(poppy & warner) + i'm a little drunk

Elle n’arrive pas à trouver le sommeil ce soir. Elle ne sait pas vraiment pourquoi, elle sait juste qu’elle a éteint la lumière depuis plus d’une heure et qu’elle n’arrête pas de tourner encore et encore dans son lit. Elle n’a pas travaillé pourtant ce soir, elle ne fait que le service du midi cette semaine et elle va devoir se lever assez tôt demain, pourtant elle n’arrive pas à se laisser emporter par Morphée. Lasse, elle finit par rallumer la lumière, et s’assied dans son lit, attrapant son téléphone. Une heure vingt, l’heure affichée sur son téléphone la fait soupirer, et elle balance son téléphone sur son lit à côté d’elle, et se laisse tomber en arrière, tête tombant sur son oreiller. Elle fixe le plafond quelques minutes, se demandant ce qu’elle va faire. Clairement, elle ne peut pas rester comme ça à tourner dans son lit, c’est totalement contre-productif. Quitte à ne pas réussir à dormir, autant faire quelque chose d’utile… Ou en tout cas, quelque chose tout court, d’autre que de rester à fixer le plafond dans le noir. Alors elle se relève, et se dirige dans la cuisine. Solal est au travail, et Shuri, elle, doit être en train de dormir. Elle essaye de ne pas faire de bruit pour ne pas la réveiller. Elle sort un énorme pot de glace à la pistache de son frigo, et s’installe au comptoir de la cuisine pour le manger, tout en regardant son téléphone. Et c’est cet instant précis que choisit celui-ci pour se mettre à sonner. D’abord surprise, elle le regarde sans savoir quoi faire. Puis comme elle se rappelle qu’elle ne doit pas réveiller Shuri, elle décroche. Ce qui l’a fait buguer, c’est de voir que c’est Warner qui l’a appelée. Certes, ils sont plus ou moins amis maintenant, mais ça reste étrange qu’il l’appelle si tard. Quoi qu’il en soit, il est trop tard pour raccrocher maintenant. Elle verra bien, peut-être qu’il ne s’agit que d’une erreur. Mais visiblement, non. Il a perdu ses clés, et il a jugé bon de l’appeler elle pour ça. « Non, t’inquiète, j’arrivais pas à dormir. » lui répond-elle en haussant les épaules, même s’il ne peut pas la voir. Elle se lève et se dirige vers la porte d’entrée, abandonnant totalement sa glace. « Tu montes ? » lui demande-t-elle en appuyant sur le bouton de l’interphone pour lui ouvrir la porte. « Je suis au deuxième étage, je t’attends. » Elle ne raccroche pas tout de suite cela dit, si jamais il a quelque chose d’autre à lui dire. Mais elle ouvre la porte de son appartement et s’avance légèrement dans le couloir, prête à l’accueillir.

Ca lui fait quand même bizarre de voir que c’est Warner qui l’appelle. Elle n’a pas le temps d’hésiter bien longtemps avant de décrocher, mais il y a quand même eu un très court instant de flottement. Si Shuri n’avait pas été là, ou s’il n’était pas le beau milieu de la nuit, elle aurait probablement mis un peu plus de temps à répondre. Mais pour qu’il l’appelle à une heure pareille, elle se dit que soit c’est une erreur, soit c’est urgent. De toute façon, elle a déjà décroché, elle ne peut pas raccrocher maintenant. Visiblement, c’est une urgence et pas une erreur : il est enfermé hors de chez lui, et il a oublié ses clés. Sa colocataire ne répond visiblement pas et elle ne peut pas se résoudre à le laisser en bas. C’est ce que les amis font, ils s’aident. Alors elle lui ouvre la porte, et lui indique comment la rejoindre. Elle n’est pas surprise de voir qu’il préfère ne pas prendre l’ascenseur, ils s’y sont déjà retrouvés coincés tous les deux après tout. Il met un peu plus de temps à monter du coup, mais il finit par arriver à bon port, et il ne lui faut pas beaucoup de temps pour remarquer qu’il a un peu bu. Elle a déjà eu des doutes en l’ayant au téléphone mais là, ça ne fait aucun doute. Elle ne peut pas s’empêcher de sourire du coup. « Je pense avoir ma petite idée, mais après je ne suis pas détective. » Elle ne peut pas prétendre savoir ce qui est arrivé précisément à ses clés, mais le fait qu’il ait trop bu est déjà une bonne piste. « Mais t’en fais pas, quelle amie serais-je si je te laissait dormir dehors ? » Elle s’écarte pour le laisser entrer dans son appartement, puis referme la porte derrière lui. Quand il lui demande pourquoi elle n’arrive pas à dormir, elle hausse les épaules, n’ayant pas de réelle réponse. Si elle le savait, elle serait sans doute en train de dormir, justement. « Aucune idée, mais c’est une chance pour toi. » Elle ne doute pas qu’il ait d’autres amis sur qui compter ici, alors il aurait probablement trouvé une autre solution si elle n’avait pas répondu. « Bon alors, personne a répondu et il te restait plus que moi à appeler c’est ça ? » Elle plaisante, mais honnêtement, elle ne voit pas pourquoi il l’aurait appelée elle en premier. En toute logique, il a dû tenter plusieurs personnes, et elle est la seule qui ait répondu.

Il y a quelque chose de presque adorable chez Warner bourré. Il est encore capable de prendre des décisions, bien sûr, et il n’en est pas encore au stade déchet. Il pourrait presque, presque passer pour sobre. Elle a presque envie de le prendre dans ses bras, mais elle n’en fait rien. Elle se contente de sourire et de se moquer un peu de lui. Il doit bien avoir une idée d’où se trouvent ses clés, il ne faut pas être détective pour le savoir : il les as perdues, tout simplement. Elle veut bien l’aider, mais il faut savoir où chercher. Et surtout, ce n’est vraiment le moment, même si elle n’arrive pas à trouver le sommeil. « Ca peut se faire, mais va falloir le mériter. » Elle lui fait un clin d’oeil, très furtif. « Je pense que pour ce soir, on va se contenter de dormir, t’as l’air d’en avoir besoin. » Et elle aussi, pour le coup, même si savoir que Warner va dormir là va clairement l’en empêcher. Pour plusieurs raisons, et ça devrait pas, mais c’est comme ça. Elle est déjà suffisamment mal à l’aise de se retrouver en pyjama en sa présence, pyjama qui ne se compose que d’un débardeur et d’un short. Elle aurait pu prendre la peine de mettre un pull, ou quelque chose pour la couvrir un peu plus d’ailleurs. Pour le coup, elle se demande combien de personnes il a appelé avant elle. Elle ne se fait pas d’illusions, elle n’est sans doute pas la personne la mieux placée pour une telle chose. Après tout, ils viennent à peine de se retrouver. Une toute nouvelle relation, une amitié toute fraiche. Pas évident à gérer encore, compte tenu de leur passé, mais elle va s’efforcer de tout mettre de côté ce soir. Ça lui fait quelque chose qu’il l’ait appelée elle en premier, et elle n’est pas vraiment convaincue par son excuse. « Question pratique, je vois. » C’est une bonne excuse quand même, elle imagine que dans son état c’est mieux qu’il n’ait pas eu trop de chemin à faire. « Mais t’as bien fait de venir ici, je suis contente de pouvoir t’aider. » Elle va devoir le faire dormir sur le canapé par contre. Elle pourrait lui prêter la chambre de Solal mais pas sûr que son meilleur ami apprécie. Il pourrait y avoir confusion en plus. « Tu as besoin de quelque chose avant d’aller dormir ? »

Il essaye de lui faire dire des choses qu’elle n’a pas dites. Elle ne peut même pas lui en vouloir, parce qu’il a un peu bu et que ça fait partie du jeu, alors elle se contente de sourire et de secouer légèrement la tête. Il est hors de question qu’elle sorte de chez elle à cette heure-ci pour rechercher ses clés. Quelqu’un les aura sans doute trouvées déjà, et s’il ne souvient pas d’où il est allé, ça s’annonce pire que mission impossible. « Tu sais très bien que tu es gentil oui, je le sais aussi, mais ce n’est pas mon cas. » Elle est gentille aussi, beaucoup trop également, mais il y a des limites à sa gentillesse. Elle n’a pas envie de sortir maintenant, elle ne va pas céder, peu importe comment il la regarde ou les arguments qu’il avance. « Puis je t’offre déjà un lit, ça ne te suffit pas ? » Elle s’en veut un peu de devoir le faire dormir sur le canapé d’ailleurs, mais elle n’a pas le choix. Elle ne se voit pas le faire dormir dans le lit de Solal, et encore moins dans le sien. Pas si elle ne dort pas sur le canapé non plus. Déjà qu’elle n’arrivera pas à dormir si elle sait qu’il est dans son appartement, mais s’il est dans son lit en même temps qu’elle, ce sera encore pire. Elle aura bien trop conscience de sa présence, savoir qu’il sera à portée de main, qu’elle aura juste à tendre le bras pour le toucher. Elle imagine que ce ne sera pas facile pour lui non plus, mais il n’a pas l’air d’avoir envie de dormir dans le canapé. Ce n’est pas une grande surprise honnêtement, elle aurait pu s’y attendre. Alors elle lève furtivement les yeux au ciel. « Je pensais au canapé, mais j’imagine que ça va pas te plaire. C’est soit ça soit on dort tous les deux. Dans mon lit. » En soit, ça ne devrait pas poser problème pour deux amis, pour qui il n’y a aucune ambiguïté. C’est bien ce qu’il a dit la dernière fois, il n’y a aucune ambiguïté entre eux, tout est clair. Mais l’est-ce réellement ? Pour sa part, Poppy n’en est plus si sûre, et c’est bien ça qui lui pose problème. « C’est toi qui voit. » Il faut bien qu’elle essaye de dormir si elle veut réussir à se lever pour aller travailler demain. Elle se dirige vers le frigo et l’ouvre pour voir les choix qui s’offrent à elle, histoire de contenter monsieur. Il n’y a pas grand-chose, ils n’ont pas encore eu le temps d’aller faire les courses. « J’ai des yaourts aux fruits, des céréales ou… un reste de soupe. » Elle ferme la porte et se tourne à nouveau vers lui. « Quelque chose te ferait plaisir là-dedans ? » Honnêtement, toute excuse est bonne pour retarder l’heure du coucher à présent.

Elle l’a mérité ce ‘parfois’. C’est indéniable, mais ça ne veut pas dire que ça ne lui fait pas un tout petit peu mal. Elle imagine qu’il ne l’a pas dit juste pour être méchant, il a un peu bu après tout, alors elle préfère ne pas lui en tenir rigueur, et surtout faire comme si elle n’a pas entendu. Elle se concentre sur son compliment, c’est vrai qu’elle non plus ne connait pas beaucoup de personnes qui en auraient accueilli une autre à une heure si tardive. Il a juste eu beaucoup de chance qu’elle ne soit pas déjà en train de dormir, sinon elle ne lui aurait jamais ouvert sa porte. Reste à savoir où il va dormir… Déjà, elle ne va pas le laisser dormir par terre, ce n’est pas les lits qui manquent ici, même elle sait déjà qu’il va refuser de dormir sur son canapé, et que c’est juste dans son lit qu’il va finir. Ca, elle n’a pas besoin qu’il le dise pour le savoir, mais il le lui confirme quand même. Ca risque de lui poser problème, mais elle ne peut pas le forcer à dormir à un endroit qu’il ne veut pas. Du coup, tant pis si elle, elle ne dort pas bien. Ce n’est qu’une nuit et au moins le lendemain, il aura retrouvé sa place chez lui. « C’est pour une nuit, ça devrait bien se passer. » Elle dit plus ça pour s’en convaincre elle que le contraire. De toute façon c’est très clair entre eux, aucune ambiguïté, rien. Ca ne devrait pas poser de problème en théorie. Et comme il l’a très bien souligné, ce ne serait pas une première. « C’est pas vraiment le même contexte. Tant que tu gardes tes mains pour toi. » Elle dit ça pour plaisanter, bien sûr qu’il ne va rien tenter. Elle va s’éloigner le plus possible. Ou peut-être dormir sur le canapé. Essayer en tout cas, elle verra bien. Pour le moment, il n’est pas question de dormir, mais de trouver à manger à son ami qui fait le difficile. Visiblement, ce qu’elle a dans son frigo ne lui convient pas, et il porte son choix sur les céréales. « Tu sais, je ne vis pas seule ici. Je crois qu’il y a doit y avoir un paquet au chocolat, au pire j’en rachèterai. Mais vas y, sers toi. » Elle lui sort juste un bol, une cuillère, et le lait, et le regarde faire. Elle, elle n’a pas faim. « Bon et sinon, qu’est ce que tu as fait ce soir ? » S’ils veulent retrouver ses clés, ils vont devoir retracer sa soirée.