call out my name / jalista (-18)

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──────── @JAMAL VALENTYNE & @CALISTA VRYZAKIS ────────

Comment fait-il pour ne pas remarquer que son sourire n’a rien de sincère et qu’elle est en train de se faire chier comme jamais dans sa vie ? Calista se pose réellement la question. Ne jamais lancer un homme d’affaires sur le sujet du travail, c’est la mort assurée ou du moins l’ennui. Assis tous les deux autour d’une table dans le bar, elle fait tourner son petit agitateur dans son cocktail en lui offrant son plus beau sourire. Depuis combien de temps est-elle assise là, à l’écouter parler du marché boursier et de ses journées dans l’un des bureaux de Wall Street le plus en vogue ? La jeune femme n’en a pas la moindre idée et pourtant, elle a la sensation d’être là depuis au moins une éternité. Si elle a accepté de prendre un verre avec lui c’est avant tout parce qu’il est mignon et aussi, un peu, parce qu’elle n’avait rien de mieux à faire ce soir. Puisque sa fille l’a supplié pour dormir chez l’une de ses amies, la Grecque a accepté. Seule à l’appartement, elle aurait pu proposer à Aspen et Noor de sortir mais ça aurait sans doute forcer ses colocataires à annuler leur plan. Résultat, elle a accepté de sortir avec Mike – ou Matt, elle n’est plus vraiment sûre. Fils d’un ami et collègue de son beau-père, c’est grâce à Carl qu’ils se sont rencontrés, au cours d’une soirée à laquelle sa mère l’avait supplié de venir pour qu’elle ne soit pas seule. Maintenant, elle regrette amèrement. Même faire tout le ménage dans son appartement lui semble plus intéressant que continuer d’écouter cet homme et pourtant, Calista est bordélique. Trop longtemps sans réagir. Elle se reprend, agite doucement la tête en portant son verre à ses lèvres lorsque la porte du bar s’ouvre sur un homme qui éveille un long frisson dans tout son corps. Merde. Et elle le fixe qui traverse l’endroit pour se diriger vers le bar et qui la remarque enfin une fois sa commande passée. « Calista ? » Aussitôt, son regard se pose sur Mike – ou Matt – qui a remarqué qu’elle n’écoutait plus. Sauf qu’elle sent le regard de Jamal sur elle et elle a dû mal à ne pas regarder vers lui. Elle siffle son verre vite – trop vite – puis regarde le verre quasiment vide de son rencard. « Tu veux une autre bière ? Je vais en chercher une, il me faut un autre verre aussi. » Sans le laisser protester, elle se lève, se faufile parmi les clients et va directement vers le pompier, qu’importe que le barman soit à l’opposé. Arrivée au niveau du comptoir, elle le frôle volontairement, pose brièvement une main sur sa cuisse puis tourne la tête vers lui, large sourire aux lèvres. « Pardon, je suis maladroite. » Elle sourit plus largement encore lorsqu’elle voit son expression de Grincheux sur son visage. Mauvaise journée ou est-ce le fait de la voir avec un autre homme qui le fait bouder comme ça ? Elle n’a pas le temps de demander que le barman l’interpelle. « Une pression et … un gin tonic s’il vous plait. » Quelque chose de fort, c’est tout ce qu’elle demande si elle doit encore supporter Matt – ou Mike – plus longtemps. Mais pour l’instant, c’est surtout Jamal juste à côté d’elle qui l’intéresse même si elle feint l’ignorance, prétextant simplement l’avoir bousculé par hasard et ne pas le connaître. Chose impossible puisque tout son corps réagit déjà la présence du pompier tout près d’elle.

La journée a été longue. Très longue. Trop longue. Le genre de journée que Jamal déteste : les formations. Oui, il apprend des choses. Oui, il peut rencontrer des collègues qu’il ne connaissait pas encore ou en revoir des anciens. Mais quand il ne s’agit que de théorie, Jamal déteste ça et la journée entière paraît être un supplice, à part pour les pauses. Dommage qu’il n’y ait pas plus de pauses. Toute la journée, Jamal a eu l’impression d’être de retour sur les bancs de l’école et dieu sait qu’il détestait ça. Il les avait quittés le plus rapidement possible. Heureusement pour lui, ce n’est qu’une journée de temps en temps, mais c’est déjà trop pour lui, et il ne tient pas en place. Si bien qu’aussitôt la formation terminée, alors que certains restent encore pour discuter, ou même poser des questions aux formateurs – fayots – Jamal s’échappe rapidement. Il est dans un quartier qu’il ne connaît pas particulièrement, au nord de Manhattan, et il pourrait prendre un taxi pour rentrer aussitôt chez lui. Sauf que son regard est attiré par une enseigne lumineuse dans la nuit déjà tombée. Après tout, pourquoi pas ? Un verre lui fera le plus grand bien. Il traverse le nuage de fumeurs dehors, et pousse la porte du bar. Déjà, l’ambiance lui convient. La musique lui plaît. Un bon point. Ça adoucira cette journée interminable. A peine entré, il se dirige vers le bar et attire l’attention d’une serveuse. Les noms des cocktails lui paraissant intéressants, il en choisit un au hasard, avec de l’ananas, et se retourne pour observer les lieux en attendant d’être servi. Déco sympa, musiciens aussi. Reste à voir le goût des cocktails mais il pourra sans doute revenir. Alors qu’il entend la serveuse lui signaler qu’elle a terminé, son regard se pose sur un visage qu’il connaît bien. Sur ces yeux qui le fixent déjà. Son regard oscille de la blonde à l’arrière du crâne, clairement masculin, assis en face d’elle. Est-elle en plein rendez-vous ? Est-ce que ça le regarde ? Certainement pas. Il n’empêche qu’il ne parvient pas à détacher son regard d’elle. Elle sait qu’il est là, elle sait qu’il l’a vue. Est-ce que ça lui fait quelque chose à elle ? Ça ne devrait rien lui faire d’ailleurs. Elle a tout à fait le droit d’avoir un rendez-vous. Lui, ne s’est jamais arrêté non plus. Ils n’ont rien défini et c’est ce qui lui plaît le plus dans leur… relation – si on peut appeler ça comme ça. Jamal finit par se retourner vers le bar, pose ses coudes sur le comptoir et glisse la paille entre ses lèvres. Finalement, ce n’est pas une si bonne façon que ça de terminer la journée. Même si le cocktail a le mérite d’être bon. Déterminé à ne plus se retourner, il est surpris par un contact au niveau de sa cuisse. La voix, il la reconnaît très bien. Pourquoi est-elle venue le voir ? Il l’écoute passer commande, sans la regarder. Ou peut-être qu’il glisse un regard vers le bas de sa robe, alors qu’elle ne regarde pas. La savoir si proche de lui ne l’aide pas à se concentrer. Est-elle venue exprès pour le tenter ? De toute façon, elle n’a besoin de rien faire pour lui faire de l’effet. « Tu passes une bonne soirée ? » Demande-t-il sans lever les yeux de son cocktail. Si elle joue l’innocente, il peut aussi le faire. Sauf qu’il n’est pas très bon acteur, et que quand il fait la gueule, c’est difficile de l’en sortir.

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Elle abuse peut-être de venir l’embêter au bar. Peut-être n’a-t-il par la moindre envie de la voir ? Ou peut-être qu’il attend quelqu’un ? Que comme elle, il a un rencard ce soir ? Qu’est-ce qu’elle en sait après tout ? Agissant sur un coup de tête mais aussi parce qu’elle sait que la compagnie de Jamal sera mille fois mieux que celle de Mike – Matt – elle est venue sous un faux prétexte. Enfin, presque. Calista a vraiment besoin d’un autre verre si elle doit tenir encore plus de dix minutes avec l’homme qui l’accompagne. Si elle doit encore entendre parler de bourse et de travail, ce rendez-vous va couper court. A vrai dire, c’est tout ce dont elle a envie maintenant. Plus encore à présent que Jamal est près d’elle. Rapidement, elle regarde autour d’eux. Aucune femme ne semble venir dans leur direction et aucune ne passe la porte du bar. Il y a sans doute une chance qu’il soit seul. Dommage qu’elle, elle soit obligée de supporter monsieur le boursier. Le même homme qui n’a pas perdu de temps pour sortir son portable de sa poche et vérifier elle ne sait quoi dessus. Bien, au moins elle ne lui manquera pas tout de suite. Callie peut en profiter. Ce qu’elle commence à faire sans se faire prier. L’un et l’autre ne se regardent pas, mais elle sent que trop bien sa présence. Tout en elle réagit trop vite et trop fort. Malgré ça, elle continue de regarder la barmaid s’occuper de ses clients sans avoir eu le temps de préparer les boissons qu’elle vient de demander. Ce n’est pas grave. Ça lui donne une bonne excuse pour rester là plus longtemps sans éveiller les soupçons de monsieur le boursier. « Pas toi ? » Demande-t-elle en prenant cette fois le temps de tourner la tête vers Jamal. Non, lui, il a l’air de bouder. Il ne le cache même pas. Ou alors, Calista est devenue très douée pour le décrypter ce qui serait assez … perturbant. « Mauvaise journée ? Tu veux en parler peut-être ? » Le pire est que la jeune femme se pose vraiment la question et s’intéresse à sa réponse. Et puis, de toute manière son rendez-vous n’a pas regardé un seul instant dans sa direction, trop occupé par son téléphone, elle peut bien discuter avec Jamal.

Il ne sait même pas pourquoi il réagit ainsi. Il pourrait très bien lui faire la conversation normalement, comme un être civilisé. Mais elle ne l’a pas fait non plus. Pourtant, il sait qu’elle est volontairement venue près de lui. Leur regard se sont croisés assez longtemps pour qu’il soit certain qu’elle l’avait vu. Il ne sait pas à quoi elle joue, mais il n’aime pas ça. Il aurait mieux faire de rentrer chez lui finalement. Le verre d’alcool qu’il aurait pu se servir n’aurait pas été aussi bon que le cocktail qu’il a devant les yeux, et qu’il ne veut pas lâcher, mais au moins, il n’aurait pas eu à voir ça. Mais il n’aurait pas ressenti ce qu’il ressent simplement en la sentant près d’elle. Même dans ce bar plein d’odeurs différentes, il sent la sienne. Et il voudrait qu’elle ne lui fasse pas tant d’effet, mais c’est peine perdue. Alors s’il ne la regarde toujours pas, même quand il lui parle, c’est pour garder un semblant de bonne figure. Même si pour l’instant, sa figure est surtout en train de bouder et ça, Callie doit bien l’avoir remarqué. Jamal n’a jamais été capable de faire semblant quand il fait la gueule, et ça se voit aussitôt. Ce qui, en général, le fait bouder encore plus. Terrible. « Si, très bonne. » Répond-t-il en faisant tourner la paille dans son verre, toujours captivé par celui-ci. Le ton de la voix le trahit sans doute. Callie n’est peut-être pas bonne actrice, mais il est encore pire. Et il ne peut rien faire pour y remédier. « Mouais… pas vraiment. » Journée pas vraiment mauvaise ? Ou bien il n’a pas vraiment envie d’en parler. En fait, il n’a pas envie de grand-chose à l’instant présent. Juste de pouvoir bouder tranquillement, mais ça ne semble pas prêt d’arriver. « Et tu ne m’as pas répondu. » Est-ce qu’il a vraiment envie de le savoir ? Peut-être pas. C’est juste pour le principe de râler encore un peu plus. Sans râler pour ce qui le dérange vraiment, au fond.

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Il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer toute la tension qui émane de Jamal. Ou, encore une fois, Calista est douée pour le percer à jour. Elle voit qu’il est tendu à la façon dont il se tient, mais aussi au fait qu’il se force à ne pas la regarder. Ça la blesse plus que ne l’aurait imaginé d’ailleurs. Mais elle ravale ce sentiment aussi vite qu’il est arrivé. Pas besoin de se prendre la tête là-dessus, elle n’a aucune raison de réagir de la sorte. Après tout, ils n’ont jamais rien défini entre eux. La jeune femme n’est même pas capable de dire exactement ce qu’ils sont. Des amants, pour sûr, mais est-ce que ça s’arrête là ? Ils continuent de mener leur vie comme ils l’entendent. Ils ont toujours été d’accord sur ça et malgré ça, elle a ressenti une pointe de jalousie en imaginant qu’il soit là pour en voir une autre. Ce qui est complètement hypocrite de sa part étant donné qu’elle-même n’est pas venue seule. Cela dit, Callie a fait l’effort de venir vers lui. Après l’avoir vu, après qu’ils se soient regardés, elle aurait pu continuer de l’ignorer. A la place, elle est là, près de lui. Et cette distance entre eux ne lui plait absolument pas. Son regard passe du profil de Jamal au verre qui semble plus intéressant qu’elle. Pourquoi elle se sent autant vexée ? « Pas vraiment quoi ? » Insiste-t-elle. Il n’est pas très loquace, comment veut-il qu’elle sache de quoi il parle ? Elle arrive à deviner certaines choses mais pas ses pensées. « Toi non plus. Pas vraiment du moins. » Elle soupire. Ils ne sont quand même pas sur le point de se disputer, si ? « J’ai connu mieux. » Débute-t-elle. Ses doigts pianotent le comptoir devant eux. Brièvement, elle regarde la barmaid qui s’occupe toujours du tas de clients devant elle. Peut-être a-t-elle oublié sa commande ? « Je pense que d’ici la fin de la soirée je serais incollable pour tout ce qui touche à Wall Street et à la bourse. » Elle se fait chier, royalement même. Mais puisque monsieur Valentyne semble d’humeur à la bouder, elle se passe bien de le lui admettre.

Il déteste être comme ça, c’est fou. Pourtant, il ne sait pas comment réagir autrement. Il ne comprend pas ce qui est en train de se passer et tout ce qu’il sait, c’est qu’il aurait mieux fait de ne pas pousser la porte de ce bar. Il n’a pas envie qu’elle sache ce que ça lui fait de la voir avec un autre que lui, parce qu’il n’est pas sûr de ce qu’il en pense lui-même. Ça ne devrait rien changer, absolument rien. Et d’ailleurs, il ne devrait pas avoir autant envie de la toucher. Sentir sa présence juste à côté de lui sans rien pouvoir y faire, il déteste ça. Frustré, il fixe son cocktail comme si c’était la chose la plus intéressante du monde. S’il la regarde, il a peur d’être faible, et il n’est pas sûr d’en avoir envie. Pas si elle est en plein rendez-vous. Alors il boude, ne répond pas à ses questions, mais elle en fait de même. Pourquoi venir le voir, si ce n’est remuer le couteau dans la plaie ? En tout cas, il ne compte pas faire le premier pas, c’est hors de question. Pas dans cette situation. Et tant pis s’il est ridicule, s’il boude comme un gamin. Il tourne juste un peu la tête quand elle finit par parler davantage, aperçoit à peine son profil. Pourquoi faut-il qu’elle soit si belle alors qu’il essaye de lui faire la gueule ? Surtout que sa confession suivante étire presque ses lèvres. Il ne sait pas si c’est l’imaginer parler de banques, ou si c’est le fait d’apprendre que son rendez-vous ne doit pas être si bon, mais il a un peu moins envie de faire la gueule. Juste un peu. « Ça a l’air tout à fait passionnant. » Oui, il se réjouit vraiment de son malheur. Puéril ? Certainement. « Enfin si j’ai survécu à une journée entière de formation derrière un bureau, tu devrais pouvoir tenir une soirée. » Et enfin il la regarde réellement, un petit sourire aux lèvres. Maintenant qu’il sait que son rendez-vous ne se passe pas si bien, il va tout de suite un peu mieux. Etrange.

Calista, elle le sait grognon. Il ne le lui a jamais caché en fait même si, de ce qu’elle a retenu, c’est surtout lorsqu’il n’a pas mangé qu’il devient aussi grincheux. Là, quelque chose lui dit que ça n’a rien à voir avec ça. Il y a autre chose et ça agace particulièrement la jeune femme. Parce qu’elle déteste que ça soit aussi tendu entre eux alors qu’ils n’ont jamais connu une telle situation. Cela dit, puisqu’ils passent leur temps à s’envoyer en l’air lorsqu’ils se voient, ils n’ont pas eu l’occasion de vraiment vivre ce genre de moments. Alors elle finit par se tourner totalement vers Jamal. En appuie contre le bar, elle le regarde en train de s’efforcer de fixer son cocktail plutôt qu’elle et ça la vexe plus encore. Enfin, moins que le sarcasme dont il fait preuve ensuite, se moquant légèrement d’elle et de sa plainte. « C’est quoi ton problème, Jamal ? » Lâche-t-elle, sa patience ayant atteint sa limite. Sourcils froncés, elle ne cesse pas de le regarder, attendant une réaction de sa part à défaut d’une réponse sincère. « Parce que si c’est le fait que je sois avec un autre type, particulièrement ennuyeux au passage, t’as qu’à le dire. Mais jusqu’à preuve du contraire on a rien d’exclusif donc j’espère pour toi que la raison de ta mauvaise humeur n’a rien à voir avec ça. » Ou peut-être qu’elle le veut au fond d’elle. Savoir qu’il est jaloux, qu’il tient à elle plus qu’il ne l’a jamais dit. Qu’il tient à elle sans doute tout autant que Calista tient à lui. Parce que oui, elle voit d’autres personnes, mais c’est avant tout pour oublier qu’elle l’a de plus en plus dans la peau. Pour oublier qu’il couche avec d’autres et qu’à elle non plus, ça ne lui plait pas. Sauf que la Grecque a trop de fierté pour admettre qu’elle voudrait qu’il soit jaloux et qu’il n’ait pas envie de la voir avec d’autres. Sans compter que ça n’a peut-être rien à voir finalement. « En fait laisse tomber, j’ai même pas envie de savoir. » Soupire-t-elle en lui tournant le dos pour ensuite faire un signe de la main à la barmaid qui semble avoir véritablement oublié sa commande.

Zestes de citron qui flottent dans son verre. Passionnants. Il préférerait nettement la regarder, l’admirer dans cette robe courte. Mais ce soir, le plaisir de la voir est véritablement gâché par toute cette situation. D’ordinaire, Jamal a toujours le sourire avec elle. Même plus que d’habitude. Ce qui paraît logique quand on sait les orgasmes qu’elle lui offre. Et même, ils passent toujours de bons moments ensemble. Il râle toujours, mais ça, c’est presque un réflexe pour lui. Il râle pour le principe, pour obtenir un peu plus que ce qu’il a déjà. Rien qui puisse être comparé à ce soir. Ce soir, il ne le contrôle même pas, et boude sans le vouloir. C’est plus fort que lui. Ils ne se sont jamais croisés dans un tel contexte. D’ordinaire, ils sont chez l’un ou chez l’autre, plus souvent chez lui d’ailleurs. Personne d’autre n’entre en jeu entre eux et là, ça change tout. Et Jamal ne sait même pas s’il est énervé qu’elle soit avec un autre ou qu’elle soit venue le voir pour le narguer. Au fond, si elle peut le narguer, c’est parce qu’il est énervé pour les deux. Il le sait, mais ça ne facilite pas les choses. Au contraire. Alors Jamal fait ce qu’il sait le mieux faire : il boude. Et quand il apprend que son rendez-vous n’est pas parfait, il jubile un peu. Trop visiblement, puisque Calista ne réagit pas comme il l’avait espéré. Il voudrait bien qu’elle lâche son rendez-vous pour rentrer avec lui. Oui, il voudrait qu’elle le fasse mais sans qu’il ait à le lui dire. Sinon ça serait ridicule. Comme elle le dit si bien, ils ne sont pas exclusifs. Ils n’en ont jamais parlé directement, mais l’absence de discussion à ce sujet voulait tout dire en soi. Et c’est exactement ce qu’il voulait. Jamal, il tient trop à sa liberté. Callie a beau lui correspondre sur bien des points, savoir le satisfaire bien plus qu’aucune autre, il ne souhaite rien de plus. Ça n’a jamais été le cas, et ça ne changera pas. Alors il s’en veut aussi à lui-même, d’être jaloux d’un pauvre type alors qu’il n’a aucune raison de l’être. Mais certaines choses sont hors de son contrôle, y compris sa capacité à faire la gueule. Dommage pour lui. Surtout que maintenant, c’est la blonde qui décide de bouder, et Jamal ouvre la bouche, regardant l’arrière de son crâne. Ça, il ne s’y attendait pas. Mais ça ne lui donne pas envie d’arrêter pour autant. Quand il est comme ça, difficile de l’en sortir. Elle n’est pas la première à avoir essayé, et rares sont ceux qui ont réussi. Ses parents les premiers. Même si parfois, il suffisait de lui proposer ses plats préférés pour l’amadouer. « Faudrait savoir ce que tu veux. » Râle-t-il, plus pour lui que pour elle. En réalité, il ne comprend pas sa réaction. C’est elle qui est venue vers lui alors qu’elle était en plein rendez-vous. Peut-être pas pour l’emmerder finalement, si ça ne se passe pas bien. Mais qu’est-ce qu’il y peut, lui ? Rien de tout ça n’est de sa faute. Lui, tout ce qu’il a fait, c’est entrer dans un bar au mauvais moment. Alors qu’il voulait juste boire un verre après une journée bien trop longue. Journée pourrie jusqu’au bout. Il aurait mieux fait de trouver une excuse pour éviter cette formation et donc de se retrouver dans ce quartier. Mais à force, ses supérieurs auraient fini par se plaindre. Il pourrait très bien la laisser repartir une fois qu’elle aura ses boissons, sauf que la serveuse ne vient toujours pas vers elle. Il pourrait très bien la laisser repartir à son rendez-vous, finir son verre – son cocktail est trop bon pour être abandonné – et quitter le bar. Mais sa présence près de lui trouble Jamal bien plus qu’il veut bien se l’admettre. C’est terrible cet effet qu’elle lui fait. Comment est-ce humainement possible ? Surtout que maintenant qu’elle est dos à lui, il la regarde véritablement, de haut en bas, puis de bas en haut. Et cette tentation qu’elle représente ébranle un peu ses principes. Oui, faire la gueule et avoir le dernier mot fait partie de ses principes. Jamal a toujours été un homme têtu, tout comme il l’était quand il était gamin. Sur ce point, il n’a pas changé. Peut-être simplement que quelques hormones le rendent plus faible maintenant. Il se redresse un peu contre le comptoir, et se décale doucement vers elle. « Tu fais la gueule Callie ? » Demande-t-il alors qu’il pose une main dans son dos. Tout à fait innocemment bien sûr. A la limite, si son banquier peut les voir, ça l’arrangerait presque. Comme il est faible face à elle. Sans doute que ça pourrait vouloir dire quelque chose. Mais Jamal refuse de le voir, même s’il l’a juste sous le nez.

Zen, Calista est incapable de le rester. Pas alors qu’elle ne comprend absolument pas le comportement de Jamal à son égard. Qu’importe qu’elle le connaisse bien ou pas, pas un seul instant elle n’aurait pensé qu’il puisse la bouder autant. Elle en perd tout son latin la Grecque, peine à trouver les mots pour lui faire comprendre qu’elle est en colère contre lui. À la place, elle préfère lui tourner le dos et qu’il en prenne de la graine ! S’il pense sérieusement qu’elle peut tout accepter, maintenant il saura que ce n’est pas le cas. Jamal, elle l’aime beaucoup. Probablement plus que ça encore, mais elle déteste être traitée de cette façon. Elle aussi elle a son caractère et il n’est pas toujours doux. Voilà qu’elle regrette presque d’être venue vers lui, c’est une première. Jamal peut râler autant qu’il le veut, lui reprocher de ne pas savoir ce qu’elle veut, si elle réagit de cette façon c’est uniquement parce qu’il l’a cherché. Alors, elle s’évertue à l’ignorer bien trop consciente de sa présence dans son dos malgré ça. Un autre détail particulièrement agaçant. Calista n’arrive pas à ne pas réagir en sa présence. C’est à croire que tout son corps et toute sa tête sont irrémédiablement attirés par lui, peu importe si ça lui plait ou non. Sa chaleur, elle la sent l’envelopper et tenter d’éveiller un frisson qui trahirait ce qu’elle ressent sous sa colère. Sauf qu’elle est trop têtue pour le laisser voir ça. Mâchoire serrée, elle lutte plus encore en sentant sa main se poser dans son dos. Bon sang, pourquoi faut-il qu’il la fasse réagir de cette façon ? Préférant puiser dans sa colère, surtout en entendant sa question, Calista lui fait face, mécontente. « Oui, ça t’étonne ? Tu te comportes comme un con, je vais pas en être heureuse. » Grogne-t-elle en croisant les bras contre sa poitrine en le forçant à dégager sa main. « Je suis venue vers toi parce que je pensais que t’allais me sauver d’une soirée chiante mais maintenant je la préfère encore à toi, alors tu peux rapporter ton attention vers ta boisson et me foutre la paix. » Maintenant, il sait à quel point elle aussi peut être de mauvaise humeur. Et à peine a-t-elle fini sa phrase qu’elle sent une nouvelle main se poser au creux de ses reins. Pas comme Jamal quelques secondes plus tôt, non celle-ci se trouve à un endroit qui rend personne dans son dos trop possessive au goût de Calista qui ne fait aucun commentaire. « Il y a un problème ? » La jeune femme ravale sa grimace en entendant la voix de son rencard et fixe Jamal du regard, toujours en colère. « Non. » Ou peut-être que si, le fait que le pompier soit un con … en voilà un gros problème et Calista déteste sa réaction, sa colère alors qu’elle ne devrait pas en ressentir, pas plus que sa jalousie. Elle en a juste assez.

Que les situations soient inversées, il pourrait très bien s’en foutre. Peut-être qu’il s’en fiche, en partie. Son cerveau devrait être heureux d’avoir obtenu ce qu’il veut. Elle n’est plus en train de le narguer et il pourra retourner à ses occupations dès qu’elle sera repartie avec ses verres. Mais quand il est avec Calista, il y a une autre partie de son corps qui pense, et qui prend le pas sur le reste. Comme il est faible face à cette femme, même alors qu’il est censé lui faire la gueule. Finalement, c’est lui qui lui demande d’arrêter, sans le faire vraiment. Une main posée dans son dos, conscient que lui aussi a son effet sur elle. A force, il la connaît. Il sait comment la faire frémir, mais ici, en public, il ne pousse pas le jeu trop loin. Sauf qu’elle ne réagit pas comme il l’attendait, et sa main est vite repoussée. Si elle décide de continuer de bouder, ça ne va quand même pas être sa faute. Lui, il a fait un effort. Elle pourrait en prendre de la graine. Et si elle voulait qu’il l’aide, pourquoi ne pas le dire au lieu de venir pavaner et le tenter tout en parlant de son rendez-vous ? Jamal n’y comprend vraiment rien. Si elle n’est pas claire, il ne faut pas s’étonner qu’il ne comprenne pas. Surtout que la situation est assez inédite pour eux. Difficile de savoir que penser. « Me foutre la paix, nia nia. » Répète-t-il en grognant, envisageant déjà de repartir vers son verre. Ça lui apprendra à faire des efforts. Tant pis si sa réaction est puérile et qu’il en perd son latin face à la réaction de Callie. Pas de réplique cinglante, il n’en a plus en tête. De toute façon, il n’a pas le temps de le faire qu’une silhouette apparaît juste derrière Calista. Jamal n’a vu que l’arrière de son crâne pour l’instant, mais il reconnaît l’homme comme étant celui avec qui elle a un rendez-vous. Un peu trop tactile à son goût d’ailleurs. Surtout que la blonde ne semble pas intéressée. Ça, il l’a bien compris. Un sourire orne ses lèvres, que trop heureux de savoir que cet homme n’a aucune chance. Est-ce que ça veut dire qu’il doit sauver Callie maintenant ? Est-ce qu’il en a envie vu la façon dont elle lui a dit les choses ? « Aucun problème, non. A part peut-être une serveuse très lente. » Toujours aucune boisson devant Callie, elle a sans doute été oubliée. Si elle avait été avec lui ce soir, Jamal serait sans doute allé se plaindre. Mais non, elle est avec cet homme on-ne-peut-plus banal. « Ah si, il y a un autre problème. Je ne comprends pas comment on peut considérer que la finance et la bourse sont des sujets de conversation intéressants pour un premier rendez-vous. Ou pour n’importe quelle occasion en fait. » Sourire fier. Il ne réalise même pas qu’il peut mettre Callie dans une situation compliquée, souhaitant juste remettre à sa place cet homme qui est définitivement trop tactile avec elle.