[Philippa] Là où tout a commencé..

 @Leo Artful Depuis mon arrivée dans cette grande ville, j’avais évité toute chose pouvant me rappeler mon passé. Je voulais d’une nouvelle et jusqu’à présent, je pense avoir réussi. Les jours se suivent, passent à leur rythme et le mal être qui m’avait longtemps habité commençait à se dissiper. J’arrivais de plus en plus à me regarder dans une glace sans me juger perpétuellement. Je me trouvais lâche d’avoir fui comme je l’avais fait mais en même temps, j’étais courageuse. Tout mon monde, mes repères, s’étaient écroulés en l’espace de vingt-quatre petites heures. J’avais à la fois perdu le seul être au monde auquel j’accordais toute ma confiance, le père de mon unique amour. De plus j’avais appris que jamais plus je ne pourrai jouer au volley à haut niveau. Mon épaule ne le supportant plus. N’appréciant pas de voir des joueuses sur un terrain et ne pouvant plus être à leur place, j’avais décidé de ne plus aller voir un match. Je me limitais à quelques vidéos me replongeant dans des souvenirs à la fois agréables et difficiles à se remémorer.

Quelques semaines auparavant, j’avais croisé une ancienne coéquipière. Elle m’avait fait jurer de venir la voir dès que j’en aurais l’occasion. Les semaines passaient et je ne prenais pas le temps et ne trouvait pas l’envie de retourner dans une salle de sport. La veille au soir, j’avais eu une discussion avec Emy ou je lui disais qu’il ne fallait pas avoir peur. Elle avait été terrorisée par la présence d’une araignée. Dans la vie, des situations stressantes arriveront souvent et il faudra toujours affronter ses angoisses. Alors que j’étais seule à la maison, laissant Emy chez une amie, je me rappelais cette discussion et il est temps que je montre l’exemple. Je m’empresse de prendre une douche, d’enfiler des vêtements confortables mais féminins tout de même. J’attache mes cheveux, comme je le faisais souvent avant de me rendre dans ce genre d’endroit et je prends la direction du hall de sport. Je savais que mon amie serait plus que ravie de me revoir.

Après un soupire évacuant tout mon stress, j’entre dans la salle. Je croise de vieille connaissance que je salue brièvement. Après tant d’années dans le domaine, les visages vous sont familiers et je suis plutôt surprise que l’on se rappelle de moi. Je prends la direction de ma place laissant mon regard vagabonder un peu partout. Les souvenirs se bousculent en moi mélangeant toute sorte de sentiments. Bons comme mauvais. Malheureusement pour moi, ce mélange ne va pas s’arrêter là. Alors que j’étais occupée à envoyer un texto pour prendre des nouvelles d’Emy, je sentis une présence à côté de moi. Comme à mon habitude je n’y prêtai pas attention jusqu’au moment où une voix me fit sortir de mes pensées. J’avais longtemps espéré ne plus jamais entendre le son de cette voix et la colère monta rapidement. Je tentai de respirer pour ne pas faire une scène au milieu de la foule. Jamais j’aurais du venir ici. Je ne levai même pas la tête vers lui. Je savais que je risquerais de me mettre à pleurer et je déteste me montrer de la sorte en public. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Marmonnais-je dans mes dents. Il n’avait pas compris que je ne voulais plus le vouloir. « Je pensais qu’éviter tes appels, refuser de te parler était un message clair que je ne voulais plus entendre parler de toi ! »  Je levai enfin les yeux et je me risquai à le regarder. Il n’avait pas changé et était toujours celui que j’avais aimé auparavant, que j’aime peut-être encore au plus profond de moi mais que je refuse d’admettre et de reconnaître. J’ai à la fois envie de lui mettre une claque et en même temps envie de pleurer. Je me lève faisant mine de partir. « Tu m’excuses, j’avais prévu de passer une bonne soirée mais apparemment mes plans ont changé. » Je reste encore polie refusant d’être grossière devant des gens que je ne connais pas. Je savais qu’il ne me laisserait pas partir comme ça mais à choisir, autant se disputer à un autre endroit.

 @Leo Artful Je regrette rapidement d’avoir accepté de quitter de mon appartement. Je me sentais enfin prête à faire face à l’ambiance des salles de volley, un soir de match. Mais dès que cette présence indésirable vint s’asseoir à mes côtés je sentis soudainement ma joie se dissiper. Comment avait-il fait pour me retrouver ? M’avait-il suivit ? Avait-il engagé quelqu’un pour le faire ? Ou était-ce simplement le fruit du hasard ? Quoi qu’il en soit, il est là, à mes côtés et je ne supporte pas du tout sa présence. Rien que son odeur, sa silhouette me renvoie à la tristesse qu’il a créé quelques années auparavant. Rien que de l’entendre me donnait la nausée.  Comment pouvait-il me demander d’accepter de lui parler après ce qu’il a fait ? A peine notre départ pour New-York avec Emy, il ne semblait pas avoir eu l’envie ni même le courage de nous suivre et de tenter de nous empêcher de partir. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Sa gonzesse l’a laissé tomber et désormais il se sent seul et se rappelle que j’existe ? « Laisse Emy en dehors de ça. Si j’ai bonne mémoire, tu ne semblais pas t’en inquiéter le jour de notre départ ni même les jours qui ont suivi… » Il ne voulait pas de nous et j’avais fini par l’accepter. D’ailleurs je pense bien m’en sortir même si c’est douloureux encore aujourd’hui. J’avais réellement aimé Léo et c’est sans doute pour cette raison que toute cette histoire m’avait vraiment blessée. Sans Emy, je doute que j’aurais réussi à relever la tête aussi facilement. Je n’avais pas le choix.

Comme je l’avais prévu il m’avait suivi ne me laissant pas l’opportunité de partir. Ça aurait été bien trop facile. Je sentis sa main attrapé mon bras et je m’en détachai rapidement. La seule chose que je sais faire en sa présence est bien entendu de fuir. J’ai fui quand il m’a trompé et encore aujourd’hui j’ai envie de fuir. C’est tellement plus simple que de faire face à la réalité. « Il est un peu trop tard pour m’expliquer quoi que ce soit. Puis je ne vois pas ce qu’il y a à expliquer, je ne pense pas être bête j’ai très bien compris que je ne suis pas assez bien pour toi et que notre fille était une erreur à tes yeux. »  C’est ma vision des choses depuis notre divorce. Après tout, il n’avait pas rechigné à signer les papiers du divorce. Je n’arrive pas à voir la situation sous un autre angle. « Je te manque ? Il t’a fallu trois ans pour t’en rendre compte ? »  J’éclatai de rire. Un rire jaune à vrai dire, plutôt ironique. Mais je ne voyais pas comment réagir autrement. S’agit-il d’une caméra cachée ? « A moins que ta chérie t’ait à son tour abandonné et que tu te rappelles soudainement que j’existe ? »  J’ignore tout de sa vie. Pendant un temps j’avais envie de savoir mais je ne pense pas que ça m’aurait été bénéfique de savoir. « Des excuses, encore des excuses. C’était tellement plus simple de faire souffrir quelqu’un qui t’aimait sincèrement plutôt que d’être honnête ? » Si réellement cela avait été aussi dure qu’il en parle, pourquoi ne pas avoir parlé plutôt que de me faire du mal. Le méritais-je vraiment ? « Il est trop tard pour te racheter une conscience. Et même si t’avais peut-être une once de remords sincère et que j’accepte que tu fasses partie de la vie d’Emy, qui me dit que tu ne l’abandonneras pas de nouveau dès que l’occasion se présentera ? » J’ai beau le détester, Emy a un père et je ne peux rien faire contre ça. Parfois je me dis que ce serait plus simple s’il n’existait pas. Pourtant il était bien là et j’ignore vraiment ce qu’il cherche réellement. « Jamais je n’accepterai qu’elle ressente ce que j’ai pu ressentir à cause de toi ! Elle ne mérite pas ça! » Ma voix se voulait froide. La colère était bien présente et je pense qu’il est capable de comprendre. J’avais du mal à remettre mes idées en ordre, tellement des sentiments se mélangeaient en moi. Non loin de nous dans le couloir se trouvait une rangée d’escalier. La foule étant bien présente dans la salle, ceux-ci étaient bien vides et je décidai d’aller m’asseoir. C’était bien trop de sentiments à gérer et les larmes commençaient à couler même si je tentais de les retenir.

 @Leo Artful « Tu ne m’en voudras d’avoir du mal à te croire. »  J’avais beaucoup de difficultés à me dire qu’il ait pu penser à nous depuis notre départ. Les premiers jours après avoir quitté le Canada, j’avais espéré recevoir de ses nouvelles. J’avais longtemps cru qu’il aurait pris le temps de me venir nous rechercher ou simplement vouloir rester dans la vie de notre fille. Hélas, j’avais eu trop d’espoirs. Il est vrai qu’après c’est moi qui ait tout fait pour l’éviter, raccrochant à chaque fois que son numéro apparaissait sur mon portable. A mes yeux il était trop tard pour se rappeler que l’on existait. Quand on aime réellement quelqu’un on agit à tout l’opposé de ce qu’il avait fait. Je suis sans doute incapable de me mettre à sa place et de comprendre avec ses yeux plutôt qu’avec les miens.

« Pourtant tu as démontré tout l’inverse. Ton comportement est plutôt contradictoire. » J’ai toujours pensé qu’il regrettait que l’on ait eu cet enfant ensemble. Peut-être qu’Emy avait été l’élément déclencheur pour qu’il décide d’aller voir ailleurs. Je ne sais plus ce que je dois penser ni ce qui est la réalité. Je me suis forgée la mienne pendant des années sans même laisser de place pour la vérité. Après tout sans une version de sa part, il m’était difficile d’avoir une autre pensée que la mienne. « J’aimerais juste savoir quelque chose. Qu’est-ce qu’elle avait de plus de moi ? Enfin, elle l’a peut-être encore. J’ignore si vous êtes toujours ensemble aujourd’hui. » Mais pour ne pas choisir entre nous et vivre deux vies de front c’est que cette jeune femme devait être exceptionnelle, ce que je ne suis pas apparemment.  Je sais que savoir ce genre de chose allait me faire souffrir mais j’ai besoin de savoir. Ça m’aidera sans doute à ne plus douter de moi.

« Vois-tu, le jour de notre mariage, tu m’avais juré fidélité et que nous resterions ensemble toute notre vie. Aujourd’hui, je me rends compte que ce n’était que des paroles en l’air vu que tout est faux… J’ai vraiment difficile à me dire que cette fois, les choses seront différentes. » Pourtant j’avais envie de lui faire confiance. Non pas pour moi, mais pour Emy. Je l’aime tellement et je sais qu’elle a besoin de repères paternels, ce que je suis incapable de lui donner en étant une mère célibataire. Mais j’ai vraiment peur de le laisser entrer dans notre vie et qu’elle souffre. Je ne sais pas si j’aurai la force de la soutenir dans une épreuve aussi difficile. De plus, le laisser rentrer dans sa vie, voudrait que je le croise de plus en plus et je ne sais pas si j’en suis capable. J’ignore si j’ai réellement tourné la page ou si au plus profond de moi, je l’aime encore. Il était à mes yeux l’homme de ma vie, je l’ai réellement aimé et c’est difficile, même en le détestant aujourd’hui, de savoir où j’en suis.

Ma respiration se faisait de plus en plus saccadée. Je tentais de retenir les larmes qui commençaient à couler mais c’était difficile. Trop longtemps j’avais essayé de rester forte pour ma fille mais aujourd’hui, je craquais pour la première fois depuis longtemps. C’était facile pour moi d’avancer sans qu’il ne soit dans les parages et me rappellent notre passé. Aujourd’hui c’est différent et je sens que je vais avoir très difficile. Il ne risque pas de repartir de si vite chez lui et il ne va sans doute pas me lâcher. « Je pense qu’il va me falloir du temps…  Tu me dois bien ça. » Je marquai une pause avant d’enchainer. J’essayais de ne pas pleurer et de parler d’une voix neutre « Je sais que je n’ai pas le droit de t’interdire de voir ta fille. Mais je ne me sens pas capable de tourner la page comme ça, simplement parce que tu débarques en disant simplement ce que j’ai envie d’entendre. Ca serait trop facile. »  L’espace de quelques secondes je le laissai faire puis je me redressais m’éloigner de son étreinte. Je ne peux pas céder juste parce que je me sens mal. « Laisse-moi le temps de te faire confiance avant de revenir dans la vie d’Emy. Je veux être sure que tu ne l’abandonneras pas une deuxième fois. »  En ce qui me concerne c’était une autre histoire. Je suis une mère, qui veut bien faire des sacrifices pour le bonheur de sa vie. Il n’est pas un père exemplaire mais s’il veut faire partie de la vie d’Emy, je veux bien lui laisser cette possibilité, elle a besoin d’un père. Mais en tant que femme, je ne suis pas prête à ce qu’il revienne dans ma vie d’une autre manière. Je le déteste encore de m’avoir blessée et d’avoir aimé une autre femme alors que j’étais dingue de lui. Puis je ne sais plus rien de lui, il n’est peut-être plus celui que j’ai aimé. Peut-être qu’il a aussi continué à vivre et qu’il la passe désormais avec la nouvelle femme de sa vie.

 @Leo Artful J’étais totalement perdue. Pendant des années je m’étais enfermée dans des pensées, dans une vision de la situation qui était uniquement la mienne. Jamais je n’avais laissé la place à d’autres possibilités. Je ne m’étais jamais mise à la place de Leo pour essayer de comprendre. Peut-être parce que jamais je n’aurais agis de la sorte, même si les rôles avaient été inversés. Sachant comment j’avais souffert après avoir découvert la vérité, je n’aurais jamais fait autant de mal à quelqu’un que j’aime, jamais. Par conséquent, je me demande s’il m’avait réellement aimé. Après tout, il avait préféré une autre à moi. Enfin, il n’avait même pas su nous départager et en choisir une par rapport à l’autre. Et tout cela avait engendré beaucoup de souffrance, une souffrance qui refait surface en cet instant. "Elle n'a rien de plus que toi.. C'est simplement une histoire de contexte. C'était à une époque où notre vie allait être bouleversée. Elle a été un grand soutien pour moi et nous avons cédé...". Je ne savais même pas ce que je pourrais répondre à ça. C’était notre vie qui allait être bouleversé à ce moment-là et pourtant je n’avais pas cédé à d’autres tentations contrairement à lui. Suis-je trop fermée pour essayer de comprendre les choses sous un autre angle ? Je commence à m’y perdre, ne sachant plus ce qui est mal ou ce qui est bien. Je sais que dans la société actuelle, il est plus facile de tromper les gens que de se battre pour garder ce que l’on a. A croire que je vis en total décalage du monde actuel.

Je pensais surtout que j’étais une personne de confiance pour lui. S’il avait été mal face à une situation, je pensais qu’il aurait eu le courage de m’en parler. Au lieu de ça, il préférait en parler à une autre et coucher carrément avec elle.   « Je sais que la vie peut s’avérer plus compliqué à certains moments qu’à d’autres. Ça n’excuse en rien de choisir la facilité. Et c’est comme ça que je vois ce que tu as fait. Tu as préféré cédé sans même penser aux conséquences de tes actes. Tu as joué et tu as perdu. » Je ne sais pas si un jour je parviendrai à lui pardonner. Peut-être que je ferai un effort pour Emy mais en ce qui me concerne, je crois que c’est beaucoup trop m’en demander. Je ne crois pas que je parviendrai à lui faire à nouveau confiance. Pour le bien-être de notre fille, je vais devoir prendre sur moi et acceptai qu’il fasse à nouveau partie de ma vie, uniquement pour son rôle de père. « Je croirai en tes promesses que lorsque tes actes le prouveront. » J’ai du mal à me dire que dans quelques mois, il sera toujours là, à New-York pour Emy. Sera-t-elle assez importante à ses yeux pour qu’il change totalement qu’elle devienne une priorité pour lui ? Seul l’avenir me le dira.

Tous mes espoirs d’un bel avenir pour Emy avec des parents présents pour elle s’évanouirent dès qu’il m’annonça une mauvaise nouvelle. Enfin une bonne nouvelle pour lui mais une nouvelle déception pour moi. Je commençais à croire qu’il m’avait menti et mené en bateau depuis quelques minutes maintenant. Comment pouvait-il me demander de rester dans la vie d’Emy et m’annonçait ensuite qu’il est toujours avec la femme avec laquelle il a brisé notre mariage et qu’en plus ils vont avoir un enfant. Je me levai rapidement des escaliers. J’avais envie de frapper dans quelque chose et sa tête vint en premier lieu dans mes pensées. Mais je ne pouvais pas être violente, cela ne fait pas partie de moi, je ne l’ai jamais été. Sauf que la colère monta rapidement en moi. « Tu te fous de moi ? » Je tournai la tête dans tous les sens espérant que ce soit une caméra cachée, que tout ça n’était pas vrai. « Et cet enfant tu vas l’abandonner aussi ou tu vas retourner vivre au Canada auprès de ta nouvelle famille ? » Je parlais toujours sous l’énervement. Sans le bruit que faisaient les supporters dans la salle tout le monde aurait pu m’entendre. « Donc tu voudrais revenir dans la vie d’Emy tout en vivant avec ta famille à des milliers de kilomètres d’ici ? »  J’étais tellement énervée que j’avais juste envie de partir. « Tu sais quoi ? Si tu veux vraiment jouer au père parfait, avec nous il est trop tard. Retourne auprès de ta famille et oublie nous ! » Est-ce qu’un jour il pourrait arrêter de me faire du mal comme ça ? Je ne vois pas comment les choses pourraient s’améliorées ? Jamais je n’accepterais de vivre dans la même ville que lui et sa nouvelle famille et s’il reste au Canada, il ne verra plus Emy. Les choses se compliquent vraiment. Je suis tellement énervée et surtout blessée que je préfère partir. Je doute qu’il me laisse partir comme ça sauf si ces propos envers moi et Emy étaient des paroles en l’air. A vrai dire, je ne sais pas ce qui fait le plus mal. Qu’il ait refait sa vie ou que ça me prouve qu’il l’a toujours préféré à moi. S’il avait encore un brin de sentiments pour moi, jamais il ne serait resté avec la femme qui avait tout foutu en l’air. Sauf s’il l’aime plus qu’il m’a aimé…

@Leo Artful "J'ai perdu, tu as raison. J'ai perdu les deux personnes les plus importantes de ma vie." J’avais l’impression de me retrouver dans une chanson de Dalida. Il ne me manquait pas grand-chose que pour répondre : « Des paroles, des paroles encore des paroles que tu sèmes au vent… » Je n’arrivais plus à raisonner et à croire ce qu’il était en train de me dire. Certes il nous avait perdu et il semblait le regretter mais il avait mis tellement de temps à s’en rendre compte que parfois je me demande s’il ne se sent juste pas un peu seul et que par conséquent il se rappelle qu’il a une famille quelque part. Au fond de moi j’avais envie de le croire mais j’avais peur. Depuis des années je vivais telle une tortue au fond de sa carapace. J’avais peur de souffrir à nouveau et c’était ma façon de tourner la page et d’aller de l’avant. Désormais, je suis vraiment perdue. Je lui en veux mais en tête mes sentiments pour lui sont toujours là. Je pense qu’ils ne s’estomperont jamais entièrement. Il fut le premier homme dans ma vie et il a tellement pris de la place et de l’importance que c’est difficile de changer ça.

En l’espace de quelques secondes il parvint à faire remonter en moi la colère. J’étais parvenue à me calmer, à tenter de trouver une issue à notre problème. Je pensais que nous parviendrons à avancer et que je parviendrais à lui laisser une autre place dans nos vies. Et il avait tout gâché, encore une fois. Est-ce ainsi que notre relation est censée toujours se terminer ? Par des engueulades et des déceptions ? Je suis perdue et tellement en colère que je me retiens difficilement de lui mettre une claque. Il est tellement rare que je perde patience de la sorte. Je fulmine et serais prête à faire des bonds dans tous les sens. « Que comptes-tu faire alors ? M’imposer ta nouvelle famille heureuse ici à New-YorK ? » Je ne laisserais jamais faire. Je veux être heureuse et je ne le serai jamais s’il vit sa petite vie tranquille juste à côté de la mienne. Contrairement à lui, je n’ai pas refait ma vie. J’ai beaucoup de mal et je ne supporterais qu’il me rappelle à chaque fois que je le croise à quel point, j’ai raté ma vie. « Fallait y penser avant. Comment peux-tu croire une seule seconde que je vais accepter tout ça sans rien dire ? » Mes mains bougeaient dans tous les sens telle une italienne énervée. « Tu ne crois pas que j’ai déjà assez souffert ? Ne m’impose pas encore autant de souffrances je t’en supplie. » Je suis une mère et je ne peux pas lui demander de choisir entre ces deux vies. Par le passé, j’avais déjà choisi à sa place en prenant la fuite. S’il fallait recommencer, je le ferais et tampis si ma fille perd totalement la possibilité de créer un lien avec son père.

« Besoin de moi ? » Ma voix commençait à s’élever. « T’étais où, toi, quand j’avais besoin de toi ? Tu préférais te retrouver dans le lit d’une autre. » Mes paroles commençaient à dépasser mes pensées mais j’étais réellement en colère. Je n’arrivais pas à garder mon calme c’était bien trop difficile. J’étais blessée une nouvelle fois et je ne savais pas quoi faire. Dois-je encore penser à ma fille ou à ce que je ressens ? Si je n’écoute que moi, je prends mes jambes à mon coup et je partirais dès à présent. Je tentai de me débattre, je ne voulais pas qu’il me touche. « Il n’y a rien à faire Léo ! Tout a été détruit et perdu il y a déjà bien trop longtemps… » J’avais les larmes aux yeux mais comment pourrais-je vivre dans une ville où vit la personne que j’ai le plus aimé mais qu’en même temps vit sa nouvelle famille ? Qui pourrait supporter ça ? « Je ne peux t’empêcher de voir ta fille, légalement je n’en ai pas le droit. Mais nous ne serons plus jamais une vraie famille. » J’avais du mal à ne pas pleurer. Les larmes commençaient à couler et je ne pus m’empêcher de parler « Je me demande bien ce que j’ai pu te faire pour que tu me fasses souffrir autant ? Tu me trompes tu reviens comme une fleur me demander de te laisser une chance, ce que j’étais prête à faire et tu me balances une bombe qui fait encore plus mal que tout ce que tu as pu faire jusqu’à présent… » Je me dirige vers la porte. « J’ai vraiment besoin de prendre l’air, excuse-moi ! » Je savais qu’il me suivrait, mais j’avais l’impression d’étouffer et manquer d’oxygène.