let's get away / calista

Ces vacances sont bien méritées. C’est ce qu’elle se dit quand elle pose sa valise au sol, arrivée dans la maison de sa tante. Elle ne sait pas exactement ce qu’elle va faire pendant cette semaine, mais ça lui plaît de ne pas savoir. A part se reposer, rien n’est une priorité pour elle. Ca lui fait du bien de s’éloigner un peu de New York et de revenir aux sources. Bien sûr, rien n’est plus pareil depuis que son père a quitté ce monde, mais c’est toujours un réel bonheur pour elle de revenir là où elle est née, où elle a grandi. Elle en a grandement besoin, et elle ne peut pas être mieux qu’ici, en présence de la personne la plus importante pour elle : Calista. C’était tout naturel pour elles que de prendre une semaine loin de tout, rien qu’à trois avec Ava. Thea n’imagine pas de vacances plus idéales que ça pour le moment. « Le voyage était long, mais franchement ça en vaut la peine. » Loin d’elle l’envie de se plaindre de toute façon, il n’y a pas la place pour une quelconque pensée négative cett semaine, si elle s’est tant éloignée de New York, c’est bien pour une raison. « Qu’est ce que t’en dis ma poupée ? » demande-t-elle en s’adressant à sa nièce, qui l’a suivie naturellement, tout comme sa mère. La brune se tourne d’ailleurs vers elle avec un large sourire. « Merci de m’avoir proposé ces vacances hein, je pensais pas en avoir besoin jusqu’à maintenant, mais je me rends compte à quel point c’est bénéfique. » Elle se sent déjà mieux, plus reposée, déjà revigorée, alors qu’elles viennent tout juste d’arriver. Elle a hâte d’aller explorer l’île, de la faire découvrir à sa nièce, mais chaque chose en son temps.

A peine ses oreilles ont elles décelé sa langue maternelle qu’un large sourire est venue prendre place sur les lèvres de Calista. Des mois qu’elle pense à partir pour la Grèce, revoir un peu sa famille et s’éloigner de New York. Des mois et son souhait est désormais réalisé. Sa tante Agathe en voyage en Australie, elle a proposé de leur laisser sa maison, de quoi leur offrir un toit pour se poser. De cette manière elles pourront profiter de Santorin mais également de quelques visites dans leur famille. Parce qu’elle n’est pas venue seule. Si embarquer Avalon était logique, partir en compagnie de sa jumelle était obligatoire. Qu’importe qu’elles se voient régulièrement ou non, se poser ensemble sur leur terre natale c’est important pour la blonde. « Tellement long, j’ai vraiment besoin de me détendre les jambes. » Entre les heures de vols et le trajet en taxi, autant dire qu’elle n’a aucune envie de se poser mais plutôt d’aller marcher dans les rues de Santorin, jusqu’à la plage. Avalon qui est bien plus épuisée que les deux adultes se contente d’agiter la tête pour répondre à sa tante, son pouce dans la bouche, sa peluche dans ses bras. « Je ne me voyais pas partir sans toi et je te connais, tu admettras jamais avoir besoin d’une pause, il faut toujours quelqu’un pour t’y pousser. » Ça ne dérange pas Callie d’être ce quelqu’un. Avec son métier, ce n’est pas toujours rose et l’en éloigner lui semblait nécessaire. Tout autant que ça l’était pour elle qui a besoin d’avoir les idées claires. « Je propose qu’on défasse nos valises, que mademoiselle aille faire une sieste pendant que nous on se pose sur la terrasse ? On peut aller manger en ville ce soir et profiter de la plage même de nuit ? » De toute manière, elles ne pourront rien faire tant qu’Avalon n’aura pas dormi. La petite poupée ne tenant quasiment plus debout, Callie la prend dans ses bras et se tourne vers sa sœur pour attendre son approbation.

Elle a beau dire qu’elle ne se sent chez elle que lorsqu’elle est en présence de sa famille, et non à cause d’un endroit en particulier, ce n’est pas totalement vrai. Santorin, c’est quand même là où elle est née, et elle est un peu nostalgique quand elle y pose à nouveau les pieds. Nostalgique du temps où son père était encore vivant sur tout, c’est là que sont ses pus beaux souvenirs. Quoi de plus naturel que d’y revenir de temps en temps, et surtout avec sa jumelle, la personne la plus importante dans sa vie ? Peu importe le temps qu’il a fallu pour venir ici, elle se sent mieux maintenant qu’elle est là. « Le problème de l’avion, mais l’avantage c’est qu’on peut faire ce qu’on veut maintenant. » Se reposer - bien qu’elle n’en ait pas très envie pour le moment, elle a plus envie de se dégourdir les jambes qu’autre chose - ou aller se promener, il y a tellement de choses à voir et à faire ici. Elle lève les yeux à la remarque de sa soeur, comme si elle n’était pas capable de s’occuper d’elle-même toute seule. « Oui, Maman, tu avais raison, j’en avais besoin. » Elle insiste bien sur le maman, la taquinant légèrement. « Je me dis juste qu’avec un boulot comme le mien, c’est compliqué de se détacher. » Prendre du recul, aussi bien physiquement que mentalement, elle a du mal à le faire. Sa soeur a raison cependant, et déjà, elle ne regrette pas de l’avoir suivie. Ce retour aux sources va lui faire le plus grand bien, et elle a hâte de repartir à la découverte de son île sur laquelle elle n’a pas mis les pieds depuis plus de quinze ans. Mais il y a Avalon à considérer, et la petite a quand même l’air bien fatiguée. « Non, c’est une bonne idée, va la coucher. » Elle s’approche de la petite pour lui embrasser le haut du crâne, puis lui caresse la joue. Ce qu’elle aimerait revenir à un tel âge parfois, pour que tout soit de nouveau simple. « Je vais aller nous servir à boire en attendant. » Et par à boire, elle parle bien de boissons chaudes. Elle retrouve toutes ses habitudes dans cette maison, et se retrouve à faire deux tasses de cafés brûlant. Elle se dirige vers la terrasse, les deux tasses et quelques cookies qu’elle avait emmené pour le voyage sur un plateau qu’elle pose sur la table. Mais plutôt que s’allonger sur un transat, elle préfère aller admirer la vue qui s’offre à elle et qui l’apaise.

C’est vrai que l’avion a l’avantage de les avoir amené jusqu’en Grèce plus rapidement qu’avec n’importe quel autre moyen de transport. Et heureusement parce que supporter un trajet plus long que celui qu’elles viennent de vivre aurait été impossible pour elle. Pas alors qui lui tardait tellement de revoir son île. C’est ici qu’elle a tous les souvenirs d’une vie de famille parfaite, une famille avec son père. Un père qui lui manque cruellement. Encore maintenant il lui arrive de faire des cauchemars de l’accident et si revenir à Santorin pourrait rouvrir ses blessures, elle en avait tout de même besoin. Ça reste sa maison, l’endroit où elle est née et où elle a grandi. Revenir était inévitable, même pour sa sœur. « J’aime quand tu dis que j’ai raison. » Dit-elle, un large sourire aux lèvres, un brin exagéré même. « Je me doute et ces vacances sont faites pour ça. On va te changer les idées bien comme il faut, comme ça à notre retour à New York, tu seras plus qu’en forme. » Plus douce, moins moqueuse, elle continue de sourire à sa sœur. De toute manière son bien-être est bien trop important pour qu’elle ne pense pas à lui changer durant ces quelques jours. Sans compter qu’un moment juste avec sa sœur et sa fille, il y a trop longtemps qu’elle n’en a pas vécu. D’accord sur le programme à suivre, Callie se penche pour attraper Avalon et la prendre dans ses bras. « Je suis là dans maximum cinq minutes. » Annonce-t-elle alors qu’elle prend déjà la direction de la chambre où coucher sa fille. Et à peine est-elle dans la pièce que la petite s’est déjà endormie, épuisée par les heures de vol à regarder par le hublot les nuages et l’océan sous eux. Avalon couchée, elle retourne rejoindre Thea. C’est sur le balcon qu’elle la retrouve, en train d’admirer la vue. Elle comprend. Si New York est devenu un second foyer pour elle, Santorin reste le premier et rien ne surpassera la vue qu’elle a sous les yeux. Sa jumelle rejointe, elle s’appuie contre la rambarde et admire l’eau devant elles. « On pourrait croire que depuis le temps je m’y serais habituée, mais c’est loin d’être le cas. » Déclare-t-elle, une lueur de nostalgie dans le regard. « C’est encore plus beau que dans mes souvenirs. »

Elle est bien forcée de reconnaitre que Callie avait raison, encore une fois : ces vacances, elle en avait besoin. L’air marin et l’air grec lui font un bien fou alors que ca ne fait pas si longtemps qu’elle est là. Elle ne pensait pas en avoir besoin pourtant, pour elle, tout allait bien. Mais elle est comme ça Thea, il faut que ce soit les autres qui lui disent de s’arrêter à certains moments, sinon elle ne le fait pas d’elle-même. Bien sûr, sa soeur est contente d’avoir eu raison. Heureusement qu’elle est là pour veiller sur elle, parce que souvent, elle ne prend pas les bonnes décisions. Puis elle aime tellement son boulot qu’elle a du mal à s’arrêter. Comme le crime ne dort jamais, pourquoi dormirait-elle ? Mais pour le coup, s’il y en a bien une qui a besoin de dormir, c’est sa nièce. Avalon est épuisée, et ça n’a rien d’étonnant. C’est éreintant de se rendre à Santorin depuis New York. Elle n’a pas envie de se poser pour autant, elle a hâte que sa petite princesse soit reposée pour pouvoir partir à la découverte de leur île. Tandis que sa soeur, va la coucher, elle file préparer du café, histoire de rester bien éveillée. Le décalage horaire n’aide pas, mais elle ne veut pas passer son séjour à dormir. Elle ne remarque la présence de sa soeur que lorsqu’elle ouvre la bouche, posée à côté d’elle à admirer la vue. Thea soupire. « C’est clair que ça change de New York. » New York, leur seconde maison. L’endroit où elle a passé le plus de temps sur terre au final, même si elle a grandi ici. C’est pourtant ici qu’elle a ses meilleures souvenirs. « Tu sais, je me dis souvent que j’aimerais beaucoup revivre ici, mais à une autre époque. » Ca peut paraitre bizarre, mais elle voudrait que son père soit là. C’est aussi pour ça que c’était difficile de revenir ici. Elle secoue la tête, puis tourne le dos à la vue. « Je t’ai fait un café. » Elle préfère ne pas penser à tout ça, tout ce qui est encore douloureux. Il faut qu’elle se focalise sur le présent, et sur ce qui est bien. « Tu avais quelque chose en tête pour ce soir, quand Ava sera réveillée ? » Parce qu’il faudra faire en fonction de la petite, mais ça lui convient parfaitement.

On pourrait croire qu’en ayant grandi ici elle aurait pu s’habituer à la beauté de son île. Ce n’est pas le cas. Calista restera toujours impressionnée par la vue qu’elle découvre à chaque fois, par la blancheur des maisons typiques du pays et cette eau turquoise qui fait rêver. La maison de sa tante tout en haut de l’île, Thea et elle peuvent admirer tout ce que la Grèce a offrir de plus beau. Et qu’importe que New York soit devenue sa maison, son véritable chez elle c’est ici. Qu’importe que son pire souvenir soit lié aux eaux qu’elle a devant elle à perte de vue, c’est ici que tout sa famille a vécu, ici qu’elle a passé les plus beaux moments de son enfance. Et elle heureuse, véritablement heureuse d’être revenue avec Thea et Avalon. Probablement qu’elle n’aurait pas eu le courage de le faire s’il n’y avait eu que sa fille, mais sa sœur près d’elle, Callie sait qu’elle est capable de tout. Y compris de combattre les cauchemars qui viennent parfois troubler son sommeil même plus de dix ans après l’accident. « Moi aussi … enfin, j’aurais pu. Maintenant je sais que je serais incapable de vraiment me poser ici. Ça serait trop … difficile. » Trop douloureux aussi parce que chaque recoin de Santorin peut leur rappeler leur père et Calista n’est toujours pas prête à accepter sa vie sans lui. Leur père, c’était leur repère, leur roc, le perdre comme les Vryzakis l’ont perdu, ça ne disparaît pas facilement. Le café est une excuse parfaite pour que les deux sœurs pensent à autre chose et elle accepte sa tasse fumante avec grand plaisir, remercie Thea et tourne le dos à la vue mais reste en appuie contre la rambarde. « Je pensais qu’on pourrait tenter un des restaurants près de la plage, il me semble que tante Agathe m’a parlé de prospectus dans la cuisine. Après on peut très bien se balader sur la plage, c’est tranquille pour un premier soir. » Ça leur permettra de profiter sans pour autant trop en faire avec les heures de vol qu’elles ont accumulé. Sa tasse à ses lèvres, elle boit une petite gorgée, continue de regarder sa sœur et se racle la gorge. « Je voulais aussi te parler d’autre chose pendant qu’elle dort. » Annonce-t-elle, petit sourire en coin. « J’ai fait ce dont on a parlé concernant Jamal et … bon pour pas tourner autour du pot inutilement, on se voit régulièrement même si, avant que tu t’emballes, ce n’est pas une relation … enfin je crois pas. » Enfin, ils n’en ont pas parlé et elle suppose que si tous les deux voient d’autres personnes à côté c’est qu’elle ne peut pas appeler sa une relation. Cela dit, elle sait aussi qu’elle ne ressent jamais aussi rien de puissant que lorsqu’elle est avec lui même si elle n’est pas certaine que ça soit réciproque.