(fb) i've got your back / owen

Ca n’arrive pas souvent mais elle n’est pas sûre d’elle, Eden. Enfin, elle est sûre de ce qu’elle fait, sûre de faire quelque chose de bien. Mais elle n’en a parlé à personne, et à vrai dire, elle est venue jusqu’ici sur un coup de tête. Elle a profité de quelques jours de congé, et la voilà à Atlanta. Personne ne sait qu’elle est là, personne n’est au courant de ce qui a occupé son temps libre ces dernières semaines. Elle se serait surement fait virer illico si quelqu’un l’avait su. L’affaire Lindberg est assez notoire, et tous les agents qu’elle connait évitent d’en parler. Il n’était déjà plus au FBI quand elle y entrée, elle n’avait même pas encore commencé son training quand l’histoire a éclaté. Elle avait surpris une conversation entre deux de ses instructeurs un jour, et comme ça l’avait intrigué, avait décidé qu’elle ferait des recherches. Elle a très vite compris que quelque chose n’allait pas, et sa curiosité débordante l’a poussée à aller plus loin. Bien sûr, quand elle n’était encore qu’une élève à l’Académie, elle ne pouvait pas faire grand-chose, alors elle a dû prendre son mal en patience pour réellement commencer son enquête. Parce que oui, étant donné le temps et les ressources qu’elle y a consacré, on peut qualifier ce ‘passe-temps’ de véritable enquête parallèle. Bien sûr, elle fait ça seule alors ça lui prend du temps, et elle commence à avoir des résultats. Grâce à ses compétences, elle a réussi à voir où était emprisonné l’agent Lindberg, et la décision d’aller le voir en personne a vite été prise. Mais là, alors qu’elle se dirige vers la salle des visites, elle commence à douter. Il n’y a aucune raison pour qu’il la prenne au sérieux. Elle est à peine diplômée de Quantico, n’a pas d’ancienneté, aucune crédibilité en somme. Elle n’a pas le physique de l’emploi non plus, et ça, c’est ce qui la fait le plus douter, parce qu’elle en a eu plus d’une des remarques sur son physique. Mais avant qu’elle n’ait le temps de penser à faire demi-tour, elle se retrouve installée à une table. Rangeant d’abord ses mains sous la table, sagement croisées sur ses genoux, elle les laisse remonter sur la table, ses doigts pianotant sur le plastique froid, seul signe de son appréhension. Elle n’a plus qu’à attendre, maintenant.

Encore une journée. Encore une. Comme les autres. Owen ne fait plus la différence à ce stade. Sur sa peine de prison, il lui reste encore cinq ans. Peut-être trois s’il sort avant pour bonne conduite. Mais trois ans, c’est trois fois trois-cent-cinquante-jour qui seront tous les mêmes. Le temps est long, toujours long. Et il sait que la bonne conduite n’est pas facile à obtenir. Tout peut déraper à cause de n’importe quoi, sans qu’on y puisse rien. Alors le temps est long. Les jours se ressemblent. Mais Owen n’y peut rien, alors il se lève, comme tous les matins. Celui avec qui il partage sa cellule ne lui parle pas, comme tous les matins, alors qu’il a les yeux ouverts. Owen a arrêté de lui dire bonjour depuis un moment. Un passage par la salle de bain et il rejoint les cuisines, où il va participer à la préparation du petit déjeuner. Rien de très difficile, ou même développé. Ils sont en prison après tout. Mais au moins, il ne s’ennuie pas toute la journée, et il peut sentir quelques odeurs agréables parfois. Ça pourrait être pire. Ça l’a été. C’est ce qu’il se dit, mais positiver n’est pas toujours facile. Et la journée se déroule comme d’habitude, jusqu’à ce qu’un gardien vienne le chercher en lui disant qu’il a une visite. Il fronce les sourcils mais quitte tout de même son livre pour le suivre. D’ordinaire, à part sa sœur, personne ne vient le voir. Et elle le prévient toujours avant. Le nom qu’on lui donne ne lui dit rien, mais il ne voit pas pourquoi il refuserait. Au mieux, ça sera une bonne surprise. Au pire, il aura vu un visage féminin. Eden, c’est bien un prénom de femme. Il passe ses doigts dans sa barbe mal taillée alors que la porte s’ouvre. Avant de s’asseoir, il la détaille, un peu étonné. Brune, elle paraît jeune. Que fait-elle là ? Il essaye de reconnaître son visage, en vain. Il finit par s’assoir alors que la porte est refermée derrière lui. « On se connaît ? » Ose-t-il tout de même. Il espère ne pas l’avoir oubliée, elle pourrait se vexer. Mais il est presque certain que ce n’est pas le cas.