need a little company (zack)

Trois heures du matin. Se tenant devant le bar dans lequel elle avait ingurgité une incalculable quantité d'alcool, Alison disait au revoir à ses amies avec lesquelles elle avait plus que profité de la soirée dans l'établissement. L'une d'entre elles, consciente que la jeune Millstone était à des kilomètres de la sobriété, lui proposa de venir dormir chez elle pour ne pas qu'elle fasse le chemin du retour seule. Alison, bien trop attachée à son grand lit dans lequel elle appréciait dormir seule, déclina l'offre, jurant qu'elle se sentait de rentrer, qu'elle n'avait pas tant bu que ça et que rentrer chez elle était du gâteau. Pas besoin de vous dire que c'était un pur mensonge, et que son amie l'avait décelé sans grande difficulté à peine l'avait-elle vu s'en aller en marchant, enfin, plutôt en titubant. Elle ne l'avait pas rattrapé car Alison habitait à à peine six minutes du bar, et ce n'était pas la première fois qu'elle la voyait rentrer saoule de la sorte. Tant qu'elle ne conduisait pas, se disait-elle, c'était l'essentiel.

Dans la tête d'Alison, c'était la troisième guerre mondiale. Tout tanguait autour d'elle et ses pieds ne suivaient plus son cerveau à présent bien trop attaqué par l'alcool qu'elle avait volontairement laissé entrer dans son corps. Elle avait du mal à suivre le chemin jusqu'à son appartement. En réalité, elle avait l'impression qu'elle était à des kilomètres d'y arriver et qu'elle allait s'étaler par terre avant même de pouvoir arriver à son si grand lit qui l'attendait et qui résolvait toujours ses plus grandes cuites. C'était trop compliqué pour elle et elle regrettait, deux minutes plus tard, d'avoir rejeté la proposition de son amie ... car elle avait bien besoin d'un ami à cet instant. Elle avait besoin d'aide pour continuer, pour la guider, et pour l'écouter. Oui, parce que même complètement arrachée, Alison en avait des choses à dire, notamment sur l'état dans lequel elle se trouvait. Vous vous doutez bien alors que c'est avec énormément de surprise et de consolation qu'elle découvrit qu'elle n'était pas seule dans la rue dans laquelle elle avait tourné pour rentrer à son appartement. Non, il y avait cet homme - qu'elle croisait de temps en temps et dont elle ignorait le nom - qui était à terre, posé au milieu de ses affaires et de ses couvertures. Ce dont elle savait sur lui, c'est qu'il avait fait de la rue son habitat, très certainement à contre cœur et avec difficulté, et qu'elle le croisait souvent en rentrant chez elle. Jamais elle n'avait établi le contact, et c'est pour cette raison, et aussi parce qu'elle était incapable de faire dix mètres de plus, qu'elle se décida que ce soir-là était le soir où elle lui parlait. Avec un peu de mal, la blonde s'approcha de l'homme et se posa finalement à côté de lui, sans même lui demander son avis. « Ah. Qu'est-ce qu'on est bien par terre. » La blonde ne mesurait pas ses paroles. Elle était bourrée et empreinte de bonne volonté. « Je crois que je vais faire une pause ici. » dit-elle en regardant l'homme qui la regardait à son tour, un peu perplexe. « Je m'appelle Alison. » Elle tendit sa main pour le saluer comme le font les personnes civilisées. Sauf que les personnes civilisées ne se bourrent pas la gueule jusqu'à l'abandon de soi-même, Alison.