« Tu m’emmènes où là ? Tu sais que je ne suis pas une très grande fan des surprises. » Ronchon, elle ? Sans doute oui. Mais c’est dans son caractère. Tessa, elle aime grogner. Pas pour fatiguer son entourage mais bien parce qu’elle adore taquiner les personnes dont elle est proche. Et, très honnêtement, il y a peu de personnes dont elle est aussi proche que Tommy. A peine rentrée de San Francisco que leurs vieilles habitudes sont revenus. Vieilles habitudes qui avec eux veulent dire parler, baiser, parler et baiser encore. Parce qu’ils ne font pas l’amour. Ils ne l’ont jamais fait. Ils prennent du plaisir, tout le plaisir qu’ils sont capables de se donner et ça, ils le font autant qu’ils le peuvent. Le sexe, c’est comme de l’adrénaline pour eux et ils se sont si bien trouvé – surtout après le divorce de Tommy – que depuis ils remettent ça souvent. Si souvent qu’elle est un brin épuisée depuis son retour. « Tu verras. » Ramenée à la réalité, elle tourne la tête vers le blond et soupire, un air boudeur dessiné sur son visage. Les rues de New York défilent, aussi familières qu’elles l’ont toujours été pour elle. Pourtant, Tessa n’est pas née et n’a pas grandi à New York, ça ne l’empêche pas de considérer cette ville comme son véritable foyer. Quelques minutes de plus à rouler et il se gare sur un parking, devant un immeuble qu’elle ne connaît pas. « Tu sais que si tu as une idée perverse derrière la tête tu peux très bien me le dire maintenant. » Dit-elle dans une nouvelle tentative d’obtenir des informations. Un flop total. Levant les yeux au ciel, elle sort de la voiture, prend la main qu’il lui tend et le suit à l’intérieur sans parvenir à penser à autre chose qu’au fait qu’elle est trop bien habillée pour cet endroit. Du moins la brune en est persuadée jusqu’à ce qu’ils soient à l’intérieur et qu’elle manque de se déboiter la mâchoire en voyant à quel point l’endroit est chic et bien entretenu. Silencieuse, elle continue d’avancer en détaillant tout ce qu’elle voit jusqu’à atteindre un bar. « Donc tu veux me faire boire ? Un bar ça suffisait. » Elle le voit lever les yeux au ciel et sans se retenir, elle frappe son bras, un air sévère posé sur lui. Mais il reste silencieux quant à la raison de leur présence ici, ce qui est bien suffisant pour titiller un peu trop sa curiosité.
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« Tu veux en faire quoi ? » Le regard de Jack est transparent, aussi professionnel que possible. Ancien militaire, il est rentré en tant que chef de sécurité dans mon club depuis plus d’un an. Et si au début, j’avais un peu peur de confier cette sécurité à quelqu’un d’aussi droit, il m’a toujours montré sa loyauté et son professionnalisme à la perfection. « Tu le vires » Ma voix quant à elle décèle de l’autorité mais surtout de la colère. Comment se fait-il que ce type ose prétendre vouloir être membre si c’est pour réagir d’une manière aussi excessive ? Il se fou vraiment de la gueule du monde, ce connard. « Très bien. » Jack ressort sans trompe. Je le vois entrer dans la salle, à travers mon miroir teinté et prendre le bras ce type qui visiblement ne respecte pas les règles que j’impose. Si je me brule les ailes pour la sécurité, l’anonymat et leur donner du plaisir à n’importe quel degrés, j’attends de mes membres un conduite exemplaire. Tout le monde le sait : un bannissement est définitif. Jamais d’exception. Jamais de risques. Je soupire en tentant de retrouver mon calme, et sort de mon bureau. Dans la grande salle, je croise Dominique, la seule personne en qui j’ai vraiment confiance dans ce club – avec Jack bien entendu – qui me fait un récapitulatif rapide de la soirée, du personnel présent, des petits incidents qui ont eu lieu et des demandes particulières. C’est un peu la femme qui m’aide à tout gérer dans l’ombre. Lorsque j’ai finis de répondre à toutes ses questions, je commence à faire le tour des membres, saluer certains et je finis par tomber sur un de mes footballeurs favoris.« Tiens donc, Tommy. Tu es bien accompagné, ce soir » Sourire pour Tommy, regard aguicheur pour cette nana bien trop sulfureuse pour cet imbécile. « Pas touche, Davon. » Je lève les yeux au ciel. « Tu ne me présentes même pas ? » Il soupire, se sentant presque obliger. « Davon, voici Tessa. Tessa, Davon…le gérant de ce club » Juste Tessa. Pas d’explication. Qui est-elle pour lui ? Sa compagne de ce soir ? Ou plus ? Tommy n’est pas du genre à avoir de petite amie, mais étrangement j’ai bien envie de savoir s’il compte la baiser ce soir. Je suis obnubilée par les yeux bleus perçant de la jeune femme lorsqu’elle finit par me répondre. Oh…putain, ses lèvres. Comment n’avais-je pas fait pour les voir ?
Son regard curieux détail l’endroit sans une once de gêne. Assise sur l’un des tabourets alignés devant le bar, elle observe le monde, observe les personnes qui les entourent. Des personnes qui semblent prendre un certain plaisir à se toucher tranquillement sous le regard des autres clients. Tessa, elle, fronce légèrement les sourcils. Ça ne lui viendrait pas à l’idée de chercher ce genre de club, de venir prendre son pied tout en étant observée par des inconnus. Elle adore tenter de nouvelles choses, faire de nouvelles expériences, mais ce type précis d’expériences, elle n’y aurait pas pensé d’elle-même. Mais elle connaît Tommy. Elle le connaît assez pour savoir qu’il veut avant tout lui présenter les choses, qu’il ne la forcera pas si elle n’est pas prête ou si elle ne veut pas de ça. Ce à quoi elle cesse de penser en voyant un homme massif venir droit vers eux. Blond, les épaules carrées, totalement séduisant, propre sur lui mais qui ne donne aucune envie de le chercher. Son cosmopolitan à la main, Tessa le détail alors qu’il aborde d’abord Tommy non sans lancer un regard séducteur dans sa direction. « Tiens donc, Tommy. Tu es bien accompagné, ce soir », « Pas touche, Davon. », « Tu ne me présentes même pas ? », « Davon, voici Tessa. Tessa, Davon…le gérant de ce club » Passant sous silence son désaccord quant au fait qu’on parle d’elle comme si elle n’était pas là, la brune préfère éviter de laisser la râleuse en elle prendre le dessus dès le début. En revanche, elle aimerait bien savoir ce qui pousse Tommy à être aussi protecteur d’un coup. « Enchantée. » Répond-elle enfin dans un petit sourire. Oh elle l’est. Il est loin d’être repoussant cet homme, mais elle n’est pas là pour ça après tout. « Gérant du club donc … C’est un sacré endroit que vous avez là. J’ai beau connaître pas mal de lieux à New York, celui-là j’ignorais son existence. » Et quelque chose lui dit que c’est parfaitement normal, à commencer par le vigile à qui Tommy a présenté sa carte il y a quelques minutes. « Je suis impressionnée. » Par les lieux, par sa capacité à garder cet endroit secret … Sans doute par lui aussi qui lui donne envie de se faire toute petite.
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« Enchantée » « Moi de même » Ma voix est rauque, trop rauque face à cette beauté qui se présente à moi. Bordel, si elle n’était pas venu avec Tommy, je pense que j’aurai tout fait pour l’avoir dans mon lit ce soir. Il s’est définitivement bien les choisir ce Matthews. « Gérant du club donc…C’est un sacré endroit que vous avez là. » Mon sourire s’étire à mesure qu’elle parle. Cet endroit, c’est une bonne partie de ma vie. Je ne peux pas dire que c’est toute ma vie, non. J’ai trop de facettes pour en avoir qu’une, mais ça reste l’une de mes préférées. C’est ici que principalement, je fais une plus grosse plus-value sur mon business. Parce que j’ai assez de poids et de confiance en mes membres pour qu’ils puissent la journée, m’aider à grossir de jour en jour. Ce n’est pas de la manipulation, c’est juste du génie. « J’ai beau connaître pas mal de lieux à New York, celui-là, j’ignorais son existence. » Je m’approche d’elle une seconde avant d’ajouter : « C’est le but d’un club secret, non ? » Tommy se racle la gorge, avant d’expliquer le principe de l’Héron. Visiblement, c’est une novice. J’adore ça. « Seuls les habitués savent où est ce club, et ce qui s’y passe. Pour être membre, il faut payer l’adhésion. Une sacré somme » Son regard se tourne vers moi, et j’hausse les épaules. « Les affaires sont les affaires »« Je suis impressionnée » Une femme impressionnée, c’est une femme à moitié conquise. Une femme à moitié conquise, c’est une femme dans son lit. J’humecte mes lèvres et mords celle inférieure. « Si vous aimez cette ambiance, vous y serez chez vous…Tessa. » Encore faut-il qu’elle paye l’adhésion. Mais, peut-être que pour ces jolies jambes, j’arriverai à faire une exception. Je me frappe mentalement pour avoir pensé ça : pas d’exception, putain ! « Mr. Herondale. Un soucis de sécurité » Jack était présent derrière moi, le regard grave. Qu’est-ce que l’autre imbécile avait-il encore fait ? Mes épaules se redressent, je prends une profonde inspiration. Je tente de me contrôler. Mes nerfs sont en boule à cause d’un crétin. « Je dois m’éclipser. Tommy. Tessa. Passez une excellente soirée » Je fais un signe de la tête avant de tourner des talons et de m’éloigner afin que Jack me raconte ce qu’il se passe. J’allais devoir sortir les crocs, visiblement.
« Moi de même » Tessa ne retient pas son sourire, même en sentant le regard de Tommy posé sur elle. Davon dégage un tel charme qu’elle ne peut pas rester insensible face à lui. D’accord, elle n’est pas là pour ça mais est-ce qu’elle empêche son voisin de reluquer le cul d’autres femmes lorsqu’ils sont ensemble ? Non. Parce qu’ils fonctionnent ainsi et pourtant elle sent l’aura protectrice du sportif tout autour d’elle. « C’est le but d’un club secret, non ? » Secret hein ? Sourcils froncés, sans cacher son étonnement – même si elle ne devrait probablement pas l’être autant – c’est Tommy qui lui explique un peu plus les choses. Tessa se contente d’opiner, sirotant son cocktail en silence. En tout cas, elle en connaît un qui va avoir le droit à un sacré interrogatoire une fois seuls. « Les affaires sont les affaires » Il y a quelque chose dans le ton qu’il emploi qui la fait frissonner. Elle sent comme un vent glacial la frapper et son estomac se contracte. Peur ou excitation, la brune ne saurait dire. « Si vous aimez cette ambiance, vous y serez chez vous… Tessa. » La jeune femme n’est pas certaine d’être capable de se sentir ici chez elle et s’apprête à répliquer lorsqu’elle voit un autre homme venir vers eux et interpeler Davon. Herondale. Son sang se glace et sa main se crispe autour de son verre. Merde. Pourquoi faut-il qu’elle entende ce nom ici ? Il n’est pas spécialement courant. Pour avoir fait des recherches il y a quelques années, elle sait que peu sont les personnes à le porter, mais il fallait que lui le fasse. « Je dois m’éclipser. Tommy. Tessa. Passez une excellente soirée » Sans savoir quoi dire, comme pétrifiée, elle le regarde s’éloigner et revient à elle une fois qu’il a disparu de son champ de vision. « Je reviens. » Sentant la main de Tommy la retenir, elle lui adresse un petite sourire tout en posant la sienne sur sa cuisse. « Je ne compte pas passer ma soirée avec un autre que toi, j’ai juste un truc à lui demander. » Elle reste évasive et s’empresse de rattraper le patron des lieux. « Davon ! » L’interpelle-t-elle lorsqu’elle le repère. En quelques pas, elle le rejoint mais voit sa route être barrée par l’énorme armoire à glace qui est venue le chercher. Les yeux levés vers lui, son regard se fait légèrement mauvais. « Je ne vais pas le bouffer votre patron … » Commence-t-elle en penchant la tête sur le côté afin de pouvoir regarder Davon. « J’aimerais juste parler cinq minutes. » Tessa n’en dit pas plus. Elle ne veut pas trop en dévoiler et risquer de le faire fuir. Non, elle doit être maligne sur ce coup.
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« Mais qu’est-ce qu’il veut, putain ? » Je demande à Jack après avoir abandonné Tommy et sa belle compagnie d’une manière rapide. Mon chef de sécurité me suit comme mon ombre avant d’ajouter : « Je ne sais pas. Mais il a une belle paire de couille. » Visiblement, il en faut pour m’emmerder à ce point-là. Lui a-t-on déjà dit à qui il se frotte ? J’arrive devant l’entrée où certains clients viennent à peine de nous rejoindre, cueillis par nos hôtesses sexy. Le type est entouré de deux gros bras, alors que je m’avance. Tous savent très bien qu’aucun client n’aura le droit de passer dans ce couloir, pendant une fraction de seconde. Parce que je ne veux absolument pas qu’ils me voient dans cet état. « Davon Herondale » dit-il d’un air presque hautain. « Que voulez-vous ? » « Une entrevue, avec vous. 5 minutes. » Je le juge. Qui est-il ? Un journaliste ? Un Politien ? Un concurrent ? Il a plus la gueule d’un fouineur selon moi. Je sais très bien que si je le renvois maintenant, il finira par revenir, ou me mettre en péril. Rapproche-toi de tes amis. Encore plus de tes ennemis. « Davon ! » Une voix féminine m’interpelle au loin, me sortant de mes pensées. Je me retourne discrètement et croise Tessa bloquée par Jack qui semble catégorique. Mon attention se reporte sur ce perturbateur. « 5 minutes. Mais pas maintenant. Revenez demain, à 17h » Il esquisse un sourire et acquiesce. « Merci » me dit-il avant de se détacher des deux gorilles et de tourner les talons pour sortir en fuite. J’avais l’impression que lui, allait m’apporter pas mal de soucis. Mais je m’en préoccuperais demain. Je me retourne rapidement, alors que mon costume blanc détonne de la noirceur de l’entrée. Je m’avance vers ce mannequin avant de laisser Jack retourner à son poste. « Tessa…qu’est-ce que je puis faire pour vous ? »Cela m’intrigue. Pourquoi m’avoir suivi ? Pourquoi avait-elle abandonné Tommy, après ses avertissements ? Pour me parler 5 minutes visiblement ? Une drôle de coïncidences, je trouve. Je hais les coïncidences.
Ça a été un peu la douche froide, elle doit l’admettre. Qu’un homme aussi séduisant passe son temps à la reluquer de la tête aux pieds, c’était bien flatteur même avec la présence de Tommy qui – pourtant – aura toujours le plus son attention. Mais entendre son nom de famille, ça a vite calmé Tessa. Ce n’est pas la première fois qu’elle l’entend même si, pour être exact, elle l’a surtout lu à travers toutes les recherches qu’elle a pu faire ces derniers temps. Michael Herondale. Ça ne peut pas être une coïncidence, surtout qu’elle n’y croit pas. Selon elle, tout arrive pour une raison. Sauf qu’elle aurait préféré que cette coïncidence ne soit pas aussi … charismatique. Et puisqu’elle a encore trop de questions, elle se dit qu’il est sans doute le mieux placer pour y répondre. C’est probablement pour cette raison qu’il se trouve sur son chemin ce soir. Malheureusement, sur ce chemin se trouve un gros malabar qui lui barre l’accès à sa mine de réponses. « Tessa… qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » Lèvre mordue après avoir lancé un regard victorieux à monsieur l’armoire à glace, celui-ci disparaît tandis qu’elle approche de Davon un peu sur la défensive. Elle a encore la voix dure et protectrice de Tommy en tête et son instinct qui lui hurle d’être prudente. « Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger. » Nerveuse, elle passe sa main sur son bras qu’elle frotte, son petit sourire tentant d’atténuer le fait qu’elle l’a très probablement dérangé alors qu’il avait mieux à faire que supporter une fille comme elle. « Je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre votre nom et … vous avez un rapport avec Michael Herondale, je me trompe ? » La brune continue de jouer l’innocente, chose pour laquelle elle est très douée. « ]On … on peut sans doute en parler en privé ? Dans votre bureau ? » Non pas qu’elle soit gênée de discuter comme ça – enfin de l’interroger – à l’entrée de son club … mais en fait si. D’autant que c’est tout autant privé pour Davon que ça l’est pour Tessa, chose qu’il ignore encore. Sans compter que si elle se trompe, que s’il n’a rien à voir avec Michael, elle va avoir l’air tellement ridicule qu’elle préfère faire en sorte que le moins de personnes possible puisse assister à ça.
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Le regard vif, il détaille chaque partie de ce corps parfait qui se dresse devant moi. Perdu dans la pénombre du club, il m’appelle comme la plus douce des tentations, interdite. Avais-je devant moi un parfait jardin d’Eden ? Que Tommy avait pris pour lui tout seul ? Quel enfoiré ! « Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger. » Son regard est intense, mais toute son attitude est distante, nerveuse. Que me voulait-elle précisément ? Je ne saurai le dire. Pourtant, mon instinct me disait que c’était sans doute quelque chose d’important. Elle n’allait pas prendre le risque de vexer Matthews en venant me parler seule, s’il n’y avait pas une bonne raison. « Je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre votre nom…et vous avez un rapport avec Michael Herondale, je me trompe ? » Mon léger sourire taquin s’efface à la seconde où elle a émis le nom de mon beau-père. J’ai de très bonne relation, avec lui. Cela va de soi. Pourtant, à chaque fois que quelqu’un exprime mon lien de parenté avec lui, je m’en méfie instantanément. Je fronce les sourcils, et m’avance vers elle, assez proche pour sentir son parfum m’enivrer. « En quoi ça vous intéresse, Tessa ? »« On…on peut sans doute en parler en privé ? Dans votre bureau ? » Mon regard plonge dans le sien, mais le sien est distant, hésitant. Elle cache quelque chose. Ça pue à des kilomètres autour d’elle. Que peut-elle de Michael ? Sois proche de tes amis, encore plus de tes ennemis. Cette phrase tourne en boucle dans ma tête. Depuis mon enfance. Depuis que Michael m’a appris être intransigeant dans les affaires. Cette noirceur ne me quitte pas. J’humecte mes lèvres avant d’ajouter, en tentant de ne pas la quitter des yeux. « Très bien. Suivez-moi. » Je tourne des talons, j’ai revêtu à nouveau l’homme businessman que je suis. Je n’ajoute rien d’autre, alors que je l’entraîne vers un couloir un peu sombre, contourne une première porte, puis monte un petit escalier et sort les clés de mon bureau. Il est vaste, classique, tout noir. Seules quelques lumières l’éclairent me permettant d’observer l’entièreté de mon club sans froncer les yeux à travers la vitre teintée. Dès lorsqu’elle passe la porte, je la referme, matant rapidement son petit cul bien rond. « Faites comme chez vous » dis-je en la contournant, tout en désignant les deux sièges devant mon bureau. Je m’installe dans mon immense chaise en cuir et ajoute : « Pourquoi Michael vous intéresse-t-il autant ? »
« En quoi ça vous intéresse, Tessa ? » La froideur qui émane de sa voix manque de la faire frissonner. Dans quoi est-elle en train de s’engager ? Est-ce que sa curiosité vaut de venir emmerder un type qui, visiblement, n’aime pas spécialement qu’on s’intéresse à sa vie privée ? Elle veut croire que oui. Elle veut se dire qu’après toutes ces années, elle a mérité le droit d’en savoir plus sur ses origines, de connaître ce père qui ne sait rien d’elle – ou qui s’en fout royalement. Alors, Tessa prend son courage à deux mains et ne se laisse pas abattre. Elle va même jusqu’à proposer d’en discuter ailleurs en priant en silence pour que Davon accepte. « Très bien. Suivez-moi. » Soupire retenu, un léger sourire apparaît sur les lippes de la jeune femme qui lui emboîte le pas. Elle n’observe même pas les alentours, trop focalisée sur l’excuse qu’elle va pouvoir lui donner une fois simplement tous les deux. Tessa n’a jamais été douée pour mentir, ça se lit sur elle. Petite, comme beaucoup de fillettes, elle voulait être actrice, elle a abandonné cette idée lorsqu’elle a compris qu’elle n’était pas faite pour ça. Une fois dans la pièce qui sert de bureau au blond, elle la détaille. Sombre mais pas au point de donner froid dans le dos. En fait, ça dégage presqu’une sensation de chaleur tout en laissant comprendre que l’occupant des lieux est un homme. « Faites comme chez vous » Toujours silencieuse, la jeune femme s’installe sur l’une des chaises face au bureau, nerveuse. « Pourquoi Michael vous intéresse-t-il autant ? » Lèvres pincées, elle pourrait tout aussi bien déballer la vérité. Quelque chose lui dit qu’elle ne le doit pas, peut-être la façon qu’il la de l’appeler Michael et non pas "mon père". Sauf qu’elle n’a pas d’excuses en tête et prétendre être journaliste, ça n’est pas une bonne idée. « C’était un ami de ma mère. » La moitié d’un mensonge. Toujours apporter une part de vérité dans l’un d’eux … elle a déjà entendu ça dans l’une des nombreuses séries qu’elle regarde quand elle en a le temps. « Ils se sont connus avant ma naissance, elle m’a parlé de lui et entendre son nom, ça a éveillé ma curiosité. » Là, le mensonge est un peu plus gros. Elle avait six ans lorsque sa mère est morte. Six ans lorsqu’elle a été placée à l’orphelinat. Il lui a fallu attendre douze années de plus pour découvrir l’identité de son père dans une lettre. « Vous êtes son fils ? » Est-ce qu’il est son frère ? Enfin demi-frère en l’occurrence. Tessa essaye de trouver des similitudes entre eux alors qu’elle l’observe sans rien ajouter. Quelque chose qui lui fera comprendre qu’il l’est mais hormis leurs yeux clairs, ils n’ont vraiment rien en commun.
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C’est difficile de se concentrer avec ces yeux bleu si perçant face à moi. Si son corps est parfait et son visage angélique, ce sont ses yeux qui me captivent le plus. Ils sont profonds, si bleu qu’on croirait se perdre dans cette mer des Caraïbes. Dans mon bureau, j’ai l’impression d’être sur mon propre terrain. En bas, à la vue de tous, c’est compliqué d’agir différemment qu’en tant qu’un patron rassurant et ouvert. Ici, je peux être qui je veux. Et face à cette déesse, c’est un Davon méfiant qui se présente à elle. Il se veut autoritaire et impénétrable. Mais à vrai dire, je ne sais pas ce qu’elle me veut. Ou ce qu’elle veut à Michael. « C’était un ami de ma mère » dit-elle finalement, la voix assurée. Elle n’a pas l’air de mentir, mais comment savoir si elle dit la vérité ? Je plisse les yeux pour tenter de me souvenir si j’ai déjà vu ces yeux bleus quelque part. Si elle tient de sa mère, ils m’auraient forcément marqué. « Ils se sont connus avant ma naissance, elle m’a parlé de lui et entendre son nom, ça a éveillé ma curiosité. » Coudes sur les rebords de mon fauteuil, mes mains se croisent, tentant de lire en elle. Mon instinct me crie qu’elle n’est pas réglo et que ses questions sont là pour un but précis. Mais je suis incapable de savoir quoi. Je n’ai que son prénom : Tessa. Si j’avais au moins son nom de famille, j’aurai peut-être pu me rappeler si Michael a eu des affaires avec eux. Et si, quelque part, ça avait merdé. Parce que si une personne veut autant d’informations comme ça, c’est bien que quelque chose avait mal tourné. « Vous êtes son fils ? » ose-t-elle demandé innocemment. Ça ne prend pas avec moi. Je suis loin d’être le type qui répond aux questions, sans en poser. Alors, j’humecte mes lèvres et ose demander, sans répondre à la sienne : « Quel âge avez-vous Tessa ? » Si j’avais au moins une indication de la période où ils se sont rencontré, peut-être que j’arriverai à recomposer un morceau du puzzle. Elle ne semblait pas si vieille que ça, du coup, s’ils s’étaient rencontrés avant sa naissance, j’étais sans doute déjà né. Peut-être même que j’étais assez grand pour me souvenir de faits marquant. De toute manière, sa question n’avait aucun sens. Tous les journaux pouvaient parler de notre famille, de l’héritier que j’étais, et de cet espoir que Michael fondait en moi simplement parce qu’il n’avait jamais pu avoir d’enfants de son propre chef. Si elle était vraiment venue pour me poser cette question, elle n’avait qu’à aller dans n’importe quel kiosque à journaux.
war of hearts
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