today is your day (eliza)

Vingt-cinq ans. Déjà. Le temps passe de plus en plus vite au fur et à mesure que les années passent, et c’est loin de la déranger. Elle ne vit pas dans le passé, elle préfère aller de l’avant, et elle accueille cette année en plus avec joie. Déjà parce qu’un anniversaire, c’est toujours joyeux en théorie. En pratique, ça l’a été aussi. Elle a travaillé certes, mais elle a été de bonne humeur toute la journée. Savoir qu’elle allait voir Warner le soir l’y a bien évidemment beaucoup aidée. Elle s’est rendue chez lui dès que possible. Elle a quand même pris le temps de prendre une douche et de se maquiller un peu, même si elle n’a rien fait d’extravagant. Warner est celui qui la connait le mieux, elle n’a jamais eu peur d’apparaitre au naturel devant lui. Alors se faire belle plus que d’habitude a été fait de façon purement égoïste, parce que ça lui faisait plaisir tout simplement. Comme s’il l’avait attendue derrière la porte depuis plusieurs heures, il lui ouvre à peine la sonnette pressée. Elle est accueillie par un bon anniversaire et un baiser, et il ne lui en faut pas plus pour se mettre à sourire de toutes ses dents. « Merci. » dit-elle avant d’entrer dans l’appartement. « J’ai travaillé tu sais, mais tout était plus supportable que d'habitude. » Elle avance, enlève sa veste et pose son sac, exactement comme elle l’aurait fait si elle s’était trouvée chez elle. « On est seuls ? » Demande-t-elle en arquant un sourcil, intéressée, connaissant déjà la réponse. « Comment tu as fait pour convaincre ta colocataire de te laisser l’appartement ? » Elle lui en est très reconnaissante en tout cas, de pouvoir être seule et tranquille avec lui. Même si techniquement, c’est son appartement à lui et à lui seul, et qu’il n’était jamais censé le partager avec qui que ce soit.

Prendre un an n’a pas toujours un bel effet sur les gens. Ils n’aiment pas vieillir, prendre de l’âge. Mais Eliza, elle, elle ne voit que les bons côtés de la chose : les cadeaux, la joie, être entourée des personnes qui comptent pour elle, et le plus important, le gâteau. Elle a passé une excellente journée, sachant qu’elle allait revoir Warner en plus. C’est sans doute ça son plus beau cadeau, le fait d’avoir de nouveau une relation normale avec lui, comme s’ils ne s’étaient jamais arrêtés. « Tu dis ça pour me faire plaisir. » dit-elle en secouant doucement la tête. « J’ai des rides bien camouflées et des cheveux blancs. » ajoute-t-elle d’un air faussement triste. Son apparence, c’est vraiment le cadeau de ses soucis la plupart du temps, même si pour une actrice, ça peut être considéré comme un inconvénient de ne pas avoir une plastique parfaite. Mais là encore, qui a le droit de définir ce qu’est censé être la perfection ? Elle s’aime et s’accepte comme elle l’est. « T’es pas mal non plus j’avoue. » Un nouveau sourire, un nouveau baiser, et elle entre dans l’appartement et commence déjà à faire comme chez elle. Elle est surprise de constater qu’ils sont seuls, et se demande bien comment Warner a pu faire pour réussir à virer sa colocataire de chez eux ce soir. Ca a dû lui couter cher, et elle lui en est d’autant plus reconnaissante du coup. « Elle ne me dérange pas, je l’aime bien. » avoue-t-elle en haussant les épaules lorsque Warner lui demande si elle aurait préféré que Kara soit là. « Mais c’est encore mieux si on est que tous les deux, je ne vais pas le nier. » Elle n’aurait pas été crédible dans ce cas. Mais peu importe ce qu’il a préparé, elle sait que ce sera bien. Parce qu’il est là, qu’ils sont tous les deux, et que tout va bien entre eux. « C’est parfait. J’ai hâte de voir ce qu’il y a à manger aussi, je meurs de faim. » Elle ne sait pas s’il a osé cuisiner ce soir encore. La dernière fois qu’il a cuisiné pour elle remonte à loin, et ça n’avait pas été si catastrophique que ça. Elle ne sait juste pas s’il a eu beaucoup d’entrainement depuis. « J’ai surtout hâte de voir le dessert pour être honnête. » Limite, elle ne pourrait manger que ça. « Et mon cadeau aussi. » ajoute-t-elle d’un air innocent.

Elle sait bien qu’ils ne sont qu’en train de plaisanter, mais c’est quand même une réalité : le temps passe et ils ne vont pas en rajeunissant. C’est d’autant plus vrai qu’elle prend aujourd’hui un an.  « L’amour rend aveugle comme on dit. » qu’elle répond en haussant les épaules. Ca lui fait tout drôle de parler d’amour avec Warner. Mais c’est bien ce qui les lie, ça n’a jamais cessé d’être le cas même si ce n’était pas évident à voir pendant ces derniers mois. Comment aurait-il pu en être autrement de toute façon ? « T’es en train de me dire qu’on sera encore ensemble quand je serai vraiment ridée et pleine de cheveux blancs ? » Elle n’imagine pas la suite des choses autrement, mais elle ne peut pas prétendre savoir de quoi sera faite la vie. C’est en tout cas ce qu’elle souhaite, mais peut-être que lui aussi changera d’avis un jour. En tout cas pour le moment, elle prend et elle aime ça. Puis il y a plus important ce soir : c’est son anniversaire, et elle a faim. Elle a mangé tard pourtant, mais elle pourrait manger un éléphant malgré tout. C’est le fait de savoir que Warner a fait tout ça pour elle, sans doute. « Je mange, t’en fais pas. J’ai mangé avec Daisy il y a quelques heures même. » se défend-elle. « Ma vie ne tourne pas qu’autour de toi, désolée. » Si ça avait été le cas, elle ne serait jamais partie. Il lui fait alors une annonce qui, si elle avait été vraie, aurait pu gâcher toute sa journée d’anniversaire. Mais elle sait qu’il joue avec elle, et elle ne peut pas s’empêcher de faire la moue. « Je vais repartir alors. Cette soirée n’a aucun intérêt s’il n’y a ni dessert ni cadeau. » Mais elle ne bouge pas, et commence même à manger les toasts qu’il a préparé. C’est une bonne entrée en matière, mais maintenant qu’ils ont parlé du dessert… elle n’a plus que ça en tête. « On peut commencer par le dessert ? » Elle sait très bien qu’il y en a, elle n’en démordra pas. Un sourire point sur son visage, lui donnant un air angélique.