stuck with you (eden)

Elle est plutôt contente d’être ici. Elle a plutôt apprécié ses années lycée, en même temps il aurait fallu être difficile. Tout lui réussissait à l’époque, et ça n’a jamais vraiment changé depuis il faut dire, mais elle n’a jamais eu à se plaindre de sa vie d’adolescente. Présidente du conseil des élèves, première de la classe, membre de l’équipe d’athlétisme… Elle avait une vie de série télévisée. Elle en garde toujours une certaine fierté, et revoir ses anciens camarades la rend toujours un peu nostalgique même si elle n’est pas de ceux qui vivent dans le passé. Aller de l’avant, c’est l’un de ses principes de base. Un verre à la main, elle passe la soirée à parler à différentes personnes. La plupart seulement des connaissances, ses vrais amis de l’époque n’étant pas encore arrivés. Il faut dire qu’elle n’a pas gardé contact avec beaucoup d’entre eux, chacun ayant pris des chemins différents après la remise des diplômes. Puis avec le temps, elle a fini par se rendre compte qu’ils n’avaient pas tant de choses que ça en commun, en fin de compte.
Au bout d’un moment, elle finit par en avoir marre des conversations sans intérêts et décide se mettre à la recherche de quelqu’un qui vaut vraiment le coup qu’elle reste ici. Il y a quand même beaucoup de monde dans cet immense appartement, plus grand que le sien d’ailleurs, et les pièces sont remplies de personnes qu’elle ne connait pas, pour la plupart. Elle arrive par hasard dans une chambre, et une fille l’attire dans un… placard ?! Elle a l’air d’avoir un peu bu, et clairement, elle n’a pas l’habitude de ce genre d’endroit. Parce que s’extasier devant un dressing… Ca reste mignon, cela dit, et elle la suit. Peut-être que cette fille a besoin d’aide après tout, si vraiment elle a bu. « Tu n’as jamais vu de dressing avant ? » Demande-t-elle en arquant un sourcil, un léger sourire en coin. « Ce n’est même pas le plus grand que j’ai vu. » Elle hausse les épaules, ça n’a même pas d’importance en fait, et la fille n’en a probablement rien à faire. Elle a juste envie de la laisser dans son enthousiasme. Alors qu’elle se tourne pour sortir, elle a juste le temps d’apercevoir un mec qu’elle ne connait absolument pas, encore un, en train de claquer la porte et de s’écrier : « J’vois que vous avez besoin d’un peu d’intimité, j’savais pas que c’était l’heure de sept minutes au paradis ! » Levant les yeux au ciel, elle continue son chemin vers la porte pour sortir, sauf que quand elle essaye d’ouvrir, elle n’y arrive pas. Plusieurs tentatives plus tard, elle soupire et donne un coup de pied dans la porte. « J’y crois pas, ils nous ont enfermé là. » dit-elle plus pour elle-même qu’autre chose.

Elle n’est pas du genre à prendre les gens de haut habituellement. Elle est très tolérante, très pacifiste, mais là, elle n’a pas pu s’empêcher sa remarque. Elle l’a regrettée tout de suite, elle n’a réalisé qu’après que l’autre fille pouvait mal le prendre. Et surtout, elle a réalisé pour quel genre de fille ça la faisait passer, un genre qui ne lui correspond absolument. Mais bon, qu’est ce qu’elle en a à faire au fond de ce qu’une inconnue qu’elle ne reverra jamais peut bien penser ? Sans grande surprise, la réaction de l’autre n’est pas ce qu’on peut qualifier de positive, et Eden se mord légèrement la lèvre inférieure. « Non, effectivement, même si ça n'a rien à voir. » Elle-même n’habite pas un château, elle n’a même pas de dressing à proprement parler étant donné que sa pièce de vie est également sa chambre, sa cuisine… Seule sa salle de bain est séparée du reste. Elle a quand même pu s’aménager un coin dressing qui prend une bonne partie de cette fameuse pièce principale… Mais là n’est pas la question. Elle a autre chose à faire que de se prendre la tête avec cette fille, surtout si c’est elle la responsable. Mais alors qu’elle va pour sortir, un abruti, qu’elle ne connait pas non plus, claque la porte de la pièce, les enfermant à l’intérieur. En claquant la porte, il a réussi à casser la poignée, rendant toute ouverture impossible. Elle n’a pas vu la poignée au sol au début, et a préféré donner de grand coups de pieds dans la porte, sans succès. Dans un sursaut d’intelligence, elle sort son téléphone et appelle l’une de ses amies présente à la soirée. Sauf que non seulement son ‘amie’ ne répond pas, mais qu’en plus son téléphone s’éteint quelques secondes après par manque de batterie. Elle souffle, essayant de réfléchir à la situation. Elle ne va pas se laisser submerger par la panique, la situation est loin d’être catastrophique. « On peut sans doute arrêter d'espérer à ce que quelqu'un vienne nous ouvrir, ils sont tous beaucoup trop occupés pour ça. Alors va falloir qu'on se débrouille seules. A deux on peut surement trouver une solution. » Si tant que l'autre veut bien faire 'équipe' avec elle, ça n'a pas l'air gagné. C’est là que son regard sur la poignée de porte, casée, qui git au sol. Elle la ramasse alors, et commence à la tourner dans tous les sens. « Tu es douée de tes mains ? » Demande-t-elle à la fille qui a l’air d’une humeur massacrante. La remarque de tout à l’heure, peut-être, ou alors est-elle claustrophobe ? Elle pourrait sans doute réparer ça elle-même, mais sait on jamais.

Elle aurait mieux fait de s’abstenir de sortir de chez elle ce soir. Elle pourrait être en train de manger tranquillement une pizza devant un film, son chien à ses côtés. En fait, tout serait beaucoup mieux que cette situation. Là, elle a l’impression que la fille avec qui elle est coincée va lui sauter dessus pour l’étrangler à tout moment. Elle n’a pourtant pas été méchante, elle a juste fait une remarque qui certes a pu l’agacer mais n’était en aucun cas une attaque ou un jugement de valeur envers elle. Elle se demande vraiment quel est son problème, mis à part le fait d’être coincée dans une pièce qui malgré ses dires n’est pas si grande que ça, et n’a même pas de fenêtre. Peut-être que ça n’a tout simplement rien à avoir avec elle, mais elle ne sent pas à l’aise. Et c’est bien la seule raison. Ca et le fait qu’elles n’aient aucun moyen d’appeler à l’aide. Avec la musique et l’état de la plupart des personnes présentes dans l’appartement, personne ne les entendra, ou ils se feront d’autres idées et ne voudront pas les déranger. La seule solution qui se présente à elles, c’est de se débrouiller seules. « Non, j’ai pas pris mon tournevis ce soir, désolée. » Elle a connu pire quand même, elles vont bien trouver une solution. « On est dans un placard, plus ou moins, il doit bien y avoir quelque chose de pointu ici, non ? » Une boucle d’oreille avec une forme bizarre ? Une lime à ongles ? Des ciseaux ? Vu la taille du dressing, il doit forcément y avoir quelque chose d’utile là-dedans. « C’est à cause de la remarque que j’ai faite que tu m’en veux ? Ou tu penses que je suis responsable de cet enfermement ? Parce que j’ai vraiment l’impression que t’as une dent contre moi, et je vois pas pourquoi. » demande-t-elle tout en commençant à fouiller les différents placards et tiroirs de la pièce. Elle a décidé d’y aller franco, pas la peine de prendre des pincettes.

Il a été très vite établi qu’elles allaient devoir se débrouiller toutes seules. Vu le bruit dans l’appartement et l’état des autres personnes présentes, personne ne viendra les aider. Personne ne sait où elles se trouvent, et l’hôte de la soirée n’aura sans doute pas besoin d’aller dans son dressing avant le lendemain matin. Voire après-midi, suivant l’heure à laquelle elle se couchera. Si tant qu’elle passe la nuit ici. Bref, il y a bien trop de constantes et d’hypothèses à prendre en compte, et Eden a vite fait le calcul : il vaut mieux qu’elles prennent les choses en main tout de suite plutôt que d’attendre passivement que quelqu’un vienne les sauver. Elle regrette presque de ne pas avoir bu d’avantage, même si être totalement maitresse de ses pensées et de ses actes ne sera pas une mauvaise chose. Tandis qu’elle cherche un moyen de, soit réparer la poignée, soit ouvrir la porte sans, Eden s’évertue à faire la conversation avec l’inconnue. Elle a la très nette impression qu’elle ne l’apprécie pas, et elle est très curieuse de savoir pourquoi alors qu’elles ne se sont jamais vues avant. Du moins, pas dans ses souvenirs. La raison qu’elle évoque est loin de la convaincre, mais elle ne peut s’empêcher de faire une grimace. « Si tu pouvais te retenir un maximum, je t’en serais très reconnaissante. » Elle ne doute pas qu’elle n’ait pas envie de se retrouver dans une situation aussi embarrassante, mais au bout d’un moment, quand on ne peut plus, on ne peut plus. « Tu n’es pas claustrophobe au fait, rassure-moi ? » Il est peut-être trop tard pour s’en inquiéter, mais bon. Elle veut savoir si elle aura une autre situation stressante à devoir gérer en plus du reste. La jeune lui tend par la suite quelque chose qu’elle ne saurait décrire, mais elle s’en empare, décidant que ça vaut toujours le coup d’essayer. Elle hausse les épaules en guise de réponse, puis s’agenouille de façon à avoir les yeux en face de la poignée cassée. Elle remarque tout de suite que ça ne fera pas l’affaire et soupire, se retournant pour se retrouver assise, dos contre la porte. « Je crois que ce ne sera pas si facile. » Elles vont peut-être devoir se résoudre à passer au moins la nuit ici. « Faut voir le bon côté des choses, avec ce qu’on a bu juste avant, on risque pas de se déshydrater de sitôt. »

Le plus gros souci qui se pose, là, n’est pas celui auquel Eden aurait pensé instinctivement. Toutes ses compétences sont mises à l’épreuve, sa patience en premier lieu. Heureusement, elle a une tolérance assez grande à toutes sortes de choses désagréables, même si comme pour tout, il existe des limites à ce qu’elle est capable de supporter. En l’occurence, la blonde n’étant pas capable de se retenir les surpasse. Au moins, ce sera le seul problème urgent à gérer, étant donné qu’elle n’est pas claustrophobe. Ca, ca la rassure. Si en plus elle devait s’occuper d’une crise de panique… A moins que la jeune femme ne finisse par se jeter sur elle pour l’étrangler. Eden a la très nette impression qu’elle ne l’aime pas, et ça la dérange étant donné qu’elle n’en connait pas la raison. Ca ne l’empêche pas d’essayer de les sortir de là, mais elle peut mener son enquête tout en travaillant. Surtout qu’en fin de compte, elle n’y arrive pas, alors une petite énigme à résoudre l’aidera à patienter. « Des miracles ? Qu’est ce qui te fait dire ça ? » Là encore, un ton moqueur. Ca ne lui plait pas, mais elle ne semble pas décidée à lui en dire plus. Elle va devoir travailler pour avoir des réponses. Mais la jeune femme lui pose une question qui lui fait momentanément oublier ce problème. Eden soupire, hausse les épaules. « Pas vraiment. Peut-être demain au boulot, quand on verra que je ne suis pas là. » C’est même très probable, mais là encore, ils ne sont pas sur une affaire si importante en ce moment, alors… « Et toi, personne à qui tu pourrais manquer ? T’es venue seule ? » Peut-être que c’est à elle qu’elles devront leur salut. Après quelques secondes de silence, Eden décide de reprendre la parole. La question lui brûle les lèvres depuis tout à l’heure, et elles n’ont rien de mieux à faire que de parler de toute façon : « On se connait ? J’ai l’impression que oui, mais j’arrive pas à me souvenir de toi. » Loin d’elle l’envie qu’elle le prenne mal hein, mais ça la rend folle.