cuba, entre excès et raison + TOMMEL

F E V R I E R , 2 0 1 9 – Voilà quelques jours que la tempête est passée. Ça vous aura tous drôlement secoué. Tu n’en peux plus de ce temps à la con. Il y a très longtemps que New-York n’avait pas connu un froid pareil. Et lorsque Tommy t’a parlé de ses vacances à Cuba, tu as immédiatement pensé que tu pouvais t’autoriser ce petit plaisir. Martin resta avec le restant de la fratrie, et toi tu iras te vider la tête loin de la ville. Entre Destiny et Meghan, tu ressens le net besoin de prendre l’air. Juste quelques jours, deux-trois grand max. Tu ne peux pas te permettre de partir si longtemps. Surtout après ses évènements. Martin ne le supporterait pas. Il a très nettement exigé d’avoir des nouvelles régulièrement. Il n’aime pas vraiment te voir partir si loin. Ça t’effraie cette idée, comment ça va se passer lorsque la saison va reprendre et que tu seras constamment en déplacement ?
Heureux comme tout d’être au soleil, tu portes l’une de tes plus belles chemises d’été. Il était impératif d’en mettre une avec des feuilles de palmier. Tu fais vieux touriste, mais qu’est-ce que tu en as à foutre ? Personne ne te connait vraiment ici. TOC, TOC. Tu frappes à la porte de l’un de tes meilleurs-amis. Tu attends Tommy dans le couloir, juste en face de sa chambre. C’est l’heure d’aller boire un coup, et de véritablement profiter des vacances. « T’es prêt ? Ça m’embêterait d’avoir sorti ma plus belle chemise pour rien. »

@Tommy Matthews

F E V R I E R , 2 0 1 9 –

Et comme tu le pensais, Tommy se moque de ta tenue. Et tu sais quoi ? T’en est fier de cette chemise, tu marques ton entrée dans les beaux jours. Les belles chemises et costards sont mis au placard, et le pull à col roulé à retrouver sa place dans la valise. « Je sais, je sais. Et, il n’y aura aucune séduction ce soir. Je suis en grève. Ce soir, j’ai rencard avec un voir plusieurs verres, et possiblement un mal de tête demain matin. » Comme si tu avais envie d’avoir encore plus d’ennuis que tu en as. Ta vie sentimentale est un véritable merdier, et ton pénis est possiblement à l’origine d’un bébé. Tu n’as pas la moindre envie d’avoir un petit cubain à ta charge en plus. T’aimerais n’avoir aucun enfant, Martin est le seul enfant accepté. Ce soir, tu te tiendras à carreau. La nuit sera longue, et les efforts vont devoir être de rigueur. « Laissons-nous guider, on tombera bien sur une soirée intéressante. » Grimpés dans l’ascenseur, vous allez vous laisser porter par le vent. Votre destination première sera le hall de l’hôtel. « Je crois que j’ai vu une affiche à l’entrée, ça parlé d’un bar, le madrigal bar cafe, je crois. » Impossible de passer à côté de cette affiche. Elle placardait tout un mur, et des flyers étaient déposés un peu partout sur des tables. Tu ne te souviens pas vraiment de ce qui était noté dessus, seul le nom du bar t’avais frappé l’esprit. « Il faut seulement vérifier qu’il ne s’agit pas d’une maison de retraite, sinon la soirée risque d’être très longue. » Tu n’es pas très bon en espagnol. Tu le mélanges avec l’italien, mais tu es quasi certain qu’il s’agit bien d’un bar. À peine sortis de l’ascenseur, vous ne pouvez pas louper l’affiche du lieu en question. « Je suis quasi certain que bar signifie bar. »

@Tommy Matthews

F E V R I E R , 2 0 1 9 – « Elles tiennent mes bourses en otage. » Dis-tu en roulant des yeux vers ton sexe. Car oui, l’une a certainement été engrossée par tes sublimes et performants spermatozoïdes, et l’autre tient vraiment en otage tes bijoux de famille. Destiny a trop de pouvoir sur toi, et pourtant, tu penses pouvoir le tenir tête cette fois. Comme si ça allait changer des autres fois. Tu l’espères du moins. T’en as ras le bol d’être un canard avec elle, faudrait que tu prennes ta vie complètement en main. Tu souris lorsque ton meilleur-ami crie carpe diem. Vous êtes sur la même longueur. Ces quelques jours de repos, loin de votre vie de new-yorkais, vont vous permettre de vous sentir libre. Tu sais que ça va partir en sucette. Ensemble, vous n’êtes pas les derniers à faire des folies. Vous êtes restés ses deux étudiants bourrés d’énergies, prêts à faire de tout un véritable amusement. « Ah ouais ! T’as pas envie de tourner à la caféine ce soir ? » Tu te mets à rire dans ta barbe. Même à l’étranger, tes vannes sont toujours nases. « Yep ! » Votre première destination sera donc ce bar café. T’espères juste que ce n’est pas le bar préféré des vieux de la ville. T’as rien contre eux, mais franchement, c’est loin d’être l’éclate à leurs côtés. Tu penses même que tu préfères t’occuper de Martin et de ses potes. C’est bien plus dynamique. Et sans perdre une seconde de plus, vous sortez dans la rue, appelés un taxi pour vous mener tout droit à la fête. Lorsque vous descendez de la voiture, vous trouvez le bar. Il ressemble en tout point à ce que vous aviez pu voir en photo. Il ne paye pas de mine, loin des bars que vous fréquentez. « Étrangement, moi non plus. » Ta vie d’incognito te marque parfois. Tu penses que ça rendrait la vie beaucoup plus simple, mais franchement poireauter pendant des minutes dehors, tu passes ton tour. Tu soulèves les épaules, et signes d’un pourquoi pas de la tête. Toi et ta chemise colorée, vous vous dirigez vers un groupe de filles plutôt jolies. Elles parlent espagnole. « Habla Inglés ? » Voilà, t’as sorti la quasi-totalité de ton vocabulaire, et on est pas encore certain de l'accent. Mais tu comptes sur ton petit minois, et ton sourire angélique. L’un d’entre elle rétorque oui, un sourire malicieux aux lèvres. Tu regardes Tommy, et penses avoir gagné le gros lot. « On peut se joindre à vous ? » Tes corones sont peut-être prises en otage, t'en perds pas moins ton savoir faire avec les femmes.

@Tommy Matthews

F E V R I E R , 2 0 1 9 – Tu te penses les lèvres et hausses les épaules. Il n’a pas tort, t’es un vrai sentimental, celui qui s’investit. Même dans les plans sans lendemain faut que tu sois le petit prince charmant. C’est qu’une histoire d’un jour, pourquoi faut-il que tu joues ce rôle ? Tu te mets toi-même des bâtons dans les roues. « Oh, j’ai droit au come back de deux ex. » Comme si une seule ne suffisait pas. Deux femmes, deux problématiques complètement différentes. Tu n’as pas envie d’évoquer la possibilité que tu deviennes papa. Pas ce soir. Ça pourrait foutre ta soirée en l’air. Mais Tommy n’est pas du genre à insister, c’est ça qui te plaît. Contrairement à Noor ou Tessa, il ne lit pas en toi, et sait te laisser dans tes retranchements. « Le message est clair. Mais vas-y, je reprends bientôt le travail à plein temps, autant en profiter avant de découvrir les joies de l’abstinence. » Pas sûr que tu joues vraiment l’abstinence durant toute la saison. Tu bois régulièrement une bière dans la semaine. Tu penses que se priver est inutile, que vous pouvez bien vous détendre de temps à autre. Du moins, c’est comme ça que tu fonctionnes. On ne t’a jamais fait le moindre reproche sur ta consommation, car tant que ça n’affaiblit pas ton jeu et ta réflexion, c’est ok. La seule règle d’or, jamais avant un match.
Ravi d’avoir trouvé un groupe qui parle anglais, tu penses en avoir fini avec ce calvaire qui est de parler espagnol. Tu as toujours été minable dans les langues, mais fort heureusement pour toi, ta langue maternelle est la langue internationale. Tu ne te foules donc pas à t’encombrer des autres langues. Les demoiselles demandent si vous êtes américains. Ça n’échappe donc à personne, votre accent si particulier et à l’opposé des Anglais. Tommy n’en perd pas une miette, et rétorque que vous êtres des stars là-bas. Tu le regardes avec cet air qui lui demande s’il était vraiment obligé de tout déballer. Avant que les projecteurs soient braqués sur vous, vous y arrivez très bien avec les femmes. Vous n’aviez pas besoin d’une excuse ou d’un titre pour qu’elles s’intéressent à vous. « Ouais … on peut se joindre à vous ? On ne parle pas vraiment espagnole. » Tu fais une grimace, mais la femme semble plus s’intéresser au fait que vous êtes des stars. « Venez, venez. Des stars ? Vous faites quoi ? » Et sans perdre de temps, elles se présentent toutes. « Merci. » Vous les rejoignez au beau milieu de la file. Elles échangent en espagnole, s’excitent entre elles, rigolent. Tu ne le sens pas du tout ce coup-là. « Des sportifs professionnels. » Dis-tu de manière hésitante. Sans même savoir qui vous êtes, elles sortent leurs appareils smartphones et captures des instants à vos côtés. « Super ton plan mec. » Lâches-tu à ton meilleur-ami. T’es dégoûté, c’est un calvaire.

@Tommy Matthews

F E V R I E R , 2 0 1 9 – D’une certaine manière, ça te soulage que ton meilleur pote te comprenne. Tu pourrais lui parler de tout ce qui passe réellement dans ta tête. Lui-même connaît ce sentiment, car même si tu l’oublies bien trop souvent, il est père lui aussi. Peut-être que tu rejoindre ses rangs, bientôt. Et tu ne peux t’empêcher de rire doucement lorsqu’il te dit de fuir. Si c’était aussi simple, tu le ferais. Mais même lorsque tu refais ta vie, elles sont là. C’est plus fort et pourtant doucement, tu arrives à prendre tes distances avec celle que tu as toujours considérée comme la femme de ta vie. Elle t’a bien assez gâché la vie comme ça. Empêchée de vivre dignement. « Et si ça m’arrive, tu seras dans un état bien pire que le mien. » Lui dis-tu en lui faisant un clin d’œil. Tu ne peux pas faire une beuverie pareille sans ton pote de beuverie. C’est inimaginable, même si tu admets que cela t’est déjà arrivé. Des soirées improvisées.
T’es peu optimiste en cette soirée. Tu sens que l’on va plus vous bassiner qu’autre chose, que vos vacances de rêves vont se transformer en enfer. Tu commences déjà à râler. T’es chiant comme mec. Tu veux le beurre et l’argent du beurre. Silencieux, tu suis la troupe, et entres facilement à l’intérieur du café grâce à l’une des nanas qui connaît le videur. Ça fonctionne toujours de cette manière : les connaissances. Une fois à l’intérieur, tes yeux se perdent dans l’ambiance générale, et ne sais où donner de la tête. T’as l’impression que vous allez faire tache au milieu de tout ce monde qui se déhanche et danse comme jamais. T’es loin d’être un mauvais danseur, mais pas assez doué pour les défier. « Euh … ouais … ils ont passé une sélection pour pouvoir entrer ? » Pas un seul danse comme un pied, c’est troublant. Certains font des figures acrobatiques, collés comme jamais. T’as l’impression d’être dans une baise room tant la chaleur est palpable. Tommy semble être du même avis que toi, et te désigne un couple du doigt. Même ivre, tu ne pourrais danser de cette manière. C’est trop sensuel pour toi, trop travaillé. « Parce qu’avec de l’alcool, tu penses pouvoir faire ça ? » Tu lui suis au bar sans même te soucier du groupe de filles qui vous a permis d’entrer. T’espère même qu’elles vous ont oubliés. Tu laisses Tommy choisir l’alcool, mais tu as un fort doute. D’un, il ne parle pas vraiment la langue et deux il ne la lit pas mieux. Quand vos verres arrivent, ton sourire s’efface. « C’est quoi ce truc ? » De la kryptonite. Tu pensais que ça existait seulement dans l’univers de superman. Et si t’es souvenirs sont bons c’est sensé affaiblir le super-héros. En prenant ton verre, tu dégluties. « On est sensé découvrir une nouvelle culture, non ? » C’est une manière de te rassurer, tu trinques avec ton pote et bois une première gorgée. Elle passe difficilement, très difficilement. Ton cœur se soulève. Tu te concentres pour ne pas régurgiter le tout. « Excellent, vraiment. » Tu poses ton verre. Et te masse le visage tout en fermant les yeux. « Je ne comprends pas qu’on ne nous en sert pas chez nous. » Tu comprends parfaitement ! C’est immonde comme goût.

@Tommy Matthews