Boxing gloves on # Calypso (fb)

F L A S H B A C K – Jeune, tu étais une véritable athlète, une adepte des marathons, une véritable droguée de la course. C’était ton unique drogue dans la vie, un passe-temps dont tu pensais pouvoir en avoir usage lors de tes rapports conflictuels avec ton père. Jusqu’à preuve du contraire, cela fut un bel échec. Courir n’avait pas suffit pour fuir. Depuis cette libération anticipée, tu avais pris la décision de te donner à corps et âme dans une autre passion sportive débordante d’hormones et de transpiration. La boxe semblait être plus adaptée à ce que tu recherchais en premier lieu : ne plus être une victime. Tu voulais pouvoir rendre les coups avant même qu’une pichenette ne t’atteigne.
Tenue adaptée à la fluidité, tu avais dans l’idée de pouvoir passer tes nerfs sur l’un de ses sacs de sables posés à même le sol. Ici, personne ne jugeait l’impulsivité et l’agressivité. C’est quelque peu le crédo de tous ces adaptés en quête de délivrance. Chacun a sa propre technique, son style de boxe pratiqué. Certains débutent, les déplacements sont lents, les coups peu assurés, et d’autres sont des aguerris, de véritables professionnels. « Salut. » Comme Damian. Tu n’as jamais été impressionné par un homme. C’est certainement à cause de tes mauvaises relations paternelles, c’est ce que dirait ton ancien psychologue. Lui, il était différent et pourtant, tu ne savais pas baisser la garde en dehors de cette salle. Tu t’étais extirpée de ces nouveaux arrivants pour rejoindre qui connaît l’odeur de tes lèvres pulpeuses. « Hey, comment-tu vas ? » Avais-tu dit avec un sourire. Délicatement, tu venais de poser un baiser sur ses lèvres souillées de transpiration. « Je ne pensais pas te trouver là. Il est tôt, ce n’est pas dans tes habitudes. »

F L A S H B A C K – Toi qui te voyais comme l’éternelle célibataire rebelle, avais finalement capitulée. Les relations sérieuses, les coups de foudre, et les belles histoires existent uniquement dans les romans et les films. Sauf, si toi-même tu es un adepte du romantisme. Dès le départ, tu savais que votre relation aller vouer à l’échec. Tu n’as jamais été très optimiste sur la question. Une déjà de la vie ne pouvait certainement pas faire des miracles en amour, si on pouvait parler d’un sentiment aussi fort. Mais ça te faisait du bien d’avoir quelqu’un sur qui compter. Damian c’était la bonne personne sur tous les plans. Mais surtout, il était rassurant, c’était tout ce qui pouvait t’importer. « J’avoue que je suis un poil HS de ma garde. » Cette dernière avait durée plus longtemps que prévu : manque de personnel. Et tu pensais pouvoir finir ta journée avec une bonne dépense d’énergie. Tu serais bien allée directement te coucher, si seulement la maison n’était pleine à craquer d’individus prêts à démarrer une journée du bon pied. « Je ne pense pas rester trop longtemps. Je pensais qu'il y aurait moins de monde que ça à cette heure-ci. »
Toujours près de lui, tu le regardais vérifier ses gans, et avoue qu’il était venu se défouler pour une bonne raison. Tu t’étais seulement contentée de grimacer légèrement. Ce n’a jamais été dans tes habitudes de poser trop de questions. Lui non plus d’ailleurs. Vous parliez sans véritablement le faire. Il n’y avait pas de chichi. Ça te plaisait comme ça. Au moins ça évitait les questions embarrassantes, et les réponses approximatives bourrées de mensonges. « Ça te dit quelques uppercuts ? » T’aimais bien t’entraîner avec lui, même si tu savais pertinemment que ton niveau était totalement médiocre à côté du sien. Disons, que vous n’aimiez pas le même style de boxe. Chacun sa façon de faire. « Carrément ! » Le temps d’enfiler les gans, et de les attacher, Damian continuait de s’échauffer levant un pied après l’autre. Tu roulais des yeux, un sourire aux lèvres. « T’as vraiment pas envie que je te foute une dérouillée visiblement. » Derrière tes gans, tu te lâchais plus facilement. D’humeur taquine et joyeuse. Rien à voir avec la Caly qui flâne dans les rues de la ville. Gans en l’air, visage caché, petit sauts et déhanchée, tu te préparais à frapper les grains de sables. De ton poing droit, doucement mais surement, tu avais lancé les hostilités. Le coup suivant était plus fort, mieux frappé. L’échauffement était terminé. « T’es-là depuis combien de temps au juste ? » Tu lui tenais le sac, lui laissant le champ libre pour frapper ce premier à plein régime. Contrairement à toi, les goûtes de transpirations dégoulinaient le long de ses muscles.

F L A S H B A C K – Entre vous, ça aurait pu rester juste un plan cul régulier, le genre pas prise de tête qui peut convenir à tout le monde. C’était habituellement ton crédo, pas d’attache, pas de blabla, juste des confidences sans réelles importances sur l’oreille. Mais tu avais envie d’un peu de vérité dans ta vie bourrée de mensonges. Tu pensais que ça en valait le coup, bien que personne, toi y compris, n’y croyait vraiment. L’espoir fait vivre, comme on dit. « Tu peux toujours essayer. » De manière totalement contradictoire, c’était derrière des gants et un physique peu reluisant que tu sentais à l’aise. Que tu pouvais laisser Theora s’exprimer. Jamais tu ne te permettrais d’agir de la sorte en dehors de cette salle. Agir en enlevant les barrières. « Tu verras.  » Tu narguais, tu jouais, tout le contraire de toi. Mais c’était agréable d’être là sans aucune arrière-pensée. « Bientôt, l’élève dépassera le maître. » Tu t’emballais carrément.
Du mieux que tu pouvais, tu tenais l’énorme sac de tes petits bras. En réalité, Damian te faisait plus balader que tu lui étais utile. Mais tu campais sur ta position, les pieds encrés dans le sol afin d’avoir l’attitude la plus stable possible. Il venait de lancer les hostilités. Tu allais pouvoir prendre ton pied et faire ce que tu apprécies le plus dans ce genre de boxe : les coups de pied. Piètre danseuse, malgré l’inverse de ce que tu penses toujours actuellement, il faut reconnaître que tu avais un grand sens de l’équilibre. Une grande qualité lorsqu’il est question d’élancer une jambe afin de porter un coup en hauteur. Secrètement, tu rêves qu’on vienne t’agresser dans la rue, pour que tu puisses enfin user de ton talent. Secrètement, tu rêves qu’on vienne t’agresser dans la rue, pour que tu puisses enfin user de ton talent.
C’était désormais à ton tour. L’heure de sortir les gros bras.Tu optais pour un enchaînement différent. Le genre qui pouvait t’épuiser et te libérer à la fois. « Hm … » Impliquée dans la réalisation de tes mouvements, tu éprouvais des difficultés pour répondre. « Matinal. » Jab, jab, cross, jab, jab, cross, suivi de plusieurs uppercut, back-fist et pour finir le saint-graal : des roundhouse-kick. Tu commençais sérieusement à avoir chaud. Le souffle plus court, les muscles tendus, des perles de transpirations chatouillaient la moindre partie de ton corps. « Je crains qu'à la fin, je sois plus fatiguée par tes secousses que par mes propres coups. »  Tu reprenais ton souffle, tout en sautillant sur place et en faisant craquer ta nuque. Tu étais prête à te faire balader d'en Est, en Ouest.

F L A S H B A C K – Les enchaînements de mouvement orchestrés à la perfection étaient semblables à un ballet de danse. La coordination et le rythme avaient pris possession de ton corps. C’était fluide, sans une once d’hésitation. Tu pouvais t’en vanter, te pavaner dans toute la salle pour montrer tes exploits. « Tu te débrouilles de mieux en mieux. » avait lâché Damian. Jamais il ne te l’aurait dit s’il t’avait vu danser au milieu de la foule. Il aurait été secoué de voir à quel point une aussi jolie jeune femme pouvait saccager une chanson, et ça sans même prononcer un seul mot. Heureusement pour toi, jamais tu n’auras eu l’occasion et le malheur de lui montrer tes piètres talents. Peu habituée aux compliments, tu avais eu ce petit sourire enfantin au visage. Comme si tu entendais pour la première fois un homme crier une gentillesse à ton égard. « Merci. Il y a encore certaines techniques que j’essaye de perfectionner. » Avais-tu dit un gant sur le front, essayant avec difficulté les gouttes de sueur dégoulinant le long de ta peau. Damian s’était rapproché de toi, te proposant de passer aux choses sérieuses. Tu sentais que les choses allaient devenir intéressantes, et un sourire malicieux avait fait son apparition au coin de tes lèvres. Lui-même n’avait pas perdu de temps, se mettant en garde un en rien de temps. « J e t’attends mon beau. » Ses gants en garde, il n’attend plus que toi. Rapidement, tu avais le tour de tes options, de la manière dont tu allais t’y prendre. Et le premier coup était parti entre deux petits souffles, et des allers et viens d’un pied à l’autre. Tu avais élancé ton bras droit en avant frappant directement le gant du bel homme. Tu avais fait ce geste à de multiples reprises, essayant de troubler son attention pour effectuer un crochet de ton autre bras. Tu avais essayé de multiples tactiques afin de pouvoir toucher ta cible. Tous les coups étaient permis. Rien hormis le bruit des gants s'entrechoquant ne parvenait à tes oreilles. Quelques coups percutaient la peau de ton partenaire, mais rares étaient les occasions. Il était trop habile pour toi, trop expérimenté. Il te testait comme tu le testais. C’était un challenge sans fin.

F L A S H B A C K – Une ouverture, la seule et l’unique qui allait se présenter à toi. Tu savais que l’occasion n’allait pas se présenter une deuxième fois. Damian est bien trop sur sa garde pour te laisser une chance. Tu t’étais saisie de l’occasion, n’avais pas perdu une seule seconde. Dans ta tête, tout c’était déroulée de manière rapide et fluide. Et pourtant, il avait été plus rapide. Encore une fois. C’est agaçant. Tu avais l’impression d’en arriver au bout, de toucher le but, et de finalement le voir s’écarter au loin. De prendre le large. En un rien de temps, l’intime espace s’était refermé, laissant une moue sur ton visage perlé de sueur. C’était frustrant, mais pourtant, ça te poussait à en donner davantage.
Arrachant les scratchs de tes gants, la séance s’était terminée. La salle s’était d’autant plus remplie que tout à l’heure. Le monde se pressait sur le moindre espace disponible. À peine écartée du sac que deux hommes s’étaient pressé dessus. « Au fait, Mia t’a dit pour ce soir ? » On t’en avait vaguement parlé. Régulièrement, la salle organise ce genre d’évènement. Une occasion de revoir et de rencontrer les adeptes des crochets et de jab. Tu ignorais encore si tu allais t’y rendre. Tout dépendrait de ta motivation, et surtout de ton sommeil. « Ouais, je ne sais pas encore si je viens. » Habituellement, tu t’y rends lorsque tu n’es pas de garde. C’est un moment décontracté, l’occasion de voir Damian entre quatre yeux et non à travers un sac. Vous vous verrez comme les couples le font habituellement. Vous serez gênés et moins à l’aise dans vos gestes. Et encore heureux que cela se déroule dans votre coin adoré. Ça rendra les choses moins difficiles. « Et toi ? Tu penses que tu n’auras pas trop de travail pour pouvoir venir ? »