I've got new rules I count them (ft. anastasia ♥ )

I've got new rules I count them ♕ Le gamin qui faisait tomber son burger et qui chialait parce qu’il pouvait pas en avoir un autre. Puis cette meuf qui faisait genre elle avait pas eu ce qu’elle avait commandé. Et, évidemment, Peterson qui gueulait comme un putois au bord de l’asphyxie parce que les employés n’allaient pas assez vite pour lui et que la moitié du Bronx avait décidé de se ramener à 8h du matin. Telles étaient les ingrédients nécessaires pour créer la journée de merde parfaite. Malheureusement, il n’y avait pas de professeur et de petites gamines magiques qui chiaient des paillettes. Non, Gabriel ne vivait pas dans ce genre de monde où le plus gros problème était, admettons-le quand même, de savoir ouvrir le pot de cornichons du maire.

Non. Le plus gros problème de Gabriel, c’était de s’y retrouver avec la nouvelle caisse enregistreuse que le Big P avait fait installer, tout en essayant de discuter calmement -ce qui était difficile avec l’autre chiard qui n’en finissait plus de gueuler- avec le client qui se trouvait en face et qui n’arrêtait pas de changer d’avis. C’était la même putain de carte, il ne pouvait pas faire un choix, non ?! Genre, mec. C’est le matin, tu vas pas bouffer un hamburger tartiné de ketchup et mayonnaise, si ? Le Japon lui manquait. Ana lui manquait. Il en avait marre de se taper le trajet pour se faire engueuler par un connard mal baisé qui se pensait plus fort parce qu’il ressemblait à un sumo raté.

Attendant nerveusement que la boisson de l’autre indécis coule dans le gobelet, il poussa un soupir. Et vlà que l’autre Peterson gueulait encore. Bah ouais, qui avait allumé la friteuse à 8h du matin, hein ? Non, c’était pas Gabriel. Et le voilà qui revenait à la charge. Gabriel saisit le gobelet, plaçant un couvercle de plastique au-dessus en essayant d’ignorer les propos de cet imbécile qui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Et il le suivit, encore une fois. Non, c’était pas lui. Pour une fois. Ouais, il savait à qui il parlait. Non, il ne changerait pas de ton. De toute façon, il allait faire quoi, hein ? Lui plonger la tête dans la graisse à frite ? Sérieusement, autant lui cracher dessus, sa bave contenait sûrement plus de lipides.

Après un énième sourire faux -dieu merci, l’idoling l’aiderait toujours- Gabriel rejoignit le comptoir pour prendre la commande suivante. Avec un peu de chance, ça se passerait mieux. « Bonjour ! » Par automatisme, il posa un nouveau plateau devant lui, avec le papier promotionnel. Un geste qu’il regretta presque quand son regard croisa celui d’Ana. « Ah… » Il n’avait pas envie de la servir… Mais ses collègues étaient tous occupés, avec des files toute aussi longues. « Je vous écoute ? » Il était lâche. Terriblement lâche.

I've got new rules I count them ♕ La nuit avait été longue. Elle avait arpenté les rues du Bronx pour un reportage minable sur une communauté japonaise oubliée d’après la seconde guerre mondiale. La rumeur avait fait grand bruit au journal et il fallait absolument les retrouver, ou du moins savoir d’où sortait ces conneries. Anastasia n’avait qu’une seule envie : récupérer Liam et rentrer. Son appartement lui manquait. Il fallait qu’elle dorme. Absolument. Hisashi, son co-reporter était encore avec elle, tout aussi déçu. Ils avaient interviewé un vieux geek du quartier qui ne sortait que la nuit mais ils étaient quasiment certains que ce type mentait sur tout ce qu’il avait dit. Ils avaient eu quelques soupçons en l’entendant affirmer avoir une relation secrète et passionnée avec Kylie Jenner.

Hisashi vivait à New York depuis dix ans déjà, il considérait que c’était sa ville, là où il se sentait le mieux. Au début, il avait été d’une grande aide lors de son installation, s’occupant de Liam alors qu’elle vidait ses cartons. Il lui avait montré les lieux à voir. Il était le plus ancien journaliste présent sur place, il était donc celui chargé de former les nouveaux au terrain et préparer l’installation pour les expatriés. Vivre aux Etats-Unis n’était pas si simples pour les Japonais, mais elle était déjà passé par là. Et concrètement, elle n’était pas vraiment Japonaise. Elle lui sourit alors qu’il s’étirait en soufflant que ça avait été une longue nuit. Au moins, ils avaient quelques images et quelques interviews sur les conditions de vie misérables de ces quelques Japonais perdus dans le Bronx.

Du doigt, il désigna un fast food plus loin. Juste pour un café, il s’était vite rattrapé, sachant ô combien elle faisait la guerre à la malbouffe. Elle passait son temps à enfoncer son doigt dans son gras en lui disant de faire attention. Parfois, la nuit, il y pensait et se retenait de pleurer, perdu dans ses complexes. D’un hochement de tête, elle accepta la mission, grimaçant en entrant et en se mettant à la queue. Comment pouvait-on emmener des enfants dans des endroits comme celui-ci ? C’était une honte, vraiment. Ils étaient si jeunes et mangeaient déjà si mal. un profond dégoût s’empara d’elle en les voyant se goinfrer de burger de bon matin. C’était écœurant.  Fort heureusement, son tour arriva bien vite.

Cependant, son soulagement fut de courte durée. Pendant un instant, elle songea à une hallucination. Elle n’avait pas dormi depuis longtemps, elle était épuisée. Elle pensait souvent à Gabriel. Mais ce serait la première fois qu’elle le vit aussi clairement. Hisashi était resté dehors pour fumer une cigarette et elle le maudissait de l’avoir laissé entrer là-dedans toute seule. Elle se retourna pour le chercher du regard avant de contenir une insulte. Venait-il de la vouvoyer ? Etait-il sérieusement en train de faire comme s’il ne la connaissait pas alors qu’ils avaient un enfant ensemble ? Qu’il avait abandonné, certes. Au point où il en était. « Trois américano. Et vite, je suis pressée. » Liam l’attendait chez sa nourrice. Elle avait dit à cette dernière qu’elle serait là avant dix heures. Attendant d’avoir ses trois boissons, elle sortit quelques dollars pour payer sa consommation. Prenant un carton, elle coinça deux dedans pour les transporter, enlevant le couvercle du troisième qu’elle balança sur Gabriel, se fichant bien de lui brûler le visage. Le plus moche il devenait, le mieux elle se portait. « T’es vraiment un sale con. » Elle menaça du regard quiconque oserait l’importuner, prenant ses boissons pour sortir. Elle tendit un café à Hisashi, prenant le sien. « On peut y aller. » Et elle lui offrit son meilleur sourire.

I've got new rules I count them ♕ Bien, voilà qui allait lui apprendre à se plaindre d’un début de journée misérable. Sérieusement, quelles étaient les chances ? Sur toute la population mondiale, plus de, combien c’était déjà, 6 milliards de personnes ? 7 ? Il ne savait plus. Bref. Sur tous ces gens, il avait fallu que la personne qui se trouvait dans la file, juste en face de lui, soit son ex ? Était-il à ce point une mauvaise personne, pour que son karma soit aussi pourri ? Enfin, pourri. Il ne put malgré lui s’empêcher de se demander où était Liam, pourquoi il n’était pas avec elle. Elle ne l’avait pas fait adopter, tout de même ? Si c’était pour faire ça et aller refaire sa vie avec un autre mec, elle aurait tout aussi bien pu lui laisser ! Mais il en doutait malgré tout. Hélas, ce n’était pas assez pour lui faire surmonter sa fierté, et cette lâcheté qui le définissait si bien. Après tout, il n’avait pas donné de nouvelles, avant de quitter le Japon. Il n’était plus venu voir Liam. Il n’avait plus essayé de savoir comment ils allaient. C’était sa façon de passer à autre chose, d’essayer, du moins. Mais paraît que la vie, elle ne vous laissait pas tranquille aussi facilement, quand vous faites des erreurs. Et il allait rapidement en avoir la preuve.

Gabriel s’occupa de la commande aussi rapidement que possible. S’en débarrasser au plus vite. II avait un peu honte de la retrouver maintenant. Il aurait eu envie de lui dire qu’il n’avait pas besoin d’elle, qu’il s’en sortait très bien, mieux même ! Sauf que ce n’était pas le cas. Il était le serveur minable d’un fast-food où il ne faisait même pas bon travailler. Sa vie à Tokyo lui manquait cruellement.

Ce qu’il n’imaginait pas, c’était que l’une des boissons lui reviendrait aussi rapidement qu’elle était partie. La brûlure lui arracha un cri, plus que les propos de la jeune femme. « Non mais totalement tarée la meuf putain. » Et le gros Peterson de se ramener en hurlant, comme quoi il l’avait entendu depuis l’autre bout du comptoir, et qu’insulter un client, ça ne se faisait pas. Gabriel tendit un bras, accusateur en direction d’Anastasia. « Ouais et genre on me balance du café à la gueule et je dois rien dire là ? Mais la vérité vous êtes ouf vous aussi. » Et cet énervement lui fallut un avertissement. Il reviendrait demain, lui dit-il, s’il se calmait. Gabriel rongea son frein et s’excusa. Il fallait qu’il arrête de merder, au risque de perdre son job. Tout ça parce que cette meuf savait pas tenir ses nerfs et se pensait dans un goulag. C’était abusé. Sans prendre le temps de se changer, il récupéra ses affaires et sorti en trombe de l’établissement. « Hey, Anastasia. » Il aurait pu l’insulter, mais sur le moment, il ne trouvait même pas d’insulte. En fait, peut-être ne pouvait-il tout simplement pas l’insulter. « T’as vraiment besoin de m’emmerder jusqu’au bout du monde hein ? Pour une fois que j’essaie d’emmerder personne, que je demande rien là. » Oui, il l’avait ignorée. Parce que si elle n’était pas capable de l’accepter comme il était, il préférait faire un trait sur elle, tout simplement. Parce qu’elle, elle s’en foutait. Il le savait. Elle n’avait jamais essayé de comprendre ce qu’il voulait. « Genre sérieux, c’est quoi le plan ? Me faire virer ? Ruiner ma vie ? T’as vraiment rien de mieux à foutre de tes journées ? »

I've got new rules I count them ♕ Sa vie n’était plus la même désormais. Parfois, elle regrettait un peu tout ça. d’avoir retrouvé Gabriel, qu’ils se soient mis ensemble et que sa vie soit devenue plus rangée. Quand elle pensait cela, Anastasia culpabilisait un peu, pour Liam, parce que cela impliquait le regretter aussi. Elle l’aimait, évidemment, mais elle aurait aimé qu’il vienne un peu plus tard. Gabriel aurait peut-être eu le temps de grandir et d’évoluer de son côté. Elle savait qu’il était le second ingrédient principal pour créer un enfant aussi parfait. Il lui avait paru gagner en maturité avant de totalement dégringoler et redevenir l’idiot qu’il avait toujours été, finissant par totalement disparaître de sa vie. Peu importe, elle se répétait qu’elle n’avait pas besoin de vie, elle trouvait d’autres pères où et quand elle voulait !

Mais c’était bien sur lui qu’elle tombait dans ce fastfood. Un style d’éternel adolescent, elle pouvait constater que sa carrière n’avait pas évolué d’un pouce, finalement. Toujours au même stade, sauf qu’elle savait où il était actuellement. Qu’il l’ignore était de trop. Comment osait-il ? Pas le moindre mot, la moindre excuse ? Il n’avait pas changé. Pas d’un pouce. Anastasia commanda calmement les trois américanos, avant d’en offrir un à son ex, violemment, certes, mais c’était bien mérité. Elle sourit en l’entendant la traiter de tarée, comme pour lui faire comprendre qu’il n’avait encore rien vu. Elle voulait lui faire regretter sa stupidité, ce qu’il avait pu lui faire, d’avoir abandonné son fils comme il l’avait fait. Mais pas maintenant. Elle quitta le fast food sans rien ajouter, tendant son café à Hisashi.

Bien entendu, un égo blessé devait toujours faire volte face. Prenant une gorgée de son café, elle se retourna vers l’idiot qui lui parlait. « Oh, tu te souviens de mon prénom maintenant ? » Incroyable ! Le café l’avait bien réveillé. Pour une fois qu’il n’emmerdait personne, il a raison, un exploit. Mais elle ne pouvait pas lui laisser ça, à ce lâche. Si, j’ai beaucoup mieux à faire de mes journées ! » Elle afficha un large sourire, faisant signe à Hisashi de partir sans elle. Anastasia ne voulait pas le retarder, il était épuisé. « Je viens de travailler toute la nuit et là, je dois récupérer mon fils, tu sais ? Liam ? Il a un an ? Oui, lui. Pour le ramener à la maison et m’en occuper. En général, il m’occupe la journée. » S’en souvenait-il ? « Pour qui tu te prends ? A te barrer sans rien dire et à oser l’ouvrir comme ça ? » Après tout ce temps, comment ne réalisait-il toujours pas combien il avait été stupide ? Qu’il avait ruiné sa vie tout seul à agir comme le dernier des égoïste ?

I've got new rules I count them ♕ Anastasia avait toujours été sur son chemin. Déjà quand ils étaient jeunes, elle avait toujours été là, à lui rappeler à quel point il était faible face à elle. Après tout, elle était si parfaite, si impressionnante, et il n’avait aucun moyen de rivaliser avec elle. Du moins, c’était le sentiment qu’elle lui avait toujours donné. Et maintenant qu’elle était devant lui à nouveau, il se retrouvait une fois de plus incapable de se confronter à elle. Ce fut le cas jusqu’au moment où elle osa lui renverser un café dessus, pour son plus grand déplaisir. Là, il décida de prendre son courage à deux mains et d’aller la trouver à l’extérieur, visiblement hors de lui.

« Ouais, paraît que le café ça aide. » Qu’elle ne commence pas à faire sa meuf, ça n’allait pas le faire. Il sentit son sang bouillir aux propos de la jeune femme. « Notre fils. Nan mais meuf, tu me dis ça alors que t’as décidé de me faire sortir de sa vie ? Mon visa était terminé, alors je suis rentré. Mais tu l’aurais peut-être su si t’avais pris des nouvelles de ton côté, hein. » Il n’avait pas reçu un message de sa part, et il devait toujours réclamer des nouvelles du petit, quand elles n’étaient pas soumises à condition. Il la fixa, toujours plus énervé. « T’aurais fait quoi, de toute façon, si je t’avais prévenue ? Tu l’aurais coupé en deux pour que je prenne un morceau avec moi ? » C’était glauque, certes, mais c’était un peu son sentiment, parfois. « Désolé, mais tu peux pas m’en vouloir d’essayer de passer à autre chose dans ces conditions. »

Anastasia avait toujours eu plus de succès que lui, trouvé des jobs, réussi où elle allait, sans trop devoir forcer. Elle était belle, attirait les regards. Gabriel n’osait même pas imaginer combien de mecs avaient dû se porter volontaires pour remplacer le père du gamin. « De toute façon, je pouvais à peine voir Liam, je vois pas pourquoi j’aurais eu une raison de revenir. » Inspirant profondément, il secoua la tête. Il ne comprenait pas, il n’avait pourtant pas fait de mal à Liam. Il ne l’avait jamais battu, ne le ferait sûrement jamais. « Mais forcément, tu peux pas comprendre. Tu fais toujours comme tu veux. Tu te demandes pas comment les gens peuvent se sentir. » Comme elle voulait, oui. « Et fais pas genre, je le sais. » Comme le jour où elle avait décidé de le larguer, au milieu de ce parc. Comme le jour où elle lui avait interdit de s’occuper de son fils. Liam était pourtant la personne la plus importante qui existait à ses yeux, après elle. Mais il essayait de s’en détacher. « Va voir ton mec maintenant, il t’attend sûrement. » Parce que oui, il l’avait vu, ce fils de pute, qu’elle ne pense pas qu’il était aveugle. Il n’avait plus de temps à perdre avec elle.