Raphaël > Adèle

Tu t'es enfermé dans un bureau pour chercher un minimum de tranquillité dans l'hôpital trop plein, allant et venant entre les quatre murs de cette pièce, appuyant frénétiquement sur le bouton vert pour appeler Adèle. Le simple fait qu'elle mentionne les dégâts sur sa voiture au milieu de la tempête accidentée t'a glacé le sang. Finalement, le son libérateur de sa voix résonne à travers ton portable. "Adèle? Ca va?" Que tu enchaines sans lui laisser le temps de placer une phrase.

@Adèle Kellergan

Elle s’en tirait relativement bien et elle le savait, pourtant le choc avait été violent. Le bruit sourd de l’arbre s’abattant sur sa voiture lui bourdonnait encore aux oreilles. Elle restât confuse quelques instants, assise derrière son volant, osant à peine constater les dégâts matérielles. Une voiture se remplaçait si facilement de nos jours. La tête lui tournait, la bile au bord des lèvres, elle tâtonnât son front portant la marque ensanglanté de l’accident. Rien de trop grave jaugeât ’elle. Elle s’extrait de sa voiture rassuré par la mobilité de ces jambes. C’est à ce moment qu’elle sent son téléphone vibrer dans sa poche. Un nouveau message de Raphaël. Comme s’il avait prédit la catastrophe. Elle répond hâtivement, avant de rejoindre le véhicule face à elle. A peine le temps d’échanger quelques mots avec le conducteur qu’elle est interrompue par un appel. Raphaël. C’est plus fort qu’elle, un sourire abstrait se dessine a la commissure de ces lèvres. Ça lui chavire le cœur de savoir qu’il s’inquiète. C’est bête, même Marc serait capable de faire preuve de compassion dans un pareil cas, mais c’est lui, il aura toujours cette emprise. A peine le temps de décrocher que sa voix fuse. « Adèle ? Ça va ? » L’inquiétude transparaît ajoutant de la gravité a sa voix. « Ça va une légère commotion, mais je m’en sors bien. » Elle préfère minimiser les faits, pallié à son inquiétude. « Toi ça va ? » Elle le sait en sécurité a l’hôpital mais elle a besoin d’en avoir la certitude.

@Raphaël Carpentier

Tu t'arrêtes quelques secondes dans ta marche compulsive lorsqu'elle te répond. "Une commotion? où ça?" Tu te précipites dans tes réponses, parce que l'urgence t'affecte particulièrement, ironique pour un chirurgien. "Ta voiture ne démarre plus?" Tu demandes en regrettant immédiatement tes mots absurdes, s'ils n'étaient pas stupides. Bien sur que non. "Je viens te chercher." Tu conclues, tâtonnant tes poches pour trouver les clés de ta voiture.

@Adèle Kellergan

Adèle observait méthodiquement les alentours, à la recherche d’un passage ou les secours, ou une dépanneuse pourrait éventuellement se faufiler les sortants de là, mais les points d’arrivages étaient bien trop difficiles d’accès semés d’arbres. Elle aurait voulu tenter d’avancer quelques mètres plus loin en direction de la ville mais la crainte de voir un arbre s’abattre sur sa tête lui donnait l'injonction de rester sur place. « Une commotion? Où ça? » Elle n’y avait pas prêté plus attention que cela, retrouvant ses réflexes d’urgentistes, préférant s’atteler à secourir autrui, même si visiblement son aide n’était pas requise. « A la tête je crois avoir cogné le volant dans la précipitation. » A vrai dire c’était assez flou, la douleur lui vrillait les tempes, porté jusqu’alors par l’adrénaline elle avait occulté endolorissement naissant. « Ta voiture ne démarre plus? »  Même si ça avait été le cas, la jeune femme n’était pas prête de reprendre le volant de sitôt, vacciné par les événements. « Sans être mécano, je dirais qu’elle est bonne pour la casse. » Répondit ’elle en jetant un œil vague à l’épave. « Je viens te chercher. » Conclût le jeune homme sans attendre. Les yeux de la belle roulèrent en coin. Évidemment il voulait jouer les héros inconscient. « Ce serait complètement stupide que tu risques à ton tour un accident, les patients ont bien plus besoin de toi que moi. » Elle se rassurait de savoir que les autorités en place ne le laisseraient certainement pas sortir aussi aisément, mais malin comme il l’était, elle le savait capable de n’importe quel subterfuge pour la rejoindre et c’est bien ce qui l’inquiétait.

@Raphaël Carpentier

Tu étais le pire des angoissés. Lorsqu’elle évoque le choc sur son crâne, tu t’imagines bien des lésions imperceptibles. Et il n’en faut pas plus pour te hâter dans ta décision de prendre le volant. « Non j’ai déjà donné depuis quelques heures. J’ai terminé ma garde. » Tu lui dictes comme un texte que l’on récite. « De toute façon, c’est que de la trauma qui arrive. Je déteste la trauma. » Tu sors du bureau, arpentant les couloirs à l’affût d’une sortie improvisée. « Dans ton bureau, ça donne pas sur un escalier d’extérieur de secours? » Tu articules pour te faire entendre face au bruit ambiant. Tu descends à l’accueil, attrapant une couverture, bien à l’abri sans ta blouse blanche qui avait laissé place à la chemise sobre.

@Adèle Kellergan

Se buter face à Raphaël était compliqué. Il était aussi obstiné qu’elle doublé d’une personnalité si borderline qu’elle le savait prêt à tout, surtout pour les personnes de son entourage. Elle avait pourtant quitté depuis longtemps ce paysage, mais il semblait que les vieux réflexes se réveillaient lorsqu’il s’agissait de l’un comme de l’autre. « Non j’ai déjà donné depuis quelques heures. J’ai terminé ma garde. » Elle aurait dû s’attendre à cet argument. Tenter de le soudoyer avec une paye plus importante sous prétexte de rester et aider était peine perdu. « De toute façon, c’est que de la trauma qui arrive. Je déteste la trauma. » Il était vrai que pour un chirurgien de son envergure, traiter des cas tels que ceux amener en trauma n’était pas des plus intéressants mais elle ne pouvait décemment pas abonder dans son sens. « Tout va bien ne t’en fais pas pour moi je ne suis pas seule, un jeune homme est coincé avec moi. » Elle aurait bien ajouté qu’il serait là pour veiller sur elle si quoi que ce soit se passer, mais premièrement ce n’était pas un argument réconfortant, et deuxièmement elle ne le connaissait pas ni ses aptitudes à intervenir en cas de nécessité. « Dans ton bureau, ça donne pas sur un escalier d’extérieur de secours? » Il avait surement du remarquer ce détail lors de leur entretien suite à la plainte de Kelly. Elle tentât de résonner le plus rapidement possible pour le dissuader. « Non ! » Trop hâtif pour qu’il y croit. « De toute façons j’ai verrouillé mon bureau. » Précaution qu’elle prenait toujours, trop de dossiers confidentiels pour qu’elle ne prenne le risque qu’ils tombent entre de mauvaises mains.

@Raphaël Carpentier

Tu ne relèves même pas la présence de l'autre jeune homme. Parce que si tu ne la voyais pas toi même, ta tranquillité risquait de s'effriter bien rapidement. Le besoin que tu éprouvais de la rejoindre était quelque peut égoïste, incapable de penser à autre chose qu'à la possibilité d'un traumatisme crânien. "Où sont les doubles?" Elle en avait toujours eu. Parfois elle les confiait à d'autres personnes, parfois elle les cachait dans un lieu sûr. Hâtivement, tu quittes l'accueil pour fuir le bruit, le tissu sous le bras. "Sinon je passe par une fenêtre." Tu commentes évasivement. Moins discret, tu avais cette possibilité de trouver un pièce donnant sur l'extérieur et dont la vitre pouvait s'ouvrir. Mais ça t'emmerdait un peu plus.

@Adèle Kellergan

« Où sont les doubles? » S’enquiert le chirurgien. Il ne la connaissait que trop pour savoir qu’elle perdait tout et par mesure de sécurité, faisait toujours un double de toutes ses clefs, bien qu’il lui arrive parfois d’oublier ou elle mettait les doubles. Tel une enfant elle se buttât à son tour sur ses positions. Il était peut-être le roi à ce jeu mais c’était une carte à tenter. « Je ne sais plus. » L’immaturité de sa réponse la mettait mal à l’aise. Certes ce n’était ni l’endroit ni le lieu pour se comporter de la sorte. Elle qui voulait montrer à Raphaël à quel point elle gérait bien leur rupture était dans l’échec total. « Sinon je passe par une fenêtre. » Il fallait lui reconnaître des arguments imparables ! « Pardon ? » Répliquât la brune avec une once de colère. Quel besoin de s’accidenter lui-même pour la rejoindre. Elle aurait dû se taire, mais dieu sait à quel courroux elle se serait confrontée s’il l’avait appris par la suite. « Dans l’encoche de la porte, là où il y’a mon nom, il y’a un petit espace permettant de glisser un trousseau. » Admit'elle dans un soupir de lassitude.  Comme bien des batailles avec lui elle s’avouait vaincue, elle savait qu’il était inutile de lutter avec lui plus longtemps, cela ne ferait qu’accentuer la volonté du jeune homme a la rejoindre d’un moyen ou un autre.

@Raphaël Carpentier

Tu fronces les sourcils silencieusement lorsqu'elle tente de te dissimuler l'information. Naturellement, tes pas t'avaient mené au bureau désertique d'Adèle, lorsque le reste de l'hôpital s'affolait. Tu détailles soigneusement la porte et objets alentours, avant d'entendre sa révélation arrachée d'entre ses lèvres. "Ok." Tu glisses tes doigts sur l'encoche, t'emparant des clés camouflées. "C'est bon." Tu cales ton téléphone entre ton épaule et ton cou, laissant tes mains libres pour ouvrir la porte que tu refermes derrière toi. "Avec la tempête, j'en ai bien pour une heure minimum. Ca va aller?" Tu enfiles le manteau pas aussi chaud que tu ne l'aurais souhaité. "A tout à l'heure."

@Adèle Kellergan

C’était complètement déraisonnable de le laisser tenter de venir jusqu’ici, mais il connaissait sa localisation et avec ou sans son accord il aurait trouvé un moyen de la rejoindre. « Ok. C'est bon. » Son acharnement à vouloir la rejoindre n’avait pas de sens. Elle doutait que ce ne soit juste parce que son cas serait surement plus intéressant que les traumas arrivant sur place. « Avec la tempête, j'en ai bien pour une heure minimum. Ça va aller? » Elle hochât la tête avant de se souvenir que son interlocuteur n’avait aucun visu sur elle. « Oui ça ira ne t’en fais pas pour moi. » Ajoutât ’elle une énième fois pour tenter de le convaincre qu’il n’avait vraiment pas à se soucier d’elle. « Je sais que je me répète mais le jeu n’en vaut pas la chandelle reste ou tu es… » Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle fut interrompue par le chirurgien de manière ferme. « A tout à l'heure. » Répondit ’il en écho à sa requête. « Sois prudent. » Glissât ’elle dans un souffle sachant pertinemment qu’il ne l’écoutait déjà plus, la tonalité du téléphone pour seule réponse.

@Raphaël Carpentier