le papa, le papa, le papa pingouin adore sa banquise. (jill)

« Et tu crois pas que, parfois, t’es un peu trop à fond pour rien ? » Je la questionne, un air taquin sur la face. Elle est toujours à fond pour tout Jill, je crois que c’est ce qui pourrait la définir au mieux. Ce n’est pas un défaut à mes yeux, bien que parfois, elle devrait se calmer un peu. « Ok, d’accord, je te suis. » Je suis comme ça moi, un meilleur ami qui soutient et supporte les folies de sa meilleure amie. Même si c’est complètement débile comme enquête, je vais quand même l’aider et jouer au mec qui est à fond aussi, juste pour lui faire plaisir. « Pourtant, les trous sur le devant du caleçon, c’est grave pratique tu sais ? Pas besoin de se dessaper en intégralité, juste le pantalon baissé et hop, c’est parti ! Tellement plus rapide pour… Faire entrer sa saucisse dans du pain. » Et je pique un bout de steak pour le foutre dans ma bouche, l’air de rien. Je me trouve bien poli aujourd’hui, pas de mots cochons à tout-va, un vrai saint. Bon, il faut dire qu’il y a des gosses dans les alentours, je ne vais pas me mettre à crier que je fourre ma bite dans des vagins, ça serait complètement déplacés -puis les clients se casseraient vite du zoo et moi, je me ferais sûrement virer-. J’étouffe un rire en la voyant plisser les yeux et encore plus après ce qu’elle dit. « Je vois pas pourquoi t’insinues ça, je comprends pas. » Dis-je avec un air innocent sur le visage. Non, je ne vois pas du tout, je n’ai rien fais. « Ouais, ça me va, merci bien, dudu. » J’affiche un grand sourire sur les lèvres pour prouver ma satisfaction. Bon, je ne suis pas con pour autant, je sais pertinemment qu’elle ne va pas m’offrir ça. Jill, elle m’offre plutôt des cadeaux débiles, mais des trucs que j’aime quand même. Après tout, c’est l’intention qui compte et le fait que ça soit offert avec le cœur, pas le prix. De toute façon, l’argent ne m’a jamais intéressé plus que ça, alors même si elle m’offre un truc qui coûte un dollar, ça me rendra tout autant heureux qu’un truc qui vaut des millions de dollars. Tout au long de la conversation, nos assiettes se sont vidées et, lorsqu’on termine nos plats, je souris face à ce qu’elle sort. « Oh bah tiens, je voulais acheter un ballon pour mes pingouins, ça te dit pas de devenir ce ballon du coup ? » Nouvelle taquinerie. Elle n’a rien d’un ballon la demoiselle, c’est même tout le contraire, elle est toute fine. Oui, même après avoir mangé comme un mammouth.

Je lâche un léger rire quand elle se met à énumérer les noms ou adjectifs pouvant me décrire, puis secoue doucement la tête de façon négative, un soupir sortant ensuite d’entre mes lèvres. « Pourtant, c’est comme ça que toutes mes conquêtes me décrivent. Doux, romantique. » Ouais ou pas quoi. Soyons honnête deux minutes, le romantisme ça ne me connaît pas et puis, c’est chiant comme tout. Pourquoi je devrais m’embêter en offrant des cadeaux à une femme ou encore à organiser une soirée en amoureux, alors que je peux me contenter de quelques phrases et hop, un petit tour au lit -ou ailleurs- ? La seule chose qui m’intéresse, c’est de savoir si j’aurai un orgasme ou non, pas d’avoir connaissance des sentiments de la femme qui sera face à moi. La conversation dévie ensuite sur les drôles de pratique qu’elle pourrait avoir et je n’obtiens qu’un roulement d’yeux de sa part, chose qui me fait une fois de plus rire. Elle ne répondra pas, je le sais, parce que sinon, on va être parti pour un énième débat et, clairement, on manque de temps pour ça. Vient par la suite son idée de cadeau et j’émets le souhait d’y voir des diamants. Je sais que je peux toujours rêver, mais je le dis quand même. Et alors que je la compare à un ballon que j’offrirais à mes pingouins, elle se met à arborer un immense sourire, puis joue à celle qui est offensée. Je lève les yeux au ciel. Jill, la comédienne du dimanche, mesdames et messieurs. « Tu sais que t’es pas crédible, hein ? T’en as conscience au moins ? Histoire que je ne blesse pas ton orgueil. » Dis-je avec un air moqueur sur le visage. Heureusement qu’elle ne bosse pas en tant qu’actrice, elle en ferait une très mauvaise tant elle ne sait pas faire semblant. « Et arrête, je fais preuve de gentillesse envers toi. Parfois, je te laisse conduire ma caisse. Si c’est pas être gentil ça. » Ma bagnole, c’est comme mon bébé, je ne le cache pas, je l’affectionne énormément. C’est l’une des premières acquisitions que j’ai faite en revenant à New-York, j’en prends bien soin. Il est rare que je laisse le volant à quelqu’un d’autre, ayant bien trop de crainte que mon bébé ne finisse avec une rayure ou pire encore. Pourtant, j’autorise Jill à la conduire par moment, je lui fais assez confiance pour ça. Leroy aussi a le droit et je crois bien que ce sont les deux seules personnes à qui je donne autant de liberté. Ce ne sont pas mes meilleurs amis pour rien. « Tu reprends à quelle heure ? » Je lui pose la question alors que je sais déjà plus ou moins la réponse. Elle ne doit pas trop tarder à reprendre, tout comme moi. Les visites dans un zoo, ça ne s’arrête que le soir malheureusement et, nous, petits soigneurs, on ne bénéficie que de courtes pauses durant 1h au maximum.