wild thoughts (janae)

Est-ce que j'ai fait exprès de crever mon pneu de ma belle voiture de sport juste dans cette rue ? Oui. Quand je vous dis que je suis prêt à tout pour serrer une fille, c'est vrai. Cette Janae, je l'ai connu il y a quoi ? Une semaine, voir plus. Elle m'a aidé à refaire démarrer ma voiture sur ce parking de malheur. Elle ne voulait plus démarrer. Je ne sais pas pourquoi. Sans doute une signe du destin, car c'est grâce à cet incident de malheur que j'ai fait sa connaissance. Une fille extrêmement belle, et c'est rare quand j'emploie le mot "extrême". Je crois bien que c'est la plus belle nana qui a croisé mon champ de vision depuis des années. Mis à part Kiara, mais elle, elle est inaccessible, c'est ma meilleure amie, j'y touche pas. Mais Janae ? Oh mon dieu comme je désire la toucher, et pas qu'un peu ! Une fille mécanicienne qui aime se salir les mains, ça fait un peu campagnarde mais moi j'adore. Elle peut se salir les mains quand elle veut avec moi... Bref, voilà pourquoi je fais exprès d'être en ""détresse"" près de son garage. Car oui, je me suis renseigné et j'ai trouvé où elle travaille. Je prends un air faussement embarrassé quand je croise mon reflet dans la vitre de ma voiture et j'me fais un clin d'oeil à moi-même. Je suis un beau parleur, manipuler les femmes et les attraper du bout du doigt, c'est mon talent secret. Alors elle ne pourra pas m'échapper. Quoi que... si elle me résiste, je sens que le challenge sera encore plus intéressant. J'aime quand c'est excitant, quand on me donne du fil à retordre. C'est d'une marche penaude que j'arrive devant son garage, j'ouvre la porte, et la petite cloche sonne pour signaler ma présence et j'attends patiemment. Je regarde les alentours, les mains dans les poches jusqu'à ce qu'une présence féminine arrive. C'est elle, bingo. Je souris, fort heureux, mais j'essaye de retrouver mon air sérieux. « salut, janae c'est ça ? j'sais pas si tu te souviens de moi l'autre jour mais... bref. je viens de crever à l'autre bout de la route et, j'me demandais si tu pouvais venir jeter un coup d'oeil ? » si elle n'est pas occupée déjà avec un client ou si... je sais pas. Je me permets de jouer le mec inquiet, comme si ça devait vite être réparé alors que chez moi, j'ai encore une belle moto qui pourrait me dépanner.

Pour éviter de penser l’alcool, tu te noies le plus possible dans le travail. Les heures s’enchaînent et tu rentres tard. Parfois après Esteban qui se demande ce que tu peux bien foutre à des heures pareilles. Ma fois, il semble comprendre ton investissement dans le garage. Il te soutient, évitant de boire sous tes yeux, et laissant les placards vident d’alcool. Sans lui, tu serais très certainement encore en train de boire jusqu’à perdre tout contrôle. C’est bien beau d’avoir touché le fond, mais ta fierté fait que tu n’acceptes pas encore tout ce que tu as eu pu faire comme conneries. Et seule, tu n’aurais pas la motivation de diminuer ta consommation. Parce que oui, tu n’es pas encore prête à arrêter totalement. Tu penses pouvoir gérer tout ça, et stopper progressivement. Penchée par-dessus le capot d’une voiture, tu bricoles à l’intérieur, et tente de trouver d’où peut venir cette panne. A tes yeux, l’âge d’une voiture ne fait pas le tout. Elle peut être âgée, et pourtant vivre encore de belles années. Rien n’est irréparable, suffit de s’en donner les moyens. Au loin, tu entends la cloche qui vient annoncer l’arrivé d’une personne. Seule au garage pour le moment, tu décides d’aller voir qui cela peut être, et ce que tu peux bien faire pour lui. Au passage, tu prends un chiffon, et essuies tes mains noires dessus, avant de la reposer et de poursuivre ton chemin. Un homme d’à peu prêt ton âge attend, et de loin tu le salues. « Bonjour. » Tu marches jusqu’à lui. Dans l’immédiat, tu ne le reconnais pas. Tu n’es pas tellement physionomiste. Les clients, tu les reconnais à leur voiture. Preuve du peu d’importance que tu peux leur vouer. A l’inverse, lui semble parfaitement se souvenir de toi et de ton prénom. Tu secoues la tête rapidement pour confirmer. Quelle mémoire ! Il enchaîne disant qu’il a un problème avec sa voiture. Est-ce que tu te souviens de lui ? Absolument pas, mais peut-être que ça te reviendra lorsque tu verras sa voiture. « Le problème c’est que … » Pas le temps de terminer ta phrase que l’un des gars du garage vient tout juste de revenir. N’étant plus la seule à pouvoir gérer la boutique, tu vas pouvoir aller voir cette fameuse voiture. « Pas de soucis, on va prendre le camion, ça sera plus simple. » T’as pas envie de te farcir le tout à pied. D’un signe de tête, tu lui dis de te suivre. « Désolée, j’ai dû mal à reconnaître les visages. T’es déjà venu ici ? » Tu démarres le véhicule, et fais marche arrière pour aller sur la route. « De quel côté elle est ? »

Je suis piqué. Totalement obsédé par l'idée de revoir cette nana et rien ni personne ne pourra me foutre un stop.. Sauf elle, évidemment. Quel sexy attitude quand une nana vient vous aider avec votre voiture qui ne démarre plus. C'est comme une pub pepsi sauf que c'est la nana qui est mécano et non le mec. Pour une fois, ça me va de jouer les demoiselles en détresse, j'y trouve même un goût sympathique. Je suis le premier à me foutre royalement de la tronche de la gente féminine, et aujourd'hui précisément, j'ai besoin d'elles. Enfin, d'une seule, n'exagérons pas. J'avoue être légèrement - voir totalement -  vexé quand la demoiselle ne remet pas un nom sur mon visage. Elle ne remet pas mon visage tout court. J'explose de rire en me massant le torse.  « hahah très drôle, tu m'fais marcher hein ? » que je dis sur le ton de la rigolade. Dis-moi que tu me fais marcher car je pourrais pas supporter qu'une gonzesse ne se souvienne point de mon faciès. Je suis canon, un vrai tombeur. J'ai des dents parfaitement alignées et un petit nez de bébé cochon. C'est ce qu'on me disait souvent, apparemment ça fait mon charme. Mais non, toujours pas. Janae s'interroge et me demande si je suis déjà venu au garage. Pff, tu veux rire ? Dans un garage pareil ? Je préfère aller ailleurs où c'est plus propre et disons... mieux fréquenté. Mais je pense tout cela très fort dans ma tête et lui donne une toute autre réponse : « tous les jours, en cachette, je viens t'observer et tu ne m'as même pas remarqué. » je fais une petite moue alors qu'elle allume le moteur du camion. Allez savoir pourquoi on se déplace en bolide, ma voiture est juste à côté. Mais j'adore, ça nous donne un petit espace d'intimité. « juste là, à gauche. la voiture de sport grise. » trop fier de mon joujou. il a subit une crevaison à cause de toi ma belle alors t'as intérêt à te montrer gentille. « bon sérieusement, tu te souviens pas de ma tronche ? et si je dis " pas besoin de votre aide, vous allez vous casser un ongle et j'ai pas envie d'avoir la note de l’esthéticienne sur le dos. " » ! c'est mot pour mot ce que je lui ai lâché de ma bouche lorsqu'elle est venue s'arrêter pour m'aider sur le bas côté, le jour de notre rencontre. Sa réplique avait été mémorable et au final, j'ai tout de même accepté son aide.

Tu le regardes, de manière incompréhensive. Pourquoi tu devrais remettre son visage en mémoire ? C’est pas comme si tu le l’avais côtoyé à de multiples reprises. Enfin, tu ne penses pas. Ou, alors tu aurais un véritable problème de mémoire, et là il y aurait de quoi s’inquiéter. « Non. » Réponds-tu de manière tout à fait normale. Comme si ça coulait de source. Tu ne remémores pas même la tête de ton facteur, alors celle d’un homme que tu as vu une fois dans ta vie, encore moins. « Désolée. » Au moins, tu restes cordial. C’est fâcheux et tu le sais. Surtout quand il s’agit d’un homme plutôt mignon.  Ça c’était avant qu’il ne vienne te sortir son baratin. Des fois, certains feraient mieux de ne rien dire. Ça gâche tout. « Et tu sors ce genre de phrases à combien de femmes par jour en moyenne ? » Pour le boulot, tu préfères rester assez polie. Tu prends sur toi. C’est pas le premier lourd que tu rencontres. Et ça ne sera pas le dernier. T’espères juste qu’il ne sera pas comme ça tout le long. Tu bosses dans un garage justement pour éviter de rencontrer des hommes comme lui. Tu ne vois pas ce qu’il y a de sexy dans le fait de se salir les mains. Tu tournes à gauche, et vois la voitures quelques mètres plus loin. « Sympa comme voiture. Vaut mieux qu’on la bouge de là avant qu’elle n’attire trop les regards. » C’est loin d’être le meilleur quartier de Brooklyn, alors évitons de la laisser à la vue de tous. En particulier des personnes malintentionnées. Tu éteins le moteur, et descends de la voiture pour voir ce qui cloque. Tu fais le tour, et vois un pneu crevé. « Je me souviens plus de ta voiture que de ta réplique. » Comment oublier une voiture aussi splendide. Ce n’est pas le genre de véhicule que l’on voit dans le quartier. « Tu peux m’ouvrir le coffre, je vais te changer le pneu. » Dans ton camion tu sors un cric et une clé adaptée. « Qu’est-ce que tu fais dans ce quartier ? Tu t’es perdu ? »

Aie. Son non catégorique qui me frôle la crise cardiaque, je le digère pas. Comme je le dis, on a l'habitude de me remarquer. Mais allez savoir pourquoi, le fait que mon visage ne lui a pas marqué, ça m'intrigue. Car d'habitude, on ne voit que moi quand je rentre dans une pièce. Je me demande comment est-ce qu'elle me voit actuellement ? Je veux être dans ses pensées telle une petite souris en mode discrétos. En tout cas, ma blague n'a pas fonctionné. Je perds des points, et le mot lourdeur est écrit sur mon front. « euh zéro ? c'était une blague spontanée... mais bon, je retiens que tu n'apprécies pas mon humour. » je fronce les sourcils et je me gratte la tête. Je pense que ça va être compliqué. Mais je n'abandonne pas pour autant. J'aurais peut-être du attendre avant de la taquiner de la sorte. Tu veux toujours que tout soit rapide Hugo ! Janae arrête le camion, descend, et je la suis. Elle fait le tour de la voiture, inspecte le pneu crevé et me dit qu'elle se souvient de ma caisse. Aha. « donc tu te souviens de ma caisse, mais pas de ma tronche. » que je confirme en passant une main dans mes cheveux. Je me pince les lèvres. Bon, je suis flatté pour ma voiture hein, vraiment. Mais moi, je me sens pire qu'invisible en ce moment. Je m'exécute à ouvrir le coffre puis je fourre mes mains dans mes poches. « s't veux je vous laisse en tête à tête, la caisse et toi, j'me sens un peu de trop. » oh le relou mais ça c'est quand Hugo a été touché dans son ego. J'peux être insupportable et perdre tout mon sex-appeal. Je suis un gamin a qui des claques pourraient se perdre, vraiment.

Non c’est clair que tu n’apprécies pas ce genre de blague. Surtout venant d’une personne que tu ne connais pas. C’est assez déplacé. Tu as toujours été le genre de nana qui rembarre à la moindre drague. Ça ne prend pas, c’est plus lourd qu’amusant. Tu fonctionnes à la sincérité, pas aux discours cousus mains et surfaits. Tu préfères les longs silences ou les regards aux discours. Inutile de parler pour parler. Parfois, il vaut mieux ne rien dire, et savourer ce qui se passe. De cette manière, tu ne réponds pas à ça phrase. Qu’est-ce que tu peux lui répondre en dehors d’un très bien, qui au passage ne sert strictement à rien ? Rien, absolument rien. Une fois de plus le silence suffit, d’autant plus qu’il semble déjà assez embarrassé par ton répondant. Ça surprend les premières fois, puis on s’y fait. Ça demande seulement de l’habitude. Arrivé à sa voiture, tu fais rapidement le tour pour comprendre l’ampleur des dégâts. Rien de bien grave, ça sera changé en un rien de temps. « Exacte. » Comme si tu allais prendre le temps de te souvenir de chaque visage. Impossible. Ton cerveau se contre fiche complètement d’enregistrer le portrait de toutes les personnes que tu croises chaque jour. Et toi-même, tu y portes peu d’importance. Au même titre que les prénoms. « Ne le prends pas personnellement, je ne suis absolument pas physionomiste. » Et pas dans le relationnel, s’il faut véritablement dire les choses. « Et c’est pas tous les jours qu’on croise des voitures comme celle-ci. Encore moins dans ce quartier. » Les voitures, c’est une passion, ce qui t’a sorti de tes galères. Le coffre ouvert, tu en profites pour récupérer le pneu de rechange, et te mets immédiatement au travail. Tu ne comprends pas pourquoi il voudrait te laisser seul en tête à tête avec ta voiture. Peut-être parce que ses phrases ne prennent pas avec toi, et qu’un mec de son genre pense avoir toutes les filles qu’il désire. Esteban était pareil. Mais ça c’était avec de te rencontrer, et que tu craques finalement pour lui. « T’es en train de te braquer parce que je ne me suis pas souvenue de toi ? » T’as envie de rire, mais tu te retiens et garde bonne figure.

D'habitude, c'est easy. Les filles, je leur fais un sourire, je leur sors des beaux discours et c'est dans la poche. Mais pas avec Janae. Elle me résiste, ou disons qu'elle me repousse. Je fais un pas vers elle, elle en recule de deux. Je m'y prends mal, elle est surement de la vieille tradition. Je peux malheureusement pas lui pondre des fleurs ou une lettre mais je vais arrêter de faire du forcing, pour le moment. Je la regarde changer mon pneu. Je sais le faire, je l'ai déjà fait et je ne peux pas m'empêcher d'inspecter ce qu'elle fait. Car bon, j'ai pas trop envie qu'elle fasse exprès de mal visser un boulon pour me cracher un kilomètre plus loin. J'ai intérêt à être gentil et me montrer courtois. Complimenter ma voiture, c'est me complimenter aussi. Alors j'accepte, difficilement, mais j'accepte. « c'est vrai, tu as raison. je suis jaloux de cette beauté. » que je dis, même si j'ai lancé une pique sur le fait qu'elle peut avoir un tête à tête avec ma voiture si elle veut. Vu qu'elle est plus agréable à regarder que moi. Je sens comme un rire qui a envie de sortir du fond de sa gorge, alors je rigole le premier, histoire de détendre l'atmosphère. « un peu oui. je me sens con à être le seul qui retient un visage. » je fous mes mains dans mes poches, je mords la joue puis je reprends : « d'habitude, mes techniques d'approche fonctionnent. je dois en conclure que t'es déjà casée ? » pas casée, en couple, en relation avec quelqu'un. N'utilise pas des mots qui peuvent la brusquer encore plus imbécile.