I'll stand by you * Adrian

"Docteur Castelli, c'est votre bipeur." Valentina leva le nez vers l'infirmière qui venait de l'interpeller en pleine opération. Elle n'avait pas prêté attention à la sonnerie qui avait retenti jusqu'à lors, bien trop concentrée dans l'opération qu'elle était en train d'effectuer. "Ça attendra j'ai bientôt fini, merci." Elle reprit alors, prenant le soin de montrer à un des nouveaux internes chacun de ses faits et gestes. "Je m'excuse d'insister mais vous devriez regarder." L'italienne releva de nouveau son visage faisant signe à l'infirmière de lui montrer le message affiché sur son bipeur. Elle sentit son coeur louper un battement quand elle comprit que son meilleur ami se trouvait aux urgences. Elle savait qu'il n'avait pas de courses aujourd'hui donc ça ne pouvait pas être ça. Il avait peut-être un entrainement qui avait mal tourné. Elle commençait déjà à imaginer le pire, elle se contenta d'hocher la tête avant de terminer la procédure, mettant de côté son angoisse. "Docteur Jones, je vous laisse fermer?" Elle vit le regard de son résident s'illuminer, ce n'était pas la première fois qu'elle lui confiait cette tâche mais elle le savait tout à fait capable. Il ne tarda pas à s'exécuter tandis qu'elle se débarrassait de sa tenue de bloc pour filer aux urgences. Elle marchait d'un pas pressé, elle espérait que ce n'était pas grave. Elle se demandait ce qui avait bien pu arriver à son meilleur ami, eux qui avaient prévu de se voir ce soir, d'aller au restaurant et au cinéma c'était râpé. Heureusement que Briséis était en congé elle se demandait comment elle aurait pu réagir en sachant que son cousin était là. Elle n'aurait pas pu avoir en plus à gérer la brune. Une fois sur urgences, elle balaya la salle du regard sans apercevoir Adrian. Elle commençait une nouvelle fois à imaginer le pire avant de tomber sur le chef de service lui indiquant un lit au bout de la salle des urgences, heureusement ce n'était pas une salle de trauma. "Il fait un scandale dans les urgences depuis toute à l'heure, à appeler après toi.." Elle se demandait ce qui pouvait bien se passer et ouvrit le rideau cachant le lit alors qu'elle avait déjà reconnu la voix du brun en s'approchant. Elle savait déjà dans quel était il devait être rien qu'à l'entente du ton de sa voix et bientôt à l'odeur d'alcool. "Adrian tout va bien?!" Elle ne lança même pas un regard à l'interne qui était en train d'essayer de lui recoudre l'arcade. Adrian avait l'air ravi de la voir comme si cela faisait des heures qu'il était là à l'attendre. "Qu'est-ce qui s'est passé?" À priori, ce n'était pas grand chose mais elle savait aussi qu'il n'était pas du genre à se mettre dans un état pareil pour rien. Elle savait qu'en ce moment ce n'était pas facile avec l'arrivée de sa fille, qui n'était pas prévue dans l'équation. Tina faisait tout pour essayer d'être le plus présente possible, lui donner des conseils et le soutenir mais elle avait l'impression de ne pas toujours être à la hauteur pour l'aider à maintenir la tête hors de l'eau. En tout cas, l'interne n'arrivait pas à faire ses points de suture, Adrian ne tenait clairement pas en place. "Je m'en occupe.." Dit-elle à l'interne qui avait l'air plutôt ravi de ne plus avoir à gérer ce patient. "Tu veux pas tenir en place un peu.. Tu t'es pas battu quand même?" Elle prit la place de l'interne, essayant de maintenir Adrian qui avait décidé d'en faire qu'à sa tête, même si c'était plutôt l'alcool qui parlait pour lui. "Si tu veux pas que j'abîme ton joli minois tu ferais mieux de tenir un peu en place.."

@Adrian Hastings

Les verres s’enchaînent, tant et si bien que la pilote avait perdu le compte de ces derniers. Il se contentait de boire encore et encore sans se soucier de son état déjà bien inquiétant. Sa vie prenait un tournant inattendu qu’il ne parvenait pas vraiment à gérer. La solution était pourtant simple : assumer cette fille qu’il n’avait pas désirée mais qui était née. Rien ne pouvait défaire ce qui fut acté, rien ne pouvait le faire retourner en arrière. Adrian était bien le père de cet enfant, dont il ne connaissait encore rien. La paternité restait un mystère à ses yeux de sportif de haut niveau, tout ce qui l’importait jusque-là, c’était lui-même et ses proches. S’occuper d’un bébé en bas âge révélait du défi, mais encore plus dans sa situation. Meghan l’aiderait et ses proches aussi, évidemment, mais la peur l’étreignait encore et encore. Allait-il être un bon père pour son enfant ? Allait-il être dans sa vie en dépit du fait d’être un être totalement irresponsable ? Inutile de dire que depuis sa naissance et la révélation de son amie, il avait une piètre image de lui, réduit sous terre. Aucune femme n’était entrée dans son lit depuis son escapade avec la blonde. Il ne méritait l’affection de personne, ne méritait pas d’être aimé au vu de ses actes immatures. S’il se doutait que cet enfant était le sien, il était resté loin de son amie, au moment de la naissance comme par la suite. Des semaines s’étaient écoulées et il avait pris ses distances, une manière de fuir la vérité. Fuite qui n’avait que trop duré et qui prouvait sa lâcheté. Son manque de courage criant le rendait hors de lui, une colère sourde s’emparait de son cœur pour ne rien laisser sur son passage, outre des regrets et d’innombrables cadavres de bières. L’ombre de lui-même, il l’était en cet instant funeste où les bras de l’alcool l’entouraient. Entouré d’inconnus croisés sur le chemin, le blond chantait, riait. Les effluves alcoolisées donnaient la sensation que la vie était plus belle, sans prise de tête. Loin de lui étaient les soucis. Douce illusion dans laquelle il commençait à se perdre que trop souvent dernièrement. Rien n’allait, c’était une certitude. Ses résultats sportifs n’étaient que plus médiocres, il atteignait péniblement le top 10, luttant pour garder ses sponsors.

L’ambiance dans le bar était plutôt bonne enfant jusqu’à ce qu’un autre groupe d’éméchés s’invita à la fête. Une blague, une phrase de trop et tout partit en bagarre générale. Dans le chaos, Adrian s’était pris des coups de poings et n’avait pas hésité à les rendre. Ses réflexes lents et ses sens abîmés peinaient à différencier ses amis de ses ennemis. Le sang coula ce soir-là. Tous furent menés aux urgences, tandis que les policiers embarquaient les plus réfractaires. Aucune douleur, il ne ressentait rien, outre une chaleur dans tout son corps, causé par son état d’ébriété avancé. Titubant, il entra dans l’ambulance pour être acheminé à l’hôpital le plus proche. Il reconnut sans peine celui de sa meilleure amie, Valentina. La seule qu’il voulait voir en cet instant. Loin de ses habitudes, il hurla son nom et gigotait dans tous les sens, rendant le travail des infirmiers impossible. « Je veux voir Valentina Castelli, me touche pas ! » Il avait un léger hoquet alors que le pauvre interne soupirait une nouvelle fois en le voyant si excité. Assit sur le lit, Adrian donnait une petite tape sur la main du jeune homme qui ne vouait que désinfecter sa plaie. Dans cet état, il n’était plus lui-même, faisant preuve d’un entêtement surréaliste. Finalement, son amie apparaissait dans son champ de vision, le poussant à sourire grandement, tandis qu’il lui faisait part de son bonheur. « Tina ! Si tu savais comme je suis heureux hic de te voir, l'autre est pas gentil. » Les points de suture furent abandonnés par l’interne, ce dernier était d’ailleurs soulagé de ne plus avoir à s’occuper de ce bourré. « Si je me suis un peu battu, mais je te jure, c’est pas moi qui ai commencé. Ils nous ont agressé gratuitement. » Il s’allongeait finalement sur le lit, entendant ses paroles, abîmé sa belle gueule, ça serait un comble. « Ah non, si j’ai plus de sex-appeal, je vais faire comment pour avoir des sponsors. » Inutile de dire que son articulation était lamentable, preuve qu'il avait un peu trop abusé.

Valentina était bien consciente de la détresse dans laquelle se trouvait ou plutôt se noyait son meilleur ami actuellement. Elle essayait de l'aider à faire face mais elle n'avait pas l'impression qu'elle y arrivait. À sa place, elle ne saurait pas comment gérer cette situation. Elle savait qu'il avait mis du temps à accepter l'inévitable et qu'il avait préféré fuir ses problèmes un temps. En même temps cela faisait beaucoup de changements d'un coup, surtout pour quelqu'un qui aimait avoir le contrôle et qui chérissait sa liberté. Elle n'aurait pas imaginé qu'entre deux, ce serait lui qui aurait un enfant en premier et surtout pas dans ces circonstances. Ce qui était fait, était fait. Elle essayait donc de lui apporter tout le soutien possible mais elle savait que même s'il voulait faire bonne figure, ça n'allait clairement pas. Ce soir en était encore la preuve et elle détestait le retrouvé complètement ivre. Il s'était en plus retrouvé au milieu d'une bagarre, elle espérait sincèrement que ce serait la dernière fois et qu'il n'allait pas non plus se retrouver en couverture de magazine people pour cette frasque. En tout cas, elle était soulagée de voir qu'il allait bien et qu'il n'avait qu'une vulgaire égratignure à l'arcade. « Tina ! Si tu savais comme je suis heureux hic de te voir, l'autre est pas gentil. » Elle ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire en l'entendant ainsi parlé, complètement éméché. Elle avait envie pourtant de lui mettre une bonne paire de claques pour lui faire comprendre qu'il devait arrêter ses conneries. Elle prit le relais de son interne qui devait plutôt être soulagé de ne plus avoir à faire à Adrian. « Si je me suis un peu battu, mais je te jure, c’est pas moi qui ai commencé. Ils nous ont agressé gratuitement. » Elle leva les yeux au ciel puis donna un léger coup dans les côtes du brun. "J'espère que tu me racontes pas des salades Hastings sinon tu auras à faire à moi.. Quelle idée de te mettre dans des états pareils aussi.." Il finit par être plus docile et commença à se laisser faire pour qu'elle puisse terminer le travail de son interne. « Ah non, si j’ai plus de sex-appeal, je vais faire comment pour avoir des sponsors. » Elle peina à comprendre ce qu'il lui racontait mais comme ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait dans un état pareil, elle déchiffra à peu près le message. C'était bien plus facile quand elle était dans le même état que lui. "T'as pas besoin de ça pour avoir des sponsors.. Faut que tu gagnes tes courses et pour ça, il faut éviter de se bourrer la gueule et arrête de bouger avant que je t'éborgne.. Après tu pourras vraiment plus conduire.." Elle lui lança un regard entendu même si cela n'était pas d'une grande utilité, même dans son service ses jeunes patients étaient plus dociles que son meilleur ami. Elle le força à rester en place alors qu'elle terminait ses points. "Va vraiment falloir que tu arrêtes tes conneries hein.. Mais on parlera de ça quand tu seras sobre.." L'italienne se retourna en entendant qu'on tirait le rideau et elle tomba alors nez à nez avec une infirmière et deux policiers. "Excusez-nous docteur, il faudrait qu'on parle à votre patient à propos de la bagarre qui a eu lieu.." Son regard passa d'Adrian qui ne semblait pas avoir saisi ce qui se passait  et encore moins que les deux agents étaient de la police, et les deux policiers. "Il n'est pas en état messieurs. Revenez demain matin." Il avait fallu qu'elle tombe sur des agents butés qui ne semblaient pas vouloir entendre raison jusqu'à ce qu'Adrian ne finisse par vomir sur les chaussures de l'un d'eux. Elle mordit sa lèvre pour ne pas exploser de rire. "Revenez demain." Ils ne demandèrent pas leur reste, de toute façon il n'y avait rien à tirer d'Adrian. "Va falloir que tu arrêtes de te mettre dans des galères pas possible.." Dit-elle avec un air moralisateur avant de pouffer de rire. "J'espère pour toi que t'as pas fait exprès de lui vomir dessus.."

@Adrian Hastings

Adrian sentait que tout lui échappait depuis que la grossesse de Meghan avait débuté. Il ne contrôlait plus grand-chose de son existence, il avait mis un temps fou à accepter sa situation. De nombreux mois s’étaient écoulés pour lui permettre d’avaler la pilule. Pour quelqu’un comme lui qui appréciait la liberté, il se la voyait de nouveau confisqué. Aucun de ses proches n’aurait pu imaginer qu’il deviendrait père. Au vu de son âge, cela ne paraissait pas illogique. Néanmoins, sa maturité n’avait rien à voir avec l’âge qu’il arborait. Le cadet ne réfléchissait pas à ses actes, vivait dans le simple objectif de se faire plaisir et profiter de chaque instant comme s’il était le dernier. Toutes ses volontés s’effondraient, ce qui restait incroyablement difficile à accepter. Ce soir était la preuve qu’il n’aimait pas sa vie, qu’il voulait s’oublier pendant quelques heures. Occulter ses problèmes dans l’alcool n’était pas une solution, cela paraissait si facile, une douce illusion dans laquelle énormément de gens sombrait. Dans son cas, ce n’était qu’une passade, il n’avait pas l’habitude de boire, et pour cause, son activité sportive imposait une hygiène de vie irréprochable. D’ailleurs, sa carrière était clairement mise entre parenthèse ces derniers temps. Son état mental ne permettait plus les entraînements et encore moins les compétitions. Il ruminait alors dans son coin, Adrian savait que tout partait en vrille par sa faute, mais c’était plus fort que tout.

Heureusement, il pouvait compter sur Tina. La pauvre allait devoir le supporter ce soir. La jeune femme faisait preuve d’une patience à rude épreuve le concernant. Au fond, il lui devait beaucoup, il le savait. Elle l’aidait mais lui n’hésiterait pas à faire de même. Cette amitié si chère à son cœur prenait maintenant tout son sens. Ce n’était que grâce à elle qu’il arrêtait de brailler, de gesticuler. Seule sa présence apaisait la tempête en son fort intérieur. L’esprit embrumé, il avait la sensation de ne pas parler fort, mais à chaque phrase, il hurlait presque. Les effets de l’alcool étaient ravageurs. « Des salades ? Jamais ! D’ailleurs faudrait que j’en mange plus… » Disait-il en fronçant les sourcils, conscient que son régime alimentaire n’avait plus rien de cohérent. Subitement, il se mettait à rire à la remarque de sa meilleure amie. « M’abîme pas alors Tina ! Je compte sur toi. » Il pouvait lui confier sa vie tant il était en confiance. Il cessait un peu de bouger dans tous les sens, grimaçant en sentant les points se serrer dans sa chair. Puis soudain, il sentait une bouffée d’air chaud suivi d’un mal au cœur. L’envie de vomir l’étreignait subitement, il ne put se retenir et largua le tout sur les chaussures de quelqu’un. En se redressant, il comprit qu’elles appartenaient à l’un des policiers. Un regard mauvais fut lancé par l’agent avant qu’il ne parte. Soupirant, le sportif s’allongea de nouveau, avant de se mettre à rire. « Je te jure que j’ai pas fais exprès. Ça lui fera les pieds. Pour la bagarre, c’est pas moi qui ai commencé. Le gars a insulté ma mère. Les mamans c’est sacré, tu vois ? » Il esquissait un sourire avant de grimacer, sa main venait se poser sur sa blessure, du moins à côté, car dans son état, tous ses faits et gestes n’étaient pas précis. « T’es en train de me charcuter ou quoi ? J’ai mal… » Il était sous l’effet de l’alcool et pourtant, la douleur l’irradiait. Cela sera sûrement pire le lendemain.