Voleuse - Ruby

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J'étais bien. Je passais une bonne soirée. Je ne sais pas pourquoi je me sentais aussi joyeux aujourd'hui. Alors quand "I'm sexy and I know it" des LMFAO s'est mis à résonner dans mon bureau, je me mis à chanter à tue tête. Pris dans ma folie et enchainant les refrains et autres déhanchements diaboliques, voilà que je retire ma chemise. Je suis torse nu dans mon bureau, je chante, et j'emmerde le monde. Puis par je ne sais quelle obscure raison, ce fut au tour de ma ceinture de quitter mon pantalon. Je suis sexy et je le sais. Je m'amusais à mimer un lasso essayant d'attraper une petite poulette à serrer. L'euphorie dura tout le temps de la chanson. Jusqu'à ce que je sente que j'avais le Boeing en bout de piste. La tuile. C'est emmerdant, sans mauvais jeu de mots. Je passe les détails sur ce qui s'est passé dans les toilettes, cela ne concerne que moi et mon avion. De retour dans mon bureau torse nu, j'ai la mauvaise surprise de voir l'un de mes videurs. En général, lorsqu'ils viennent me voir dans la soirée, c'est qu'il y a un gros problème. Il m'expliqua qu'une femme d'âge mûr a été surprise à voler une bouteille au bar. Encore une qui a du cirage dans le ciboulot. Mes gars l'avaient installé dans ma "salle d'interrogatoire". Bon, en vrai c'était une sorte d'annexe de mon bureau avec pas mal de fournitures en tout genre, mais c'est ici que les chapardeurs ou parfois les emmerdeurs étaient emmenés pour avoir une explication.

Je suivis donc ma joyeuse troupe, pour tomber nez à nez avec une très jolie rousse, plutôt distinguée. Ok pour l'âge mûr, je hais mes gars. Elle semble avoir le même que le mien. Je vais très probablement virer celui qui m'a dit ça. Elle portait un jean plutôt moulant. C'est audacieux. Son maquillage est un peu aguicheur. Elle a très certainement voulu se donner le genre d'être une fille chaude comme une baraque à frites pour pouvoir rentrer sans trop de problèmes. Mais, à titre purement personnel, je la trouvais plutôt charmante. Est ce n'est pas parce que je vois un bout de sa cuisse hein. Je pouvais commencer l'interrogatoire. Comme d'habitude, je ne dis rien. Je fais signe à mon équipe de repartir, je n'ai pas besoin d'eux. Je me contente de marcher tranquillement dans la pièce. Ce genre de silence peut être très pesant pour l'interrogé, mais moi ça m'amuse. Je vois dans les yeux de cette femme de l'inquiétude. Elle se demande ce qui va lui arriver. Alors je passe la vitesse supérieure. Je prends une chaise, et je m'asseois juste en face d'elle. Puis je la fixe droit dans les yeux, attendant qu'elle dise quelque chose.

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Longue journée ! En fait, pas tant que ça, j'avais dormi toute l'après-midi. Un petit coup de moins bien qu'une longue sieste avait pu faire passer. Après cette sieste, je passai sous la douche, un autre moment relaxant. Je pris mon temps, profitant de l'eau chaude coulant sur ma peau comme si c'était la dernière fois. Mais il fallait bien s'arrêter un jour, sinon les factures d'eau allaient grimper en flèche. Je sortis donc de ma douche et enfilai un peignoir blanc, histoire de sécher tranquillement. En attendant, j'allais me poser devant la télé, jusqu'à ce que je constate qu'aucun programme ne me bottait. Je me levais donc du canapé afin de me rendre dans ma chambre, non sans jeter un coup d'oeil à celle de mes parents, comme pour vérifier que rien n'avait bougé. Une fois devant mon armoire, il fallait déjà que je me trouve une tenue: ce soir, je sortais. J'optais pour un banal jean, un t-shirt blanc et une veste. Dès que je fus habillée, je me regardais dans le miroir, pour vérifier que tout était en place.

Une fois prête, je me rendis à un arrêt de bus, le plus proche de ma maison, et m'assis en dessous de l'abribus, sur le banc installé là à cet effet. A mes côtés, une jeune fille, assez jolie bien que beaucoup trop jeune pour moi, concentrée avec ses écouteurs dans les oreilles. Son sac à main était ouvert... Je ne me fis pas prier. Délicatement, mes doigts se glissèrent dans la fente, et agilement, j'agrippais le portefeuille de mes deux doigts, avant d'enfoncer le portefeuille dans mon propre sac. Je continuais de faire comme si de rien était, la fille n'ayant clairement rien remarqué. Finalement, le bus arriva, et je me levais pour le prendre. Ma dernière victime en date semblait attendre un autre bus, bien, elle se rendrait compte du vol sans me soupçonner. Je venais de réaliser un coup de maître, mais les succès en appelant d'autres, j'avais une autre idée.

A la descente du bus, je pris la direction d'un club, nommé l'Eden Club. Je rentrai aisément, j'étais clairement majeure, le vigile ne fut pas trop regardant à partir du moment où j'étais adulte. Je vins alors me poser au comptoir, et commandai une bouteille. Elle arriva, et une fois que le barman eût tourné le dos, j'enfonçai la bouteille dans mon sac, avant de prendre la porte. Sauf que sur le coup, je n'avais pas été discrète. Du coup, les videurs me prirent en grappe, et m'amenèrent quelque part, dans un bureau.

- Hé, je peux marcher toute seule, vous m'emmenez où là ?

Pas de réponse, de véritables armoires. et je fus contrainte de m'asseoir. Un autre type apparut alors, torse nu, je roulais alors des yeux, tandis qu'il s'installa devant moi, silencieusement. Un silence à réveiller les morts. Parfois, un soupir, mais à part ça on entendrait une mouche voler. Finalement, je me décidai à parler.

- Bon, c'est quoi le plan ? J'ai volé une bouteille ok, mais venir ici et discuter avec un type torse nu, c'est ça ma punition ?

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@Ruby Lawson

Merde, ma chemise. Pris dans la précipitation, j'avais complètement oublié de la remettre. Tu penses que mes videurs me l'aurait fait remarqué ? Non, car ces abrutis pensent que je suis un tortionnaire qui vire les gens pour un oui ou pour un non. Je les vire uniquement lorsqu'ils sous entendent que je suis une personne d'âge mûr, c'est tout. Et quand ils essayent de violer des clientes. C'est déjà arrivé. Qu'est ce que tu veux, quand t'es videur, c'est parce que ta tête est vide, je ne vois que ça comme explication. Par contre, sous entendre que c'est une punition de me voir torsu (Isis style) passe moyennement. Surement une de ces femmes persuadée d'être la plus belle création de Dieu, méprisant les hommes et leurs défauts. Oui, j'ai un peu grossi ces dernières semaines, mais est-ce une raison pour être désagréable ? Je ne pense pas. Elle ne manquait pas de culot. En général les gens qui se retrouvent ici se mettent à pleurer ou n'arrivent pas à contenir leurs besoins. Parfois les deux en même temps. Mais pas elle. Oui, elle a piqué une bouteille et alors ? C'est vrai que je n'allais pas lui couper la main, nous ne sommes pas au Moyen Âge.

- Ne bouge pas d'ici, je vais chercher ma chemise.

Mon bureau était à quelques pas du lieu de l'interrogatoire. Récupérer ma chemise et revenir ne prit que quelques secondes. La femme était toujours là. Toujours le même air faussement blasé. Blasée de s'être fait prendre, ou blasée de devoir subir probablement une sorte de monologue moralisateur dont ce n'est surement pas la première fois qu'elle en est l'auditrice ? Elle était la seule à détenir la réponse. Je prenais mon temps pour reboutonner ma chemise. Déjà parce que j'aime faire les choses avec minutie, mais aussi car je vois bien que ça l'énerve que je prenne autant de temps. Une fois la chemise renfilée correctement, je prends encore quelques secondes, réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir faire. Elle a déjà avoué, il faut penser au chatiment, à la vraie punition. Il me vient soudain une idée.

- Ecoute, je m'en fiche de pourquoi tu as voulu voler cette bouteille. Mais tu vas devoir en payer le prix. Tu vas la garder, passer derrière le bar, et servir tout les clients qui en demanderont. Et tu pourras partir d'ici. Avec la bouteille vide. Et n'essaye pas de t'échapper, un de mes hommes sera juste à côté de toi pour te surveiller.

Mes hormones me travaillant, je ne peux m'empêcher de rajouter une toute petite variante.

- Ou alors on boit la bouteille tout les deux, on va dans mon bureau, je te fais découvrir le paradis, et on repart bons amis. Tu en penses quoi ?

**Invité** Invité

Présenté comme ça, torse nu ? Ca manquait clairement de professionnalisme. Pas sérieux, là. Je lui avais d'ailleurs bien fait remarquer dans ma remarque désobligeante. Je n'appréciais pas d'être assise ici, devant lui, alors qu'il se pavanait en pensant sans doute qu'il était l'un de ces hommes qui faisait fondre toutes les femmes. Loupé, je ne fondais pas, je restais même froide au possible. Il partit chercher sa chemise avec une lenteur... S'il faisait ça pour m'agacer, c'était réussi. Il revint d'ailleurs en la refermant de façon tout aussi lente, ce qui me fit rouler des yeux. Je me permis même de sortir mon portable et de pianoter dessus en attendant qu'il ait fini. Je savais qu'il n'apprécierait pas, mais je ne faisais que lui rendre la monnaie de sa pièce. Il voulait se montrer irrespectueux ? Allons-y. Une fois qu'il eut enfin fini avec sa chemise, il me posa ses conditions. Travailler pour lui ? Non merci, surtout que je ne serais clairement pas payée. Je n'avais pas besoin de lui rendre la bouteille, l'un de ses gorilles l'avait déjà remise à sa place. Sa seconde proposition était pire, elle était indécente.

- Jamais de la vie.

Cette réponse claire, net, précise et froide traduisait bien mon état d'esprit, je n'étais nullement intimidée et, il s'était montré à nouveau irrespectueux avec sa seconde proposition, alors mon visage se dirigea à nouveau sur mon téléphone. Tout en étant sur mon écran, je parlais cependant.

- Les serveuses sont censées servir les clients avec le sourire, crois moi si tu m'y forces, ça fera de la mauvaise pub à ton club.

Je serais une serveuse bien désagréable, c'était ce qui arrivait quand on forçait quelqu'un à travailler. Nous n'étions pas au Moyen-Âge, cela faisait un bout de temps que l'esclavage était aboli, et il était hors de question que je fasse ce qu'il voulait comme un pantin. Je voulais aussi, en cela, qu'il recule sur le fait de me faire travailler, et pour ce qui était de me "faire découvrir le paradis", je n'avais rien à dire tellement c'était scandaleux, j'avais donc refusé sèchement ses deux propositions. Je lui proposerais bien un pot de vin (terme adéquat...) si je n'étais pas sûre qu'il refuserait, ça n'avait pas l'air d'être son genre. Moi je pouvais facilement donner une partie de mon butin du jour, tant que je n'avais pas affaire à la police, parce que avec toutes mes récidives, je finirais probablement en prison pour un moment, pas question.

**Invité** Invité

@Ruby Lawson

Quelle idiote. Déjà que je suis sympa à pas lui mettre un gros coup de pied au cul pour qu'elle quitte mon club, j'appelle même pas la police, je lui propose deux offres que techniquement n'importe quelle personne un tant soit peu réfléchie aurait accepté sur le champ, et là, non. Elle me résiste, farouchement. Ce n'est pas une simple résistance. C'est une véritable partie d'échecs qui est en train de se dérouler dans cette pièce un peu étroite et mal éclairée. Pourtant, j'avais un sacré avantage en début de partie, mais là, petit à petit, cette femme est en train de retourner le jeu à son avantage. Elle garde son calme, poussant l'insolence jusqu'à regarder son téléphone quand elle s'adresse à moi. Je vais la punir. Je dois la punir. Pourquoi je n'arrive pas à être méchant et cruel avec elle ? Quelque chose semble me retenir, mais je ne sais pas quoi. Probablement ses grands yeux, à la fois rempli de dédain et de tristesse.

Puis il me vint une idée. J'aime me surnommer le Génie du Mal. Il peut m'arriver que parfois, je coince un peu dans certaines relations d'affaires, pour des motifs qui m'échappent. Bon, même si là elle s'est faite griller comme une bleue, elle pourrait être mes yeux et mes oreilles sur le terrain. A écouter ce qui se dit, à observer ce qui se passe, et même parfois à faire jouer ses talents de voleuse. Une sorte d'espionne, pour devancer la concurrence. A y réfléchir, l'idée était complètement folle. Mais cette femme dégage quelque chose de tellement puissant que ce serait dommage de ne pas faire affaire avec elle.

- Tu as raison. Je vais te proposer un travail rémunéré à la hauteur de tes compétences. Tu vois le club le "Playground" ? Je connais très bien son patron, c'est un ami. Mais si à tout hasard tu voulais aller fouiner là bas et me dire les choses qui s'y passent, ce serait fantastique pour nous.

C'est volontaire d'utiliser tout de suite le "nous". Je veux qu'elle pense avoir l'ascendant sur moi, qu'elle a gagné la partie. Non, pour l'instant elle n'a rien gagné, et les prochains mots qui vont sortir de sa bouche ont intérêt à être les plus convaincants du monde si elle ne veut pas définitivement me mettre dans une colère noire. Ma patience a tout de même quelques limites.

- Alors, tu en dis quoi ?

**Invité** Invité

Ses premières exigences avaient été inacceptable, dégradantes. Enfin, la première un peu moins, mais je savais bien que les serveuses n'auraient pas le feeling avec les clients si elles n'étaient pas dans ce travail de leur plein gré. Il fallait savoir être souriante, étant forcée, le sourire semblerait rapidement forcé, ce qui ne laisserait pas au client un souvenir intarissable pour l'établissement. Certains pourraient même mal noter ce club. C'était donc dans l'intérêt de l'homme en face de moi que je ne bosse pas pour lui en tant que serveuse. Concernant sa seconde proposition, je savais très bien ce qu'il sous-entendait, et il en était alors là hors de question. Mais il semblait avoir un autre atout dans sa manche. Moi, je continuais à lui manquer de respect en étant sur mon téléphone pendant qu'il déblatérait. Je savais que l'entretien risquait de durer, heureusement que personne ne m'attendait à la maison ! Pourtant, sa prochaine offre me sembla un peu plus équitable. Je rangeais mon téléphone et relevai la tête.

- Voilà une proposition un peu plus décente. Par contre, je suis une voleuse, pas une espionne. S'ils ont des choses intéressantes pour vous, je pourrais peut-être vous aider, en revanche s'il s'agit d'écouter, mes capacités seront limitées, je ne suis pas expérimentée, je ne sais pas défaire les bonnes informations des fausses. Bien sûr, je pourrais voler des dossiers, ou des trucs du genre, mais je ne pourrai pas m'introduire dans l'un de leurs bureaux seule. Donc ce travail ne...

Je m'interrompis volontairement, une idée venait de me traverser l'esprit.

- Si, à tout hasard, vous avez des cibles à espionner, je pourrais me servir de mes talents pour cacher des micros, ou des trucs du genre. Si c'est relié ici, vous pourriez avoir de bonnes informations. Je ne vous demanderai pas pourquoi vous voulez espionner un ami...

Je n'étais pas non plus une cambrioleuse, donc m'introduire et voler des dossiers serait compliqué. Sauf quand c'est fermé.

- On peut peut-être s'arranger. Cette proposition me convient, mais il faut l'adapter à mes réelles compétences. Vol à la tire, vol à l'étalage, ça c'est dans mes compétences. Donc si vous voulez des choses qui se trouve là bas, il faudra une diversion. Et aussi faire en sorte que mon visage ne soit pas visible des caméras. Donc, si j'accepte, seule une coopération entre nous pourra donner des résultats. J'imagine que vous avez des connaissances qui pourraient associer leurs talents aux miens ?

Je m'appuyai sur le dossier de mon siège, cette fois avec une posture plus professionnelle, preuve qu'il avait attiré mon attention.

**Invité** Invité

@Ruby Lawson

Finalement, cette soirée prenait une tournure plutôt inattendue. Je ne pensais pas que cet interrogatoire sensé aboutir à une exclusion définitive du club se transforme en entretien d'embauche. Comme quoi la vie est pleine de surprises. Cette femme était clairement dans la négociation, comme si elle avait du vendre ses talents toute sa vie. Mais rapidement, je compris qu'à part voler des trucs, son cv était assez limité. L'associer à une de mes connaissances ? Parce qu'elle croit vraiment que je suis le genre d'homme qui dispose d'une armée de petites mains prêtes à faire le sale boulot ? Non, pas vraiment. J'ai quelques "contacts", oui, mais un petit carnet avec dessus tout un tas d'informations notées à droite à gauche, non. En tout cas, son discours était clair, cohérent, limpide. Je le sentais que quelque chose se cachait sous cette silhoutte un peu vieillotte. A l'intérieur, c'est une femme qui bouillonne. Qui meurt d'envie de croquer la vie, encore et encore, et peu importe les fantômes du passé, elle continuerait à faire ce qu'elle à toujours fait. Car dans ces moments là, elle se sent importante. Elle se sent désirée. Elle se sent vivante.

- Non ma chère, la rubrique "insatiable petite fouine" dans mon répertoire est vide.

Que faire d'elle alors ? L'embaucher comme simple voleuse ? Cela aurait-il vraiment un intérêt ? J'en doute. Mais un cerveau aussi malin ne devait pas être relâché dans la nature. Si ça se trouve, elle enregistre tout depuis quelques minutes et diffusera ça à la presse. Ou alors, elle pourrait même déjà travailler pour quelqu'un d'autre, et sa venue ici lui permet de pouvoir fouiner tranquillement, repérer les lieux. Non, il fallait que je la prenne dans mon équipe, c'était la meilleure chose à faire. Au pire, elle pourra toujours remplacer quelqu'un au bar si jamais j'ai un souci de serveur...

- Ecoute, bien que cela doit être formidable d'être une voleuse, ton "talent" ne m'est pas vraiment utile en tant que tel. Par contre, ce serait dommage de te laisser repartir dans la nature sans rien te proposer. Tu as l'air d'être plutôt très maline comme femme. On devrait bosser ensemble.

L'interrogatoire était fini, l'entretien d'embauche aussi. Il était temps de passer à autre chose, de beaucoup plus agréable.

- Que dirais-tu de venir prendre un verre dans mon bureau, et apprendre à faire connaissance ? Rien de sexuel hein, je suis aussi capable de parler aux femmes, surtout lorsqu'elles sont aussi belles que toi.

**Invité** Invité

Je gardais mon calme. Ce n'était ni la première, ni la dernière fois que je me faisais choper, ça je le savais bien. Je voulais simplement éviter le passage chez les flics. Parce que clairement, les flics auraient plus d'un vol à constater, et ça pourrait aller loin dans les sanctions. C'était pour ça que j'étais prête à négocier, plutôt qu'à me borner. Aussi, je ne niais pas les faits, logique puisque j'avais été prise en flagrant délit, mais je ne me cherchais pas d'excuse non plus, pas de mauvaise foi de ma part. Je tentais de tourner la situation à mon avantage car là, cet homme me proposait un travail qui n'était pas dans mes compétences. Je ne savais pas ce qu'il pensait de moi, et pour tout avouer je m'en fichais, mais l'important était que je sorte d'ici. "insatiable petite fouine" ? Ce sarcasme me fit lâcher un rire tout aussi sarcastique. Mais après les sarcasmes, vint une proposition: il suggéra qu'on bosse ensemble. Je devais avouer que j'étais intriguée, mais pour le moment on avait pas encore trouvé d'accord. Nous nous reverrions sans doute dans un futur proche, même si la sécurité semblait un peu sur les dents ici, je savais faire une liste des endroits où j'avais été chopée, je n'étais pas bête au point de recommencer ici. L'homme en face de moi me proposa maintenant de prendre un verre dans son bureau et de discuter, faire connaissance, en prétendant qu'il pouvait parler aux femmes, surtout lorsqu'elles étaient je cite "aussi belles" que moi. Ce qui me fit lâcher un nouveau petit rire.

- La contrainte a échoué, la négociation aussi, alors on en vient aux paroles élogieuses ? Je marche, tant qu'il n'y a pas de poison dans ma boisson !

Bien sûr que j'étais capable de faire preuve d'humour, même si le niveau n'était pas très haut. Je n'étais pas réputée pour mes blagues. Je le suivis donc dans son bureau, il n'avait pas l'air d'un mauvais personnage, même si je savais qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. J'en étais la preuve vivante, qui pourrait croire que la femme que j'étais gardait tout un tas d'objets volés chez elle ? Bien évidemment, ces objets n'étaient pas étalés à la vue de tous, mais ils étaient chez moi, pour ceux que je n'avais pas vendu. Bref, j'étais quand même polie, et j'attendis qu'il m'invite à m'asseoir pour le faire. Tout ça pour une bouteille, finalement nous aurions peut-être une petite discussion entre personnes civilisées plutôt qu'un interrogatoire dont rien ne sortirait.

- Ce verre, il vient de la bouteille que j'ai essayé de voler ?

Ce serait un peu ironique, finalement je l'aurais peut-être bue cette bouteille, même sans avoir réussi à la voler ! Enfin, ce serait surtout pour la mise en scène, j'imagine...

**Invité** Invité

@Ruby Lawson

Oui, j'aime jouer avec les petites coincidences du destin. Que faire boire à cette demoiselle ? Un verre de la bouteille qu'elle a essayé de voler, évidemment. Je trouvais cela amusant. C'était une sorte de signature de contrat scellé par la bouteille de la discorde. Tu ne me voles plus. Tu travailles pour moi. Et en contrepartie, je ne vais pas te balancer aux flics. En temps normal, je n'aurais eu aucun scrupule à le faire. Mais pas aujourd'hui. Peut-être est-ce la fatigue, la vieillesse, un relâchement temporaire ou n'importe quoi qui puisse justifier que je sors de mes principes. Forcément, je voulais en savoir plus sur elle. Qu'a-t-elle vécu dans son passé pour que son présent soit fait de vols en tout genre ? Comment voit-elle son futur ? Cela faisait toujours partie des questions que je posais à un éventuel associé. Quelle vision a-t-il de son futur, et même du futur en général. Les trop farfelus restent sur la touche, tout comme les trop classiques. Ce que j'aime, ce sont les audacieux. Il fallait bien que je puisse observer de quel bois est faite cette femme.

- Alors, raconte moi tout. Comment une femme comme toi se transforme en voleuse ?

Je ne suis pas un bon exemple. Je n'ai jamais manqué de rien, la faute à un compte en banque rempli à ras bord avant même ma naissance. Dans ma conception des choses, c'était impossible de voler pour vivre. Pourquoi ne fait-elle pas un vrai travail, lui permettant de toucher un petit salaire et éviter les ennuis avec la police ? Oui, je n'ai jamais été très téméraire en ce qui concerne les choses illégales. Pourquoi risquer de détruire tout ce que j'ai bati de mes propres mains ? Pour plus d'argent ? J'en ai déjà suffisament pour plusieurs vies. Pour plus de pouvoir ? Je suis déjà l'un des princes de la ville. Pour plus de femmes alors ? Non, le délire d'arroser sa femme de billets, très peu pour moi. Rien ne pouvait me faire basculer de l'autre côté. L'espionnage et le vol, c'est pas vraiment illégal. Enfin, tant qu'on ne se fait pas prendre bien sûr.

- Au fait, je t'ai même pas demandé. Quel est ton prénom ? Moi c'est Samael Johnson. Tu l'as déjà compris, je suis le patron de ce lieu.

**Invité** Invité

Dans toute situation, ma tentative de vol aurait pu me valoir une exclusion définitive ainsi qu'un éventuel procès. Là, on en était loin. Pourtant, l'homme à qui j'avais affaire était clairement le patron de ce lieu, et plutôt que de me bannir, il avait cherché à trouver des alternatives. J'ignorais pourquoi. Me trouvait-il spéciale ? Je n'étais qu'une simple voleuse, je n'avais rien de vraiment spécial. Peut-être était-il curieux de savoir ce qui me poussait à voler comme ça. Il fallait que je prépare ma réponse, que j'envisage toutes les possibilités... J'étais assise là, en face d'un patron relativement conciliant, et patient à première vue. Pour autant, il ne désirait pas tourner autour du pot, et mon hypothèse se révéla exacte: Il voulait savoir comment je me retrouvais à voler. Je n'avais rien à cacher, enfin si, de base personne ne devait savoir que je volais, sous peine que je me retrouve chez les flics, mais lui le savait, et n'avait pas appelé la police pour autant, il avait décidé de prendre les choses en main.

- Pour tout dire, c'est mon gagne-pain. Il y a des jours plus prolifiques que d'autres. Aujourd'hui par exemple, ça n'a pas été un bon cru, si vous voyez ce que je veux dire.

Le jeu de mot était involontaire, bien sûr, toute allusion à l'alcool était un accident, mais pourtant ça correspondait parfaitement à la situation. Certains ne comprenaient pas que des personnes puissent vivre du vol, et à vrai dire je vivais pas de façon excellente, même si je pouvais parfois m'offrir quelques plaisirs. Je vivais donc au jour le jour, pas de projet car rien pour les financer, ce que je mangeais, buvais ou portais dépendait des vols de la journée. Il pouvait par contre arriver que je me sépare de mon butin si ça pouvait m'éviter la police. Corrompre un témoin, ou rendre ce que j'ai volé... Entre ça ou la prison, le choix était vite fait. Je pouvais toujours voler autre chose par la suite. Mais mon interlocuteur me sortit de mes pensées, il me demanda mon prénom en se présentant en tant que Samael Johnson, et autre chose évidente, il était le patron de l'endroit où nous nous trouvions.

- Ruby Lawson. Ironique n'est-ce pas, que je porte le mot "loi" jusque sur mon nom de famille ?

On ne choisit pas son nom de famille, mais on peut choisir son mode de vie, enfin... pas toujours. Je n'avais au départ pas choisi d'être une voleuse, mais j'avais pris l'habitude, et afin de faciliter les choses, j'avais fini par prendre plaisir à le faire. Quitte à vivre misérablement, autant s'en amuser, non ?

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