Elle cherchait un endroit où noyer ses pensées, Astra. Ses filles étaient chez leur père et sa maison était bien trop silencieuse, elle était trop facilement confrontée à elle-même et aux découvertes insensées qu’elle faisait sur sa famille. Elle était perdue ce soir-là et se l’avouait bien volontiers pour une fois. Elle avait un instant songé à appeler un de ses frères ou l’une de ses sœurs et s’était finalement décidé à sortir. Elle n’était même plus bien sûre de savoir ce que ça signifiait, sortir. Elle ne sortait presque plus depuis la naissance des jumelles, la maternité et le travail l’avaient complètement happée et à vrai dire, cela ne lui manquait pas. Elle n’avait jamais été une grosse fêtarde, c’était même plutôt le contraire. Et cette petite virée improvisée dans un bar de Manhattan ressemblait davantage à une tentative désespérée de noyer son chagrin qu’à une réelle envie de s’amuser. Les lieux étaient pourtant parfaitement charmants, baignés d’une ambiance datant de la prohibition des plus inspirantes. La brune s’était assise au comptoir et avait commandé un whisky double, comme dans les films. Un choix des plus charmant si seulement elle avait su tenir l’alcool. A peine avait-elle trempée les lèvres dans le breuvage qu’elle sentait sa tête tourner et avait envie de tirer la grimace. Elle finit néanmoins par le boire et s’était convaincue qu’il valait mieux pour elle rentrer avant de faire une autre bêtise. C’est à ce moment précis que son voisin décida d’offrir une tournée générale, sitôt acclamée par les clients du bar. Or, Astra ne refusait jamais une boisson gratuite.
- La même chose, avec une rondelle de citron et une paille.Quitte à être ridicule, autant l’être jusqu’au bout. La jeune femme se déplaça d’un tabouret sur la droite pour pouvoir converser avec leur bienfaiteur du soir. Autant dire que l’alcool l’aidait beaucoup à être plus sociable que d’habitude, bien que la brune n’était pas tout à faire du genre timide.
- Merci, c’est sympa pour le verre. Enfin moi je m’y risquerai pas parce que ça doit couter vachement cher mais c’est gentil en tout cas.
Super comme première impression, elle passait pour la radine de service en plus d’être visiblement sans-gêne.
- Je m’appelle Astra, enchantée. Vous venez souvent ici ? Parce que si c’est le cas j’en ai absolument aucune idée, je sors jamais de chez moi habituellement. On déposa son verre face à elle, verre qu’elle se mit paisiblement à siroter après avoir remercier le barman. Elle releva les yeux vers son interlocuteur et après l’avoir fixé un moment, se rendit compte de quelque chose.
- Attendez... on se connait non ? Oui, ils se connaissaient. Astra avait fait son interview il y a quelques années, elle ne s’en rappelait pourtant pas le moins du monde pour le moment. La faute au whisky et à sa mémoire d’huître.
(c) AMIANTE