Seize ans jour pour jour que mes parents ont été victimes d'un meurtre. Meurtre qui n'a toujours pas été résolu après seize ans. Comme à chaque année, à cette pareille date, je me réveille avec un mal de coeur et une impression de vide en moi. Ils me manquent et ce, à tous les jours de ma vie. Il n'y a pas une journée où je ne pense ni à ma mère ni à mon père. C'est difficile de perdre ses parents. Surtout lorsqu'ils se font enlever la vie par un inconnu. Il y a tant de choses que j'aimerais leur dire, tant de choses que j'aimerais vivre avec eux et ce sentiment m'accompagnera à tous les jours de ma vie et surtout en cette journée du dix janvier. J'ai décidé de ne pas aller au boulot aujourd'hui. Je n'ai pas donné de raison à personne, mais je suis certaine que toute mon équipe doit être surprise de savoir que je manque une journée de boulot puisque cela ne m'est jamais arrivé depuis des années déjà. Je ne sais pas pourquoi, cette année plus que les autres j'ai encore plus envie de rester dans mon lit toute la journée et ne rien faire. C'est peut-être parce que ces derniers temps, j'ai beaucoup entendu parler de Philip avec toute cette histoire du petit Duncan et aussi parce que j'ai l'impression plus que jamais d'être la seule Finazzi encore vivante ou pas psychopathe. Je chasse cette idée de ma tête rapidement. La dernière chose que j'ai envie de faire aujourd'hui est bien de penser à Philip. Il ne mérite pas que je lui accorde ne serait-ce qu'une petite partie de mes pensées et surtout pas en ce jour. La mort de nos parents ne la jamais autant chamboulée qu'elle la fait pour moi. Je me suis toujours dit que c'est peut-être parce qu'il avait un lien, de près ou de loin avec le ou les meurtriers de nos parents. C'est peut-être aussi parce que ce n'est pas lui qui les as vus sous des draps blancs. Comme à mon habitude, je me prépare au moins pour aller leur rendre visite au cimetière qui se trouve près du quartier où je suis née dans le Bronx. Je n'y vais pas souvent parce que cela me rend triste, mais aussi parce que ce n'est pas si près de Williamsburgh et que je ne prends pas le temps d'y aller. En sortant de mon appartement, je prends soin de laisser une note à Scout; Ne t'inquiète pas je vais bien, je reviens tout à l'heure et on se commande de la bouffe. love you xx Il n'y a pas beaucoup de gens qui sont au courant que cette journée est très importante, mais aussi très éprouvante émotionnellement pour moi. Ceux qui sont au courant m'ont tous déjà envoyer un petit message et je l'apprécie énormément. Je me dirige par réflexe vers le petit fleuriste qui se trouve près de mon appartement et je prends bien soin de choisir le bouquet qui ira sur la pierre tombale de mes deux parents. Je retourne ensuite vers mon appartement et prend ma voiture pour me diriger vers le Bronx, une longue route qui me permettra à nouveau de me plonger dans mes pensées et de tenter de me rappeler de bons souvenirs que j'ai partagé avec mes parents. La plupart sont malheureusement sans Philip qui, à cette époque avait déjà beaucoup de problèmes. Notre relation n'a jamais été vraiment belle. Je me disputais sans cesse avec lui, toujours en désaccord avec tout ce qu'il faisait et ce qu'il disait. Il m'énervait et bien que je me disais que c'était tout à fait normal pour un frère d'énerver sa soeur, j'étais bien loin de me douter que c'est simplement parce qu'il était très différent de moi, mais aussi de tous les garçons de son âge.
Suite à une longue route, j'arrive dans le quartier où je suis née. Nous ne sommes pas restés longtemps ici, mais suffisamment pour que mes parents s'y attachent et en parle aussi longtemps que je me souvienne après notre déménagement. Je me gare devant le cimetière et sors de ma voiture avec mon énorme bouquet de fleurs, marchant machinalement vers la tombe de mes parents. Je viens à chaque année ici et je connais bien le chemin. Seize années sans mes parents, c'est long et je sais qu'ils ne reviendront jamais. Je crois que c'est cela qui fait le plus mal, de me dire que jamais plus je ne vais les revoir et les prendre dans mes bras. Je m'accroupie et pose ma main sur la pierre. « Papa, maman... je m'ennuie terriblement de vous.. Je ne sais pas comment va Lip, je ne veux plus entendre parler de lui.. il.. ce n'est vraiment pas une bonne personne.. j'aimerais tellement vous avoir près de moi et ne plus me sentir aussi seule.. Ti amo più di ogni altra cosa in questo mondo » Une larme coule sur ma joue et je reste un moment, le dos appuyé sur la pierre de mes parents à vivre ma peine et tout ce mal que je suis incapable d'expliquer à personne. Je dis toujours à tout le monde que je vais bien, mais à quoi bon me voiler la face à tout le monde alors que c'est complètement faux? C'est sans doute pour ne pas paraître faible devant les gens que j'affectionne énormément ou simplement parce qu'il m'arrive rarement de montrer mes sentiments. Une fois mon moment passé, je me lève et je retourne à ma voiture pour ensuite retrouver ma meilleure amie dans notre appartement. Lorsque j'ouvre la porte, elle me saute presque dessus et me prend longuement dans ses bras ce qui me fait un bien fou. Nous passons une longue partie de la soirée ensemble à regarder des films pour me changer les idées, boire du vin et manger un tas de trucs. Nous sommes bien confortablement assises sur le canapé devant Netflix lorsque j'entends cogner à la porte. Me demandant bien qui peut être là à cette heure, je me lève et me dirige à la porte d'un pas décidé découvrant de l'autre côté... Connor. « Ah... » Dis-je déçue et à la fois surprise de le voir devant moi en ce moment. Comment a-t-il fait pour me retrouver et surtout, que peut-il avoir de si important à me dire après notre dernière discussion? Je tiens la porte déjà prête à la refermer à tout moment. « Je vous avertis tout de suite, si vous voulez vous engueuler aller ailleurs, je n'ai vraiment pas la tête à cela aujourd'hui... » Je le vouvoie toujours parce qu'en vérité, on ne se connait pas vraiment et que même s'il n'a pas toujours été respectueux avec moi, je tiens à rester polie pour le moment. Je le regarde dans les yeux et fronce les sourcils en me demandant toujours comment il a fait pour retrouver mon appartement.
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Invité a posté ce message Jeu 10 Jan 2019 - 21:14#
Quelques heures seulement que je ne suis plus un pompier en service, mais un homme en repos, pour les deux prochains jours à venir. L’occasion pour moi de me partager entre le père que je suis pour Duncan, en prévoyant un activité karting entre aujourd’hui et le lendemain. Et entre l’homme que je suis, à savoir remonter mes manches et mettre les mains dans le camboui de cette moto que je me suis acheté, la première depuis mon adolescence. Une occasion rêvée, que je n’ai pas eu le temps de mettre en place bien longtemps, voulant profiter de la présence de mon fils à l’école, je me suis offert le luxe de me concentrer sur cette moto, que je me dois de remettre en état, sous peine de ne jamais réussir à la faire démarer. A peine avais-je remonté une manche du haut que je porte sur moi, que mon portable est venu sonner, inscrivant le numéro de l’école de Duncan, que j’ai bien trop l’habitude de voir depuis le début de l’année scolaire. C’est pour cette raison que je suis en train de sortir de l’établissement scolaire, la mâchoire crispé et les nerfs à vif. Je ne tiens plus et je ne suis pas en mesure de pouvoir l’aider tout seul, si Hannah avait le don de savoir comment s’y prendre, je suis bien loin de pouvoir égaler ses talents de mère, comme père j’ai encore beaucoup de progrès à faire. Portable dans ma main, je laisse mes doigts glisser sur l’écran à la recherche d’un contact bien précis que je m’empresse d’appeler, je ne fais pas attention à l’heure, je ne cherche pas à me demander si oui ou non il peut être occupé. « C’est Connor. Tu penses que tu pourrais me trouver une adresse ? » Dis-je d’une voix déterminée, je sais que l’idée qui vient de me passer par la tête est complètement folle, mais je me dois d’aller au bout. « Finazzi .. Camila Finazzi. » Petite soeur de Philip, père biologique de Duncan, c’est bien son adresse que je suis en train de demander à un ami travaillant dans la police, quel beau duo. « Je sais, lieutenant au 90ième district .. Merci guy, je te revaudrais ça ! » Ce sont mes derniers mots avant de mettre fin à cette conversation, dans les heures à venir, je vais recevoir le message m’indiquant où je vais pouvoir retrouver celle que j’ai pourtant tant rejeté lors de notre rencontre.
Si ma colère est retombée, ma souffrance continue de grandir, me laissant dans mes interrogations, dans mes doutes et mes incertitudes. Bientôt une heure que je suis dans cette Ford Mustang qui est la mienne, laissant mes doigts jouer nerveusement avec mon alliance que je fais tourner autour de mon annulaire. Je ne sais pas si je suis en train de prendre la bonne décision, mais c’est la seule que j’ai trouvé, même si elle ne me plait pas, j’ai besoin de savoir et j’ai besoin de réponse, personne mieux que Camila peut apporter des réponses à tout ça. Ce soir, Duncan est avec la nounou qui le garde depuis de nombreuses années, qu’Hannah a prit soin de choisir et dont elle en a toujours été contente. A rester dans ma voiture, je sais que rien ne va changer les choses, que je peux me laisser aller à partir comme je suis venu et ne jamais aller au bout de mon idée. C’est ce qui me pousse à sortir de mon véhicule, n'appréciant que moyennement le froide bien trop présent en cette saison hivernale. En autant de temps qu’il en faut pour le dire, je me retrouve devant la porte de cette adresse que j’ai reçu par message, celle qui ce doit être celle du lieutenant que je viens voir, sans même avoir prévenu de ma visite, une surprise, pour en être une, ça va l’être. Et c’est immédiat, il me suffit de voir le regard de Camila pour le comprendre, d’entendre ses propos pour en avoir la certitude. « J’ai besoin de votre aide. » Il m’en coûte de prononcer ces mots, mais je n’ai d’autre choix qui s’offre à moi. « Hannah était bien plus douée que moi pour ces choses-là. Vous pouvez ne pas avoir envie de m’aider, je le comprendrais. » Dis-je en souvenir de notre confrontation, qui fait office de rencontre. « Mais si je suis ici, c’est uniquement parce que je n’ai pas d’autre choix et que tout seul, je ne peux rien faire. Vous avez dit ne pas être votre frère, c’est le moment de le montrer. » Ma voix n’a aucune colère, aucune rancune, rien à voir avec notre dernier entrevu, bien au contraire, c’est ma souffrance qui est en train de parler, mes craintes que je ressens, parce que oui, plus le temps passe, moins Duncan ne semble avoir envie de se calmer et plus je ne peux m’empêcher de me poser des questions, de faire des rapprochement entre Philip, qui il est et le comportement de mon fils depuis le décès de sa mère, depuis le décès de ma femme.
Je n'ai pas l'habitude de me laisser tellement atteindre par quelque chose que je dois manquer une journée de boulot. Normalement, peu importe ce qui arrive dans ma vie, peu importe l'événement, je reste la tête droite et surtout, je laisse mes problèmes à la maison. Bien que cette date reste gravée à jamais en moi, je n'ai jamais laisser paraître que j'avais besoin de temps pour saisir cette information et donc de prendre une journée pour moi, qui, je sais, n'aurait rien donner d'autre que de penser à mes parents et au mal que cela me fait de les avoir perdus. Cette année, je ne sais pas pourquoi, c'est différent. Et j'ai besoin de cette journée pour penser à eux, j'ai besoin de ce congé pour me permettre de vivre mes émotions. Chose que je déteste particulièrement faire puisque j'ai l'impression que de montrer mes émotions c'est aussi de montrer que je suis faible, que je suis vulnérable et je ne veux pas laisser quelqu'un profiter de cette vulnérabilité. Certains diront que j'ai un coeur de pierre, je préfère dire que je suis simplement discrète par rapport à tout cela. Ce n'est pas comme si je ne ressentais rien, au contraire, j'ai même l'impression que c'est encore plus fort lorsque je retiens tout en moi. Fort et très toxique. C'est certainement pour cette raison qu'aujourd'hui je suis comme cela. Que ce vide en moi se fait ressentir encore plus qu'à l'habitude, comme un trop plein qui s'est accumulé en moi durant toutes ses années et qui fini par sortir peu à peu plus la journée avance. J'ai passé près de sept ans de ma vie à éviter toute conversation concernant mon frère. J'ai décidé de ne pas aller voir où il habitait, de ne pas regarder son dossier criminel rien. Je ne veux en aucun cas qu'il reprenne contact avec moi puisque de un, je ne suis en rien comme lui et de deux, je sais que s'il me contacte se sera pour me demander de l'aider et je refuse de le faire. Plus les années passent, plus j'ai l'impression qu'il a un quelconque lien avec le décès de mes parents et je refuse tout autant d'en savoir plus puisque je ne sais pas de quoi je pourrais être capable si je l'apprends. Je réussi normalement toujours à contrôler mon impulsivité, mais si j'apprends qu'il a pu toucher à un cheveu de nos parents, je crois que je serai capable d'absolument tout. Sept ans à ne plus entendre parler de mon frère et au cours du dernier mois, j'ai pensé à lui presque tous les jours depuis ma rencontre avec ce pompier qui ne le connait que par les paroles d'Hannah lorsqu'elle lui parlait des horribles choses qu'elle a vécues par sa faute. Par la faute de mon frère Philip qui détruit le nom que mon père et sa famille ont passés des années à porter fièrement. Je n'ai pas le moral aujourd'hui. J'ose croire que tout ira mieux demain. Enfin, je le pensais jusqu'à maintenant. Devant la porte à regarder de haut en bas le pompier que j'ai rencontré au début du mois de décembre et que je ne pensais jamais revoir. Après notre dernier entretien et la façon dont je l'ai terminé, je ne croyais presque pas à sa présence devant moi présentement. D'autant plus que je n'ai pas la moindre idée de la façon dont il a trouvé mon adresse et je suis pratiquement certaine que ce n'est pas légal, mais bon, j'y reviendrai. Tout ce que je veux lui faire comprendre pour le moment c'est que je n'ai vraiment pas envie de me lancer dans une engueulade pour le moment. Pas aujourd'hui en tout cas. Chose que je lui fais bien comprendre dès le début. Ma main se retrouvant dans l'appartement, je fais signe à Scout d'aller dans sa chambre. Ce n'est pas que j'ai quelque chose à lui cacher, c'est simplement que si monsieur le pompier souhaite discuter, il est préférable que je sois seule avec lui puisque ma meilleure amie n'a rien à voir avec cette conversation. De toute façon, elle sait très bien que je vais tout lui raconter par la suite puisqu'elle est parfaitement au courant du déroulement de notre dernière conversation. « Je ne pensais pas vous revoir.. » Je le regarde, plongeant mon regard dans ses yeux bleus. S'il me demande de l'aide c'est qu'il doit véritablement être sans autre issu. Il semblait tellement me détester du plus profond de son être lorsque j'ai fait sa rencontre, je suis certainement la seule personne qui peut l'aider. J'hésite à le laisser entrer dans mon appartement puisque je ne sais pas ce qu'il veut de moi. Je ne sais même pas si je souhaite l'aider bien qu'une partie de moi est toujours prête à aider tout le monde et ce, peu importe de qui il s'agît. Puis Iain m'avait mentionné que Connor n'était pas une mauvaise personne. Je ne pensais pas le contraire non plus, j'avais seulement eu une très mauvaise impression disons. « Si je peux être d'une quelconque utilité pour vous.. je veux bien vous aider. » C'est plus fort que moi. C'est comme un aimant, je ne peux pas m'empêcher de l'aider et il semble vraiment vulnérable. S'il est venu à moi c'est qu'il a vraiment besoin d'aide et bien que je meurs d'envie de savoir pourquoi il a besoin de moi, et de moi seule, je veux aussi savoir comment a-t-il fait pour se retrouver sur le pas de ma porte. « Je peux savoir comment vous avez eu mon adresse avant par contre? » Je fronce les sourcils sans ajouter quoique ce soit de plus. Je veux simplement qu'il me dise cette information pour passer à autre chose par la suite. Il est vrai que j'ai peut-être accepté trop facilement, mais je n'ai pas la force de me battre aujourd'hui, seulement l'énergie pour me tenir debout et droite face à lui. D'autant plus qu'il va certainement vouloir parler de mon frère, sujet de discussion que j'essaie d'éviter ces derniers temps, enfin, surtout aujourd'hui. Trop tard Cami, tu as déjà accepté. Peut-être oui, mais je suis encore chez moi alors s'il dit quelque chose qu'il me déplaît je peux simplement le faire sortir, surtout qu'il n'est même pas encore entrer. « Je ne voulais pas avoir à faire mes preuves, mais si vous avez vraiment besoin de cela pour comprendre que je suis en aucun cas comme mon frère.. je vais le faire. » Je ne veux pas être associé à lui. Il me répugne. Je pensais qu'il aurait compris seul que je n'ai rien à voir avec Philip Finazzi, mais il faut croire que ce n'est pas si évident que cela pour Connor Coleman..
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Invité a posté ce message Dim 20 Jan 2019 - 15:01#
Je suis surpris moi-même de ma présence face au lieutenant, je suis venu jusque chez elle pour lui demander son aide, c’est bien ce qui m’a poussé dans ma démarche. Je suis perdu face à tout ce qui est en train de m’arriver. Je n’ai jamais été préparer au décès de ma femme, c’est un risque qui fait partie du métier de pompier, mais jamais je n’ai imaginé qu’il lui arrive quelque chose, que sa vie soit prise de cette façon. Les souvenirs sont toujours présents, ils ne sont pas décidés à me quitter, parce que je ne cesse de les revivre en boucle, lors de certains traumatisme, le cerveau préfère oublier pour se protéger, le mien se souvient de tout et me le rappel à chaque jour qui passe. Puis il y ce garçon, dix ans seulement, il se retrouve sous ma responsabilité, je l’aime comme un père aime son fils, à ses yeux d’enfant entrant dans l’adolescence, j’ai tout d’un père pour lui, cette présence masculine dont il avait besoin, lui qui croit que son père biologique à perdu la vie, tout comme sa mère. La réalité c’est que je suis perdu, c’est que si jusqu’à présent je m’en sortais dans mon rôle, c’était uniquement parce qu’Hannah était à mes côtés, c’était elle qui menait la barque, d’une main de maître, je ne faisais que la suivre dans ses démarches. Je m’en rend compte désormais avec son absence, ce deuil face auquel je me retrouve, comme ce deuil face auquel Duncan se retrouve. Petit garçon d’une dizaine d’année, il a perdu sa mère il y a quelques mois à peine et toute cette peine qu’il a en lui, il l’évacue que d’une seule façon : Par la colère. Il sait être un amour, ce gamin que j’ai vu grandir et qui aujourd’hui m’appelle papa, cet enfant dont Hannah était fière chaque seconde de sa vie. Je ne suis pas aussi fort que je le pense et accepter de me retrouver ici et demander de l’aide à Camila, c’est quelque chose que j’aurais pensé impossible. Impossible n’est pas. La preuve en est, je me retrouve devant elle, vulnérable à n’en pas douter, à l’appeler à l’aide. « Sans doute de la même façon que vous m’avez retrouvé. » Dis-je sans aucun agressivité, on est bien loin du schéma de notre rencontre, ma voix est douce, beaucoup trop fébrile. C’est une vérité, je doute qu’elle est réussi à me retrouver et savoir qui je peux être dans la vie de Duncan, comme d’Hannah, sans avoir utilisé son statut de policier. « J’ai pas besoin de ça pour avoir des preuves. J’ai besoin de ça pour empêcher Duncan d’être comme votre frère. » Parce qu’il est bien là le fond du problème, ce n’est pas pour rien que mes yeux rompent le contact avec les siens pour trouver refuge sur un point imaginaire au sol. « Vous êtes la seule à le connaître, vous êtes la seule qui puisse m’aider, l’aider à se reprendre. » C’est ce moment que je choisis pour remonter mon regard jusqu’à elle. Dieu que j’ai horreur de me sentir aussi impuissant. Encore un peu plus horreur de devoir demander de l’aide à la soeur de Philip. « Après l’autre jour, je comprend que vous n’ayez pas envie que j’entre .. On peut en parler dans un bar, si vous voulez. » Je me refuse de lui en parler ici, dans ce couloir à l’écoute de chacun de ses voisins, la vie de Duncan ne regarde que nous, même si penser à ce nous est loin de me ravir. Puis qui parle de bar, parle d’alcool, de cette lutte permanente qui est la mienne, entre cette envie de sombrer dans un alcool fort et ma résistance pour mon fils, pour ne pas l’abandonner, lui donner cette impression.
Son regard inquiet me fait rapidement réalisé que si Connor Coleman est chez moi ce n'est pas parce qu'il veut simplement me parler de la température, mais bien parce qu'il a un réel problème et que moi seule peut le régler. C'est sans vraiment y réfléchir que j'ai accepté sans même aucun doute de l'aider et ce, même si je ne connais pas encore la raison. C'est certainement mon côté empathique qui a joué contre moi encore une fois. Moi, Camila Finazzi, toujours prête à aider peu importe qui, peu importe quelle raison. Je devrais peut-être commencer à essayer de ne pas accorder ma confiance trop rapidement à certaine personne. Pourtant, quelque chose de fort en moi me dis que Connor n'est pas une personne à qui je ne dois pas faire confiance. Au contraire, toute cette souffrance qui se trouve en lui en tout temps depuis que sa femme est décédée me fait penser à celle que je ressens en moi depuis que j'ai vu mes parents sous ses draps blancs devant la maison de mon enfance. Depuis que j'ai compris que plus jamais je n'allais les voir. Cette souffrance qui me hante l'esprit depuis maintenant seize ans. Si je sais que je peux lui accorder ma confiance, si je sais que je peux me permettre de l'aider ce n'est pas seulement parce que je souhaite lui prouver que je ne suis pas une mauvaise personne, c'est aussi parce que je sais qu'il s'agît probablement de Duncan et que même si je ne le connais pas, l'aider me fera le plus grand bien. Peut-être que ce geste lui fera oublier cette première rencontre catastrophique qui s'est produit il y a presque un mois déjà, peut-être qu'il apprendra à me pardonner et à oublier que je suis la soeur d'un être terriblement violent. Bien que je doute fortement, j'ose croire qu'il arrivera tout de même à m'écouter et à me laisser l'aider puisqu'au final, c'est bien ce qu'il souhaite. Que je lui apporte de l'aide. Sa réponse à mon questionnement face à comment il a trouvé mon appartement reste bien nébuleuse, mais je ne peux pas lui en vouloir puisque moi-même j'ai mené ma petite enquête sur Hannah, sur Duncan et éventuellement sur lui. La différence entre lui et moi c'est que si j'étais sur les lieux de cet incendie la dernière fois c'était simplement un hasard alors que lui a trouvé mon adresse pour venir me voir. Son ton est calme. Bien plus calme que lors de notre dernier entretien, ce qui me pousse encore plus à lui faire confiance et écouter ce qu'il a à me dire. Je ne suis pas une mauvaise personne après tout et mon métier consiste à aider les gens. Évidemment, je ne suis pas psychologue alors peut-être que je ne vais pas pouvoir l'aider, mais je persiste à penser que s'il est venu me voir moi, c'est qu'il n'avait aucune autre ressource et personne qui pouvait lui apporter une quelconque aide. Le voilà devant moi, me regardant avec toute cette vulnérabilité qui est bien présente dans ses yeux, cette vulnérabilité qui est autant présente en moi aujourd'hui, à cause de ce malheureux incident qui s'est produit il y a déjà de nombreuses années, mais aussi ce mal bien présent en moi lorsqu'il mentionne mon frère. Sa peur que Duncan devienne comme son frère me chamboule. La dernière chose que je souhaite c'est que Duncan hérite du comportement impulsif et violent de son père et si je peux aider Connor à comprendre ce comportement et à empêcher Duncan de devenir ainsi, je vais le faire. Je vais répondre à toutes ses questions et ce, même si je n'ai pas du tout envie de parler de mon frère, encore moins aujourd'hui. « Je vais faire tout en mon possible pour vous aider et répondre à vos questions sur mon frère. Je refuse que Duncan possède ne serait-ce qu'une once de Philip en lui. » Une certaine rage se faisait ressentir dans ma voix. Prononcer son prénom me fait mal. Me rappelle toute cette souffrance que je ressens depuis ce matin, toutes ses questions que je me pose sur les réelles intentions de mon frère depuis des années et sur son alibi qui jusqu'à preuve du contraire, était plausible et ne concordait pas avec la mort de mes parents. Jusqu'à preuve du contraire il était physiquement impossible qu'il soit présent sur les lieux du crime. Pourtant, une partie de moi croit encore que quelqu'un a pu faire le sale boulot pour lui, mais je refuse de me mettre à penser à cela devant lui. Déjà que je semble déjà suffisamment chamboulée ainsi et que mon interlocuteur la sans doute déjà remarqué. Je tente de chasser les idées qui me passent par la tête pour me concentrer réellement le lieutenant devant moi. Il me dit que si je préfère, nous pouvons aller au bar pour parler de tout cela. « Honnêtement, le bar est bien le dernier endroit où j'aimerais me retrouver aujourd'hui. » J'ai bien trop souvent tenter d'oublier mes problèmes avec l'alcool, je refuse d'y aller chaque fois que le dix janvier arrive, puisque je sais pertinemment que cela ne mènera à rien de bon. Je ne suis pas contre les bars en général, simplement cette journée. « Vous êtes déjà ici de toute façon. Allez-y entrer. » Certains diront que je suis peut-être naïve de faire cela, que je devrais peut-être me méfier surtout en voyant toutes les choses horribles que les hommes peuvent faire aux femmes avec le métier que je fais, mais moi, je persiste à croire que cet homme n'a aucune violence en lui. Simplement de la rage, de la tristesse, de l'incompréhension. Je refuse de croire qu'il est une mauvaise personne, il a simplement beaucoup de mal intérieur et c'est pour cette raison que le laisser entrer chez moi ne me fais pas vraiment peur. « Et vous pouvez arrêter de me vouvoyer. Si vous le souhaitez évidemment. » Dis-je sans pour autant faire pareil puisqu'il ne m'a pas accordé sa permission à le faire et que je reste polie et professionnelle. Enfin, même s'il ne s'agît pas du tout d'un environnement professionnel. Je me pousse ensuite de la porte pour le laisser finalement entrer dans mon appartement, ce lieu si important pour moi et pourtant je laissais un presque étranger y entrer. « Je peux vous offrir quelque chose? À boire peut-être? » Il pouvait me demander ce qu'il voulait, j'avais presque tout. De l'eau, de la bière, de la boisson gazeuse, bref, de tout.
Je ne suis pas le seul à baisser ma garde aujourd’hui, si je ne cherche pas à masquer toute cette souffrance et tous ces doutes qui sont en train de m’habiter, il en est de même pour le lieutenant en face de moi. Elle a tant de vulnérabilité dans le regard, que si ce n’était pas pour Duncan que je serais ici, devant la porte de chez elle, je serais reparti depuis bien longtemps pour la laisser tranquille, en réalité, même pas je ne serais venu, je serais encore en train d’ignorer cette vulnérabilité. J’ai besoin de Camila, lors de notre première rencontre, j’étais sûr de ne jamais avoir à penser de cette façon, mais aujourd’hui tout est différent, Duncan me pousse à venir demander son aide. Je ne suis pas Hannah et jamais je ne serais capable de me sentir autant à l’aise qu’elle a su l’être, son rôle de mère, elle l’a maîtrisé à merveille, malgré tout ce qu’elle a vécu avec le père de son fils, malgré tout ce qu’il lui a fait vivre. Son absence, elle fait beaucoup de mal, elle a laissé un vide énorme dans nos vies, un vide qui me semble insurmontable, un vide auquel jamais je ne pourrais m’y faire, auquel jamais je ne pourrais reprendre les devants, retrouver cette aisance que j’ai tant eu avec Duncan, réussir à l’aider à faire son deuil. Je ne veux pas m’imposer, chez elle ou dans un bar au coin de la rue, c’est la même chose pour moi, ce qui compte, c’est que je puisse bénéficier de son aide, de son passé avec Philip et de tout ce qu’elle sait concernant son frère, principalement son caractère durant son enfance. Et si Duncan est ou devient comme son père ? Cette question, cette pensée, elle me fait peur, parce que je sais qu’Hannah le redoutait, je me refuse de croire que son décès soit l’élément déclencheur d’un tel changement, je refuse que son fils, que notre fils devienne le portrait de Philip Finazzi. L’envie de la remercier est présente, pourtant, je me contente d’un simple mouvement de la tête, accompagnant encore un peu plus toutes les émotions qui me traversent aujourd’hui. Quelques secondes suffisent pour que je me retrouve dans l’appartement du lieutenant, mes deux mains l’une dans l’autre, laissant mes doigts passer nerveusement l’intérieur de mon autre main. Un regard curieux regarde rapidement autour de moi, sans réellement prêter attention à ce qu’il s’y trouve, bien trop perdu dans mes pensées depuis de trop nombreuses heures, depuis de trop nombreux jours, non, depuis de trop nombreux mois. « Je veux bien une bière. » Dis-je avec la grande envie de demander quelque chose de bien plus fort, continuant ce combat contre l’alcool, cet appel auquel je n’ai pas envie de céder. « Uniquement, si tu acceptes aussi de laisser tomber le vous. » Ca me fait bizarre de me retrouver ici chez elle, surtout après notre première rencontre, en sachant qui elle est pour Philip, en sachant qui elle est pour Duncan, même s’il ne la connaît pas. Ce me fait bizarre de me retrouver en train de la tutoyer, de ne pas employer la seconde personne du pluriel pour m’adresser à elle. Mes mains ne sont plus entre elle, je suis venu les glisser dans les poches de cette veste en cuir que je porte sur le dos, laissant mon regard retrouver celui du lieutenant. « Depuis la rentrée, il n’est plus le même au collège, il est tellement … » Nerveux. « Différent. Il a commencé à se battre de manière occasionnelle, une grande partie du temps, sans aucune raison valable. » En grande partie, oui, parce que même s’il a été puni pour chacune de ces bagarres, à sa place, j’aurais eu la même réaction lorsque des élèves sont venus s’en prendre à sa mère et à son décès. « Ces dernières semaines, c’est de pire en pire et .. » C’est bien cette partie que je redoute le plus, qui me fait le plus peur et qui m’a poussé à partir à la recherche de son adresse, à me retrouver chez elle, ce soir, à lui demander son aide. « C’est à une fille qu’il s’en est prit aujourd’hui, parce qu’elle a refusé de sortir avec lui. » Ma crainte est ici, toute cette colère, trop de coincidence, je peux me tromper, mais je peux viser juste, je veux agir maintenant, je veux l’aider maintenant, ne pas laisser la situation se dégrader encore plus. « J’ai besoin de toi .. » Dis-je tel un appel à l’aide, je suis complètement perdu, je ne sais pas par où commencer, je ne sais pas comment je dois m’y prendre et je me refuse de baisser les bras.
Sa vulnérabilité me fait presque craquer. Comme si je voyais finalement son humanité, ce qui fait de lui qu'il est un pompier avec la main sur le coeur. C'est à même me demander s'il s'agît vraiment du même homme que j'ai eu devant moi il y a un mois de cela. J'en viens à me dire que sous cette carapace de cette arrogance que j'ai connue autrefois, se cache véritablement une sensibilité que je doutais qui existait. Connor est visiblement un être qui a énormément souffert dans sa vie, enfin, surtout lors du décès de sa femme. Il faut dire que de voir la femme de sa vie mourir devant ses yeux doit certainement être l'épreuve la plus déchirante qu'il a eu à vivre et qu'il est évident qu'à quelque part, Connor Coleman est un être brisé. Comme mon meilleur ami Iain m'a mentionné lorsque je lui ai parlé de son collègue pompier, il ne vaut mieux pas tenter de comprendre le mystère qu'il y a autour de lui, mais étrangement, j'ai l'impression que c'est ce qui me pousse encore plus à tenter de comprendre qui il est, pourquoi il est ainsi et surtout, de voir qu'il n'y a pas que cet homme impulsif sous les traits du lieutenant devant moi. Visiblement, notre vulnérabilité est bien voyante ce soir et honnêtement, en ce moment je ne suis pas totalement certaine de comprendre pourquoi j'ai accepté d'aider quelqu'un qui semble autant mal que moi présentement à aller mieux alors que je suis incapable de m'aider moi-même à retrouver mon sourire qui n'a pas vraiment eu la chance de se dessiner sur mes lèvres aujourd'hui. Une fois le joli brun dans mon appartement, je referme la porte derrière lui et le regarde un bref instant avant de lui offrir à boire, les bonnes manières d'abord, c'est ce que ma mère m'a toujours dit. Sa réponse me donne envie de prendre exactement la même chose, même si, j'aurai probablement pris quelque chose de plus fort si je me trouvais seule dans cet appartement. Ne sachant plus trop où mettre les pieds, question de garder toute de même une certaine distance avec le pompier face à moi, je recule d'un pas, sans pour autant lui tourner le dos afin d'aller chercher ce qu'il désire dans la cuisine qui est à aire ouverte avec le salon pour revenir avec deux bières en main. Une pour lui, l'autre pour moi. « Et voilà pour vous. » Dis-je maladroitement, me rendant compte que je viens à nouveau de le vouvoyer alors qu'il vient tout juste de me dire que je peux le tutoyer à mon tour, chose que je ne pensais jamais faire avec lui. Souhaitant rester polie et professionnelle et ce, même si notre dernière rencontre ne s'est pas vraiment terminé sur les bases de la politesse. « Pour toi, plutôt. » Dis-je en approchant la bière de mes lèvres afin de venir y prendre une petite gorgée et de rester face à Connor qui est plus grand que moi. Je lève un peu ma tête vers lui alors qu'il commence à m'exposer le problème qu'il a avec Duncan, la raison de pourquoi il se trouve ici, devant moi, dans mon appartement. Il me fait alors part du fait que Duncan se bat régulièrement à l'école avec ses camarades de classes et ce, sans aucune raison valable. Philip avait l'habitude de faire cela lorsqu'il était plus jeune, mais lui, c'était simplement son mal de vivre qui laissait parler pour lui alors que Duncan, il a une raison d'être en colère, il a une bonne raison même. Perdre un proche ce n'est pas une épreuve facile à vivre surtout à l'âge de Duncan. Je peux comprendre qu'il n'arrive pas à trouver son petit bonheur à lui en ce moment. Je peux comprendre qu'il a mal, qu'il souffre et que la seule porte de sortie qu'il voit lorsqu'il n'est pas content ou que quelqu'un le cherche et l'énerve c'est de faire sortir toute cette impulsivité qu'il garde en lui depuis le décès de sa mère. Toute cette colère et cette incompréhension face à cette situation et qu'il a gardé en lui dans le but de ne pas trop faire de mal à Connor, mais aussi très certainement par orgueil. Je ne pense pas que Duncan devienne le portait de son père. Philip était violent pour toutes les raisons du monde, il se mettait en colère pour des futilités alors que je suis persuadée que Duncan, a une raison un peu plus valable de la faire. Peut-être pour prendre la défense de sa mère ou pour arrêter tous ceux qui osent se moquer de lui. Je ne sais pas, je ne pense pas le savoir un jour, mais je sais que la violence, ce n'est pas quelque chose qui est génétique et qu'il est impossible que cette violence persiste, surtout s'il a quelqu'un comme Connor pour s'en occuper. Bien que je déteste l'admettre, il semble être une bonne personne et un bon père pour Duncan, certainement mille fois meilleur que mon frère pourrait l'être, mais ça, je ne pense pas qu'il y ait véritablement une compétition. « Et il ne veut pas te dire pourquoi il fait ça j'imagine? » Je sais que mon frère ne se justifiait jamais par rapport à ses actes, bien que la plupart du temps, il faisait tout pour ne pas que mes parents apprennent son comportement malsain envers ses camarades de classe. Si Duncan ne veut pas en parler à Connor ce n'est certainement pas par manque de confiance envers lui, c'est probablement plus parce qu'il a honte des gestes qu'il a commis. Voilà que Connor me mentionne qu'il se bat avec des filles, ce qui me fait réagir un peu plus tout de même, mais je tente de ne pas trop le démontrer dans le non-verbal de mon visage. Je vois la panique dans ses yeux alors qu'il me raconte ça et que les mots j'ai besoin de toi sortent de sa bouche. Des mots que je ne pensais jamais entendre de sa part d'ailleurs, mais je sais que je peux l'aider, ou du moins que je peux tout faire pour arriver à trouver ne serait-ce qu'une partie de solution pour ne pas que cette situation de violence devienne plus grave. « Je ne vais pas te mentir, Philip avait un comportement semblable à l'époque, mais avec ses amis garçons par contre. » Autant aller droit au but. Je le regarde et lui fait signe de passer au salon, question de ne pas rester debout l'un devant l'autre pour continuer cette conversation. Je prends une nouvelle gorgée de bière et prends place par la même occasion sur le canapé. « Je ne pense pas qu'il suive ses traces puisque, même s'il souffre en ce moment et qu'il a l'impression que tout son monde s'écroule sous ses pieds, il finira par faire son deuil éventuellement.. ou simplement à guérir une partie de lui qui souffre.. » Je sais de quoi je parle puisque je n'ai jamais vraiment réussi à faire mon deuil, le mal est simplement un peu moins horrible qu'il l'était il y a seize ans.
C’est surréaliste ce qui est en train de se passer, je n’en reviens pas que je sois bel et bien dans l’appartement de Camila, que je me retrouve dans un tel état, que j’ai baissé ma garde avec une telle facilité, que je sois en train de m’entendre lui demander de l’aide, clairement lui avouer avoir besoin d’elle. C’est une vérité que j’ai bien du mal à admettre, mais que je n’ai d’autre choix que de faire, parce qu’il s’agit de Duncan, que c’est de mon fils dont on parle, qu’il porte mes gènes où celui d’un autre, je m’en moque, je me refuse de le voir suivre un chemin, qui ressemble à celui de Philip, qui va à l’encontre de mes valeurs, mais plus encore, à l’encontre des valeurs d’Hannah. Entendre la réponse de Camila, l’entendre me dire que le comportement de mon fils, ressemble à celui de son père, ce n’est pas ce que j’ai espéré en venant jusqu’ici. C’est la raison qui est venu me faire détourner mon regard de celui du lieutenant, fixant un point sur le côté, encaissant ce qui ressemble à un coup en plein visage. Je n’ai pas envie d’y croire. Je n’ai pas envie de croire que ce petit garçon puisse ressembler à ce qui est pour moi un monstre, quelqu’un qui ne devrait même pas avoir le droit de se balader en toute liberté. Je me refuse de me laisser abattre par une telle nouvelle, par la réponse de Camila, c’est la raison qui me pousse à boire une gorgée de cette bière que j’ai dans la main, avant que mon regard croise le sien à nouveau. Une invitation, pas clairement prononcé, mais qui a son sens dans les gestes de la jeune femme. Ce n’est pas une si mauvaise idée, c’est la raison pour laquelle je suis son mouvement, que je viens m'asseoir sur le canapé, à ses côtés. Je laisse mes yeux se planter sur la bière que j’ai entre mes doigts, mon pouce jouant de l’étiquette présente, essayant nerveusement et inconsciemment de venir la retirer, plus la déchirer avec mon ongle. « Comment je peux l’aider ? Comment j’peux aider un gamin de dix ans, à faire le deuil de sa mère ? Je sais même pas comment on est censé s’y prendre. » Dis-je en ayant reposé mon regard sur le lieutenant à mes côtés, j’ai connu le départ de ma mère, mais ça n’a pas été un décès, un choix de sa part que j’ai du subir, comme mes deux frères, comme mon père, je ne lui ai jamais pardonné et je sais que jamais je ne vais pouvoir le faire. « La dernière chose qu’Hannah voulait, c’était que son fils tourne comme lui .. » A quoi bon prononcer son prénom, Camila sait de qui je suis en train de parler, elle a conscience que c’est de son frère que je suis en train de faire référence. « Je suis même pas capable de respecter cette volonté. » Du moins, je me sens impuissant face aux réactions de Duncan. « Quand on est ensemble, il est tellement différent .. » C’est un fait, les images ou encore les vidéos que je peux avoir de lui, de nous sur mon téléphone, que j’ai pu mettre en ligne sur les réseaux sociaux, ce ne sont pas du vent, ce sont des moments de complicités. « Je comprend pas, qu’est-ce qui change ? » Ce sont des réponses que je n’ai pas, c’est une question que je pose à Camila, comme si elle peut avoir une réponse à me donner, comme si elle peut savoir ce qu’il se passe dans la tête de mon fils, que je puisse savoir quoi faire, comment l’aider.
La dernière chose que je souhaitais faire en tentant de conseiller Connor c'était de l'inquiéter davantage qu'il ne l'était déjà. Ce qu'il est venu chercher en venant jusqu'ici ce sont des conseils pour l'aider à mieux comprendre Duncan et venant de quelqu'un qui a vécu avec une personne à problèmes comme mon frère, il était peut-être plus évident pour moi de l'aider à ce sujet. Loin de moi l'idée de lui dire que Duncan reproduira les mêmes erreurs que son père puisque même si je ne le connais pas du tout, je suis persuadé que ses petits jeux de bagarres avec des filles ou des camarades de sa classe, c'est uniquement parce qu'il ressent cette colère inexplicable en lui et que probablement que ses amis ne peuvent pas du tout comprendre ce qu'il ressent. Je suis passé par là moi aussi lorsque mes parents sont décédés, je sais que ce n'est pas facile de perdre un parent puisque j'ai perdu les deux en même temps et personne ne comprenait la peine que je ressentais. Même pas mon frère Philip qui n'a jamais vraiment semblé se soucier de ce qui leur était arrivé. Tout le monde me disait qu'ils étaient présents pour moi, tout le monde me disait comprendre ma peine, mais c'était totalement faux. Personne ne peut comprendre ce qu'on peut ressentir lorsque nos parents meurt et qu'en plus, ce n'était pas par vieillesse ou maladie. Pour ne pas perdre la face, j'hochais toujours de la tête et je souriais, mais au fond de moi, je criais intérieurement ne pouvant pas concevoir que quelqu'un me dise cette phrase toute conçue une nouvelle fois. Bien que je ne suis pas présente dans la vie de Duncan et que je ne le connais donc pas, je ne peux pas tenter de concevoir ce qu'il a en tête et pourquoi il agît ainsi. Mon seul moyen est de comparer ce que Philip commettait comme geste et la situation est bien loin d'être identique. « Je ne sais pas quoi te dire Connor.. tu le sais comme moi que vivre un deuil c'est quelque chose qui t'appartient à toi seul, surtout à son âge. Il ne comprend surement pas pourquoi c'est sa mère à lui qui est partie... » Je respire profondément alors que je me mets à penser à mes parents. La dernière chose que je souhaite c'est de me mettre à pleurer devant lui. Je sais qu'il se montre autant vulnérable devant moi, mais je ne veux pas lui montrer cela. Enfin, je tente de mon mieux de ne pas lui montrer et retenir les larmes qui ont coulé presque toute la journée sur mes joues. « Je sais ce qu'il ressent.. le mieux à faire c'est de lui laisser son espace en lui mentionnant que tu es là pour lui s'il a envie d'en parler, il viendra vers toi par lui-même pour cela.. » Après tout, cette journée-là, Duncan a perdu sa mère, mais Connor a perdu la femme qu'il aimait et il a mal lui aussi. Bon, je sais très bien que ce n'est pas le meilleur conseil au monde, mais ça concerne pas encore les batailles, c'est seulement pour l'aider à vivre son deuil que je dis cela. Puisque pour le reste, il est important de régler cela immédiatement afin de ne pas aggraver la situation. « Je suis certaine que tu fais déjà tout en ton possible pour qu'il soit heureux, pour lui changer les idées lorsqu'il est avec toi.. » Encore une fois, je n'ai aucune idée de comment il agît avec lui, mais juste le fait qu'il est baissé sa garde pour venir chercher conseil jusqu'à chez moi alors qu'il ne semble pas m'apprécier, me laisse croire qu'il tient énormément à lui. Cette vulnérabilité est toujours bien présente dans ses yeux, mais aussi de la peur. La peur de ne pas être à la hauteur probablement puisque c'est exactement ce qu'il est en train de me dire. Qu'il n'est pas comme Hannah et qu'il n'arrive même pas à respecter sa seule et unique volonté. « Tu t'occupes bien de lui, ne doute pas de cela. Il ne lui ressemblera jamais. Philip c'était un cas totalement différent.. » Une certaine rage à l'intérieur de moi que je tente de calmer comme à mon habitude. Je reste calme face à Connor, cherchant à le rassurer alors que moi-même j'ai besoin de l'être. « Les enfants de son âge sont souvent bien cruels.. peut-être que l'un ou l'une d'entre elle a été méchant.. » Ça n'excuse pas du tout son comportement, mais je comprends qu'il a peut-être seulement voulu défendre sa mère. « Peut-être lui faire comprendre que ce n'est pas de cette façon qu'il doit régler ses problèmes. Parfois c'est même mieux d'ignorer les commentaires.. »
CODAGE PAR AMATIS
Invité
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Invité a posté ce message Mar 12 Fév 2019 - 10:37#
« C’est moi qui aurait dû y rester .. » Je suis en train de lâcher ces mots, dans un profond murmure, pour ce qui est pour moi une vérité, parce que pour ce petit tout serait différent, parce que depuis que je suis pompier, je joue avec les limites, je suis une véritable tête brûlée, mais avant et surtout, parce que c’était moi le lieutenant à l’intérieur, elle a été sous mes ordres, les incendies n’ont pas de logique, mais celui qui aurait dû tomber, c’est moi, pas elle. C’est ce que j’en viens à me dire, depuis le moment où le décès de ma femme a été prononcée, dès le moment où après cette explosion, j’ai fini par reprendre mes esprits, réaliser ce qu’il venait de se passer, ce que je venais d’avoir sous les yeux. Assis sur le canapé, j’en viens à joindre mes deux mains, laissant mes doigts faire rouler mon alliance autour de mon annulaire, sous mon regard attentif, bien que plus perdu, qui cherche à ne pas affronter celui du lieutenant à côté de moi. Fierté, quand tu nous tiens. Qui me connaît le sait, je sais être sensible, je le suis, depuis le jour de ma naissance, c’est un trait de caractère qui fait partit de moi, qui ne me quittera jamais et que j’ai bien du mal à assumer. En entendant parler Camila, je ne peux laisser ce rictus se montrer sur mon visage, parce qu’elle est en train de me dire est une vérité certaine, mais également parce que ça fait mal, parce que tout ce qu’elle dit, c’est ce que j’ai pu penser, ces éventualités que je ne veux pas reconnaître. Mes yeux ne remonte pas en sa direction, comme une façon de garder le contrôle de la situation, de mes propres émotions, contrôler cette vulnérabilité avec laquelle je suis venu jusque chez le lieutenant. « C’est ce que tu ferais ? » Le voici, ce premier regard depuis un moment en sa direction. « A sa place, tu finirais pas venir me voir pour me parler ? » Mes yeux sont en train de chercher des réponses dans ceux de Camila, en même temps que je suis dans l’attente de sa réponse, parce que depuis le décès d’Hannah, oui on avait évoqué Hannah à quelques reprises, mais jamais sans vraiment parler de ce que l’on ressent, de ce que son absence fait sur nous, que ce soit Duncan, mais également moi. Je dois le reconnaître. Si la situation n’était pas celle de ce soir, avec une détresse certaine pour que j’en vienne jusque chez elle, je n’aurais pas eu de mal à laisser un sourire sur mon visage, un sourire amusé par ce qu’elle vient de me dire, elle qui suppose de la façon dont je m’occupe de mon fils, sans jamais nous avoir vu ensemble, elle qui est la tante de ce petit, mais qui n’a jamais eu l’occasion de réellement le rencontrer, d’apprendre à le connaître. C’est peut-être pour ça que c’est facile de parler avec elle, oui elle fait partie de la famille de Philip et cette idée me déplait complètement, elle le sait, mais elle est une inconnue, quelqu’un que je ne connais pas, quelqu’un qui ne me connaît pas. « Pas seulement les enfants peuvent être cruels .. » Ce sont un peu des mots que je prononce pour moi-même, pour mon propre passé, pour le départ de ma mère et les raisons qui ont poussé mon père à déménager, ce ne sont pas les enfants de notre âge, mais bien le voisinage adulte. « Tu es sûr que tu étais là, lors de notre dernière rencontre ? » Une question qui est venue franchir mes lèvres, sans même que j’ai le temps de réfléchir, pour mon regard qui est à nouveau sur le sien, mais pour mes deux mains qui ne se lâches pas, mes doigts jouant toujours avec mon alliance. « Je connais Duncan depuis huit ans, autant dire qu’il me connait aussi depuis presque toujours pour lui .. Il sait que je ne suis pas celui qui prône l’ignorance. » Avoir envie de prétendre le contraire, ne serait que mensonge. « Et je doute que tu puisses me contredire en pensant l’exact opposé .. » J’en suis persuadé, venir affirmer le contraire, c’est qu’elle n’a pas vécu la même chose que moi, lors de notre première rencontre, que l’on a pas eu la même conversation tous les deux. « Je suis une tête de con, dans ces moments là. » C’est dans un sourire, qui se présente sur mon visage, que je fais cette révélation, qui n’en est pas une, je le sais, depuis longtemps, les années passent, mais rien ne change, je suis comme ça.
Seize ans jour pour jour que mes parents ont été victimes d'un meurtre. Meurtre qui n'a toujours pas été résolu après seize ans. Comme à chaque année, à cette pareille date, je me réveille avec un mal de coeur et une impression de vide en moi. Ils me manquent et ce, à tous les jours de ma vie. Il n'y a pas une journée où je ne pense ni à ma mère ni à mon père. C'est difficile de perdre ses parents. Surtout lorsqu'ils se font enlever la vie par un inconnu. Il y a tant de choses que j'aimerais leur dire, tant de choses que j'aimerais vivre avec eux et ce sentiment m'accompagnera à tous les jours de ma vie et surtout en cette journée du dix janvier. J'ai décidé de ne pas aller au boulot aujourd'hui. Je n'ai pas donné de raison à personne, mais je suis certaine que toute mon équipe doit être surprise de savoir que je manque une journée de boulot puisque cela ne m'est jamais arrivé depuis des années déjà. Je ne sais pas pourquoi, cette année plus que les autres j'ai encore plus envie de rester dans mon lit toute la journée et ne rien faire. C'est peut-être parce que ces derniers temps, j'ai beaucoup entendu parler de Philip avec toute cette histoire du petit Duncan et aussi parce que j'ai l'impression plus que jamais d'être la seule Finazzi encore vivante ou pas psychopathe. Je chasse cette idée de ma tête rapidement. La dernière chose que j'ai envie de faire aujourd'hui est bien de penser à Philip. Il ne mérite pas que je lui accorde ne serait-ce qu'une petite partie de mes pensées et surtout pas en ce jour. La mort de nos parents ne la jamais autant chamboulée qu'elle la fait pour moi. Je me suis toujours dit que c'est peut-être parce qu'il avait un lien, de près ou de loin avec le ou les meurtriers de nos parents. C'est peut-être aussi parce que ce n'est pas lui qui les as vus sous des draps blancs. Comme à mon habitude, je me prépare au moins pour aller leur rendre visite au cimetière qui se trouve près du quartier où je suis née dans le Bronx. Je n'y vais pas souvent parce que cela me rend triste, mais aussi parce que ce n'est pas si près de Williamsburgh et que je ne prends pas le temps d'y aller. En sortant de mon appartement, je prends soin de laisser une note à Scout; Ne t'inquiète pas je vais bien, je reviens tout à l'heure et on se commande de la bouffe. love you xx Il n'y a pas beaucoup de gens qui sont au courant que cette journée est très importante, mais aussi très éprouvante émotionnellement pour moi. Ceux qui sont au courant m'ont tous déjà envoyer un petit message et je l'apprécie énormément. Je me dirige par réflexe vers le petit fleuriste qui se trouve près de mon appartement et je prends bien soin de choisir le bouquet qui ira sur la pierre tombale de mes deux parents. Je retourne ensuite vers mon appartement et prend ma voiture pour me diriger vers le Bronx, une longue route qui me permettra à nouveau de me plonger dans mes pensées et de tenter de me rappeler de bons souvenirs que j'ai partagé avec mes parents. La plupart sont malheureusement sans Philip qui, à cette époque avait déjà beaucoup de problèmes. Notre relation n'a jamais été vraiment belle. Je me disputais sans cesse avec lui, toujours en désaccord avec tout ce qu'il faisait et ce qu'il disait. Il m'énervait et bien que je me disais que c'était tout à fait normal pour un frère d'énerver sa soeur, j'étais bien loin de me douter que c'est simplement parce qu'il était très différent de moi, mais aussi de tous les garçons de son âge.
nightgaunt
