S’il y a bien une chose que ma mère m’a apprit, entre autres choses, c’est qu’il est hors de question d’arriver à un dîner les mains vides. Que ce soit un dîner de famille, un dîner galant ou entre amis. Ce soir, il s’agissait de la dernière option. Et si j’avais d’abord pensé amener une bouteille de vin, je m’étais vite ravisée. Je détestais le vin. Et je n’avais aucune idée des préférences de mon hôte. Alors amener ce genre de présent pour qu’il traîne dans un placard n’avait aucun intérêt. Je me voyais également mal amener un bouquet. Bien trop.. Signifiant. Alors, il me restait la dernière option. Le dessert. J’avais alors glissé un mot hier matin sous la porte d’Eros pour le prévenir, histoire qu’il ne prévoit rien de son côté. J’avais alors préparé le dessert hier soir et, étant donné que j’étais invitée chez un italien, j’avais opté pour le tiramisu. Cliché ? Carrément. Mais honnêtement, je ne connaissais pas grand-chose des desserts italiens. Et le fait que le tiramisu soit un de mes desserts préférés avait légèrement pesé dans la balance. Bref, je rentrais du travail et je n’avais pas beaucoup de temps pour me changer et aller chez Eros. Heureusement, je n’avais pas loin à aller. J’attrapais les desserts, joliment présentés et ressentis une petite bouffée de fierté en les posant sur la table de cuisine. Galérer régulièrement pour faire des gâteaux à une enfant avait finalement porté ses fruits et je n’étais jamais peu fière de mes pâtisseries. Maintenant, je n’avais plus qu’à espérer ne pas avoir affaire à un italien boudant le tiramisu. Au pire des cas, ça me ferait deux parts -énormes d’ailleurs, je n’avais pas vraiment faire une part de régime pour être franche-, mais tout de même. Jetant un coup d’œil à la pendule de la cuisine, je rangeais ce que ma fille avait laissé traîner en râlant après elle. Elle n’était pas encore sortie et m’entendait parfaitement, bien que j’étais certaine que mes paroles tombaient dans l’oreille d’un sourd. Je retournais dans ma chambre pour lâcher le chemisier blanc, professionnel et ennuyeux ainsi que mon pantalon noir tout aussi ennuyeux et les troquaient contre un jean bleu foncé et une chemise un peu moins austère. Rien d’extravagant, juste un peu plus décontracté et joyeux. Sans oublier, pas tâchée de café pour la chemise. Je vérifiais rapidement que mon maquillage n’avait pas coulé depuis ce matin -ce n’était peut-être pas un rendez-vous mais j’avais horreur de sortir débraillée-. Une tempête s’engouffra dans ma chambre et un baiser déposé sur ma joue accompagné d’un « bonne soirée, à demain ‘man ! », le tout en moins de trente secondes. Le claquement de la porte m’indiquant qu’il s’agissait de ma fille. Il n’y avait qu’elle pour claquer les portes si fort. Je secouais la tête en souriant et retournais à la cuisine. Il était l’heure. Je pris donc les desserts, mon téléphone que je glissais dans ma poche au cas où et sortais en refermant derrière moi. Arrivée devant la porte d’Eros, je transférais les desserts dans une main, priant pour ne pas tout faire tomber et frappais doucement à la porte. Je patientais tranquillement en reprenant correctement ce que j’avais dans les mains pour ne pas redécorer le paillasson devant sa porte. Je levais la tête lorsque la porte s’ouvrit et souris au prêtre. « Bonsoir ! Je suis légèrement en avance, j’espère que ça ne te dérange pas ? » J’avais peut-être trois minutes d’avance, à tout casser, par rapport à l’heure qu’il m’avait dit mais j’avais toujours tendance à pousser la politesse et être en avance, comme en retard me faisait toujours m’excuser.
Depuis que j'ai atterri aux États-Unis, ma vie ne semblait plus du tout ressembler à celle que j'avais avant. Ça faisait maintenant plusieurs années que j'y vivais, alors que je travaillais sur Greenwitch village, dans une paroisse. Curé de mon état, j'appréciais beaucoup cette nouvelle vie, malgré que je retombais peu à peu dans chacun de mes anciens travers. Le premier ce furent l'alcool, puis le sexe quand je rencontrais une femme lors d'une messe le dimanche. Je me suis mariée avec cette femme un an après car je l'avais mise enceinte. C'était la pire des insultes envers dieu de faire ça avant une union, il fallait qu'on le fasse pour arranger les choses. En tant que prêtre catholique, j'étais obligé de me marier si je voulais conserver mon poste. Mais peu de temps après la naissance de notre fille, notre couple explosa, le divorce fut prononcé quelques jours avant l'anniversaire de sa première année. Ça me força à déménager hors de Manhattan pour me trouver un petit appartement dans l'est de Williamsburg. Ma voisine était une jeune femme, une brune, que j'appréciais beaucoup. Je l'avais déjà croisé à plusieurs reprises à l'église, puis dans des bars. Je ne cache pas que j'étais gêné à chaque fois. Croiser son curé en train de boire du whisky dans un bar miteux du coin. Ça ne faisait pas très pro. Mais heureusement elle accepta de le garder pour elle. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'avais décidé de l'inviter à dîner chez moi. Je voulais lui faire goûter la spécialité de mon pays. Puis elle était vraiment adorable, je l'appréciais beaucoup.
Elle devait apporter le dessert, du coup je me concentrais sur l'entrée et le plat. Puis sur l'animation de la soirée. J'avais préparé ma table, dans la salle à manger de manière à ce que ça ne fasse pas trop rencard, mais sans pour autant être négligent. Je voulais l'impressionner. J'utilisais un set d'argenterie que j'utilisais seulement pour les grandes occasion, avec de la porcelaine pour les assiettes. J'avais prévu deux verres, un pour l'eau et un pour l'alcool. Je sais qu'elle n'aimait pas le vin, donc j'avais prévu un dérivé, du nom de Prosecco, qui était du vin pétillant entre le champagne et le vin. Ça n'avait rien avoir avec ce dernier, donc j'espérais lui faire aimer ça. Au pire des cas, j'avais prévu d'autre boisson pour remplacer si vraiment ça ne lui plaisait pas. Le faux pas n'était pas envisageable. J'avais prévu de l'alcool italiens également en digestif, au cas où. Pour le repas en lui même, j'avais prévu de le faire tourner autour de ma terre natale également, l'Italie. Cependant, j'étais vraiment à la bourre. Préparer l'entrée m'avait prit plus de temps que prévu et elle devait arriver dans dix minutes normalement. Donc je sautais sous la douche. Pour le risotto que je comptais faire, je le commencerais après. J'avais envie de lui montrer comment je faisais. J'ignorais si elle savait faire, mais je pensais que ça pourrait lui plaire de jouer sur l'apprentissage d'un plat italien.
Cependant, je n'avais pas prévu qu'elle arriverait en avance. Quand elle frappa à ma porte, je venais juste de sortir de sous la douche. Je grommelais, en m'essuyant rapidement avant de passer ma serviette autour de ma taille. Je ne pouvais pas la faire attendre dehors. Je sortais aussitôt de la salle de bain pour aller lui ouvrir. Quand je vis son visage, un grand sourire illumina mon visage, bien que j'étais quand même gêné de l’accueillir ainsi. « Bonsoir ! Non, ne t'en fais pas, c'est moi qui suit à la bourre... », disais-je en réponse. Je lui faisais la bise, rapidement, avant de la débarrasser, faisant preuve de la meilleure des politesses. « Laisse moi faire, met toi à l'aise. », continuais-je en prenant le dessert de ses mains. « C'est vraiment gentil d'amener un tiramisu, d'ailleurs. C'est une très bonne idée ! », disais-je en allant le mettre au frigo. Puis je revenais vers elle. « Je termine de me préparer et je suis tout à toi. Fais comme chez toi en attendant. », lançais-je en me rendant dans ma chambre où je pourrais m'habiller.
A peine les mots ayant franchit la barrière de mes lèvres, je voulais les reprendre. Évidemment que je dérangeais, il devait être dans la douche au moment où j'avais sonné. Je levais le regard vers Eros, plantant mes yeux dans les siens pour éviter de dériver. Je devais vraiment apprendre à arriver pile à l’heure. Voir quelques minutes après. Pour être sure. C’était plutôt gênant et je pouvais sentir une légère rougeur prendre place sur mes joues grâce à la sensation de chaleur qu’elle me procurait. « Bonsoir ! Non, ne t'en fais pas, c'est moi qui suit à la bourre...» Je hochais la tête, mon sourire un peu plus gêné que quelques secondes plus tôt. Je le laissais me faire la bise, légèrement déstabilisée qu’il ne semble pas le moins du monde gênée par la situation. Personnellement, je ne savais absolument pas où poser les yeux. Ou plutôt je le savais, mais j’évitais de laisser mon regard dévier. Ce genre de situation me faisait prendre conscience que j’étais célibataire depuis bien trop longtemps. Et heureusement que ça n’arrivais presque jamais. Sinon, je ne donnais pas cher de ma santé mentale. Aussi à l’aise que je pouvais être gênée, Eros me débarrassa avant de me remercier pour le dessert. Je haussais une épaule en détournant le regard vers le salon -Bien moins de distraction- et souris en entrant un peu plus dans la pièce. « Je ne me voyais pas arriver les mains vides, ce n’est pas vraiment poli. » Je me retins de tourner la tête vers mon hôte pour lui sourire, sachant très bien que vu que nous étions bien plus éloignés que tout à l’heure, je ne pouvais pas vraiment faire autrement que d’avoir.. Hé bien une vue d’ensemble. Il revint vers moi, prenant la parole alors que je me retournais finalement vers lui. « Je termine de me préparer et je suis tout à toi. Fais comme chez toi en attendant. » J’avais lâché la phrase au « tout à toi ». Je ne sais pas si c’est parce qu’il est prêtre et qu’il ignore quel impact peuvent avoir ce genre de phrases ou s’il ignore juste que je ne suis pas une statue de cire qui n’aurait aucune réaction dans ce genre de situation. Je repris contact avec la réalité au moment où il se détourna pour aller s’habiller. Je laissais glisser lentement mes yeux le long de son dos, appréciant la vue et me détournais avant de dériver un peu trop. Un seul mot s’infiltra dans mon esprit : pourquoi ? Pourquoi il fallait que mon voisin, ami et curé soit foutu comme ça ? Dieu devait me faire une mauvaise blague. Ou s’amusait à me voir régresser à l’état d’adolescente. Je restais donc dans le salon, attendant avec patience et me répétant que Bon Dieu, j’étais une femme -et même une mère- de trente-six ans et pas une ado découvrant les joies du sexe. C’était pathétique. J’avais l’envie de m’en mettre une. Mais allez expliquer ça s'il le voyait ou si je me retrouvais avec un trace rouge sur la joue. Enfin bref. Au moment où Eros réapparu -enfin habillé- j’étais toujours dans le salon, quasiment en train de m’engueuler mentalement. Finalement, je repris contenance et demandais avec un sourire : « C’est peut-être une question que j’aurais du poser avant mais… Tu es du genre cuistot empoisonneur ou cordon bleu ? » Au moins, ça avait le mérite de briser la glace et de couper totalement le cours de mes pensées.
Invité a posté ce message Mer 21 Nov 2018 - 20:00#
Un dîner et un verre de trop?
Eros & Evelyn
« Buon appetito ! »
Je crois que j’ai fais une bourde. J’en suis persuadé d’ailleurs. C’est vraiment malpoli d’accueillir son invité à moitié à poil. Mais je n’avais pas prévu qu’elle arriverait en avance et surtout que je mettrais autant de temps à ranger mon appartement mais aussi à préparer le repas de ce soir. Préparer le carpaccio de veau aux câpres, m’avait pris trop de temps en réalité. C’était la première fois que je préparais ça. J’avais décidé d’en faire plus que prévu, car ce n’était pas très généreux comme entrée. Heureusement pour moi, elle ne semblait pas outrée de ma tenue. Il fallait croire que je n’étais pas aussi désagréable que je le pensais. C’était un bon point car depuis mon arrivé dans le quartier, elle me faisait vraiment de l’œil. Je la trouvais vraiment séduisante et ça ne me déplairait pas qu’il se passe quelque chose après notre repas. Même si n’y penserais surement pas, trop occupé à profiter de sa présence. J’étais un prêtre quand même, un peu de retenu voyons. Pour le moment il fallait que je m’habille le plus vite possible, donc je prenais le dessert de ses mains avec un sourire pour le déposer dans la cuisine. Je lui disais de se mettre à l’aise, sans mauvais jeux de mots, bien entendu, puis je l’abandonnais pour me rendre dans ma chambre, afin de m’habiller.
Je ressors cinq minutes plus tard, je sui coiffé, certes un peu à l’arrache mais ça me donne un style que j’aime bien. Avec ma chemise blanche, manche replié au niveau de mes avant-bras et mon pantalon marron, en toile, chino, comme on l’appelle, ça m’allait vraiment bien. Je la retrouvais dans le salon, elle me tournait le dos, mais elle du m’entendre car elle se tourna vers moi. Je ne pouvais retenir un grand sourire quand je vis son visage éclatant, elle était vraiment très belle. Puis je rigolais à sa question quand j’arrivais à sa hauteur. Je venais poser une main sur son bras en tentant de calmer un peu mon rire. « Je dirais entre les deux. Je me débrouille, mais ça m’arrive de me louper totalement. », disais-je, le regard rieur quand il plongea dans le sien. Puis je glissais ma main sur ses reins sans aucun arrière pensé car de mon autre main je désignais le canapé et la table basse où était déposé deux coupes avec une bouteille de prosecco déjà ouverte, à température ambiante. « Je t’en prie, après toi. J’ai préparé un petit apéritif, afin de trinquer. », lançais-je avec douceur. En gardant ma main sur ses reins je la dirigeais vers le canapé.
J’y avais installé des crostinis, des mini-toast, tradition italienne, ils avaient différentes saveurs qu’elle découvrirait en goutant. Je m’asseyais sur le canapé pour ensuite remplir les verres avec les bulles. « Je sais que tu n’aime pas le vin. J’ai pris un vin pétillant, italien, plus proche du champagne. Je me suis dis que tu pourrais apprécier celui-là. », disais-je, en faisant attention à ne mettre qu’un fond dans sa coupe, car si elle n’aimait pas, ça éviterait le gaspillage. « Si vraiment, ça ne passe pas, j’ai prévu autre chose, ne t’inquiète pas. »
(c) DΛNDELION
Invité
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Invité a posté ce message Dim 25 Nov 2018 - 18:42#
Un dîner et un verre de trop?
Ravie de retrouvée une situation commune et légèrement moins gênante -même si c’était loin d’être déplaisant- je me détendais à nouveau en écoutant Eros me répondre tout en posant sa main sur mon bras. J’appréciais un instant son rire, préférant toujours la version décontractée des gens. Eros ne ressemblait pas vraiment aux souvenirs des prêtres de mon enfance. Sans parler du physique. Il devait avoir la moitié de l’âge des curés que j’avais connu. Mais il me semblait plus détendu, bien plus ouvert. Ce n’était peut-être que le fait que je le côtoie hors d’une église qui me donnais cette impression mais peu importe. Je lui répondis par un sourire amusé et haussais doucement une épaule. « J’espère que ce sera le cordon bleu pour ce soir alors ! » Je le laissais me guider vers le canapé d’une main posée légèrement sur mes reins et m’installais en le remerciant d’un sourire. Je secouais doucement la tête en voyant ce qu’il appelait un « petit apéritif » et ne pu m’empêcher de rire avant de montrer ses préparations d’une main. « Tu n’étais pas obligé d’en faire autant tu sais. » Les « petits apéritifs » chez moi, étaient composé de chips voir de cacahuètes. Il m’arrivait de faire ce genre de choses mais uniquement pour les événements du genre Noël ou anniversaires. Bref, je comprend qu’il ait été en retard et m’ait ouvert si peu couvert. Évite de repenser à ça ‘Lyn. C’est pas bon pour ta santé mentale. J’avoue également que je ne m’attendais pas à ce qu’il soit ce genre d’homme qui aime cuisiner. C’était totalement cliché, et rempli d’idées reçu mais je l’imaginais plutôt du genre célibataire qui se débrouille bien tout seul sans pour autant être un grand chef. Hors ce que j’avais sous les yeux me laissais penser qu’il se débrouillait vraiment bien. A moins qu’il n’ait une armée de commis de cuisine dont j’ignorais l’existence. J’attrapais la coupe qu’il venait de me servir, étonnée et touchée qu’il se souvienne que je n’aimais pas le vin. Et surtout qu’il ait décidé de prendre un vin pétillant, pour me faire goûter tout en prévoyant une seconde option dans le cas ou celle-ci ne me conviendrait pas. Je lui adressais un sourire doux et hochais la tête. « C’est adorable, merci. » Je portais ensuite la coupe à mes lèvres et bus une gorgée. Je m’attendais à ne pas apprécier, puisque le vin en général ne passais vraiment pas, mais celui-ci était étonnamment très bon. Je haussais un sourcil, surprise et regardais à nouveau Eros. « Hé bien, il semblerait que les Italiens aient meilleur goût que les Français pour le vin ! » Je reposais ma coupe sur la table basse pour le laisser la remplir tranquillement. J’en profitais pour détailler un instant sa tenu et un nouveau sourire glissa sur mes lèvres. « Alors.. Il est possible que tu t’habilles de façon décontractée ? » Je haussais délicatement un sourcil, une moue amusée au visage tout en le désignant de la main. « Ça vous va bien, mon père ! » Je laissais un rire m’échapper en lui adressant un clin d’œil. J’étais beaucoup plus décontractée, n’ayant pas à tenir mon rôle de mère raisonnable et gérant parfaitement les choses. Ce qui était loin d’être le cas, mais il me fallait au moins en donner l’impression à Luke et ma fille. Pression que je ne ressentais pas avec Eros. Le fait qu’il fasse parti des ordres aidant sûrement.
