brave heart ✧ kain (+18)

❝ brave heart ❞

Voiture garée à quelques pas à peine de l’entrée de la caserne, il prend le temps de vérifier ses messages et ses mails avant de couper son téléphone. Une habitude qu’il a depuis quelques mois pour être certain de ne pas être dérangé durant sa garde. Devenu lieutenant, Iain a beaucoup plus à faire qu’auparavant et un message suffit bien souvent à le distraire, à l’amener à faire autre puis autre chose sans jamais terminer son travail. Smartphone rangé dans la poche de sa veste à l’emblème de la NYFD, il quitte sa voiture, sac en main et bien conscient d’être en avance. Ça aussi c’est une habitude que l’Ecossais a depuis quelques temps. Souvent là avant le reste de l’équipe, ça lui permet de mettre ses affaires en ordre et de vérifier les différentes choses à faire et à répartir au reste de l’équipe. Plus vite c’est fait et plus vite chacun peut se poser pour faire autre chose. Parce qu’il aime le travail bien fait le pompier et s’applique toujours à être le moins chiant possible avec ses coéquipiers. Les vestiaires atteints, il se contente de mettre son sac avec sa tenue civile dans son casier puis prend la direction des dortoirs, chemin obligatoire pour atteindre son petit bureau pour finalement faire un détour. Passé par la salle de repos, il salue les pompiers de la seconde garde tandis qu’il se sert un café. Puis, après les dernières informations sur leurs interventions échangées, il les laisse finir leur garde en paix et file s’occuper des dossiers dont il doit s’occuper. Sur le chemin il remarque quelques lits occupés mais s’arrête brutalement lorsqu’il reconnaît une personne en particulier. Bref regard autour de lui comme pour s’assurer que ce n’est pas une plaisanterie qu’on lui fait, il reprend sa route en fronçant les sourcils et se contente de déposer sa tasse de café sur son bureau avant de rebrousser chemin. A peine quelques minutes qui furent suffisantes pour qu’elle se réveille et qu’il soit certain ne pas avoir halluciné. Alors arrivé à hauteur de son lit, accoudé au muret qui sépare les couches, il n’attend pas qu’elle se lève pour prendre la parole. « Ça fait combien de temps que tu dors ici plutôt que chez toi, Kate ? » A ses cheveux blonds dans tous les sens et à voir combien elle dormait profondément lorsqu’il est passé, il sait qu’elle n’était pas là en avance pour faire une petite sieste avant leur garde. Il y a autre chose et ce n’est pas seulement le lieutenant qui s’intéresse, c’est l’ami aussi.

Brave heart

Your heart is free. Have the courage to follow it.

Elle arrache le papier collé sur sa porte d’appartement en soupirant. Visiblement, elle n’aura pas accès a son logement durant les 2 prochains jours, à compter de ce soir. Une dératisation, visiblement. C’est vrai qu’elle les entendait parfois la nuit. Leur immeuble venait d’être rénové pourtant mais les égouts étant remontés à cause des fortes pluies automnales, les rats étaient sortis. Elle, qui était prête à sortir pour aller bosser, referme la porte et file se préparer un sac pour les prochains jours. Dans sa tête, une seule question persistait : où allait-elle dormir ce soir ? Visiblement sans réponse, elle allait devoir improviser. Peut-être demander à Mazikeen ou Connor. Ou rester à la caserne. Sa présence n’allait peut-être pas déranger deux nuits de suite. Ça pouvait se comprendre non ? Claquant vraiment la porte de son appartement cette fois, elle prit la direction de sa caserne, en songeant à cette journée qui allait être longue et sans doute tendue.

Lorsqu’elle s’allongea sur son lit de caserne, un long gémissement se laissa entendre. Kate avait fait semblant de partir comme ses collègues, après le boulot, vers sa rue, avant de bifurquer pour aller squatter un petit bar de quartier. Elle y était restée, surfant sur son ordinateur, regardant Netflix, tout en mangeant. Avait-elle été déranger quelque fois par des hommes ? Oui, mais de son caractère bien trempé, elle les avait tous fait fuir. Ce n’est que lorsque la nuit tomba qu’elle revint à la caserne, fermée à moitié mais ouverte pour l’équipe de nuit. Elle salua quelques collègues, tout en trouvant une excuse minable de venir dormir ici. Ses voisins faisaient la fête avait-elle dit, et vu l’heure, elle n’avait pas voulu déranger ses amis. Une chose tout à fait plausible vu son taudis. Remontant la couverture sur elle, jogging et polo enfilés, elle se laissa bercer par la fatigue et la sirène bruyante venant la sursauter parfois.

Elle dormait encore lorsque la caserne s’anima un peu plus. Son sommeil partiel avait été peu profond, elle en a bien conscience, mais au moins elle s’était reposée. Cheveux en l’air, recroquevillé sur son lit, elle ne prêtait plus attention aux mouvements autour d’elle. Du moins, ceux qui passaient sans faire attention à elle. Parce que forcément, la présence qui s’arrête prêt de son lit, elle la sent. Et alors que la lumière du jour perce ses yeux peu d’accord, c’est le visage fermé d’Iain qu’elle aperçoit. « Ça fait combien de temps que tu dors ici plutôt que chez toi, Kate ? » Elle se retourne, s’allongeant sur le dos, repoussant ses cheveux d’une manière désinvolte. Emergée, elle allait devoir le faire rapidement mais l’esprit embrumée, elle bredouille. « Qu’est-ce que tu m’veux Macleod ? »

❝ brave heart ❞

Une bonne demi-heure, c’est ce qui leur reste – environ – avant leur garde de vingt-quatre heures. Une garde durant laquelle il n’aura sans doute pas l’occasion de discuter avec elle en tête-à-tête. Non pas qu’il en éprouvait vraiment le besoin, Iain essaye surtout de se la sortir de la tête sachant que trop bien qu’ils ne doivent pas déraper. Une seule nuit ensemble suffirait à être une très grosse erreur dans leur carrière. Seulement, maintenant qu’il l’a vu dormir là, il ne peut pas prétendre ne rien savoir. S’il ferme parfois les yeux sur certaines choses, pour d’autres il sait qu’il ne peut pas. Et très franchement l’Ecossais ignore si c’est le lieutenant ou l’ami qui est allé vers elle et lui a posé la question. Le fait est qu’il est désormais près de son lit, toujours en appuie contre le petit muret alors que la blonde se tourne, dos contre le matelas, le regard porté en direction du plafond. « Qu’est-ce que tu m’veux Macleod ? » Tout d’abord silencieux, il prend quelques instants pour l’observer. Si elle semblait dormir à poings fermés lorsqu’il est passé la première fois, maintenant il remarque ses traits légèrement tirés, la fatigue dessinée sur son visage de poupée. Impossible, aussi, de passer à côté de ce que la voir les cheveux en bataille provoque en lui. Kate semble tellement plus accessible ainsi que ça ne devrait pas être permis. Mais Iain se reprend vite, se racle la gorge et se redresse. « Une réponse à ma question. » Lui répond-il, d’une voix calme, avec ce petit sourire qu’il utilise souvent pour faire comprendre qu’il n’est pas là pour jouer au méchant. « Depuis combien de temps tu squattes ce lit plutôt que celui de ton appartement ? Ne te méprends pas, j’adore ce qu’on fait ici mais je suis quasiment persuadé que la literie chez nous est nettement meilleure. » Surtout la sienne, sans vouloir se vanter. Tant qu’à avoir l’argent, autant l’investir comme il faut et pas bêtement comme beaucoup l’ont fait. Elevé sérieusement, il n’a pas oublié ce qu’on lui a inculqué, le met souvent en application – surtout pour son argent. « Et n’essaye pas de me prendre pour un idiot, tu dormais beaucoup trop bien pour n’avoir été là que depuis quelques heures seulement. » Il préfère prendre les devants, l’empêcher de lui sortir un mensonge plus gros qu’elle.

Brave heart

Your heart is free. Have the courage to follow it.

Il lui ai déjà arrivé d’avoir des sales nuits, surtout lorsqu’on est en planque ou en repérage pour tuer un homme. Cela dit, cette nuit ça avait été surtout les sirènes incessantes qui l’avait agacé. « Une réponse à ma question » Là, c’est l’autorité dont Iain faisait preuve. Sans doute parce qu’il n’y mettait aucune autorité. Il était juste là, à la regarder, percher sur le muret. Il avait beau être son patron, il n’était pas forcément obligé d’exiger à chaque fois réponse à toute question. « Depuis combien de temps tu squattes ce lit plutôt que celui de ton appartement ? Ne te méprends pas, j’adore ce qu’on fait ici mais je suis quasiment que ta literie chez nous est nettement meilleure » Hum, ça…ça restait à discuter. Si elle avait gouté au bienfait de l’argent pendant de nombreuses années, aujourd’hui ce n’était pas le cas. Sa richesse dormait dans un coin, sans qu’elle puisse y toucher. De toute manière, elle n’en avait pas envie, parce que c’était de l’argent sale. Elle préférait vivre dans son petit appartement, avec sa literie peu confortable. Mais ça, Iain n’en avait pas conscience. « Et n’essaye pas de me prendre pour un idiot, tu dormais beaucoup trop bien pour n’avoir été là que depuis quelques heures seulement. » Lâchant un soupire, elle repousse la couverture, décidant de se relever et s’assit sur les bords du lit. Ses cheveux lâchés, elle les repousse derrière ses épaules. Ainsi, elle donne l’impression d’être plus accessible, mais elle a l’impression de dévoiler une partie d’elle qu’elle aurait préféré rester mystérieuse. « Détends-toi. Ce n’était que pour cette nuit… » Elle passe ses mains sur son visage rapidement pour tenter de mieux se réveiller. Sa main vient chercher un chouchou qu’elle utilise pour relever doucement ses cheveux, avant de se lever définitivement pour faire face à ce blondinet. Juste le muret les séparait, elle hausse les épaules. « J’ai pas vraiment eu le choix » continua-t-elle « J’ai pas accès à mon appartement jusqu’à jeudi. »

❝ brave heart ❞

« Détends-toi. Ce n’était que pour cette nuit… » Son regard la suit tandis qu’elle repousse la couverture de sur son corps. Immédiatement, des pensées impures prennent son esprit d’assaut. Il peut presque l’imaginer sans rien en-dessous, apprécie la vision presqu’idyllique qu’il est en train de se faire d’elle nue, les cheveux dans tous les sens même si, tristement, elle les a rapidement attachés. Les voir lâchés sur ses épaules, tombant en cascade, ça la rend vraiment plus jolie, attirante, et peut-être qu’elle le sait que trop bien, se les attache pour cette raison ? Toujours est-il, que lui, il n’aurait rien contre l’idée de passer sa main dans ses cheveux blonds et l’attirer à lui comme il l’a déjà fait. Sauf qu’il se l’est interdit et qu’il se reprend comme il le peut. Est-ce qu’elle cessera un jour de l’attirer autant ? « J’ai pas vraiment eu le choix. J’ai pas accès à mon appartement jusqu’à jeudi. » Les sourcils de l’Ecossais se froncent. Jeudi ça veut dire quatre nuits à ne pas savoir où dormir ou alors le faire ici, à la caserne, là où elle peut être certaine qu’elle ne fera jamais une nuit complète et reposante. « Tu comptes dormir où jusque-là ? » Parce qu’elle lui a bien dit que ce n’était que pour cette nuit n’est-ce pas ? Alors pourquoi en doute-t-il fortement ? Probablement parce que depuis le temps, il commence à la cerner. Pas entièrement, quelque chose lui dit que c’est impossible, qu’elle se ferme volontairement, mais il y a certains points qu’ils ne lui ont pas échappé. « Il s’est passé quoi exactement ? » Il espère que ça n’est pas un incendie, ce serait plutôt ironique les concernant, loin d’être amusant, mais bien ironique. « Tu sais qu’il te suffit de demander ? Je peux parfaitement t’héberger, y a largement de quoi faire chez moi. » Qu’il continu sans la moindre arrière-pensée cette fois. Il se contente simplement d’être l’homme altruiste qu’il est. Ce n’est plus son lieutenant qui lui parle, mais son ami. Il ne peut pas la laisser dormir ici plusieurs nuits de suite, ça n’est pas humain. Sans compter que son penthouse est vraiment bien assez grand pour qu’elle puisse y squatter … même si elle préfère prendre la chambre la plus éloignée possible de la sienne.

Brave heart

Your heart is free. Have the courage to follow it.

J’ai toujours eu du mal à ce que les gens s’inquiètent pour moi. Probablement parce que je n’ai jamais été habituée à ça. Même après l’orphelinat, on ne peut pas dire qu’Alexandre ait été des plus affectifs. Il l’était, mais à sa manière. Si je pouvais compter sur lui au moindre coup dur, il ne s’inquiétait rarement de mes absences et de mes missions, parce qu’il avait une confiance aveugle sur mes réussites. Et c’était là, sa marque d’affection. Me laisser vivre comme bon me semble, à mes simples caprices d’une garde manipulatrice. Si aujourd’hui, tout à changer, j’ai encore du mal à accepter que des gens veillent sur moi. Bien plus qu’ils ne le devraient. Etre pompier, c’est appartenir à une famille. Or, une famille, je n’en ai jamais vraiment eu. Alors forcément, j’ai parfois du mal à comprendre pourquoi ces gens se donnent l’audace de s’inquiéter pour moi alors qu’ils ne devraient pas. « Tu comptes dormir où jusque-là ? » J’hausse les épaules d’une manière presque désinvolte. « J’allais aviser » C’est ce que j’avais dit hier matin, mais j’avais mal avisé visiblement. « Il s’est passé quoi exactement ? » Je pourrais ne pas répondre, ou passer mon chemin, mais face à Iain, j’ai comme ce devoir d’être sincère avec lui. Même si, au fond, ça ne m’enchante guère. « Une dératisation, apparemment. » Je tape sur le petit muret, en finissant par m’éloigner de mon supérieur et de le contourner pour enclencher cette marche vers la salle commune. Mon estomac a raison de moi, j’ai faim. Mais ce sont ses paroles qui m’empêche d’avancer vraiment : « Tu sais qu’il te suffit de demander ? Je peux parfaitement t’héberger, y a largement de quoi faire chez moi. » Mes pensées partent en vrille instantanément en m’imaginant rentrer avec lui, dormir non loin de lui. Et si je le croisais à moitié à nu ? Déjà, résister à l’envie de l’embrasser à nouveau après ce dernier baiser me semblait bien compliquer, alors vivre quelques jours sous le même toit ? C’était mission impossible. Et puis…n’avait-il pas des enfants ? Qu’en penseraient-ils ? « Ne dis pas de bêtises. Je ne vais pas venir squatter chez toi. » Dis-je, en levant les yeux. Cette solution semblait presque absurde dites à voix haute. Aussi absurde que tentante alors que son regard lui trahit son obsession sur le corps impeccable d’Iain. Bon sang, Kate…ne te met pas dans cette merde.

❝ brave heart ❞

Probablement est-ce le fait d’être devenu père qui explique le côté assez protecteur de l’Écossais … Lui-même ne saurait pas le dire. Ou peut-être qu’il l’a toujours été en fait, à l’instant où il est devenu le frère aîné de petites jumelles qui – malgré le fait qu’elles aiment lui taper sur le système – comptent énormément à ses yeux. Il l’est devenu avec son équipe au moment où cette dernière est devenue sa nouvelle famille. Parce qu’ils doivent toujours compter les uns sur les autres, c’est particulièrement important dans un métier comme le leur. Ne jamais en laisser un se débrouiller avec ses problèmes, aussi minimes soient ces derniers. Concernant Kate ça reste assez différent. Il y a aussi cette attirance qui le pousse à s’inquiéter plus pour elle. Iain le sait pourtant. Il sait qu’elle est capable de se débrouiller toute seule, mais il est comme ça : particulièrement altruiste. « J’allais aviser » Les yeux plissés, il continu de mettre en doute sa parole sans pour autant le dire clairement. La connaissant, elle aurait surtout trouvé une excuse tous les jours pour expliquer sa présence à la caserne pour y dormir. « Une dératisation, apparemment. » Elle lui explique. Une grimace se dessine sur son visage. Ces petites bêtes là, il ne les aime vraiment pas. Non pas qu’elles soient méchantes ou effrayantes mais il les trouve sales … y compris celles apprivoisées. Et, la voyant prendre la direction de la salle commune, il décide de la suivre. Tant pis pour sa tasse de café qui est en train de refroidir dans son bureau. Sauf que Kate s’arrête dès sa proposition faite et il manque de lui rentrer dedans. « Ne dis pas de bêtises. Je ne vais pas venir squatter chez toi. » Son regard baissé vers la blonde, il hausse les épaules négligemment. « Je ne vois pas en quoi c’est une bêtise. » En fait si, il le sait très bien. Avoir Kate sous le même toit, même séparée par des mètres de couloir, ça suffirait à lui donner envie d’aller se glisser dans sa chambre en pleine nuit et profiter de son corps. « Tu ne vas pas dormir ici jusqu’à ce qu’ils en aient terminé. Imagine que ça prenne plus de temps ? Dormir dans cette caserne avec les interventions c’est impossible. » Il reprend, en chassant de son esprit l’image d’elle, nue. « Sans compter que c’est bien assez grand chez moi pour que l’on n’ait pas à se marcher dessus. Les seuls endroits communs sont la cuisine, le salon et la salle à manger … » Au pire des cas, il a une chambre en bas alors que la sienne et celles des enfants sont à l’étage. « L’excuse des enfants ne marche pas avant que tu la donnes. Ça ne les dérangera pas. » Même s’ils n’ont pas pour habitude de voir leur père ramener une femme à la maison – en mettant de côté leur tante et des amies. De toute façon, Iain ne lui laisse plus vraiment le choix à ce stade.

Brave heart

Your heart is free. Have the courage to follow it.

« Je ne vois pas en quoi c’est une bêtise » Moi si. J’en vois clairement une. Et elle est devant moi. On a beau clarifier les choses entre nous, je me surprends encore à rêver de ce baiser et à de ce que j’aurai pu dire au lieu de bredouiller et de fuir comme une idiote. Dimitri rigolerait en sachant que je suis comme une gamine de 16 ans face à cet homme. Je n’ai jamais eu aucun doute, ni aucun recul face la gente masculine. A vrai dire, avant, j’émettais les idées et jouait de mes charmes pour obtenir tout ce que je voulais. Jusqu’à Dimitri. Il a percé mes défenses sans que je m’en rende compte, et plutôt que de considérer les hommes comme des objets, j’ai fini par voir en eux autre chose. En lui, autre chose. Parce qu’il m’avait résisté au début, prétextant qu’il cherchait plus qu’un plan cul. En règle générale, ce sont les hommes qui recherchent ça. Mais lui, non. Peut-être avait-il fait dans la psychologie inversée, j’en sais trop rien…mais il avait réussi à me persuader aussi que c’était ce que je voulais avec lui. Alors, s’il était encore vivant, il rirait probablement de me voir autant incertaine face à Iain, parce que tout semble à croire que je finirai par céder. Si ce n’est pas déjà le cas. « Tu ne vas pas dormir ici jusqu’à ce qu’ils en aient terminé. Imagine que ça prenne plus de temps ? Dormir dans cette caserne avec les interventions c’est impossible. » A vrai dire, il n’a pas tort. J’aurai pu tenir un jour, voire deux, mais pas plus. La fatigue m’aurait certainement rattrapé, et j’aurai merdé dans mes interventions. Mes épaules s’affaissent devant mon manque d’argument, mais il continue pour m’achever. « Sans compter que c’est bien assez grand chez moi pour que l’on n’ait pas à se marcher dessus. Les seuls endroits communs sont la cuisine, le salon et la salle à manger… » Je savais qu’il vivait dans un palace, comparé à mon appartement, mais m’imaginer là-bas c’est presque irréel. Tout aussi irréel de rencontrer ses enfants. J’allais ouvrir la bouche pour le lui dire mais, c’est comme s’il lisait dans mes pensées : « L’excuse des enfants ne marche pas avant que tu la donnes. Ça ne les dérangera pas. » Je soupire de frustration. Visiblement, sur le ring, il vient de me mettre au tapis en un coup. « Tu ne me laisses pas le choix, n’est-ce pas ? » Le sourire narquois qui se dessine sur ses lèvres me confirme que j’ai raison. Je capitule finalement en levant les mains en l’air : « Très bien, t’as gagné. Mais si je vois que ma présence dérange, je reste pas, d’accord ? » Je me mordais déjà les doigts d’avoir accepté, parce que résister à Iain au boulot, c’est assez simple. Il y’a tous les collègues et amis pour me refroidir. M’imaginer chez lui…là, c’est un autre level. Sans doute ses gosses seront ma douche froide. Mais une fois couchés… ? Devrais-je prétexter être fatiguée pour le fuir ? « Macleod. Le chef veut te parler » La voix désinvolte de son assistante résonne dans le couloir comme une douche froide. « Le devoir t’appelle, superman » dis-je finalement en secouant la tête, peu fière d’avoir céder à cette tentation horrible. Je tourne des talons et finit par m’engouffrer dans la salle commune, prête à boire deux cafés pour bien me réveiller.


La journée avant beaucoup trop vite. Elle est relativement calme, pourtant dans ma tête c’est Bagdad. Seules les interventions arrivent à me faire oublier ce soir, mais une fois à la caserne, j’ai cette conversation qui tourne en boucle dans ma tête. Claquant la porte de mon casier dans les vestiaires, je soupire. Mon gros sac est sur mes épaules, j’ai juste à traverser le hall puis le hangar pour le rejoindre, il m’attend probablement. « Tu vas où comme ça ? » demande Mazikeen en voyant mon énorme sac. « Ah…je dors chez un ami » « Un ami ?! » Elle sourit de toutes ses dents prêtes à entendre le moindre potin. « Arrêtes, je te vois venir. Il me dépanne juste. Mon immeuble se fait dératiser » On commence à marcher vers la sortie, lorsqu’elle revient à la charge. « Ah dur… cela n’empêche…il est sexy . ?! » Je me mords la lèvre en guise de réponse. Quoi répondre à ça ? C’est sans doute l’un des types les plus sexy que j’ai rencontré. Mais l’avouer…c’est impossible. « Coquine ! Un ami…que t’as bien envie de te faire ouai ! » S’exclame-t-elle prête à me poser plusieurs questions, lorsque je ralentis voyant Iain sur son portable à l’extérieur. Maze me dévisage une seconde, avant de comprendre rapidement. « Ouai, t’as raison. Il l’est… » Grand sourire. « Bonne soirée Iain. » J’évite son regard une seconde en la voyant partir, d’un air trop amusée. Je mords la lèvre inférieure, avant de reporter mon attention vers mon lieutenant. « On y va ?! »

❝ brave heart ❞

« Tu ne me laisses pas le choix, n’est-ce pas ? » Un large sourire amusé aux lèvres et il confirme. Non, il ne lui laisse pas le moindre choix. Hors de question qu’il accepte un refus de sa part et qu’il la laisse dormir ici. Il pourrait prétexter qu’en plus de ça, ça serait courir le risque qu’elle soit moins alerte au cours d’une intervention et qu’elle pourrait faire une connerie, il sait qu’il n’en a pas besoin. D’autant plus en la voyant lever les mains en l’air en signe de reddition. « Très bien, t’as gagné. Mais si je vois que ma présence dérange, je reste pas, d’accord ? », « Entièrement d’accord. » De toute manière, Iain a gagné, pas la peine d’insister. Sans compter qu’il peut comprendre que si elle se sent de trop, elle voudra partir. Il n’est pas sûr qu’une telle chose soit possible, mais il accepte malgré tout puis est interrompu par l’assistante de leur chef. Chef qui tient à le voir dans son bureau. « Le devoir t’appelle, superman » Passant devant elle, il lance un « J’y vole ! » puis disparaît. Le reste de sa garde se révèle être assez calme. Quelques interventions de temps en temps, mais rien de bien dangereux ou d’épuisant. Rien d’assez intéressant pour ôter de son esprit qu’il ne rentre pas seul ce soir. Et il faut bien qu’il l’admette, il est un peu excité à cette idée. Pas dans le sens sexuel – ou peut-être un peu – seulement l’idée de l’avoir sous son toit ça ne le laisse clairement pas de marbre. Une fois l’heure de rentrer chez lui arrivée, il passe par les vestiaires, échange sa tenue de pompier contre ses vêtements civils et enfourne le tout dans son sac avant de sortir en saluant les gars de la garde suivante. Sa voiture atteinte, il s’adosse contre cette dernière et sort son portable de sa poche pour consulter ses derniers messages. Adriana est rentrée avec les enfants et rentrera chez elle dès qu’il sera arrivé. Rien à faire, elle s’est occupée des devoirs et de leur donner à manger, il n’aura plus qu’à passer du temps avec eux avant de les coucher. « Bonne soirée Iain. » Tête relevé, il adresse un sourire puis un signe de la main à Mazikeen qui s’éloigne déjà, le laissant seul avec Kate. « On y va ?! » Il pourrait s’y faire à ce genre de phrase et à l’idée de rentrer tous les soirs avec elle, ce qu’il se dépêche d’oublier tout en souriant. « Après toi. » Porte côté passager ouverte, il la laisse monter puis passe derrière le volant. Le trajet jusque chez lui se fait assez rapidement. Il est assez tard et même si la route est toujours encombrée de voitures, la circulation est bien plus fluide à cette heure-ci. Sa voiture garée dans le parking en sous-sol de son immeuble, tous les deux dans l’ascenseur les menant au dernier étage, il pose son regard sur elle. « Soit pas trop … choquée en arrivant. J’ai toujours été économe, ça m’a permis de me faire plaisir une fois arrivé à New York. » Il préfère l’avertir. Son penthouse est immense, peut-être un peu trop mais il aime les grands espaces. Magnifique vue sur le tout Brooklyn, accessible uniquement avec la carte-clé de l’ascenseur, c’est le genre de chose qu’il n’aurait pas pu s’offrir s’il avait suivi la voie que son père avait décidé pour lui. Les portes de l’ascenseur ouvertes sur le grand couloir, Iain laisse passer Kate et, attirés par les bruits de pas, il entend déjà la voix de sa fille. « PAPA ! » Crie-t-elle en débarquant devant eux, son frère sur les talons. Et immédiatement ils s’arrêtent, surpris par la présence de Kate. « Bonsoir les petits monstres. » Il dit en laissant tomber son sac par terre. « Je vous présente Kate, c’est mon amie et elle va dormir à la maison le temps de pouvoir retourner dans son appartement qui sera débarrassé d’affreux rats. » Le simple mot fait grimacer les deux enfants comme leur père plus tôt dans la journée. « Adriana est où ? » Il demande, prêt à annoncer à la baby-sitter qu’elle peut rentrer chez elle souffler.

Brave heart

Your heart is free. Have the courage to follow it.

« Après toi. » Il m’ouvre la porte comme un gentleman. Si j’avais l’habitude de ça, c’est rare de le voir chez un homme ordinaire. Généralement, c’est le genre de petit geste qu’ils ont l’habitude d’oublier. Mais pas lui. Forcément. « Merci… » Soufflais-je par politesse avant de me glisser dans sa voiture et de me laisser guider. Les bâtiments qui défilent changent d’apparence au fur et à mesure, passant d’un quartier plutôt difficile à un quartier chic et luxueux. J’ai l’impression que ce contraste résume parfaitement ma vie. Une vie qu’il ne connait pas. Une fois arrivé, je le laisse me conduire jusqu’à l’ascenseur où il finit par m’avouer : « Soit pas trop…choquée en arrivant. J’ai toujours été économe, ça m’a permis de me faire plaisir une fois arrivé à New York. » J’acquiesce en précisant : « L’immeuble me donne déjà une bonne idée de là où tu habites Iain. Mais j’en ai vu nombreux des beaux appartements, ne t’en fais pas. » Je me rends même pas compte que j’ai fait une allusion à mon ancienne vie. C’est une chose qui arrive rarement, surtout qu’il peut rapidement poser plusieurs questions. Heureusement pour moi, l’ascenseur s’arrête, les portes s’ouvrent et à le seconde où on met les pieds dehors, deux petites canailles arrivent pour se stopper à leur niveau. « Bonsoir les petits monstres. Je vous présente Kate, c’est mon amie et elle va dormir à la maison le temps de pouvoir retourner dans son appartement qui sera débarrassé d’affreux rats » Voir les enfants faire la grimace me fait sourire, alors que la timidité me gagne : « Salut » Un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Je ne suis pas habituée aux gosses. J’suis même très peu à l’aise avec, et je me demande si un jour si j’en aurais vraiment. J’ajoute cependant lorsque Iain part à la recherche d’Adriana : « J’aime pas non plus les rats. Tu dois être Mary-Jane, et toi Parker  » Ils se mettent à rire avant d’acquiecer. Mon regard suit légèrement les fesses d’Iain, en songeant à cette femme. Je le savais divorcer, homme à femme, mais c’est étrange de se dire qu’il peut être proche d’une autre. « Tu sais papa, il a jamais ramené une femme à la maison » me confie la plus grande alors qu’elle me saisit la main et m’invite à avancer dans le salon. J’ai l’impression d’être étrangère à ce monde sans trop savoir pourquoi j’y suis. « Ah bon ? » dis-je par curiosité. Elle secoue la tête en ajoutant : « Non, maman est partie, et il a jamais rencontré quelqu’un comme elle » Mon cœur se serre. J’imagine l’abandon de leur mère, la douleur de ses enfants, la détresse de Iain, et je compare à la mienne, à mon enfance et à ce putain d’orphelinat. Je pose mon sac à terre et contemple l’immense appartement. C’était loin celui dans lequel j’avais pu grandir, mais pour un penthouse à Williamsburg, c’était déjà beaucoup. Me posant sur l’accoudoir du canapé, je finis par répondre à MJ. « Il finira par être heureux à nouveau » Parce qu’un type comme Iain, ça trouve forcement la voix vers le bonheur. Seul le temps lui dira quand il finira par le retrouver.