs ? A l’anecdote de l’aborigène concernant ses ancêtres, il ne put s’empêcher de sourire. Ils se cassaient moins la tête avec ces croyances futiles au moins. Comme quoi, les aïeux faisaient preuve de plus d’intelligence pour certaines choses. Il s'imaginait vivre à cette époque, où tout paraissait plus simple mais ne l’était pas. Ils n’avaient pas ce besoin de posséder comme aujourd’hui, ce n’était pas une société aussi matérialiste. Enfin, tout dépendait de la région et de la richesse.

L’odeur émanant du plat ne faisait que lui donner encore plus faim. Alléchante, délicieuse, ça caressait ses narines avec plaisir. Il se languissait déjà de le goûter. Et d’apprendre aussi ! Les plats de différentes cultures restaient des choses importantes pour l’ouverture d’esprit. La découverte d’autres cultures passait aussi par la nourriture. Esquissant un sourire rieur à sa remarque, il répondit presque du tac au tac. « Je ne compte pas te laisser partir sans l’avoir appris. » Fausse menace, il se tut ensuite pour écouter attentivement les paroles de sa colocataire concernant sa famille et sa mère. Avec cinq filles à la maison, pour sûr que la maman devait être bonne cuisinière, il fallait nourrir beaucoup de bouches ! Cela n’avait rien à voir avec la famille d’Adrian, qui n’avait rien d’une famille nombreuse. Lui et sa sœur avaient grandi dans de très bonnes conditions, en dépit de son accident malheureux, ils ne manquaient de rien. « Mais tu te débrouilles bien, elle en serait fière, j’en suis sûr. » Une certitude qui sortait de sa bouche tandis qu’il appréciait le bon plat, le plaisir gustatif était là. Honnêtement, il n’était pas capable de faire un tel met, ça s’arrêtait très souvent à des plats simples tels que les pâtes, les burgers. Rien de bien extravagant pour ce vieux garçon qui préférait se faire des salades et plats froids. Régime alimentaire obligeait, il devait garder la ligne pour afficher des muscles saillants. Le monde du sport de haut niveau ne laissait pas droit à l’erreur. Toute sa vie en dépendait.

Le blond remarqua son regard sur sa main encore rougie. Il préférait ne pas s’en inquiéter, mais sa collègue ne semblait pas de cet avis. Posant sa cuillère, le juvénile haussa les épaules, avant d’acquiescer à ses mots, un punching-ball ne ferait pas de mal. Ça éviterait que ses meubles prennent à la place. « Tu n'as pas tort. Pépito pourra s’entraîner aussi. » Lança-t-il en posant un regard sur son chien, gentiment assit plus loin. Il avait de l’énergie à revendre, tout comme son maître, mais pas pour les mêmes raisons. « Non mais… » Il n’eut le temps de terminer sa phrase qu’elle se levait pour chercher le nécessaire afin de soigner les petites coupures. Baissant les yeux, Adrian avait la sensation de retomber en enfance, il se rappelait les remontrances de son père lorsqu’il faisait une bêtise. C’était un peu le cas actuellement car il avait cette même sensation d’être fautif. Il ne voulait pas lui montrer ça. Elle n’avait pas à voir que sa vie partait dans n’importe quel sens. La jeune femme devait déjà gérer la sienne alors le sportif préférait tout garder secret, jusqu’à ce soir. Elle revenait avec la trousse de secours, un incontournable. Il consentit à tendre sa main pour qu’elle puisse faire le nécessaire. Quelque peu gêné et honteux, Adrian se sentait fautif. « Merci…Tu es pas obligée de faire ça tu sais. » Avouait-il sans pour autant retirer sa main, car connaissant son entêtement, elle serait capable de la reprendre de force pour terminer. Finalement, elle lui avouait qu’il était étrange ces derniers temps. Plus que jamais, cette remarque le fit baisser le regard. Il s’évertuait à ne rien montrer, stratégie stupide qui n’avait fait qu’envenimer la situation. Elle se sentait coupable et lui aussi. « Tu n’es coupable de rien, je suis l’unique fautif dans cette histoire. Et désolé si tu t’es sentie mal. » Visage grave alors qu’il la regardait dans les yeux, Adrian hochait la tête en prenant une gorgée en ayant pris soin de souffler afin de ne pas se brûler. « J’ai été stupide de vouloir te protéger. » Prenant une grande inspiration, il posait la cuillère pour lâcher enfin la bombe, celle qui avait changé sa vie. « Je suis papa, sans le vouloir. C’est un choc pour moi, car j’aime ma liberté et j’ai peur de ne plus l’être. » Farfouillant dans sa poche, il en sortit son téléphone et trouva une photo de lui en fauteuil, peu après son accident, tout sourire, un sourire qui était faux et dont on sentait qu’il ne venait pas du cœur. Une adolescence brisée dont il n’avait parlé à personne, jusqu’à maintenant. Il tendit le téléphone à l’aborigène. « Je me suis fait renverser par une voiture à neuf ans, ce qui m’a privé de mes jambes durant plusieurs années. C’est pour ça que j’ai terriblement peur d’être de nouveau emprisonné. C'est stupide, je sais... » Pour lui, le rôle de père s’apparentait à perdre les jambes, un traumatisme dont il ne s’était jamais remis. Se confier de la sorte était une chose nouvelle, outre sa famille et ses proches amis, peu connaissaient sa véritable histoire. Un pas était franchi ce soir qui poussera sûrement la jeune femme à faire de même.

@Joddie Brown Most beautiful thing can't be seen or touched, just felt with heart 690147451
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Invité a posté ce message Jeu 24 Oct 2019 - 9:47 #

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3 Octobre ft. @Adrian Hastings

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Elle aurait voulu commenter sa stupidité, celle dont il eut usé pour tenter de la protéger. Elle aurait voulu la souligner, l'acquiescer sans le ménager, pour en rire ensuite, car il avait probablement imaginé bien faire. Mais Joddie était de ces femmes qui savaient prendre soin d'elles, s'éloigner dès qu'elles se mettaient en danger; sauf lorsqu'il s'agist de Joa. Elle voulait que l'atmosphère soit propice à l'échange, Joddie, mais ne se douta pas un seul instant de ce qui allait suivre. _ Je suis papa. Le tendre sourire, légèrement en coin s'effaça à l'annonce. Les coins de ses lippes s'affaissèrent seconde après seconde, la cuillère plongea dans le creux de l'assiette sans pouvoir en sortir. Les quartz figés sur le faciès de l'homme à sa droite, son cœur lui sembla s'arrêter brutalement, accompagné d'une nette difficulté à redémarrer, -comme ces voitures trop âgées qui avouaient rendre l'âme. Elle n'eut pas la force de détourner le regard, chercha dans les traits de son vis-à-vis un tic qui lui permettrait de déduire qu'il blaguait, en vain, et beaucoup d'hypothèses jaillirent alors dans sa tête. La surprise laissa place à la confusion. Cela faisait quelques mois qu'ils se côtoyaient, ils avaient couru ensemble puis étaient devenus colocataires, et jamais il n'avait fait mention d'une femme, d'une grossesse, d'une naissance.

Elle ne trouva de mots à ça. Devait-elle être désolée ou le féliciter ? Il ne paraissait pas être fier de la nouvelle, mais il ne servait à rien de l'enfermer dans le trouble en accompagnant sa peine. Heureusement, il eut l'intelligence d'aller plus loin dans son explication. Après une rapide recherche dans son mobile, il le tendit à l'Aborigène qui prit soin de l'agripper. Elle lâcha de son visuel le pilote professionnel pour capturer l'écran de son regard. Dès lors que l'image lui apparut, elle eut une inspiration émotionnelle forte, une stupeur des plus immenses en comprenant ce qui lui était arrivé. L'oreille attentive, elle ne pouvait que se concentrer sur le portrait du garçon et sur ce sourire forcé qu'il feignait de porter, - de ceux dont elle avait eu tant l'habitude et qu'elle tentait de refréner aujourd'hui pour les rendre véritables. _ C'est stupide, je sais. Elle ne réagit pas tout de suite, plongea dans le bleu océan du bonhomme qui, à l'époque, pensait ne plus pouvoir remarcher. Elle essaya d'être empathique un instant, -le fut-, mais finit par sourire. _ Tu étais mignon, complimenta-t-elle, après avoir fait abstraction du malheur que représentait ce fauteuil dans lequel l'enfant de neuf ans était assis, et tu vieillis mal, plaisanta-t-elle, moqueuse, car qui pouvait contester qu'il était un bel homme ?

Le choc de la confidence enfin passé, elle reprit son air le plus sérieux, celui qui lui collait si bien à la peau. Elle posa le téléphone entre eux, l'échangea contre sa cuillère à soupe. _ Cet accident, que tu as subi, reprit-elle, tout en se préparant une gorgée du bouillon dans son couvert, tu n'en es aucunement responsable, fixa-t-elle dans le plus grand calme, tu ne pouvais en aucun cas contrôler la personne qui t'a fait ça, encore moins le résultat de la collision, débuta-t-elle à marquer la différence entre sa situation d'aujourd'hui et celle passée. En effet, en contradiction avec le hasard de l'épreuve qu'il eut à traverser, il avait agi de son plein gré pour se retrouver dans cette situation, -et ce n'était en rien en mal qu'elle pensait ça. Adrian avait eu des rapports avec sa compagne sans daigner se protéger, avait dû probablement faire face à un test positif, avait été obligé d'encaisser le coup. Des choix s'étaient forcément posés à eux. Avec les avancées médicales, ils auraient pu décider d'en terminer là, d'éviter d'être parents, mais ne l'avaient pas fait. Joddie réfléchit et trouva encore une différence : le presque trentenaire aurait pu se délier des droits que lui incombait la naissance de cet enfant, mais il ne l'avait pas fait. _ Ce bébé a de la chance que tu aies voulu prendre tes responsabilités, utilisa-t-elle le verbe "vouloir" intelligemment.  

La viande s'écrasa dans sa bouche, se détacha en de légers filaments juteux contre ses papilles avant qu'une vague de soupe ne vienne se mélanger dans sa bouche. Adrian n'imaginait pas à quel point Joddie était touchée par ces explications. Son voisin de table avait fait un pas vers elle, la pilote ne se força pas à faire de même. _ Tu as bien fait de ne pas décider de lui couper les ailes par ton absence à ses côtés, recommença-t-elle à prendre la parole, c'est difficile de vivre avec l'idée de ne pas être reconnu. Il ne se doutait forcément pas; Hastings, de la relation fusionnelle que sa collègue ait pu avoir avec son paternel, à quel point elle s'était attachée à Stephan dès son plus jeune âge. _ Mon père est atteint d'un syndrome qui lui fait, peu à peu, perdre la mémoire, se confia-t-elle, sans pour autant lui dire que l'élément déclencheur était la présence abusive d'alcool dans son sang, et ça fait mal, d'être un fantôme à ses yeux. Je n'ose imaginer ce que ça ferait à un bout d'chou comme le tien, conclut-elle, levant les yeux sur la télévision sans réellement entendre les gags, et ces faits qui faisaient tant rire les invités du programme. Elle avait espéré avoir aidé Adrian à se conforter à l'idée d'être père, maintenant il restait encore la question qui relevait de la liberté.

Elle finit son plat d'un dernier coup de couvert, puis porta timidement ses billes marron glacé dans la direction du pilote, le dévisagea rapidement et décida de lui sourire affectueusement. Ses lèvres pulpeuses et d'un magnifique orangé s'élargirent doucement. _ En mon sens, je ne pense pas que tes choix puissent entraver ta liberté, fit-elle, sagement, auquel cas tu n'aurais pas accepté de faire entrer ces personnes dans ta vie, réfléchit-elle prudemment. Elle ne connaissait pas assez Hastings pour l'affirmer, mais c'était ce qu'il lui avait laissé penser. _ Je crois sincèrement qu'il n'est pas question de liberté, mouva-t-elle ses pierres dans les siennes, laissant un silence s'imposer un court instant, la bouche close qui s'entrouvrit de nouveau, tu as juste peur de ne pas être à la hauteur, articula-t-elle, pour lui, pour elle aussi, d'une certaine manière, et je présume ne pas me tromper en disant que c'est tout en ton honneur. Elle se stoppa là, navigua encore un peu dans l'eau de ses yeux avant de détourner brutalement le regard, les joues doucement rosies par la gêne que le contact visuel avait provoqué. _ Je vais commencer à ranger, trouva-t-elle cette excuse pour sortir de table et s'éloigner du pilote.

Elle se leva et prit la petite marmite dans laquelle quelques restes suffiraient à un repas supplémentaire pour deux, ne mit pas bien longtemps à rejoindre la cuisine et à s'y cacher. Le gros récipient sur le plan de travail, elle toucha l'une de ses joues de sa paume pour analyser l'ampleur des dégâts par la chaleur de son épiderme. _ N'importe quoi, murmura-t-elle pour elle-même, en admettant qu'il n'y avait eu aucune raison pour qu'elle se mette dans cet état. Ou peut-être, si : une seule. Joddie prit un plat plus petit dans lequel entreposer les derniers légumes et morceaux de viande, mais son esprit fut embrouillé par les informations qu'elle venait de réceptionner de son acolyte. Adrian avait une famille, était en couple et connaissait le bonheur d'être papa. Cette révélation eut don de la mettre mal à l'aise, probablement parce qu'elle était sa colocataire quand il serait plus judicieux qu'elle le laisse vivre avec sa compagne et son bébé. Peut-être qu'elle était celle qui l'empêchait de participer activement à la naissance du nouveau-né, qu'il n'osait pas lui avouer que sa place n'était plus envisageable à ses côtés, par respect pour la mère de son enfant. Et bien que cela la gênait de s'interposer, elle n'avait aucune envie de quitter le presque trentenaire; et ça la chamboulait, de raisonner comme ça.

Elle n'avait pas le droit, ne pouvait se l'autoriser, de raisonner comme ça, par rapport à toi.
1472 mots Most beautiful thing can't be seen or touched, just felt with heart 4294383000  Most beautiful thing can't be seen or touched, just felt with heart 4191097712  
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Invité a posté ce message Mer 6 Nov 2019 - 21:18 #

La honte ne cessait de le ronger à présent qu’il ouvrait les yeux sur sa stupidité. Il souhaitait protéger la jeune femme, s’évertuant à éviter toute confrontation depuis que la nouvelle était tombée. Depuis qu’il savait que cet enfant était de son sang, le pilote occultait la jeune femme, non sans une once de culpabilité. Il l’avait mis de côté, dans le désir de ne pas la mêler à ses problèmes, elle aussi portait de lourdes choses sur ses épaules, inutile d’en rajouter. La gorge serrée, le cœur alourdi, il sentait ses épaules s’affaisser sous la responsabilité tandis que de sa bouche sortaient les mots, ayant le même effet qu’un coup de poignard. Il peinait encore à accepter la réalité, et en parler verbalement ne faisait que rendre cette bombe encore plus véridique. Une seule fois suffisait pour qu’une petite créature naisse. Néanmoins, ce bébé n’était pas issu d’une histoire d’amour commune. Aucun sentiment n’existait entre eux outre une profonde amitié. Un lien indélébile qui s’était vu mis à mal par leur erreur à tous les deux. Comme la plupart de ses proches, Joddie fut silencieuse, probablement sous le choc d’apprendre que son colocataire était père. La pauvre en ignorait encore tous les aboutissants, le fait que cela n’était en rien prémédité mais totalement inattendu. Sa cuillère sombrait dans l’assiette, éveillant le brun de sa torpeur tandis que ses opales tentaient de lire dans celles de l’aborigène. Après tout, rien n’aurait pu laisser paraître une naissance. Tout simplement parce qu’elle n’était pas prévue, pas souhaitée. Sur le fait accompli, Adrian devait s’y accommoder, le choix n’avait pas été le sien. Meghan avait gardé l’enfant, envers et contre tous, dans l’espoir qu’il fut celui d’un autre. Malheureusement, ce n’était pas le meilleur scénario qui advint, mais le pire.

De tous ses proches, la révélation auprès de sa colocataire s’avérait bien plus complexe, sans réellement savoir pourquoi. Il lui devait la vérité, en dépit de sa dureté. Le jeune homme se sentait honteux et incapable d’expliquer la situation convenablement, son esprit était bien trop embrumé, l’acceptation paraissait impensable pour l’instant. Le chemin de l’acceptation prendrait du temps. Il n’était pas de ceux qui abandonnaient ses amis. Bien que leur complicité n’existait plus vraiment, ils avaient cet enfant en commun. C’était un fait véritable. Lorsqu’il avait aperçu sa fille, la première fois, il avait cru défaillir. Son erreur était réelle et portait désormais un nom : Adélaïde. Inutile de dire que le malaise était présent, la situation ressemblait à un sac de nœuds, dont il était le seul fautif. Ça lui apprendra à ne pas faire attention. De toute sa vie, Adrian n’en faisait qu’à sa tête, ne réfléchissant pas aux conséquences de ses actes, encore plus depuis son accident. Tragédie dont il évoquait les prémices à la jeune femme l’accompagnant. Rares étaient ceux au courant de sa perte de mobilité. Sur cette photo, il affichait un sourire de circonstance, mais l’on pouvait aisément voir dans son regard que celui-ci était faux. Un léger rire traversait la barrière de ses lèvres tandis qu’il regardait son téléphone posé sur la table pour se regarder, le gamin qu’il était serait tout de même fier. Retrouver ses jambes était inespéré. « C’est ce que m’a dit aussi ma sœur. »

De toute évidence, les paroles de sa camarade de course résonnaient en lui, comme des mots raisonnés et raisonnables qui faisaient un grand bien. La comparaison entre son accident et sa situation actuelle n’était pas possible, voire peu judicieuse, mais cela revenait à une privation de liberté selon lui. Bien que cette fois-ci, il en était l’initiateur. Cette liberté, il y tenait plus que tout, aussi fragile pouvait-elle être. Elle ne tenait qu’à un fil, il s’en rendait compte aujourd’hui. Son indépendance n’était que précaire. Un petit rien pouvait chambouler une vie, l’effet papillon, il se le prenait en pleine poire. Ne pas reconnaître sa fille était injuste, profondément. Les mots de Joddie ne purent que lui faire mal, voir son père perdre la mémoire et oublier ses propres enfants était la pire des choses. Personne ne méritait de voir ses propres parents oublier son existence. Un châtiment qui vous brisait le cœur. Plus que jamais, il pouvait sentir la souffrance sourde de sa colocataire, le cœur saignant d’être considérée comme une étrangère aux yeux de son géniteur. Il en ignorait les circonstances, mais cela suffisait à lui faire imaginer l’horrible vérité. Ses sourcils se fronçaient alors qu’il se sentait happé par ses révélations. « Aucun enfant ne mérite ça. » Chuchotait-il, comme une promesse futile, un souhait totalement idéaliste. Cependant, des milliers de parents ne reconnaissaient pas leurs enfants, parfois volontairement. Ils ne savaient pas que cela engendrerait une profonde souffrance.

Peur de ne pas être à la hauteur ? Totalement. Il peinait encore à subvenir à ses propres besoins, alors ceux d’un bébé, c’était de la pure folie. Adrian craignait ne blesser ce fragile enfant, si fragile, si vulnérable. Il allait devoir apprendre à gérer et à s’occuper d’un petit être. Si certains avaient la fibre paternelle d’office, ce n’était pas son cas. Sa situation compliquée n’arrangeait rien. Il avait été attaché depuis à sa fille, la chair de sa chair, mais il ne pouvait s’empêcher d’être gauche en sa présence, par crainte de mal faire. Plus que jamais, Joddie venait de toucher un point sensible auquel il répondit d’un regard entendu. Presque machinalement, ses doigts s’étaient approchés, dans l’espoir de toucher les siens, un contact physique nécessaire pour lui, nécessaire pour ne pas perdre pied. Néanmoins, le contact visuel intense se stoppa, il fut embarrassé, ayant la sensation d’avoir été pris en flagrant délit. « En tout cas, c’était très bon, je vais t’aider. » Il ramassait à son tour les verres et couverts restés puis rejoignit la jeune femme dans la cuisine. Il n’avait pas été clair, n’avait pas distillé toutes les informations, dont le fait que la mère de sa fille ne désirait pas vivre ici. Dans un coin de son esprit, cela le rassurait d’ailleurs, car cette colocation ne le déplaisait pas. Il s’était accoutumé à la présence de la brune, tout comme son chien. Une routine s’était installée, mine de rien. Si elle partait, il craignait se sentir incroyablement seul. Le calme de son caractère parvenait à apaiser la tempête du sien. Sa douceur transformait sa violence. En ces temps difficiles, il ne pouvait que lui être reconnaissant d’être là.

Posant les verres et couverts dans le lave-vaisselle, le jeune homme se tournait en direction de la pilote, afin d’enfin mettre fin à ce silence insoutenable. « Je ne t’ai pas tout dit, désolé de t'avoir mis mal à l'aise Joddie. La mère de ma fille n’est qu’une amie, rien de plus. Elle a d’ailleurs un compagnon, donc tu peux rester autant de temps que tu veux. » Il esquissait un doux sourire, avant de tourner le dos pour ranger la cuisine, ranger les couverts propres qui traînaient par-là. Et aussi parce que ne pas lui faire face s’avérait plus simple, surtout quand il ouvrait son cœur de la sorte. « Pépito serait trop triste que tu partes. » Et lui aussi, mais il n’avait pas eu le courage de lui dire de vive voix. Encore une fois, il faisait preuve de lâcheté. Tout ceci restait inédit, incompréhensible. Finalement, pour détendre l’atmosphère, le blond se tournait, avec un grand sourire amusé, il n’était pas forcé, bien au contraire, cette conversation à cœur ouvert lui avait fait un bien fou, il y voyait désormais plus clair, du moins, un peu. Long sera le chemin de la compréhension. « Et surtout, avec qui je regarderais les gags à la télé ? Parce que bon, Pépito n’est pas un très bon public du tout. »

Il veut que tu restes, Joddie, mais il ne devrait pas songer aussi égoïstement, il n'en n'a pas le droit.

@Joddie Brown Most beautiful thing can't be seen or touched, just felt with heart 690147451
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Invité a posté ce message Dim 10 Nov 2019 - 10:10 #

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3 Octobre ft. @Adrian Hastings

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Elle se reprit, aussitôt qu'Adrian apparut dans la cuisine aménagée. Elle ne dit rien, transvasa ce qui restait de leur dîner dans le plat qu'elle avait trouvé dans l'un des tiroirs bas du meuble et le couvrit d'un tissu de conservation lavable et écologique qu'elle avait déniché lors d'une balade. La petite marmite rejoignit l'intérieur de l'évier pour être rincée, mais le corps du pilote tourné vers elle ralentit ses gestes, et sa voix encore plus. Le début de sa phrase lui glaça un peu les veines, elle fit pourtant fi de ses émotions pour ne pas les laisser transparaître sur son visage. Elle avait peur, oui. Peur qu'il daigne utiliser la conversation qu'ils venaient d'avoir pour la mettre à la porte. Son coeur cogna fortement dans sa poitrine, parce qu'elle n'eut pas le pouvoir d'en contrôler les battements. Le stress était monté à tort, car la suite de la confession lui porta l'éclaircissement qui lui manquait. Elle laissa ses lippes closes, tourna malgré tout son visage vers Adrian, et lui adressa une douce esquisse. Le sourire contrastait pourtant avec les pensées qui jaillissaient de toute part dans sa tête.

Quelques mois auparavant, sur ce yacht où ils avaient pu passer un bout de temps côte à côte, Hastings lui était apparu comme un homme élégant aux valeurs pratiquement semblables aux siennes. Il lui avait semblé découvrir une personne digne de confiance, qui respectait les autres et à l'aise dans ses baskets. Adrian avait porté la maturité de son âge, et ça lui avait paru si simple de lui parler. Joddie avait pris plaisir à naviguer sur le pont du grand bateau, à s'installer sur le rebord les pieds dans le vide, à côtoyer la jeune jetset de New-York et à danser, tout ça parce que le professionnel de F1 avait été à ses côtés. Cela n'était pas arrivé depuis longtemps, et il lui avait apporté une sécurité  physique qu'elle ne semblait pas avoir connu avant ça. Pourtant, aujourd'hui, il lui avouait clairement avoir des failles, et tomber aisément dans les bras d'une femme lorsque le désir, ou la situation, lui laissait le choix d'oublier ses ennuis. Joddie tatoua son sourire sur sa bouche mais, intérieurement, tomba des nues. Malgré ça, elle se rappela des dires de son amie de section, Giulia, qui ne cessait de répéter que les hommes étaient tous les mêmes, et elle lâcha un souffle rieur, au même moment qu'Adrian commenta la tristesse probable de Pépito, si la pilote quittait l'appartement.

Ses quartz s'étaient baissés sur l'une des portes de la cuisine américaine pendant ses réflexions, mais le mouvement d'Adrian, lui faisant de nouveau face, la fit décrocher ses billes pour les porter sur son vis-à-vis. _ Je suis sûre qu'avec un peu d'entraînement, il arriverait à feindre de rire, rien que pour toi, commenta-t-elle la loyauté du chien pour son maître, même si, de temps à autre, une préférence toute particulière pour la seule femelle de la maison se laissait entrevoir; notamment lorsqu'elle lui gardait quelques morceaux de viandes rouges, comme ce soir. D'ailleurs, elle agrippa le plat couvert pour le mettre dans le frigo, endroit même où quelques tranches rougeâtres traînaient dans une petite assiette. Aussitôt qu'elle s'eut débarrassé des restes, elle se laissa guider par la promesse qu'elle eut faite au chien. Pépito n'eut aucun mal à deviner les intentions de la colocataire, et vint se poster assis devant elle en mouvant la queue. _ On devrait penser à prévoir de manger ensemble, une soirée par semaine, ça nous éviterait de vivre comme de parfaits inconnus, proposa-t-elle, consciente qu'elle n'aurait jamais découvert son innocence dans les maux d'Adrian si elle n'avait pas fait le premier pas. Accroupie devant l'animal à quatre pattes, elle reprit : tous les jeudis, ça t'irait ?

Le dernier morceau de boeuf en gueule, Pépito s'empressa de rejoindre son panier pour le terminer, laissant les deux humains de la maison en tête-à-tête dans la pièce ouverte. L'Aborigène se leva, enchantée d'avoir fait un heureux ce soir, et se déplaça à nouveau vers le lave-vaisselle pour le remplir d'autres récipients. _ Je la mettrai en marche demain matin, avant de partir à l'Université, prévint-elle Hasting, l'horaire de son départ matinal était tout de même moins contraignant pour faire tourner la machine, et il y avait moins de chance que les voisins s'en plaignent. _ Tu comptes rester ici, ou tu m'accompagnes regarder quelques gags avant d'aller au lit, interrogea-t-elle, au préalable de prendre les devants en de grandes enjambées que lui permettaient ses longues jambes. Plus rien n'était à faire dans la pièce adjacente au salon, pour sûr qu'il n'avait d'autre choix que d'opter pour la deuxième solution. Même si la métisse avait une large préférence pour une assise sur le tapis, elle fit l'effort de s'installer sur le sofa. Les jambes en tailleur, elle s'était collée à l'accoudoir de gauche pour laisser la place nécessaire à son acolyte. C'était la première fois qu'ils passaient ensemble un temps aussi calme, d'accoutumée, ils se retrouvaient pour une heure sportive accompagnés de Pépito.

Elle fit abstraction de l'absence du chien à leur côté, et se mit dans l'ambiance que proposait le programme. Elle sourit facilement aux cascades, laissa les histoires la porter. _ Ils ont tendance à remettre les mêmes que les années passées, remarqua-t-elle, tout en utilisant l'élastique à son poignet pour attacher ses cheveux frisés à mi-hauteur. Pourtant, les coins de ses lèvres étaient tout de même soulevées, et son portrait paraissait relaxé par l'amusement. Bien que silencieuse, trouvant difficile d'extérioriser quelques rires francs, ses pierres pétillaient d'une joie simple, en disaient long sur le moment qu'elle passait ce soir en compagnie d'Adrian. Il ne se passait pas grand-chose, mais ça lui suffisait; sa simple présence lui suffisait. _ Tu penses que les gens ont tendance à ne plus trouver drôle leurs maladresses, demanda-t-elle, consciente que les éveils de nombreux groupes de protestataires remettaient en question la place du rire, et les sujets desquels user pour ça. Elle laissa son corps glisser légèrement dans le canapé, rapetisser un peu, pour pouvoir poser son crâne sur le dossier bas du meuble confortable. _ Je suis épuisée, se permit-elle de trouver marrant sa condition mentale. Elle n'était pas fatiguée par des efforts physiques, mais l'hospitalisation de son père et son entrée en master, sans oublier l'affaire ré-ouverte qui l'impliquait en tant que future victime potentielle, l'achevaient.

_ Tu ne m'as jamais dit ce que tu avais choisi d'étudier avant, laissa-t-elle son regard quitter l'écran de télévision pour se porter sur le faciès du presque trentenaire. Ce fut là qu'elle se rendit compte que, depuis quelques minutes, elle se trouvait à quelques centimètres du biceps de son colocataire. Ses yeux en amandes s'arrondirent à cette découverte, et elle fut automatiquement gênée par la proximité qu'elle avait engagé. Pour autant, elle ne trouva pas la force de bouger, resta plantée là, le crâne mitoyen à son épaule carrée. La bouche entrouverte, le souffle qui s'y échappait était moins léger, sûrement dû à la rapidité de son rythme cardiaque, et des foulées qu'avaient entrepris ses organes respiratoires. La terre fertile, peuplée d'épis d'or, se mélangea à l'eau de la rivière tranquille qui vivait dans les pupilles du plus âgé, le tout dans un silence que même les rires des invités ne purent briser.

Sais-tu que ton épaule semble plus confortable que le revêtement de ton divan ? Peut-être même que la confusion, dans laquelle vous vous trouvez, l'incite à admettre que tout, chez toi, parait agréable; tes cheveux épais, tes claires opales, ton petit nez épaté, tes désirables charnues. A moins qu'elle n'ait pas réellement besoin de ça pour le penser...
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Invité a posté ce message Lun 18 Nov 2019 - 16:50 #

Comme tous les hommes qui peuplaient cette misérable planète, Adrian avait lui aussi des moments de faiblesse. Des situations dans lesquelles il ne laissait paraître que le pire de sa personnalité, irresponsable et incontrôlable, il agissait tel un enfant, incapable de résister à ses pulsions. Nul besoin de dire que son estime de soi s’était évanouie dès que son amie montrait un bidon gonflé, dès qu’elle attendait la vie. Sans même le test ADN, il sentait bien que quelque chose clochait. Une petite voix continuait de lui chuchoter que cet enfant provenait de sa bêtise, que cet enfant représentait cette erreur. Au fond, il n’échappait pas à la règle, personne n’était pas parfait et sûrement pas l’australien dont les frasques restaient coincées en travers de sa gorge. Depuis son escapade nocturne avec la blonde, mère de sa fille, plus aucune femme n’avait partagé sa couche. Il ne voulait plus s’octroyer ce genre de plaisir, il ne le méritait pas. Volontairement, il se punissait pour avoir agi de la sorte, lui qui se pensait être plus mature que ça. Après tout, il n’était guère différent de la mêlée. Plus que jamais, sa confiance en lui s’était effritée pour terminer en lambeaux tout comme le cœur de sa sœur. Il avait déçu ses proches, et plus que tout, s’était déçu lui-même. A l’image de sa colocataire, il tombait des nues. En cet instant, le jeune homme souhaitait se cacher, conscient de renvoyer une piètre image de sa personnalité, lui qui tentait de ne montrer que le meilleur à l’aborigène. Aujourd’hui, le masque tombait, ses efforts réduits à néant.

Avouer tout cela à Joddie paraissait insurmontable, son cœur se serrait à mesure que les minutes s’écoulaient. Il aurait voulu savoir ce qu’elle pensait de tout ça, si elle avait été profondément déçue, le voyait-elle encore comme un homme bien ? Et surtout, pourquoi son avis importait autant pour lui ? Pourquoi craignait-il qu’elle ne lui tourne le dos définitivement ? Soudain, la peur de la voir disparaître l’étreignait, manquant de le faire faillir. Il ne savait quelle serait sa réaction si sa camarade de course partait sans rien dire, choquée par ses révélations. Tous leurs moments passés, toutes leurs confessions, tout cela partirait aussi en fumée. Sa respiration se saccadait dans ce silence devenu étouffant. Pourquoi se sentait-il aussi honteux ? Depuis quand l’avis d’autrui avait une telle influence ? Parce qu’il provenait de Joddie Brown, parce qu’elle n’était pas n’importe qui, parce qu’il avait la sensation que sa simple présence le rendait meilleur. Une vague de sentiments enveloppa son esprit, ne faisant qu’agrandir son incompréhension. Avec tout ça, il peinait à faire le tri, sa tête était prête à exploser à tout bout de champs. Telle une cocotte-minute, il ne cessait de réfléchir encore et encore. Ce ne fut que sa voix qui l’extirpa de sa torpeur, ses opales vides reprenaient de la lumière tandis qu’un sourire étirait ses lippes. Il posa son attention sur son chien, gentiment assit à les regarder travailler. Les chiens faisaient toujours preuve d’une loyauté à rude épreuve, à la différence des félins qui n’agissaient que pour leur propre intérêt. Pépito était capable de faire beaucoup pour faire plaisir à son maître, même les choses les plus impensables. Il se souciait réellement de son état d’esprit et vivait tout comme lui des moments difficiles. L’on disait très souvent que les chiens ressentaient les émotions de leur maître. Pour rien au monde Adrian ne changerait de compagnon, il était parfait en tout point, bien plus fidèle que certains les Hommes.

Désormais sur terre, il entreprit de ranger la vaisselle dans le lave-vaisselle, loin d’être rempli, ils avaient encore du temps avant de l’enclencher. Pendant que Pépito mangeait les restes, le pilote se penchait pour ranger tout ça convenablement, avant de se redresser, attendrit par la vision de son amie et de son chien. De plus, son idée le ravissait, c’était une excellente idée, se confier faisait un bien fou. Rares étaient les moments comme ce soir à cause de leur emploi du temps respectif, alors e réserver un soir paraissait évident. « C’est parfait. Jeudi prochain je te ferais la cuisine, un plat typique australien, j’espère que tu aimeras. » L’Australie n’était pas connue pour sa grande gastronomie, ses parents n’étaient pas des cuisiniers hors pair mais savaient faire des mets simples et bons. Adrian avait bien appris d’eux et espérait éveiller les papilles de sa colocataire. Faire plaisir autrui revenait à se faire plaisir, et puis faire la cuisine était loin d’être une corvée. S’il ne s’y mettait pas vraiment, c’était plus par manque de temps. La fatigue l’empêchait aussi de se glisser derrière les fourneaux, ses muscles ne souhaitaient alors qu’une chose : le lit. Mais jeudi prochain, il savait déjà qu’il fera plaisir à son acolyte, qu’importait son état de fatigue. Une obligation lui donnant du baume au cœur tandis qu’il la rejoignait dans le salon, la pièce de vie décorée simplement. La télévision allumée, il se glissa sur le sofa, se sentant aussitôt détendu. Les instants de calme, de tendresse comme celui-ci paraissaient hors du temps. Une parenthèse paisible dans une vie trépidante. Alors que New-York ne dormait jamais, la frénésie habituelle semblait loin à présent. Ne rien faire incitait à la conversation, contrairement au sport qu’ils pratiquaient tous les deux. La tête posée contre le canapé, Hastings laissait quelques rires émaner de sa bouche aux cascades, il était bon public, ça lui rappelait son enfance et qu’il restait collé devant l’écran pour son dessin-animé préféré. Si le temps l’avait changé, sa joie était restée la même. Les vidéos n’étaient pas la seule cause de son bonheur, mais la présence chaleureuse de son amie, à ses côtés. Une compagnie dont il ne pouvait se passer. « Ils recyclent les images parce qu’ils n’ont sûrement pas le budget. » Un léger sourire amusé qu’il glissait à la jeune femme avant de fixer l’écran. Ses yeux pétillaient d’amusement, d’un épanouissement instantané. « ça devient peut-être un truc banal, leurs maladresses. Ou alors c’est plus du tout spontané. » Peut-être qu’ils attendaient le bon moment ou que tout était faux. Nul ne pouvait vérifier après tout et qui s’en souciait ? Le principal étant de rire un bon coup, se détendre et passer du bon temps, comme maintenant. Il fixait l’écran, sentant la présence rassurante se rapprocher sans se rendre compte de leur proximité. « Épuisée par quoi ? Pas par moi j’espère. » Disait-il dans un rire, avant de détourner son regard pour la fixer, un peu trop longtemps. Il était loin de se douter que sa tête reposait contre son épaule. Son palpitant s’emballait tandis que le brun tâchait de garder son calme. Ses opales croisèrent les dorées de sa voisine tandis qu’un sourire étirait ses lippes. Le genre de sourire qui voulait tout dire quant à la situation : il était bien et si c’était réciproque, c’était le plus important. Humant délicatement son odeur exquise, Adrian n’osait bouger, reculant sa tête qui s’était approché de la sienne, voulant que cette proximité perdure, que leur parenthèse de douceur ne disparaisse jamais. « J’avais débuté des études de mécanicien, sans succès. Les études, c’est pas mon truc, je préfère le terrain. Et toi d’ailleurs, ça se passe bien, tu arrives à gérer ? »  D’un geste délicat, il tournait la tête pour de nouveau scruter la télévision. Honnêtement, il ne voulait être à aucun endroit d’autre. Et, d’une manière incroyablement naturelle, ses mots sortirent de sa bouche. « J’aimerais rester comme ça des heures durant. »

Il voudrait que tu restes à ses côtés pour toujours, que ta tête repose sur son épaule pendant des heures pour humer ton doux parfum, que ses yeux puissent t’admirer en silence, de cette douce observation il avait la sensation de se perdre. Dans ton regard, il voulait s’y égarer, de tes lèvres il s’enivrait par procuration. Mais non, il n’a pas le droit de penser cela de toi, pas le droit. Un homme tel que lui ne te mérite pas, Joddie Brown.

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