i guess it wasn't meant to be ✧ raleigh

Le jour de repos, alias le jour où il ne fait strictement rien hormis se balader en caleçon une grande partie de la journée jusqu’à devoir aller chercher ses enfants à l’école. Parfois le jour qu’il préfère, surtout après une garde longue et difficile à la caserne. Cela dit, ça n’avait pas été le cas la veille ce qui ne l’empêche pas d’être particulièrement heureux de pouvoir souffler et profiter du penthouse vide jusqu’à environ seize heures. S’il a quand même dû se lever pour emmener MJ et Parker chacun dans leur établissement, Iain a bien vite retrouvé son lit une fois de retour chez lui. De nouvelles heures de sommeil amplement mérité pour finalement rouvrir les yeux vers quatorze heures. Un café avalé et il est parti courir – certes un peu tard – comme à son habitude. L’air de plus en plus frais de New York lui fait presque regretter son choix alors que ses yeux se mettent à pleurer tandis qu’il fait le tour de Central Park et s’arrête prêt d’un vendeur à la sauvette à qui il prend une bouteille d’eau qu’il vide rapidement. Et, de retour chez lui, c’est sous l’eau bien chaude de sa douche qu’il se prélasse se moquant complètement d’y passer quasiment une demi-heure. Lentement, ses muscles se détendent, se remettent de cette course dans les températures fraîches de ce mois de novembre. Une fois sa salle de bain complètement embuée, il coupe l’eau, attrape sa serviette qui vient le sécher rapidement et termine nouée autour de sa taille. Un simple boxer et un jogging enfilés, il reste torse nu et part comater devant son écran plat, zappant quelques minutes avant de laisser une série tourner alors que ses paupières deviennent de plus en plus lourdes. Défaut des jours de repos à ne rien faire : le sommeil est sans arrêt prêt à vous happer. Et Iain ignore combien de temps il a dormi lorsqu’il se réveille en sursaut en entendant la sonnerie de l’ascenseur de son appartement. En général, il est prévenu avant que quelqu’un monte chez lui. Le penthouse étant uniquement accessible grâce à une clé que seul le portier et lui-même possèdent, impossible de venir sans ça – à moins de prendre les escaliers de secours, et encore, une clé est également nécessaire. Quittant son canapé, il s’empresse de gagner l’entrée, désireux de savoir qui s’incruste chez lui – peut-être a-t-il oublié avoir autorisé la venue d’une personne ? – et lorsque son regard se pose sur l’invité en question il s’arrête brusquement. Séparés de plusieurs mètres dans le couloir, il déglutit. En trois ans elle n’a pas changé et malgré leur séparation difficile, son corps semble déjà réagir à sa présence, mais il se reprend, croise les bras contre son torse dénudé – et regrette de ne pas avoir un tee-shirt sous la main. « Raleigh. » Dit-il sans même cacher sa surprise. « Comment tu as fait pour monter ? Et … qu’est-ce que tu fais là surtout ? » Aux dernières nouvelles son ex-femme était … à vrai dire il ne le sait même pas. Concentré sur sa nouvelle vie ici, à New York, il avait préféré laisser le passé derrière lui. Celui-ci avait juste décidé de le poursuivre contre son gré.

Il a l’impression de rester planter comme un con au milieu du couloir d’entrée, son regard ne quittant plus cette femme qu’il ne pensait pas revoir de sitôt. Qu’il ne pensait pas revoir tout court. S’ils s’étaient sincèrement aimés, ils avaient tout de même fini par divorcer et vivre des vies biens séparées. Loin l’un de l’autre. Ça avait été trop passionnel, trop rapide aussi, pour qu’ils parviennent à tenir le choc quand bien même Iain l’avait-il regretté. Puis, il s’était fait une raison, avait accepté l’idée de passer à autre chose tout en se promettant de ne plus jamais se marier. Pourquoi ? Parce que pour lui un mariage était suffisant et que le sien avait tout de même assez compté pour qu’il n’ait pas envie de totalement l’oublier. Alors certes il ne porte plus son alliance, mais tous les jours il a deux beaux enfants pour lui rappeler ce qu’il a vécu avec Raleigh. Ce n’est pas ce qui aurait pu le préparer à la voir là, en chair et en os, chez lui. Toujours aussi charmante de ce qu’il en voit. Elle n’a pas changé et les années ont été largement clémentes avec elle. Toujours une fine taille, des jambes tellement longues qu’il a l’impression qu’elles sont interminables – ce qui lui a toujours permis de ne pas avoir l’impression d’être un géant à côté d’elle – de beaux cheveux bruns bouclés qui tombent sur ses épaules et cet océan de bleu dans ses yeux qui l’avait fait craquer autrefois. Non, Raleigh est toujours aussi belle même s’il ne doit surtout pas tomber dans le panneau. « Bonjour, Iain. C'est monsieur Sparow qui m'a laissé entrer... Ne lui en veux pas surtout » Revenant à lui, il réalise un peu plus qu’il s’est figé dès qu’il l’a vu dans le couloir et qu’il a recommencé à l’observer en silence une fois ses questions posées. Un con, vraiment. « Comment vas-tu, et comment vont les enfants ? » Ses sourcils se froncent alors qu’elle s’approche de lui, doucement, pas assez pour qu’il ne remarque pas son chemisier un peu trop ouvert et donnant un peu trop sur cette poitrine dont il se souvient que trop bien. Et il la connaît assez pour savoir que c’est volontaire, déglutit à cette pensée. « Si tu voulais tellement le savoir, tu aurais pu envoyer un message. » Dit-il en tentant de reprendre ses esprits, relevant les yeux vers son visage. Il essaye d’être dur mais trop perturbé par son arrivée imprévue dans sa vie, c’est plus difficile que prévu. Même pour l’acteur qu’il a longtemps été. « Tu veux bien me laisser entrer ? » Tellement proche qu’il peut sentir son parfum chatouiller ses narines et son souffle chaud sur sa peau, il ne parvient toutefois pas à bouger, plante son regard dans celui de Raleigh. « Qu’est-ce que tu fais ici, Raleigh ? » Répète-t-il plus bas. De toute manière, elle est si proche qu’elle ne peut que l’avoir entendu. Et dans un coin de sa tête, Iain remercie le ciel que leurs enfants ne soient pas là. Il n’a pas envie qu’ils se fassent le moindre faux espoir, imaginent que leur mère va définitivement revenir dans leur vie. Elle les a quittés une fois, ne s’est pas battue pour eux, rien ne garantit qu’elle le fasse cette fois et Iain tient trop à protéger ses enfants pour les laisser être blessés.

Iain, il ne sait pas quoi penser de tout ça. Des années qu’il a mis leur mariage derrière lui, qu’il tente de passer à autre chose au point de ne plus vouloir se poser avec qui que ce soit. L’Écossais, il est devenu expert des relations sans lendemain et sans attache. Ça lui semble tellement plus simple que de se prendre la tête sans arrêt pour des choses futiles. Oui, les nombreuses disputes entre Raleigh et lui font qu’il n’a plus la moindre envie de se battre de ce côté-là. Puis, il est heureux comme il est, uniquement avec ses deux enfants. Sauf qu’il faut que tout soit encore chamboulé et ça par la même personne : son ex-femme. Il est si surpris que réfléchir intelligemment – ou le faire tout simplement – semble être une épreuve pour lui. Une telle épreuve qu’il met un temps fou à réagir, laissant à Raleigh l’occasion de lui sauter dessus. Et pourquoi est-ce qu’il n’a pas enfilé un tee-shirt avant de débarquer ainsi vêtu – ou peu vêtu pour le coup – dans le couloir ? C’est presque comme agiter un panneau au-dessus de sa tête en lui intimant l’ordre de venir l’embrasser. Ce qu’elle fait sans se faire prier. Les lèvres de Raleigh s’emparent des siennes et figé comme il l’est, il ne peut que la laisser continuer tandis qu’elle se colle contre lui, sans doute désireuse de beaucoup plus. Sauf que malgré sa surprise, ce n’est pas son genre. La laisser débarquer chez lui comme ça après plusieurs années, tenter de le retrouver comme avant, ça n’est pas aussi simple et si elle ne s’était pas reculée, nul doute qu’il aurait fini par la repousser. « Je suis ici pour toi, je suis ici pour notre famille. (…) Tu crois que ton cœur en serait capable ? » Attentif à ses paroles, il ne peut retenir le froncement de ses sourcils. Pas plus qu’il ne peut retenir cette petite pensée sarcastique comme quoi elle aura tout de même mis plus de deux ans avant de prendre conscience des choses. « Il t’en aura fallu du temps … » Il finit par dire en gardant la même expression. Elle ne peut tout de même pas s’attendre à ce qu’il lui saute dans les bras maintenant qu’elle a réalisé tout ce qu’elle a foutu en l’air, si ? Parce que si elle le connaît réellement, elle sait que ce n’est pas son genre et qu’une fois blessé, Iain a tendance à se fermer sur lui-même, à se protéger de barrières difficiles à faire tomber. « Je...Je suis désolé de t'avoir embrassé, mais j'en avais terriblement envie. (…) Pardonne-moi,  m'eudail » Et sans lui laisser le temps de répliquer, Raleigh le plante là. Dos tourné à lui, elle se tire comme ça. Et dieu qu’il pense à la laisser partir sans lui courir après. C’est tout ce qu’elle mériterait pour être venu chez lui comme ça, pour l’avoir embrassé pratiquement dénudée, pour ensuite partir comme une voleuse. Sauf que sa colère bouscule tout et, sans réfléchir, il décide de la suivre. Tant pis s’il débarque dans le hall de son immeuble seulement vêtu d’un pantalon de jogging. « Raleigh ! » Il l’appelle, attirant par la même occasion le regard du portier. Une fois à sa hauteur et désireux de ne pas faire une scène devant tout le monde, Iain l’attrape par le bras et l’entraîne à l’écart. « Tu te prends pour qui bon sang ? » Il demande sans attendre de réponse de sa part. « Tu te pointes chez moi, pratiquement les seins à l’air en plus, tu m’embrasses et tu me sors vouloir récupérer ta famille puis te tire ? Sérieusement ?! » La colère transperce sa voix, fait briller son regard. Ça aurait pu être sexy tout ça s’il n’était pas aussi remonté. « Tu veux que je te laisse entrer dans la vie des enfants ? Tu pourrais peut-être commencer par éviter de sauter sur ton ex-mari sans savoir s’il est intéressé ou s’il est libre ou pas. Ils ont besoin de stabilité pas que tu débarques puis que tu te tires comme tu viens de le faire. » D’accord, elle a fait le premier pas, elle tente de se rattraper, mais il y a d’autres façons de le faire, des façons tout à fait différentes que celle qu’elle vient d’utiliser.

« Oui, j'ai mis du temps, mais je suis là. Il vaut mieux tard que jamais, n'est-ce-pas ? » S’il doit être tout à fait honnête, Iain n’en est pas certain. Elle lui a fait du mal, en a fait encore plus aux enfants, son côté rancunier le fait forcément douter. Sans compter qu’il déteste être pris au dépourvu comme ça. Il aime les choses planifiées, faites dans un certain ordre et avec une certaine organisation – hormis pour quelques exceptions. Là, l’Écossais n’était simplement pas prêt à tomber sur Raleigh de cette manière. Pas plus qu’il n’était prêt à ce qu’elle lui saute dessus de la sorte. Ça chamboule bien trop de choses pour qu’il soit capable de rester calme. Il n’a pas même le temps de bien discuter avec elle, de mettre cette situation au clair, que déjà elle s’en va. Rien de mieux pour énerver le pompier qui se voit obligé de lui courir après malgré son envie de la laisser partir. Ce serait mérité après tout et ça prouverait, une fois encore, qu’elle est très douée pour ça, très douée pour prendre la fuite. Seulement … eh bien il ne sait pas trop. Si elle tient réellement à se rattraper, pour leurs enfants, il doit faire un effort, mettre de côté son agacement et tenter il ne sait quoi avec elle. Même si pour en arriver là, il ne retient pas sa colère ni ses mots face à son ex-femme. « On va en parler ailleurs qu’ici. » Il tient à annoncer avant de lui faire signe de le suivre. Hors de question qu’ils se donnent en spectacle dans le hall de son immeuble. Puis, une fois chez lui – et pour détendre ses nerfs – il s’emploie à préparer du café. Ce n’est pas réellement par bonté d’âme, simplement parce qu’il a besoin de faire quelque chose le temps de trouver de quelle manière démarrer la conversation. Si toutefois il y parvient. Pour le moment, il a surtout envie de sentir sa colère se dissiper. Son jour de repos, ce n’est clairement pas de cette manière qu’il se l’était imaginé. Tasses de café fumantes dans les mains, il rejoint la brune installée sur le canapé et lui tend la sienne avant d’aller s’asseoir non loin. « Tu as raison, Iain, je ne suis personne. Je suis juste la mère de tes enfants, que je n'ai pas vu grandir. Oui, j'ai mis du temps, mais je suis là, et j'aimerais passer du temps avec eux, si tu me l'autorise évidemment. J'ai beaucoup changé, j'ai quitté mon métier d'actrice. Je veux me consacrer sur ma vie de mère. » Par miracle, il retient son grognement de protestation. Tenter de jouer sur la corde sensible avec lui dans l’état dans lequel il se trouve, elle devrait savoir que ça n’est jamais une bonne idée. Malgré ça, il la laisse continuer, préférant tout de même boire son café plutôt que regarder vers ce chemisier qui était tout à l’heure un peu trop ouvert. « Je sais que je ne suis plus rien à tes yeux, je ne suis même plus ta femme. Et je m'excuse de t'avoir embrassé, oui tu as sûrement quelqu'un dans ta vie, et elle a beaucoup de chance de t'avoir. Es-tu heureux ? » Sauf qu’il n’a personne dans sa vie et qu’il est bien mieux comme ça. Enfoncé contre le dossier du divan, Iain soupire, sa tasse chaude venant réchauffer ses mains. « Si tu dois les voir, ça sera nécessairement avec moi, ça ne se négocie pas. » Il annonce en posant son regard sur son ex-femme. Il veut pouvoir surveiller, s’assurer qu’elle ne dérape pas et de cette manière être certain qu’il n’y a aura pas de faux espoirs des deux côtés. « Et je n’ai jamais dit que tu n’étais plus rien. Mais tu te doutes bien que tu ne peux pas débarquer après toutes ces années et t’attendre à ce que je saute de joie. » C’est même l’effet inverse vu comment les choses se sont passées. De l’irréalisme total tant il a du mal à réaliser qu’elle est vraiment là et que toute cette situation est vraiment allée trop vite. « Je suis heureux, oui. Pas grâce à une femme mais parce que je me contente de ma vie de père célibataire. M’occuper des enfants avec mon métier c’est bien suffisant et je n’en demande pas plus. » Il garde simplement pour lui le fait qu’il passe son temps à coucher ici et là sans attaches. Après leur divorce, l’idée de se poser à nouveau l’a effrayé. Puis, il a fini par se dire que sa chance est passée et que désormais il ne peut que se contenter des plaisirs de la chair. « Comment tu gagnes ta vie si t’as abandonné ta carrière ? » Il lui demande, subitement curieux.

Bon dieu … Comment a-t-il pu perdre le contrôle de la situation aussi rapidement ? Il suffit qu’elle revienne dans sa vie sans prévenir pour tout chambouler. Iain, il n’y comprend plus rien. Lui qui s’était mis en tête que la bannir de son esprit était la meilleure chose à faire, voilà que Raleigh revenait dans sa vie sans crier gare, perturbant tout sur son passage. Une tempête, un ouragan, c’est que son ex-femme est. Ce qu’elle a toujours été quelque part. Et ça lui avait plu à l’écossais, il mentirait s’il disait l’inverse. Ce feu en elle, ça l’avait attiré avec une telle puissance qu’il s’était laissé consumer sans réfléchir. Jusqu’à ce que ça se termine mal avec leur divorce et leur séparation houleuse. Il n’y aurait pas eu les enfants au milieu, peut-être qu’il ne lui en aurait pas autant voulu. Ça, le pompier ne pourra jamais le savoir. Le passé est immuable. « Evidemment, même si tu sais très bien que je préfère me supprimer, plutôt que de leurs faire du mal. » Café en mains, il n’ajoute rien. Il le sait. Evidemment qu’il le sait. Raleigh n’est pas un monstre. Il est simplement en colère et ne s’en cache pas. Faire du mal à leurs enfants, il se doute que ce n’est pas intentionnel. Elle les aime quelque part, même si elle leur a montré très étrangement. Faire un effort également de son côté c’est important. Il ne peut pas passer toute sa vie à empêcher ses enfants de connaître leur mère, pas alors qu’ils ont cruellement besoin d’elle. Et Iain ne peut pas passer son existence à être rancunier. Alors il commence par faire un effort maintenant, tentant d’être moins froid et cassant avec son ex-femme. « J'ai trouvé un travail en tant que serveuse/chanteuse dans un bar branché de la ville, avec cet argent, je peux me payer au moins un logement » Elle lui explique alors qu’il agite doucement la tête. L’un comme l’autre ont radicalement changer de voie, ça c’est sûr. « Je sais que cela mettra du temps, beaucoup de temps, avant que tu me fasses confiance à nouveau. (…) J'ai merdé, oui. Mais je prendrai ce que tu m'offres » Tout ce qu’il souhaite, c’est croire ce qu’elle lui dit. Le roux veut vraiment y croire et décide de lui laisser le bénéfice du doute. Dans le pire des cas il sera déçu une énième fois. « Ils en ont un, oui. » Confirme-t-il quant au compte épargne des enfants. Etant pompier, il risque sa vie tous les jours. Si le pire doit arriver, il veut être certain que ses enfants ne manqueront jamais de rien. « Tu peux le faire, je ne vais pas refuser. Et … » Il soupire, repose sa tasse sur la table basse et pose son regard sur Raleigh. « Je peux t’accorder une journée. Après tout, ce sont aussi tes enfants et si tu es sincère, qui suis-je pour t’empêcher de les voir ? » Leur père. Tout simplement leur père un peu protecteur. Et puis, s’il est là pour surveiller, rien de grave ne peut se produire n’est-ce pas ?