Invité a posté ce message Ven 18 Oct 2019 - 13:34#
Une sale période, une sale journée et … toutes ces choses qui font que la seule chose dont j’avais envie ce matin était de rester cachée sous la couverture et de ne pas bouger du lit. Ce que j’aurais fait si je vivais seule, ce n’est pas le cas. Maussade dès le réveil et déjà bien tendue la veille au soir, je n’ai pas prononcé le moindre mot en me levant. A vrai dire, j’ai évité tout le monde et je suis partie m’isoler en ville aussi rapidement que possible. Ma journée s’est résumée à trouver n’importe quelle occupation pour me vider la tête et envoyer promener au téléphone toute personne ayant le malheur de me dire quoi que ce soit de travers. En somme : une journée de merde avec quelques éclaircies de temps à autre. Sur les nerfs, j’ai tout tenté sans parvenir à faire le vide et sans réussir à chasser ma mauvaise humeur. Même courir jusqu’à avoir l’impression que mes poumons étaient en feu et mon coeur sur le point d’exploser n’ont pas réussi à faire taire mes émotions. Fatiguée et déprimée, j’ai passé la soirée à regarder des émissions quelconques à la télévision, refusant encore et toujours de communiquer avec mes colocataires. La seule personne à même de me calmer, de me faire parler, étant mon petit ami contre qui je me suis lovée dans l’espoir de trouver le sommeil. Rien à faire. Des heures à fixer le plafond en espérant que la respiration posée de Tommy m’aiderait à dormir sans que ça n’arrive. Agacée et certaine de ne pas fermer l’oeil cette nuit, je quitte le lit aussi discrètement que possible et descends au rez-de-chaussée en m’éclairant seulement à l’aide de mon portable. Une fois dans la cuisine, j’allume la lumière, pose mon téléphone sur l’ilôt central que je contourne pour aller fouiller dans la réfrigérateur mais ne trouve rien d’appétissant. Je me jette alors sur les placards, en sors un paquet de gâteau, croque dans l’un d’eux et manque de recracher aussitôt ma bouchée. Du café alors que je déteste ça. Grimaçant, je vais cracher dans la poubelle et m’empresse de boire une longue gorgé d’eau pour faire passer le goût infâme. Bien, s’il n’y a rien de comestible je vais m’en charger. Il ne me faut pas grand-chose : trois laits différents, de quoi faire une biscuit génoise, de la chantilly et de la cannelle, un gâteau simple et tout en douceur que je n’ai pas fais depuis des années. Le tout étalé sur le plan de travail, je me mets au travail une fois le four en préchauffage et laisse la confection du gâteau prendre toute mon attention au point de ne pas remarquer ne plus être seule dans la pièce. Ce n’est qu’une fois ma pâte prête à finir dans le moule que je redresse la tête et fais un bond en arrière. « Mon dieu ! » Je lâche, rattrapant de justesse le saladier qui manque de finir au sol. « Asher tu m’as fait une de ces peurs ! » Ce qui ne m’arrête pas dans la confection de mon gâteau. « Tu viens seulement de rentrer ? Attends … Il est quelle heure en fait ? » Tard je suppose. Il était déjà plus de deux heures du matin lorsque je suis descendue et Ash est un oiseau de nuit.
Invité a posté ce message Ven 18 Oct 2019 - 15:41#
Lorsque j'avais posé les pieds à New-York, je n'avais eu qu'une idée en tête. Retrouver ma soeur. J'avais mis pas mal de temps avant d'y arriver et encore aujourd'hui, je n'étais pas certain d'arriver au stade des retrouvailles. D'ailleurs, je n'arrivais pas vraiment à imaginer la scène et c'était devenu presque impossible depuis que j'avais rencontré Tessa. Elle était douce, gentille, drôle et il semblait évident qu'elle était heureuse dans cette vie, cette vie qu'elle s'était construite seule entourée de personnes qui m'étaient presque inconnu. Je devais bien avouer que dès qu'un Goldstein venait à la maison, je faisais en sorte de ne pas être présent. Les détestais-je ? Peut-être un peu. J'avais un réel manque de sympathie pour eux sans réellement savoir pourquoi... Peut-être avais-je l'impression que sans le savoir ni même le vouloir, ils m'avaient volé ma sœur. En revanche, j'appréciais énormément Tommy et la façon dont il prenait soin de Tessa. Sans comprendre comment, je m'étais attachée à elle sans même qu'elle sache qui j'étais réellement. Le courage me manquait totalement, et pour la première fois de ma vie, je préférais mentir que d'assumer ma réelle identité. Bien sur, c'était un peu ironique quand on savait que j'avais changé d'identité une ou deux fois mais c'était un autre débat.
Comme souvent la nuit, je ne dormais pas. Il me semblait que la maison était calme même si des bruits dans la cuisine commençait à me donner tord. J'étais descendu pour voir qui était la personne qui était aussi insomniaque que moi. Tessa. Décidément, la vie avait envie de jouer avec moi. « Désolé, ce n'était pas le but ! » grimaçais-je avant d'attraper une bouteille d'eau sur le bord de l'évier. « Non, je suis rentré depuis un moment mais clairement, il est tout sauf l'heure de cuisiner. » la taquinais-je en esquissant un sourire. « Il est 2h du mat' Tessa... T'arrives pas à dormir non plus ? » demandais-je en prenant place sur un des tabourets qui composait notre cuisine. J'étais un oiseau de nuit depuis des années et c'était sans doute à cause de ce que j'avais vécu par le passé. Je n'aimais pas la nuit, je n'arrivais pas à me poser tranquillement en lâchant prise et en baissant ma garde et ce même ici, dans cette maison qui m'avait pourtant accueilli à bras ouverts.
Invité a posté ce message Ven 18 Oct 2019 - 21:06#
Je cuisine très rarement en pleine nuit, pour ne pas dire jamais en fait. Généralement, je suis comme tout le monde : une fois le soleil couché et l’heure tardive, je dors. Pas aujourd’hui visiblement. Je ne suis pas capable de m’endormir, ni même de cesser de cogiter autant. Cette date, je l’ai toujours détesté. Elle me rend triste et maussade, tout ce que je déteste. C’est trop de souvenirs ou, justement, pas assez. Je sais ce qui m’a été rapportée, ce qui est écris dans mon dossier, mais je ne suis pas capable de me rappeler exactement de ce fameux soir. De ce qui a fait que ma vie est devenue incontrôlable et un enchaînement de déceptions pendant plus de neuf ans. Je sais que sans ça je ne serais pas là aujourd’hui, je ne serais pas aussi heureuse, ça ne veut pas dire que c’est moins douloureux. Mais si mon cerveau a pris la décision d’effacer mes souvenirs c’est probablement pour me protéger … Qu’est-ce que j’en sais de toute manière ? Je ne suis pas psychologue et j’ai nettement mieux à faire de me poser de nouvelles questions qui me donneront la migraine. Sauf que je ne peux pas me concentrer très longtemps puisqu’une tierce personne arrive dans la cuisine et me fait la peur de ma vie - en exagérant un peu. Visiblement désolé, les mots sortant ensuite de la bouche, je finis par balayer le tout d’un geste de la main, petit sourire aux lèvres. « Je m’attendais pas à ce que quelqu’un d’autre soit debout. » Et ce même si je n’ai pas la moindre idée de l’heure qu’il est. C’est le brun qui me la donne après m’avoir rétorqué que ce n’est pas une heure pour cuisiner. Il n’a pas tort, seulement c’est la seule façon que j’ai de m’occuper et non de m’abrutir devant la télévision. « C’est ça … Trop de choses qui se bousculent là-dedans. » Dis-je en désignant ma tête avant d’enfourner la pâte au four. « C’est pas vraiment un bon jour pour moi, une date que j’aime pas particulièrement du coup pas moyen de dormir et cuisiner m’aide à me détendre. » Je lui explique en haussant les épaules. Certes, je lui déballe ma vie, mais j’ai une confiance assez forte en Asher. Juste comme ça, sans raison particulière, seulement une sorte de … d’assurance.
Invité a posté ce message Sam 19 Oct 2019 - 13:11#
Depuis que j'étais arrivé à la coloc', j'avais fait attention de ne pas trop me mettre en avant, de ne ps trop porter d'attention à Tessa non plus. En somme, j'avais été moi-même mais avec un certain recul que personne n'avait réellement remarqué, fort heureusement. Ce n'était pas facile d'expliquer qui j'étais quand on ne savait pas réellement soi-même qui on était. De plus, je n'avais pas vraiment envie d'avoir Tommy sur le dos alors que l'attention que je pouvais porter à sa petite amie n'avait rien d'ambigu. Heureusement, pour l'instant, tout se passait plutôt bien et j'avais de bonnes relations avec tout le monde. J'avais même été en virée avec Tommy, Cameron et Jake ce qui démontrait que nous étions de bons potes. Ce n'était pas désagréable d'avoir des gens bien dans sa vie, et je devais bien avouer que ça ne m'était pas arrivé très souvent ces dernières années. Certes, je n'avais pas toujours été le type le plus sain du monde mais me retrouver dans un cadre comme celui ci m'aidait à me canaliser. « Moi non plus à vrai dire. Je suis souvent debout la nuit mais vous dormez, généralement tous. » Ce n'était pas un mensonge, j'étais plus souvent réveillé la nuit que le jour et je devais cette pathologie à ce qui m'était arrivé dans le passé, un passé que je partageais avec Tessa d'ailleurs même si c'était encore un secret pour elle. « Je connais ça... » répondis-je en esquissant un léger sourire. « Tu veux en parler ? » demandais-je avec prudence sans avoir envie de la brusquer. Je ne savais pas réellement de quoi était fait ses souvenirs mais depuis quelques semaines j'avais pris conscience que je ne devais pas en faire partie. C'était assez violent à vivre mais après les épreuves que j'avais du affronter, je n'étais plus à ça prêt, ou presque.
Invité a posté ce message Sam 19 Oct 2019 - 22:43#
J’ignore ce qui, dès le début, a fait que j’ai eu toute confiance en lui. Sans doute quelque chose que j’ai su voir en Asher sans me l’expliquer. D’aucun dirait qu’il s’agit de mon instinct, je ne suis pas prétentieuse et je préfère me dire que c’est simplement une facilité à cerner les gens que j’ai développé avec les années. Toujours est-il que je n’ai aucun mal à lui parler, pas même au beau milieu de la nuit alors qu’il me surprend en train de cuisiner lorsque je devrais être en train de dormir paisiblement. Ce n’est pas aussi simple que ça. J’aimerais, mais cette date fatidique a le même effet sur moi tous les ans depuis vingt ans. Même si je prétends l’inverse, je resterai perturbée à jamais par cette nuit qui m’a mené droit en enfer. Ai-je envie d’en parler ? Pas forcément mais ça ne peut plus me faire de mal. « Hm, oui … C’est ce que font les personnes normales faut dire. » Dis-je en le taquinant un peu. Après tout, il fait ce qu’il veut de sa vie, je n’ai pas à le juger. Certainement pas en le connaissant si peu et en étant moi-même en train de préparer un gâteau en pleine nuit. Je relève les yeux de ma sauce aux trois laits pour les pour les poser sur le brun en fronçant les sourcils. Une preuve de plus que je le connais pas très bien, j’ignorais que s’il reste aussi tard éveillé c’est que trop de choses le préoccupent. La question qui suit me fait arrêter de travailler mon mélange. J’hésite un peu, mes deux mains désormais en appuie sur le bord de l’îlot central qui nous sépare. « C’est … » Débutai-je, hésitante. « Ma mère est morte il y a vingt ans jour pour jour. Tous les ans ça fait remonter trop de choses qui m’empêchent d’être sereine. » J’explique en haussant les épaules avec un air désolé. « Ça serait sans doute plus simple de faire mon deuil si j’étais capable de me souvenir de cette nuit-là. » Or mes souvenirs débutent à partir du moment où je me suis réveillée au foyer et qu’on m’a annoncé que j’allais partir pour les Etats-Unis. Tout le reste a été effacé de mémoire. Seules quelques bribes me viennent de temps à autre mais jamais rien de concret.
