(poppy & warner) + i'm a little drunk

Selon lui, il a un comportement normal d’ami. En soit, il n’a pas tort. Ils ont fait des choses normales que les amis font, ils se sont montrés polis, ont parlé, on appris à se connaitre. Mais avec leur passé, rien ne peut être normal. Ils n’ont jamais vraiment eu de conclusion à leur histoire, elle a cru qu’ils avaient réussi à mettre les choses à plat, à se dire tout ce qu’il y avait à dire une bonne fois pour toutes mais… comme elle n’avait pas réussi à être totalement honnête, autant envers lui qu’envers elle-même, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’aujourd’hui, ils en soient arrivés à un tel résultat. Elle a essayé pourtant, mais là, c’est trop dur. Il le reconnait lui même, il n’agit pas comme ça avec ses amies. Mais en même temps, avec combien d’amies est-il sorti ? Avec combien d’amies a t-il eu un enfant ? Sans trop s’avancer, elle pense être la seule. Et c’est bien ça le problème. « Tu vois, on peut pas être amis, c’était une mauvaise idée. » Mais c’est soit ça, soit le sortir complètement de sa vie et ça, il en est hors de question. Elle ne pourra jamais s’y résoudre, il compte beaucoup trop pour elle. C’est pour ça qu’elle n’a pas envie qu’il parte. C’est la seule chose dont elle est sûre, et elle ne sait pas quoi lui dire quand il lui demande ce qu’elle veut. Elle pourrait lui répondre qu’elle ne sait pas, ou n’importe quoi pour lui faire plaisir, mais elle ne veut pas. Il a le droit d’avoir une réponse honnête pour une fois, et pour ça, elle va devoir se forcer. « Je veux… Je sais que je veux pas te sortir de ma vie, c’est la seule chose dont je suis sûre. Ca et le fait que je peux pas être juste ton amie. » Mais elle ne peut pas lui demander d’être d’accord avec ça. Ce qu’elle a fait ne peut pas leur permettre de revenir à une telle relation, il le lui a bien fait comprendre. Elle a bien peur qu’ils soient dans une impasse pour le coup. Inconsciemment, elle s’est rapproché de lui. Elle se sent un peu mieux maintenant qu’elle a réussi à lui dire tout ça. Elle avait eu peur mais au moins, elle a réussi à être honnête, et c’est quelque chose qu’il ne pourra pas lui reprocher. « T’es pas obligé de répondre, il fallait juste que tu le saches. »

Leur amitié n’aura pas duré bien longtemps. Ils y ont pourtant mis beaucoup de bonne volonté, ont fait énormément d’efforts. Elle a du supporter sa cuisine et notamment son affreux gâteau au citron. Lui a accepté de lui donner une nouvelle chance et de passer outre tout le mal qu’elle lui a fait, ce qui n’était pas rien. Quelque part, c’est dommage de réduire tous ces efforts à néant. Un peu plus d’efforts et ils auraient pu être de très bons amis. Elle n’est pas actrice à la base, mais faire semblant d’être l’ami de quelqu’un quand on l’apprécie déjà beaucoup, ça ne doit pas être si compliqué. En théorie. Mais en pratique, ça l’est un peu plus. Ils n’ont pas eu beaucoup d’occasions de tester cette théorie, puisque Poppy a très vite craqué et n’a pas franchement essayé en fin de compte. Pourtant, ce soir, elle n’avait que de bonnes intentions. Elle l’a accueilli alors qu’il avait besoin, comme toute bonne amie aurait fait. Et elle a essayé de l’aider du mieux qu’elle le pouvait, quitte à mettre en péril leur soit-disant amitié. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé au final : elle a complètement craqué et a fini par lui dire tout ce qu’elle avait sur le coeur. Que même si elle n’a pas franchement essayé, elle sait qu’elle n’y arrivera pas. Qu’elle n’a pas envie de faire d’avantage si c’est pour avoir le coeur brisé. Parce que Warner, elle a définitivement besoin de lui dans sa vie, mais elle veut plus que l’amitié qu’il a à lui offrir. Elle sait qu’elle n’a pas le droit de lui d’exiger plus de lui que ce qu’il lui donne déjà. C’est déjà plus que ce qu’elle aurait pu espérer. Mais non, elle en demande plus, et en plus de ça elle n’est absolument pas clairE. Déjà qu’il doit avoir l’esprit bien embrumé… Elle aimerait savoir ce qu’il se passe dans sa tête, parce que ses paroles ne l’aident absolument pas. En même temps, elle comprend parfaitement, elle ne l’aide pas non plus. Et elle a encore plus de mal à comprendre ce qu’il fait, alors qu’elle lui avoue tout ce qu’elle a sur le coeur : il l’embrasse.
Un baiser, c’est bien la dernière chose à laquelle elle se serait attendue de sa part. Elle ne peut pas dire qu’elle n’en a pas eu envie, qu’elle n’en a pas envie depuis qu’ils se sont revus la première fois. Après tout, elle l’a toujours dit, ça n’a pas été une décision facile pour elle. Il leur restait beaucoup de choses à vivre quand elle est partie, et elle n’a jamais aimé personne comme elle l’a aimé lui. Ce ne sont pas des choses qui sont faciles à oublier. Bien sûr, ce baiser ne lui facilite pas la tâche, et il en a visiblement conscience. Elle ne sait pas s’il a les idées plus claires, ou s’il a fait ça juste parce que des actes sont plus faciles que des paroles. En tout cas, elle est toujours aussi perdue, mais l’espace d’un instant, elle oublie tout ça. Elle sait juste que c’est toujours aussi naturel pour elle d’embrasser Warner. Que ses lèvres lui ont manquées, que ce genre de geste intime lui a manqué, et elle ne savait pas à quel point elle en avait besoin avant qu’il agisse. Elle ne l’aurait pas fait d’elle-même, mais comme encouragée, elle se rapproche encore plus, passe une main dans les cheveux de Warner, puis la pose sur sa nuque pour l’avoir bien contre elle parce que cette fois c’est elle qui lie leurs lèvres. Il y a beaucoup d’urgence et d’envie dans ce second baiser, du moins pour sa part, et il est tout à fait libre d’y mettre fin quand il le veut, mais tant qu’il la laisse faire, elle continue. Quand elle s’écarte, le souffle court, elle soupire. Elle ne se fait pas d’illusions, elle sait que ça ne règle en rien leur problème et que ça ne veut absolument rien dire. Que demain, ils redeviendront des étrangers ou qu’en tout cas, ils en resteront à la case amis. Peut-être qu’il ne s’agissait que d’une faiblesse passagère de sa part. Peut-être qu’ils auront une longue conversation aussi, quand Warner aura les idées plus claires. Ils verront bien. La seule chose qui compte pour elle, c’est l’instant présent et c’est la première fois qu’elle se sent réellement proche de lui, qu’ils sont de nouveau sur la même longueur d’ondes en sept ans. « C’est une très mauvaise idée. » murmure-t-elle alors qu’elle a gardé son front collé à celui de Warner. Ce n’est pas parce que c’est une mauvaise idée qu’elle a envie de s’écarter pour autant. S’ils peuvent avoir ce soir, autant qu’ils en profitent. Alors elle se redresse, puis tente de se mettre à califourchon sur lui. Elle encadre son visage de ses deux, puis se penche pour l’embrasser une troisième fois. Une troisième fois pour un troisième baiser encore plus intense, sachant très bien qu’il peut tout arrêter à n’importe quel moment.

C’est une très mauvaise idée. La pire idée qu’ils auraient pu avoir en fait. Contrairement à lui, ses idées sont très claires et elle n’a aucune excuse pour justifier ce qu’elle est en train de faire. C’est tellement stupide, elle sait que tout ce qui se passe là ne va absolument rien arranger entre eux. Ca va même créer encore plus de problèmes, parce qu’ils sont juste en train de mettre de côté tout ce qui ne va pas dans leur relation et sur le long terme, ça va s’avérer être une mauvaise chose. Elle pourrait, devrait prendre les choses en mains et tout arrêter là. Elle pourrait parfaitement aller dormir dans le lit de Solal, puisqu’il est vide et qu’elle sait qu’il ne lui en voudra pas. Mais… Warner est là, et elle ne peut pas se résoudre à partir. Pas alors qu’il semble ouvert lui aussi. L’alcool ne fait que l’aider à agir et à faire ce qu’il veut vraiment, en tout cas c’est comme ça qu’elle voit les choses pour le moment. Alors elle laisse faire les choses. C’est tellement naturel en même temps, comme s’il ne s’était pas passé sept longues années. Comme quoi, ils étaient vraiment bien ensemble. Alors qu’ils s’embrassent, qu’elle est sur lui et qu’elle peut faire tout ce qu’elle veut, elle se dit qu’elle a envie d’aller plus loin. Elle en a terriblement envie, et à en croire ses réactions, elle sait qu’il en a envie lui aussi.
Elle pose un doigt sur sa bouche pour le faire taire. Ca ne sert à rien de parler, elle a peur que s’il continue, ça fasse retomber toute magie, toute envie. Déjà, elle sent qu’elle va reculer, alors quand il partage un nouveau baiser, elle se colle un peu plus à lui, allant même jusqu’à passer une main sous le t-shirt qu’elle lui a prêté. Encore une de ses grandes idées, ça. Elle le relève même pas, elle n’aurait pas à beaucoup à forcer pour l’enlever et qu’il l’enlève de lui-même. Mais là qu’elle semble prête à aller plus loin, elle s’arrête. Elle ne sait même pas pourquoi elle n’arrive pas à aller plus loin, parce qu’elle en a envie en plus. Elle ferme les yeux, soupire, puis dépose un dernier baiser sur les lèvres de Warner, plus tendre cette fois, plus doux. Elle ne sait pas quand elle pourra refaire ça à nouveau, alors elle s’imprègne le plus possible de tout ce que cela lui fait ressentir. Regard désolé, elle se décale et se laisse tomber à côté de Warner. Sans trop s’éloigner bien sûr, elle a quand même envie de le sentir tout proche d’elle. « Désolée, c’est pas possible en fait. » Elle n’en revient pas d’être celle en train de dire ces mots, mais Warner n’est pas en état de le faire. C’est pour leur bien à tous les deux. « T’as trop bu, et tu vas le regretter demain. Moi aussi je vais le regretter. » Elle sait qu’elle ne le regrettera pas, mais une fois que Warner aura réalisé ce qu’il s’est passé, s’il s’en souvient, elle ne sait pas comment il réagira. « Ce n’est juste ni pour toi ni pour moi. » Elle soupire encore, puis a un sourire triste. « Tu veux bien juste me prendre dans tes bras, et qu’on puisse dormir ? » Là, définitivement, elle n’y arrivera pas, mais au moins elle sait qu’elle a pris la bonne décision. Et elle peut au moins profiter de ce moment encore un peu, même si elle a clairement mis un coup de frein un peu trop sec.

Elle n’aurait pas pensé avoir la chance de refaire ça un jour. Être avec Warner comme avant, l’embrasser, le toucher, être proche de lui comme si rien ne s’était passé. C’aurait été beaucoup demander, mais il faut croire que ce soir, la chance est de son côté. Cette chance s’appelle alcool pour le coup, parce qu’elle sait très bien qu’un Warner sobre n’aurait jamais agi comme ça. Il aurait plus réfléchi, essayé de lui parler. N’aurait rien fait pour la faire souffrir d’avantage alors qu’il aurait pu. Aurait été honnête avec elle, sincère, sans lui faire de faux espoirs. Après, elle est grande, elle a choisi de répondre à ses avances, en sachant très bien que ça ne durera pas et que demain, la magie sera retombée. Qu’ils reviendront à la normale et que ce ne sera comme si rien n’était arrivé. C’est pour ça qu’elle en profite, jusqu’au moment où elle arrête tout. Juste avant d’arriver au point de non retour, en fait. Les baisers, c’est bien. Ca n’engage pas à grand-chose, mais aller plus loin aurait encore plus de répercussions négatives. Warner semble, frustré, et elle peut le comprendre. Mais elle sait aussi que quelque part, il sait qu’elle a raison, et c’est pour ça qu’il ne la contredit pas. Quelque part, elle aurait presque espéré qu’il insiste. Presque. Être dans ses bras, collée à lui, c’est bien aussi. « Merci. » murmure-t-elle en fermant les yeux, essayant de se laisser emporter par le sommeil, ce qu’elle arrive à faire plus rapidement que prévu.

☾

La nuit a été courte, et quand elle se réveille, elle se sent fatiguée. Ca n’a rien d’étonnant, la nuit a été riche en émotions, et elle se souvient encore de la sensation que lui ont procuré les baisers de Warner. Warner qui a d’ailleurs en bras toujours enroulé autour de ses épaules. En essayant de ne pas le réveiller, elle se glisse hors du lit sans attendre, la tête remplie de questions. Elle a beau avoir apprécié ce qu’il s’est passé avec lui, elle sait que ça ne va pas être simple de tout rattraper. Que ce moment de faiblesse a sans doute tout foutu en l’air entre eux, et qu’ils vont avoir du mal à revenir à la normale. En tout cas pour elle… Mais elle est persuadée qu’une bonne discussion pourra les aider. Quoi qu’il en soit, là, il faut qu’elle se prépare pour aller travailler, et sa première étape, c’est la cuisine. Elle meurt de faim, en passant devant la chambre de Solal, elle constate que celui-ci est rentré et est en train de dormir. Shuri a déjà dû partir pour les cours, et elle image que Guz dort aussi, puisque l’appartement est parfaitement désert et calme. Elle va donc essayer de ne pas faire de bruit, se sert une tasse de café, et se lance dans la préparation de pancakes, se doutant que Warner aura très faim quand il se réveillera lui aussi. Elle espère d’ailleurs qu’il ne va pas trop tarder à sortir du sommeil, préférant ne pas l’abandonner là, à la merci de ses colocataires. Surtout qu’il risque d’être plutôt paumé, elle l’imagine déjà avoir très mal à la tête, se demandant où il se trouve et pourquoi il se trouve dans un endroit inconnu. Peut-être qu’elle ira le réveiller, mais pour le moment, elle surveille son premier pancake qui cuit, et elle en a déjà l’eau à la bouche.

Pendant qu’elle prépare son petit-déjeuner, tout un tas de questions lui traversent l’esprit. En fait, elles font que le traverser, elles persistent, la font cogiter, ressasser. Il s’est passé trop de choses cette nuit, et elle ne sait pas ce que ça va donner quand Warner va se réveiller et qu’elle va devoir lui faire face. Toutes les choses qu’elle lui a dites, elle s’en souvient parfaitement. Elle ne regrette pas de l’avoir fait, parce qu’elle s’est montrée honnête, mais ils n’ont absolument rien réglé. En fait, c’est comme si Warner avait essayé de la distraire en l’embrassant, et ça a failli fonctionner, elle doit bien le reconnaitre. Mais elle a eu une lueur de jugeote au dernier moment, et elle estime avoir fait le bon choix. Tant qu’ils n’auront pas totalement mis les choses à plat tous les deux, sans prendre aucun détour, rien ne pourra s’arranger. De toute façon, elle ne voit pas d’issue favorable à tout ça : elle lui en demande trop, elle en veut beaucoup trop. Plus que ce qu’il est prêt à lui offrir, parce que ce qu’il s’est passé hier ne veut absolument rien dire. Un petit instant de faiblesse, de nostalgie, voilà comme elle se l’explique.
Elle ne remarque pas tout de suite qu’il l’a rejointe, bien trop occupée dans sa préparation. En fait, ce n’est que lorsqu’elle prend la parole qu’elle se rend compte qu’il est là, et elle sursaute légèrement. Son coeur bat la chamade, et elle ne sait pas comment réagir. En fait, elle a peur de ce qu’il va lui dire, si encore il se souvient de quelque chose. Elle ne sait même pas ce qu’elle préfèrerait en fait, qu’il s’en souvienne ou qu’il ne s’en souvienne pas. A en croire sa question, il ne s’en souvient pas. Elle laisse échapper un léger soupir de soulagement, elle n’avait même pas remarqué qu’elle retenait sa respiration. « Tu ne te souviens pas ? » lui demande-t-elle, à moitié surprise quand même. Elle préfère en avoir le coeur net tout de suite. « Enfin, ouais, c’est chez moi. Bienvenue j’imagine. » Elle avait beau s’y attendre, elle se sent quand même un peu prise au dépourvu. « Comment tu te sens ? »