It ain’t got no wrong notes (Robin)

Le temps s'est assez amusé des mois passés dans les perpétuelles hésitations de la vie. Les études pour Allison, le piano pour Robin. Si elle a fini par prendre sa décision cet automne quant à ses interrogations, la première s'est aussi lancée à les motiver toutes les deux à apprendre ou reprendre avec plus d'assurance le talent que la seconde pourrait de nouveau démontrer dans sa plénitude. Un accord conclu à la va-vite au détour d'une conversation, et voilà qu'Allison se présente enfin chez Robin. Quelques secondes ne sont plus que des détails entre l'écho de la sonnerie et le moment où la porte s'ouvre sur un monde peu différent de ce qu'elle aurait pu s'imaginer lors du trajet jusqu'à East Williamsburg. Allison était curieuse de découvrir quel style intérieur décorerait l'appartement d'une artiste telle que l'était Robin. Elle s'était représenté une décoration épurée embellie en suffisance par de légères touches qui trahiraient les influences d'une musicienne dans sa passion. Des indices à travers des cadres accrochés aux murs, des livres empilés ou soigneusement rangés dont elle lirait les titres sur les couvertures pour en deviner un sens caché. Des bouts de verdure en pot ou accrochés en liberté près des fenêtres qui capteraient la chaleur du soleil pour laisser émaner une ambiance relaxante à travers les pièces que compte cet appartement. Allison s'est visualisé une trentaine d'aménagements parmi lesquels un qui se rapprocherait sans doute de l'espace à vivre dans lequel elle passerait une partie de cette journée à apprendre - enfin - les bases de ce majestueux instrument qui dompte la pièce. Serait-il à portée de vue quand elle s'avancerait sur le paillasson qu'elle voyait bien de couleur sable avec écrit dessus en lettres capitales un "WELCOME" accueillant ? Ou bien faudrait-il s'avancer et tourner la tête pour se rendre compte qu'aussi imposant soit-il, un piano pouvait très bien illuminer l'éclat d'une pièce lorsqu'il était agencé dans un coin de celle-ci, presque résigné à l'idée d'être la vedette des lieux ? Le mystère demeurait intact.

Puis, Robin vint ouvrir et dévoila la réalité, différente de la vision la plus proche que s'en était faite Allison. La Domincaine se laissa inviter, perplexe et curieuse de cet endroit qui s'apprêtait à devenir une classe de cours dont elle serait l'élève. Elle s'y fait, grâce en parallèle aux bancs d'université qu'elle a retrouvés une poignée de semaines à peine auparavant. « Comment vas-tu ? », restait la question indissociable qu'Allison posait d'entrée auprès de Robin depuis qu'elle a su pour son accident et l'année de coma dans lequel elle fut plongée sans qu'Allison n'en sache rien au début. Ces premiers mots firent oublier la raison de sa venue, et pour cause. Le malaise palpable n'aidait pas Allison à changer, son profil loin d'être orienté vers la psychologie et la gestion des situations de ce genre quand cela touche son interlocuteur. Elle considérait la question comme nécessaire dès le début de leurs retrouvailles, parce qu'elle était importante pour déterminer de la suite. Par principe, même lorsque tout n'est pas rose, les gens disent toujours que tout va bien. Au moins, cela permet de démarrer la conversation sur une note positive.. En attendant de savoir quelles autres notes jouer.