Qu'est-ce que j'irais faire au paradis quand tu t'endors près de moi ? (anton)

Ça fait des heures qu’elle se tourne et se retourne dans son lit, sur le côté droit, sur le côté gauche, sur le ventre, sur le dos. En fait elle n’a pas réussi à fermer l’œil depuis qu’elle s’est glissée sous sa couette et ça commence à faire un moment. Il lui manque quelque chose pour s’endormir paisiblement : le corps d’Anton collé contre elle. Elle a fini par en prendre conscience assez récemment, ou du moins par bien vouloir se l’admettre assez récemment, mais dormir sans sa présence et ses bras autour d’elle lui devient chaque fois un peu plus compliqué. Voire impossible ce soir, elle s’inquiète trop pour ça. Même s’il lui a dit être au zoo et être en sécurité, elle ne peut pas s’empêcher d’avoir peur que quelque chose lui arrive. Elle s’est beaucoup trop attachée à lui pour avoir l’esprit tranquille avec la tempête qui gronde dehors et en sachant qu’il n’est pas rentré alors qu’on est en plein milieu de la nuit. Et les infos à la télé sur des routes complètement bloquées, les urgences saturées, des coupures d’électricité ou encore un toit de supermarché qui s’effondre, ça n’a pas vraiment aidé à la rassurer. Le petit matin commence à approcher quand elle entend enfin le bruit de la porte de la maison et, au son des pas dans l’escalier, elle sait que c’est Anton. Avec l’habitude, à force de les entendre tous les jours, elle a intégré la démarche de chacun de ses colocataires et elle sait maintenant à chaque fois qui monte. C’est comme un énorme poids qui s’enlève de sa poitrine dès l’instant où elle comprend qu’il est là et elle réussit enfin à se détendre. Ça ne l’aide pas à s’endormir pour autant, parce qu’il n’est toujours pas à côté d’elle. Pendant longtemps elle hésite, continuant à tourner dans ses draps. Elle n’ose pas aller le déranger, il doit être fatigué et peut-être avoir envie de dormir tranquillement, mais les minutes qui passent lui semblent encore plus interminables que quand il n’était pas là. Elle finit par ne plus résister et se lève. Ne sachant pas s’il s’est endormi elle rejoint sa chambre à pas de loup et se glisse dans son lit le plus silencieusement possible. En douceur elle va se coller contre lui, déposant quelques baisers de sa nuque jusqu’à son épaule, puis pose la tête sur l’oreiller, enfin prête pour tomber dans les bras de Morphée.

La fin d’après-midi et le début de soirée a été tout bonnement catastrophique. La tempête étant arrivée plus tôt que prévu, on a dû s’activer pour mettre les animaux à l’abri le plus vite possible au zoo. Ce fut long et laborieux, les pauvres bêtes étant complètement affolés à cause des éléments naturels. Une fois les animaux en sûreté, on s’était tous retrouvés coincés pendant un long moment, ne pouvant même pas communiquer avec nos proches. Heureusement, j’avais eu le temps de savoir où se trouvaient les personnes à qui je tiens le plus. Mes parents sont chez eux, mes meilleurs amis sont à la maison. Tout comme Naleya aussi. Ouais, parce qu’elle fait visiblement partie de ces personnes-là à mes yeux, j’en suis le premier étonné, même si l’inquiétude a rapidement chassé toute autre pensée. Je ne pense qu’à la retrouver, à m’assurer qu’elle va bien de mes propres yeux et je ne réfléchis pas plus lorsqu’un collègue propose de me déposer. Vu les soucis de transports, j’aurai dû attendre des plombes ce qui a été ainsi réalisé en moins d’une heure. Me voilà chez moi alors que l’aurore commence à montrer le bout de son nez. J’entre dans la maison silencieusement, grimpant les marches une à une en essayant de ne pas faire trop de bruits. J’arrive dans ma chambre, n’attendant pas plus pour me déshabiller et finir en boxer, me dirigeant ensuite dans la salle de bain pour me laver les dents. La douche attendra demain, je suis bien trop fatigué pour rester debout plus longtemps. Les minutes du brossage terminé, je pose ma brosse, et me tourne vers la porte menant à la chambre de Naleya, tendant l’oreille à l’affût du moindre bruit. Mais le silence est maître dans la chambre de la belle et je dois me faire violence pour ne pas aller la rejoindre dans son lit, chose que je fais un peu trop de façon habituelle désormais. On se verra à son réveil dans quelques heures. J’éteins ainsi la lumière de la salle de bain, puis de ma chambre, me faufilant ensuite sous ma couette, prêt à plonger dans un sommeil réparateur. Sauf qu’il ne vient pas ce sommeil, mes yeux restent ouverts et je commence à me dire que j’aurai dû rejoindre ma colocataire dans son lit. À croire que je ne suis pas le seul à y penser puisque j’entends ma porte de chambre adjacente à la salle de bain s’ouvrir, puis se refermer, suivi par des petits bruits de pas. La personne grimpe sur mon lit, se glissant sous la couette, parcourant ensuite de baisers quelques endroits du haut de mon corps, avant de se poser confortablement sur l’autre oreiller. Je souris, me tournant vers la demoiselle et place ma main sur sa hanche pour la faire se tourner vers moi. « Salut toi. » Je lâche doucement, allant trouver ses lèvres des miennes pour un doux baiser. « T'es réveillée depuis quand ? T'as dormis au moins ? » Et je recule un peu ma tête pour l’observer, fronçant légèrement les sourcils. Il est très tôt, elle aurait dû être encore en train de rêver à cette heure-là.

Elle a bien tenté de le laisser tranquille, de ne pas venir le déranger pour le laisser dormir et rattraper tout le sommeil qu’il a perdu cette nuit, coincé au zoo. Mais si elle le fait c’est elle qui va encore augmenter son nombre d’heures d’insomnie, et il est déjà grand. Elle aimerait pouvoir sortir de sa chambre et commencer sa journée sans avoir des cernes immenses sous les yeux. Ça c’est la raison bonne pour l’excuse. Si elle est honnête, elle a surtout envie d’aller se blottir contre lui. Alors tant pis, elle essaie de le faire le plus discrètement possible mais elle le rejoint dans son lit. Quelques bisous dans son dos et elle ferme les yeux, tête posée sur l’oreiller. Enfin elle se sent bien. Mais ses yeux se réouvrent aussitôt quand elle le sent bouger et se retourner vers elle. Elle sourit quand il l’attrape par la hanche pour l’attirer face à lui. Elle espère que ce n’est pas elle qui l’a réveillé, mais ce serait mentir de dire qu’elle n’est pas heureuse qu’il ne dorme pas. « Salut toi. » Il dépose doucement ses lèvres sur les siennes et son sourire s’agrandit un peu plus. « Salut. » A son tour elle l’embrasse délicatement, incapable de ne se contenter que d’un baiser. « T'es réveillée depuis quand ? T'as dormis au moins ? » Il fronce les sourcils et elle se demande si elle a déjà une tête à faire peur pour qu’il se dise ça. Pendant une seconde elle hésite à dire qu’elle vient tout juste de se réveiller, mais elle n’a même pas l’excuse du bruit qui l’aurait sortie du sommeil puisque ça fait déjà de longues minutes qu’il est rentré. Elle n’a aucune raison d’être debout à cette heure et il ne la croirait surement pas. « Même pas une seule petite minute, je suis crevée. » Sa bouche se transforme en une petite moue, son cerveau n’a pas voulu la laisser dormir et pourtant ce n’est pas la fatigue qui manque. « C’est à cause de Braeden, il ronfle vraiment fort, tu sais bien. » Ce qu’il sait bien c’est surtout que Braeden ne ronfle quand même pas à ce point-là et qu’en plus de ça ça ne l’avait jamais empêchée de dormir jusqu’à aujourd’hui. Elle est vraiment débile de dire ça, il ne va pas la croire une seconde et comprendre qu’il y a un truc bizarre qu’elle ne dit pas pour inventer une connerie pareille. « Puis le bruit de la tempête, tout ça. » Elle s’enfonce un peu plus, elle s’en rend bien compte. Quoi que ça c’est déjà bien plus crédible, la tempête n’aide pas à s’endormir paisiblement, c’est la vérité et ça a vraiment une part de responsabilité dans son insomnie, mais une toute petite. Baissant les yeux vers son torse, elle se met à se poser soudainement tout un tas de questions, ça la fatigue encore plus et elle arrête de réfléchir. Elle ne sait pas si c’est son état qui lui fait oser dire ça mais elle s’étonne elle-même de le faire. « Et j’étais pas très rassurée que tu sois pas là. Un peu. » Son regard elle n’ose pas le remonter par contre et elle préfère se concentrer sur le bout de ses doigts qui dessinent distraitement des formes invisibles sur sa peau.

Après un baiser déposé en douceur sur ses lèvres pour la saluer, je la vois sourire avant de me saluer et de m’embrasser tout aussi délicatement. À mon tour de sourire, ne me gênant pas pour la questionner en ayant vu sa mine épuisée. Elle a un temps d’hésitation, ce qui a pour effet de m’intriguer un peu plus, mais je n’ai pas le temps de parler qu’elle finit par m’apporter un élément de réponse. Je reproduis sa petite moue toute triste en sentant à quel point la fatigue est présente, autant pour elle que pour moi, lâchant un léger rire lorsqu’elle évoque les ronflements trop bruyants de Braeden. Ok, il ronfle, mais pas autant que ça, chose qui me fait dire qu’il s’agit donc d’un mensonge. Le pire, c’est qu’elle s’enfonce encore et ça m’amuse. Je ne dis rien, attendant de voir si elle a fini. Je frissonne quand elle passe ses doigts sur mon torse, appréciant trop ça pour ne pas avoir de réaction, et elle avoue enfin ce qui s’est réellement passé. Un sourire se place sur mes lèvres. Si j’aime le fait qu’elle se soit inquiété ? Énormément. « Regarde-moi, Naleya. » Je n’attends cependant pas qu’elle le fasse d’elle-même, plaçant une main sous son menton pour relever sa tête vers moi, de ma propre initiative. Je les remarque plus facilement maintenant, ses petits yeux fatigués, sa mine soucieuse. Ces petits détails qui ne m’empêchent pas de la trouver quand même magnifique. Elle l’est toujours, même si sa beauté me frappe encore plus chaque jour. « Je suis là, d’accord ? Sain et sauf. Je reste là, avec toi, je pars pas. » Je n’en ai même pas envie, je ne veux pas quitter ce lit, même pas une seule seconde. « Je me suis fait du souci moi aussi, et pas que pour ton petit cul ou tes petits seins. » Petite référence à nos échanges sms afin de rompre un peu le sérieux de cette situation. Parce que c’est le cas, c’est sérieux, tout comme cette inquiétude qui m’a rongé ce soir. Ça m’a pris aux tripes et je ne peux pas ignorer les battements de mon cœur qui se sont accéléré rien qu’en entendant ses pas. Je ne peux pas non plus faire impasse sur le manque que je ressens, ce besoin de sentir sa chaleur comme tous les soirs. Je n’attends pas plus pour soulever la couette et me place au-dessus d’elle, mes lèvres se plaquant sur les siennes tandis que mes mains se positionnent sur ses hanches, à la recherche de chaleur sous son haut. Enfin, c’est surtout le mien qu’elle porte ce soir, une chose qui me plaît bien trop. Ça ne me choque pas, c’est même normal à mes yeux... Et ce n’est clairement pas bon, pas bon du tout. Wyatt me l’avait dit, je me fais avoir par mon propre jeu... Oh putain, Wyatt... Penser à lui me coupe dans mon élan et je stoppe le baiser, plaçant ma tête dans son cou pour grogner. « Je vais sûrement ruiner ce moment, mais il faut qu’on parle d’un truc. »

Il comprend qu’à chaque phrase qu’elle dit elle s’enfonce et ne dit pas tout. Elle le sait parce qu’il prend la même moue qu’elle, rit quand elle évoque les ronflements de Braeden, mais c’est tout, il attend qu’elle continue de parler sans rien dire. Raison pour laquelle elle finit par être vraiment honnête et avouer pourquoi elle n’a pas fermé l’œil, le regard fixé sur son torse à cause de la difficulté qu’elle a à l’admettre à voix haute, aussi bien à elle-même qu’à lui. « Regarde-moi, Naleya. » Elle ne l’aurait surement pas fait s’il n’avait pas de lui-même mis la main sous son menton pour qu’elle relève la tête. Elle n’a alors plus d’autre choix que de planter son regard dans le sien, mais elle est un peu plus gênée encore. Elle a peur de ce qu’il pourrait dire. Leur relation a pris tellement plus d’ampleur qu’elle n’aurait dû, de son côté en tout cas, elle ne peut plus faire l’autruche tant c’est devenu évident. Mais de son côté à lui elle n’est sûre de rien, elle n’a pas la moindre idée de ce qu’il pense sincèrement de tout ça, et elle est presque persuadée de s’accrocher pour rien. Elle n’arrive pas à se défaire de lui pour autant, elle n’a même pas la volonté d’essayer, même en sachant qu’elle pourrait finir mal. « Je suis là, d’accord ? Sain et sauf. Je reste là, avec toi, je pars pas. » Et c’est sur ça qu’elle a envie de se concentrer, sur le moment présent et le fait qu’elle n’a plus à s’inquiéter maintenant qu’elle est dans ses bras. « Je me suis fait du souci moi aussi, et pas que pour ton petit cul ou tes petits seins. » Elle rigole en repensant aux sms qu’ils s’étaient envoyés et elle sent son cœur qui s’emballe sans réussir à l’empêcher en l’entendant dire ça. « Tu m’as manqué Anton. Et moi non plus, pas seulement parce que t’es un bon chauffage. » C’est surement même une des dernières choses de la longue liste pour lesquelles elle aime être avec lui d’ailleurs. Son inquiétude de ce soir a eu un effet libérateur sur elle, elle ne s’est vraiment pas sentie bien et c’est ce qui la pousse à en dire plus sur ce qu’elle ressent. Il y a des choses qu’elle n’arrive toujours pas à s’avouer et elle essaie toujours de se convaincre qu’il a moins d’importance dans sa vie que c’est le cas en réalité, mais ça devient trop dur de tout garder. Lorsqu’il repousse la couette pour se mettre au-dessus d’elle et l’embrasser, elle passe les bras autour de son cou pour le serrer un peu plus contre elle, ses doigts caressant toujours chaque parcelle de sa peau qu’ils peuvent atteindre. Elle est un peu surprise quand il vient grogner dans son cou. « Je vais sûrement ruiner ce moment, mais il faut qu’on parle d’un truc. » Une nouvelle fois son cœur s’accélère, mais de stress cette fois. C’est instantané, une tonne de questions fuse dans sa tête et elle se met à craindre le sujet qu’il pourrait évoquer. « Qu’on parle de quoi ? » Posant les mains de chaque côté de son visage, elle l’incite à relever la tête pour la regarder, sourcils froncés.

Je la force à me regarder, lui avouant que j’étais inquiet pour elle. Je n'ai aucune raison de cacher ça avec elle, hormis celle de me préserver d'un rejet ou d'un non-retour. Sauf que c’est elle qui a initiée la chose, aucun risque qu'elle ne le pense pas elle aussi. Et je souris à ce qu'elle ajoute, réalisant que ce que je ressens, elle le ressent aussi. C'est rassurant de ne pas flancher seul dans ce genre d’aveu qui pourrait changer notre relation. Je sais qu'elle fait preuve de courage pour me le dire et je ne peux pas me défiler à mon tour. « Toi aussi, tu m'as manqué. » Elle ne s'imagine pas à quel point et moi-même, j'ai encore du mal avec cette sensation de manque quand elle n'est pas dans les parages. Au lieu de continuer à parler, je m'attelle à lui démontrer par des gestes que c'est énormément le cas, m'installant au-dessus d'elle. Mes mains trouvent leurs places sous le haut qu'elle porte et mes lèvres retrouvent les siennes pour un baiser passionné. Mais mes pensées ne restent pas en stand by pour autant, me ramenant vers des propos qu’a tenu Wyatt, le frère de la belle. Ça me coupe toute envie d'un coup, et en même temps, il y a de quoi. J’enfouis ma tête dans son cou, grognant de frustration et sortant sûrement des paroles qui la feront paniquer. Je la sens se tendre sous mon corps et ça me fait râler un peu plus. Mais quelle merde. Posant ses mains sur mes joues, elle me fait lever la tête et je me mordille la lèvre inférieure. « Panique pas, mais j’crois que j’ai fait une petite gaffe. » Pas si petite que ça en fait, mais ça diminuera peut-être l’inquiétude que je lis dans ses yeux. Tout d'un coup, je me sens gêné et ça passerait inaperçu pour une tierce personne, sauf qu’elle me connait maintenant, comme sa poche. Elle va le remarquer, alors autant continuer sur ma lancée. « Il se pourrait que j’ai parlé de toi à un pote, et que je lui aurais raconté certains de nos exploits. Je lui ai montré une photo de toi après, celle où t’avais mon maillot. » Elle sait de quelle photo je parle, aucun doute là-dessus. Par contre, je me doute qu'elle se demande en quoi il s'agit d'une bêtise. Nous ne nous sommes jamais interdit de parler de l'autre à une tierce personne, ça semble même normal que je parle d'une conquête à un pote. Sauf que dans mon cas, ça n'a pas été l'ami idéal pour cette histoire et toutes les anecdotes qui ont suivies. « Et il s'avère que ce pote soit Wyatt... Ton frère. » Je n'ai pas quitté une seule seconde ses yeux depuis que j'ai pris la parole, je ne le fais pas non plus à cet instant. Je veux qu'elle lise dans mon regard à quel point je suis désolé à ce sujet. Et puis, je ne veux pas me lever. Rester sur elle l'obligera à rester dans mon lit et à ne pas me fuir parce que j'aurai peut-être désormais le seul titre d'ami de son frère. Le statut qui t'ôte toutes possibilités de coucher avec la petite sœur alors que bon, moi, je veux encore d'elle. Il n'y a pas de problème dans le fait que ça soit la sœur de Wyatt, non ?

« Toi aussi, tu m’as manqué. » C’est une sensation de bien-être qui l’empare quand il lui dit ça. Elle avait peur de lui dire ces choses-là, malgré le fait qu’elle les pense depuis un moment, parce qu’elle avait peur d’être la seule à les ressentir, mais elle est soulagée maintenant. Elle ne sait pas encore bien ce que tout ça veut dire, ce que ça signifie pour leur relation, mais au moins là tout de suite elle se sent heureuse. Encore plus quand il se met sur elle pour l’embrasser, les mains sous son haut. Ou plutôt son haut à lui, puisque ses t-shirt lui font office de pyjama depuis quelques temps. Son odeur dessus est réconfortante, comme un doudou. Mais le stress la reprend rapidement quand il annonce qu’ils doivent parler et elle lui fait relever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. « Panique pas, mais j’crois que j’ai fait une petite gaffe. » Elle aimerait bien ne pas paniquer, mais ce qu’il dit ne l’aide pas beaucoup et la gêne qu’elle lit sur son visage encore moins, elle se met à imaginer à peu près tout et n’importe quoi. « Il se pourrait que j’ai parlé de toi à un pote, et que je lui aurais raconté certains de nos exploits. Je lui ai montré une photo de toi après, celle où t’avais mon maillot. » Elle fronce un peu plus les sourcils, avant de se détendre et de se mettre à rire. « C’est plutôt flatteur ça, que t’ais envie de me montrer à tes potes et de te vanter de ce qu’on fait. Tant que tu me montres pas à poil, où est la gaffe ? » Si encore il avait sorti une photo plus osée, mais elle voit celle dont il parle et ça n’a rien de trop gênant. Et qu’il parle de ce qui se passe entre eux au niveau sexuel ne la dérange pas non plus, c’est même assez plaisant de le savoir. Elle n’est pas la seule à trouver ça tellement bon qu’elle en parle avec ses copines. « Et il s’avère que ce pote soit Wyatt… ton frère. » Et paf, son cœur repart dans un rythme plus élevé. Elle a l’impression qu’il est en train de faire un tour de montagnes russes, à s’emballer puis se calmer, s’emballer à nouveau, et ainsi de suite. « Wyatt ? Tu connais mon frère ? » Elle ne les a jamais vu ensemble, ni même entendu leurs prénoms sortir de la bouche de l’un ou de l’autre. Puis elle repense à ce qu’il vient de lui annoncer et ses yeux s’ouvrent grands. « Et t’as parlé… de nos exploits… à mon frère… » Elle réfléchit à ce qu’il a bien pu lui raconter et elle sait que ça ne devait pas du tout être soft. Maintenant son frère sait comment elle est au lit. Elle devient toute rouge et pose les mains sur son visage pour le cacher. « Oh mon dieu. » Pour une gaffe c’en est une, la prochaine fois qu’elle va voir Wyatt, elle va se sentir tellement mal à l’aise. Après quelques secondes, il y a un truc qui la fait tiquer. « Depuis quand tu le connais ? Tu savais que c’était mon frère ? » En fait, c’est ça qui l’embête le plus, elle se demande s’il était au courant depuis longtemps sans jamais rien lui dire. Le fait de coucher avec un ami de Wyatt, elle s’en moque bien. Du moins aujourd’hui, avec Anton, parce qu’elle sait qu’il est beaucoup trop tard pour arrêter, ça ne lui vient même pas à l’idée parce que ça lui serait tout bonnement impossible.

Notre petit moment de douceur passe malheureusement à la trappe quand je décide de lui annoncer que son frère est au courant pour nous. C’est même pire que ça, il sait à quel point c’est intense et bestial au lit, la marque que je lui ai montré pouvant en attesté. Il ne verra sûrement plus jamais sa sœur de la même façon, par ma faute et c’est surtout pour ce point-là que je me sens le plus mal. Je commence par annoncer ce que j’ai fait, ne dévoilant pas de suite à qui j’ai raconté notre histoire et montré la fameuse photo. Forcément, comme je m’en doutais, Naleya ne comprend pas en quoi c’est un problème. Elle trouve même ça plutôt flatteur et j’aurais sûrement pensé pareil s’il s’agissait d’une personne étrangère à sa vie, mais ce n’est pas le cas. Alors je ne réplique pas sur ce qu’elle vient de dire, préférant attaquer le vif du sujet à la place et lui dévoilant l’identité de mon pote. Wyatt Farrell, son frère. Et c’est le silence, plus rien ne sort de la bouche de la belle pendant un court instant, jusqu’à ce qu’elle me questionne. Je n’ai cependant pas le temps de répondre que ses yeux s’ouvrent en grands, comme si elle venait de réaliser ce qui avait eu lieu. Chose qu’elle me confirme en l’évoquant à voix haute, virant totalement au rouge tout en posant ses mains sur son visage. Une moue pointe sur mon visage, la gêne est encore plus grande à présent qu’elle constate l’ampleur des dégâts. Je ne dis rien pour le moment, patientant le temps qu’elle puisse digérer la nouvelle et elle semble l’avoir plus ou moins fait lorsqu’elle me questionne à nouveau. « Je le connais depuis l’adolescence, mais je t’assure que je savais pas que vous étiez liés. Je l’ai appris il y a tout juste quelques semaines, lorsque je lui ai parlé de toi... » Exit les mensonges, je ne vais pas lui faire croire avoir su il y a peu de jours alors que je suis au courant depuis plusieurs semaines. « Je savais pas comment aborder les choses. » Je soupire, me mordant la lèvre inférieure, puis me lève du lit, quittant la chaleur de la couette et de son corps avec regret. Finalement, c’est moi qui fuis en fait. Je marche jusqu’à la fenêtre de ma chambre, plaçant une main sur ma nuque pour la masser, et lâche à nouveau un soupir avant de me retourner dans sa direction. « Mais je pouvais pas deviner que vous étiez frères et sœurs, vous ne vous ressemblez pas, c’est pas ma faute... » Et pourtant, j’aurai pu éviter cette situation. Si j’avais mieux fait mon boulot en tant que propriétaire de cette maison, j’aurai su le nom de famille de Naleya et rien ne serait arrivé. Je n’aurai pas eu à parler de ça avec son frère et on n’en serait pas là. Mais en même temps, je ne regrette rien parce que ce que je vis avec elle, c’est spécial et je ne l’échangerais pour rien au monde. « Je suis sincèrement désolé pour cette bourde, Naleya. » Vraiment. Je n’avais aucunement l’intention de créer une telle situation étrange entre elle et son aîné. Dire qu’elle ne sait pas encore toute l’intégralité de la connerie, chose que je décide de lui avouer de suite. « Oh et, il se pourrait aussi qu’avant cette découverte, on évoquait le fait que nos amantes respectives sont des tigresses au lit et que je lui ai montré une marque de morsure sur mon épaule... » Je grimace, me rendant compte à quel point j’enfonce encore plus le clou. Elle va sûrement clamser sous mes yeux à présent, quelle idée de lui parler de cette partie de notre conversation aussi.

« Je le connais depuis l’adolescence, mais je t’assure que je savais pas que vous étiez liés. Je l’ai appris il y a tout juste quelques semaines, lorsque je lui ai parlé de toi… » Depuis l’adolescence. Quelques semaines. Elle ne dit rien à voix haute mais se répète les mots dans sa tête. Elle couche avec un des plus anciens amis de son frère, sans même savoir qu’ils se connaissaient. Lui par contre était déjà au courant, mais il ne lui a pas dit tout de suite. Enfin, ça ne fait pas non plus trop longtemps, c’est déjà ça. « Je savais pas comment aborder les choses. » Il soupire avant de se lever et elle ne le retient pas, les premières secondes elle ne réagit même pas en fait. Elle voit bien qu’il est gêné et qu’il s’en veut d’avoir provoqué tout ça, mais là, elle ne sait pas du tout comment réagir. Elle a encore un peu du mal à réaliser tout ce que ça implique. Alors qu’il marche jusqu’à la fenêtre puis se retourne, elle se redresse pour être en position assise. « Mais je pouvais pas deviner que vous étiez frères et sœurs, vous ne vous ressemble pas, c’est pas ma faute… » Un léger sourire apparait sur le visage de Naleya, puis elle hausse doucement les épaules en regardant le sol. « Ouais, ça c’est sûr qu’on peut pas se ressembler. » Elle murmure ces quelques mots, plus pour elle que pour lui, en réalisant qu’en effet, c’est un truc qu’il n’aurait pas pu deviner de lui-même sans avoir plus d’infos. Au final, il y a encore vraiment pas mal de choses qu’ils ne savent pas l’un sur l’autre, et son sourire s’efface aussitôt, ça la rend un peu triste de se faire cette constatation. « Je suis sincèrement désolé pour cette bourde, Naleya. » Elle remonte les yeux sur lui, reste pensive encore une seconde, et se fait couper avant qu’elle ne s’apprête à ouvrir la bouche. « Oh et, il se pourrait aussi qu’avant cette découverte, on évoquait le fait que nos amantes respectives sont des tigresses au lit et que je lui ait montré une marque de morsure sur mon épaule… » Une nouvelle fois elle rougit et est gênée en pensant à la réaction de son frère et à l’image qu’il va maintenant avoir d’elle, et elle se laisse retomber de tout son poids au milieu des oreillers. « Oh putain. » Elle redevient silencieuse un moment, le regard fixé sur le plafond, son esprit perdu dans toutes ses pensées. Après plusieurs secondes elle soupire. « Bon, tant que t’as pas été jusqu’à lui dire que je te finissais souvent en gorge profonde ou ce genre de trucs hein. » Il faut relativiser. De toute façon, c’est trop tard maintenant, on ne peut pas revenir en arrière, et ce n’est pas un peu, beaucoup, de honte qui va la tuer. Il aurait pu lui raconter des détails bien pires. Et là elle se redresse soudainement, appuyée sur ses coudes, le regard un peu paniqué. « Tu lui as pas dit ça hein ? » Ça se serait vraiment la catastrophe et elle aurait surement envie de se cacher dans un trou pendant longtemps. Exit les repas de famille durant au moins quelques semaines après un truc comme ça. « Et pourquoi tu m’as pas dit tout ça avant ? » Après réflexion, ça reste toujours ce qui l’embête le plus et elle fronce les sourcils en le regardant. Il lui a caché ça et elle, elle aimerait tellement qu’il n’ait rien à lui cacher. « Et pourquoi tu t’es levé aussi, j’ai froid moi maintenant. » Elle aurait voulu qu’il reste là contre son corps elle. Parce qu’il n’a pas de raison de fuir, elle n’arriverait pas à lui en vouloir pour tout ça. C’est affreusement gênant, certes, et elle aurait largement préféré que ça n’arrive jamais, ça c’est certain. Mais ce n’est pas la fin du monde, ils s’en remettront tous les trois.

Elle murmure un truc, je n’en comprends que la moitié, mais assez suffisamment pour me poser des questions. Je décide de passer outre et de lui demander plus tard ce qu’il en est, préférant me lever du lit pour l’instant. Je marche près de la fenêtre, ressassant sans cesse en pensée ce que j’ai pu sortir à Wyatt, avant de tout dire à voix haute. La réaction se veut direct. Elle rougit, se laissant tomber dans les oreillers en jurant. J’ai merdé, bordel... Le silence revient et j’attends la sentence, stressant intérieurement, jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche, manquant de me faire avaler ma salive de travers. Sur le coup, je me félicite mentalement de ne pas avoir vanté de tel mérite sur sa personne. La belle se redresse rapidement, me demandant si j’en ai parlé à son frère et j’ouvre grand les yeux. « Non, bien évidemment que non, j’ai jamais raconté ça à quelqu’un. » Non pas parce que ça serait déplacé de dire qu’elle est capable de faire ça, mais parce que je n’aimerais pas que des mecs veuillent tester avec elle pour voir ce que ça fait. À partir du moment où un mec pourrait probablement s’approcher d’elle, ça ne me plaît pas, c’est comme ça. Je n’y peux rien. Sourcils froncés, elle me questionne sur les raisons qui m’ont poussé à lui cacher cette bombe aussi longtemps. Ça me fait légèrement grimacé. Je pourrais me contenter d’un bobard de passage, mais je n’ai pas envie de lui mentir pour le coup. Puis, ça me semble assez puéril, totalement immature, de vouloir lui cacher encore un truc à ce sujet-là. « J’avais peur que tu le prennes vraiment mal et que ce qu’on a se termine trop vite. » Je ne sais même pas ce qu’on a, en réalité, hormis que ça dépasse complètement le cadre d’un truc purement sexuel. Ça fait un moment que c’est plus que ça et je sais qu’elle en a autant conscience que moi. C’est un truc que je peux sentir au fond de moi, sans pouvoir expliquer cette connexion avec elle et ce changement de relation. Je ne suis même pas capable de la définir parfaitement, juste que la probabilité de devoir m’éloigner d’elle m’a fait largement flipper. « Ton frère n’aimerait sûrement pas qu’on continue de coucher ensemble, tu sais ? » Une moue prend place sur mon visage. Ouais, c’est possible ça et on ne pourrait pas lui en vouloir. Mais en même temps, on est deux adultes consentants, aptes à choisir ce qu’on veut réellement. Et moi, c’est elle que je veux, ça, c’est une certitude. Alors je reviens vers le lit, vers elle, m’asseyant sur le bord pour lui faire face. « Sauf que, malgré ça, j’ai pas envie d’arrêter. Je te veux, je te désire tellement, Naleya, que ça en dépasse tout raisonnement. » Ma main se pose sur sa joue, la caressant doucement du bout des doigts et je me mordille la lèvre. Et là aussi, ça me saute aux yeux. J’ai peur, peur qu’elle me fasse comprendre qu’elle souhaite tout arrêter. Un simple refus de sa part et je tomberais de haut, de très haut, sans savoir si je serais en capacité de me remettre debout. Cette femme me retourne totalement le cerveau, le cœur aussi sans aucun doute. Putain, je suis foutu.