≡ blood is thicker than water

Il est 2h du matin, et pas un seul bruit ne vogue. Non c’est le silence total, pour ne pas dire complet. Il y’a bien longtemps que toutes les lumières de la grande pomme s'étaient éteintes — enfin pas toutes, non. Car depuis son salon, celle-ci jaillit sans faillir. Il est Batman parmi la nuit. Prêt à tout pour défier le sommeil, comme pour ne pas faire face à la nocuité de ses rêves éphémères qui le ronge.

Alors oui il est là, dans le séjour ; justicier nocturne, et pas un seul son venant troubler ce vide immense nommé silence. Les bras de Morphée ayant jeté son dévolu sur la ville, collectant les esprits léthargiques... Mais lui veille, bouchon dans la bouche — agrémentant toujours un peu plus ce tableau, récoltant la moindre information sur celui qui est pour lui « Joker ».

L’éclat lunaire s’infiltre par-delà les fenêtres et attire les prunelles du jeune homme qui finit par s’asseoir près de la convoitise, avant que la douce rosée nocturne ne se répande librement. Les paupières papillonnent le temps d’un instant, avant d’osciller vers la gestuelle suspendue sous l’ombre d’un sourire incommodé, aussi Seth venait-il d’interrompre un procédé habituel d’une mécanique aussi personnelle que ses propres affaires. Le coude se pose sur le genou et la tête au creux de sa main. Son esprit suspendu s’était rapidement consumé au fond de ses iris. Les pupilles papillonnent et s’efforcent de trouver un point d’ancrage qu’est l'horizon.

C’est donc en ces lieux, les bras croisés sur deux iris ouverts, le jeune homme était en errance dans ses pensées qui l'empêchaient de déconnecter son cerveau. La perte de sa famille n’avait pas cessé de le hanter et alourdissait les épaules de l’agent de nombreuses responsabilités, d’autant plus depuis la sainte disparition de la plupart d’entre eux ; obligeant le survivants à être en constante alerte.

Mais soit… Il demeure et subsiste quand invraisemblablement un bruit assourdissant rugit le sortant, l’extirpant de ses songes. Un numéro anonyme. Sûrement son indic.

« Je l’ai trouvé, il est seul »
« 230 5th Ave, New York, NY 10001, États-Unis »

Son regard vient à changer très rapidement, ces sourcils se fronce tant il n’en revient pas. Après des mois à le faire suivre, son principal suspect est enfin seul. Il ne peut pas laisser passer sa chance.

Non, non, et non... ! Il se précipite en avant, quitte la scène où il était, court aussi vite qu'il peut. Mais il n'en a plus rien à faire, là, tout de suite. Sur le peu de mètres qui le sépare de sa voiture, bouscule une poubelle alors que le message vocal défile encore dans sa tête. « Je l’ai trouvé, il est seul. 230 5th Ave, New York, NY 10001, États-Unis » Et il a envie de hurler, alors que le téléphone glisse d'entre ses doigts, qu'il doit le rattraper à la volée, rate trois marches ainsi. Merde ! Il se tient à la rambarde, ne prend pas même le temps de comprendre s'il s'est fait mal ou non. Il doit juste courir, le cœur battant déjà trop fort, prêt à lui claquer entre les doigts. Et à tort plus que de raisons, ça pulse dans sa cervelle aussi, alors qu'on l'apostrophe pour savoir ce qu'il se passe. Il souffle en atteignant sa voiture, tente de rappeler son contact. Et dès que ça décroche, Seth en hurlerait presque, en rayant presque l'autour de la serrure de la bagnole. « J'arrive, faites pas de conneries ok ?! »  Et il raccroche, tambour battant, avant de rouler sans plus se soucier de ce qu'il pourrait y perdre d'aller si vite. Il faut qu'il se dépêche, qu'il arrive à temps. Mais les efforts sont vains, parce qu'il n'a pas vu que le message vocal datait de quand il était déjà sur la route pour le sens inverse. Sa voiture file - à toute allure, zigzaguant sur la route, ignorant bien des feux rouges. Manquant par plus de deux fois, un accident qui lui aurait valu la vie — Sa main tremblante sur le volant. Tellement dans la hâte qu’il ne se rend pas même compte qu’il s’agit là d’un chemin qu’il arpenté maintes et maintes fois.

Il a gueulé dans le vide sans pouvoir le concevoir, n'a rendu que perplexe son vis à vis. Et quand il arrive enfin aux abords de l’adresse indiqué. Il se rend finalement compte qu’il s’agit là du Playground… La voiture délaissé dans un tumulte sans nom — claquement de porte brutal. Il se presse, Seth, sans une ni deux se jette contre la porte de l’établissement ; BAM Chassé de bâtard, et au diable les dommages collatéraux. Rien ne l’empêcherait d’obtenir ces réponses cette fois. D’une vitesse déconcertante il se munit de son arme, tire au plafond pour le confronter.

- « FBI ! Mains en l’air » vocifère t-il

Mais ce n’est pas à un mais deux individus que Seth fait désormais face, deux êtres qui l'éclaire un instant, deux personnes dont cette silhouette qui s'agite tellement devant lui. L’agent se fige, comprend en une fraction de seconde ce qui va se jouer. Non, non, non... Le flic se répète et finalement, s’avançant lentement en avant vers eux histoire d’être sur de ce qu’il voit.

Toi ! Y'a le goût du désespoir, dans cette voix, dans cet éclat jeté à même le club. Il pointe toujours son arme pour le confronter, les yeux écarquillés par la situation, la douleur, la peur. Tout lui dévore l'esprit, alors qu'il reconnaît bel et bien le visage du furibond qui, à cet instant, n'a plus rien de menaçant. Et c'est un coup de plus, en plein dans ce cœur déjà à l'agonie. Il manque de souffle, sait déjà qu'il trouvera ses réponses en rentrant dans le vifs du sujet. Suffit de le voir truander, pour savoir.  « Lukas Foster je te tiens... » qu'il répète, dans un souffle à peine audible, qu'une voiture éteint dans un son alors qu'elle passe.

Mais qui est donc cet autre homme ?

Les mains de Seth tremblent, trépignent d’excitation d’enfin pouvoir mettre la main sur ce criminel de bas étage qu’est Lukas Foster. D’ailleurs c’est ce qui effraie ce dernier qui a peur que ces états d’âme, ne lui fasse perdre de vue ce qui est important, ce qu’il y’a au-delà de tout ça. Mais peu importe, ça fait déjà trop de temps que tout cela ne dure — que toute cette histoire le dévore de l’intérieur. Il n’en est rien, l’agent Rhodes-Morales n’a fait tout cette route pour rebrousser chemin aussi rapidement. “Tu me tiens ? Je peux savoir quel est le problème ?”

Cette remarque le fait légèrement sourire, doucement hilare alors que le tréfonds de ses pensées se referme, l'expédiant au-dehors. Sous cette apparence juvénile et ses pensées imbu, Seth sait Lukas impuissant, incapable de voir ce qu’il en coûte de trop se frotter à la justice. A défaut de ne pas être ce génie consciencieux qu’il est, l’agent Morales n’en veut pas à son némésis que de n’avoir jamais mis un pied à l’extérieur de ce grenier qui lui sert de boite. Toutefois il pense certainement en position d’ordonner et plaisanter en raison du nombre. Et il ne peut donc pas lui en vouloir pour sa façon de penser, il ne peut décemment pas la critiquer ; parce que dans le fond Lukas, Seth pense que tu as raison. Oui, il est ridicule, de penser s’en sortir indemne. Mais au diable la santé mentale. Il est rouge Seth, lueur carmine de démence, brûlant comme le soleil, chaud comme un brasier incandescent capable de tout ravager sur son passage. L'absence de son père dans sa vie n'a pas eu bon effet, peut-être, ou peut-être pas ; il est certes le pire père qu'il aurait pu avoir, qu'il aurait pu espérer ; mais ce n'est au final que la cruauté de la vie qui l'a rendu ainsi ; mais comment faire comprendre ceci ? Et pourquoi se sent-il obligé de se justifier ? Nul ne le sait.

Peu importe ce qui se joue, rien ne parvient à sortir Seth de ses pensées. Pas même ce chien à l’extérieur qui n’a cesse d’aboyer. Non, personne. Enfin si peut-etre cet homme qui en dépit de l’arme en face de lui, s’avance.  Et quand l’agent du Fbi le tient en joug, assez pour lui mettre une balle en pleine tête, il est déjà trop tard. Cet homme qui lui fait face, n’est autre que cette homme qui a disparu de sa vie trop tôt.

« Derek ? Derek Rhodes ? »

Et l’air est à la fois inquiet et tremblant - ivre de colère. Seth fulmine et n’est actuellement plus bien placé pour faire des reproches à ce dernier ; car il est porteur du même sang que lui et n’attends pas même d’excuses. Il en est conscient, même si, au fond de lui, il ne souhaite pas se l'avouer. C'est en se massant la nuque qu'il observe Derek, du coin de l’œil alors qu’il relève son arme dans un geste rapide. Et l'image de son arme se heurtant à la tempe d’un énergumène lui revient en mémoire, la douleur s'emparant légèrement de ses songes. Il n'avait même pas fait attention à "comment bien tuer" ; non, il n'avait pas réfléchi, il avait juste agit ; comme pour se soulager. Honte de lui ? Honte de son comportement ? Non, Seth n'avait pas de culpabilité ; pas quand il agissait pour le bien d'autrui ; pour la sécurité.