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Invité a posté ce message Mar 18 Juin 2019 - 0:00 #

Juin 2019

Ca a été une semaine fatigante et guère glorieuse. Pas assez de musique à mon goût - mais est-ce qu'il peut vraiment y en avoir assez un jour ? Trop c'est sûr que non - et trop de... de tâches fastidieuses, ouais, pour rester poli.

- Stanhope...

Ca sonne jamais très bien quand on m'interpelle de la sorte, et ça a pas loupé. Il y a des archives à trier. Magnifique travail très gratifiant. Trois jours à classer des papiers qui datent parfois depuis tellement loin que je sais même pas pourquoi c'est resté là depuis le temps ! Trois jours à éplucher des histoires sordides d'agression sur des mineurs, de délinquance juvénile, et d'addictions diverses. Ca aurait pas pu être des dossiers banals, de contraventions, tiens, par exemple. Chiant comme la pluie, mais moins déprimant psychologiquement parlant. C'est pas ça qui changera mon quotidien, ça m'empêchera pas de dormir, pas plus que d'habitude, toujours, mais faut bien avouer qu'en rentrant chez moi le soir, j'ai été plus fatigué que jamais ces derniers temps.

Et si la masse des affaires ne m'a pas plus touchée que ça, il y a quand même deux noms et visages qui sont ressortis du lot.

Samael Dunfear, déjà. Et je suis inquiet pour mon pote, alors pourtant que ça changera plus rien au passé, que si j'avais pas su, rien n'aurait été différent aujourd'hui, parce que c'est une histoire révolue, et que j'ai, au demeurant, absolument pas à m'en mêler. Ca m'a pas empêché de lui en parler, parce que je peux tout simplement pas garder ça pour moi.

Et puis ce visage. Angus Jeffrey McKie. Je colle un nom à ces mèches blondes et ces grands yeux clairs qui viennent récupérer mon loyer depuis que je suis arrivé, grâce à un tri d'archives à la con. Et putain ce que ce type m'a donné envie de gerber. Pas McKie, le jules de sa mère. Ca été classé comme un putain de fait divers, la mère avait abandonné la garde aux services sociaux, y avait prescription de toute façon, et le cas c'était lui qui défonçait la gueule d'un camarade, pas le reste. Et ça en est resté là. Mais comment on peut faire ça à un môme, Boże święty !? Je suis franchement pas sûr que j'honorerais mon badge si je me trouvais face à ce type.

Mais ce soir, c'est bien face au môme abusé que je me retrouve. Môme qui a bien grandi, et pour cause, on n'a que quelques années d'écart si j'en crois son dossier. Et si j'ai rien à dire de son passé, ne serait-ce que parce que je ne suis pas censé être au courant, je me retrouve quand même comme un con à le dévisager quand il vient frapper à la porte ce soir.

- Ah oui. Le loyer.

J'ai bugué, ça s'est vu, et ma réaction est pas vraiment pour le cacher. Tant pis. Je ramène la somme due, comme si de rien n'était ou presque, mais propose un verre avant de le laisser repartir.

- Je peux t'offrir un truc à boire ? Je vais tâcher de pas avoir l'air d'un tenancier de bar mais... je peux te proposer une bière brune, un whisky, du gin ou de la w...vodka... et je dois avoir quelques sodas ou jus de fruits, sinon...

J'ai des restes du phrasé de mes grands-parents, parfois, mais combien de fois on s'est foutu de ma gueule avec ma wódka. "Tu peux pas dire vodka comme tout le monde ?" Faut croire que non, je dois toujours me reprendre moi-même...

- Si t'as une minute bien sûr...

Ouais parce que bon, c'est bien beau de lister tout le bar, mais il a pas forcément envie de rester en vrai... Et je sais pas si j'arriverai à trouver des arguments pour le convaincre...
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Invité a posté ce message Mer 19 Juin 2019 - 5:09 #


Billy was a bright one
Tommy's off his head
Mother loved them both the same,
at least that's what she said
I don't predict the future,
I don't care about the past
Send them both to DSS, now you had your chance

The poison who stole your babies
The judges took your rights
You can have your children,
or the night

I suppose you've a victim
I suspect you may have lied
If you've lost all ambition
won't you give this thing a try
If you can't and you fail won't be the only loser
These kid don't stand a chance
with you in their future


Dropkick Murphys – The State of Massachusetts – Thomas + Angus

Dropkick Murphys - The State of Massachusetts

1er juin 2019

Ça te surprenait toujours un peu. Que Ciccone accepte d’avoir des locataires bien mieux nantis et non pas de pauvres hères terrifiés qui comprenaient l’anglais à moitié. Ces gens-là étaient plus prompts à appeler la police que de faire directement affaire au propriétaire et chialait au moindre problème. Surtout que ton boss insistait toujours pour être payé comptant. Pas de chèque. Et surtout pas de transfert Interac. Tu ne voulait pas savoir pourquoi, bien que t’avais ton idée là-dessus depuis le début. Ça te saoulait, parfois. Les choses auraient été réglées à chaque mois. Et ça t’aurait fait bien moins de boulot. Cinq immeubles répartis au travers de Manhattan, du Bronx et de Wiliamsburg. Cinq. Et Morrison s’était encore une fois foulé la cheville.

Autant dire que le premier du mois n’était pas ta journée préférée, hein?

Il y avait eu un peu de merde en matinée. Ramirez, de Hunts Points Ave. t’avait pointé un flingue dessus et traité de tous les noms. T’avais dû lever les bras en l’air, donner des excuses à la con et appeler du renfort alors que t’aurais juste aimé lui sauter dessus, arme ou pas. Les autres gars de Ciccone étaient débarqués lorsque tu avais quitté l’immeuble, presque honteux.

Et puis, il y avait la vieille Kowalski, qui n’avait pas payé son loyer, en trois mois. L’appartement sentait encore le chou bouilli et la pisse de chat. Cette vieille te secouait les tripes, à chaque fois que tu la voyais. Ses enfants avaient oublié son existence depuis longtemps et elle était toute seule. Toute seule avec ses cinq putains de chats. T’acceptais ses biscuits rassis que tu fourrais dans ta poche et tu t’assoyais, deux minutes, pour l’écouter parler un peu, en essayant de ne pas trop respirer l’air autour de toi. Puis t’étais obligé de lui rappeler, pour le loyer. Elle te donnait quelques dollars et s’excusait, encore et toujours. Toi, tu savais qu’on ne lui accorderait pas un mois de plus. Elle se retrouverait à la rue et ses chats, à la fourrière. Mais tu ne pouvais rien faire pour elle. Rien. Si un locataire ne te payait pas, tu devais noter. Point. On ne déconnait pas avec Ciccone. Sinon, c’est ta tête à toi qui allait rouler.

Et puis, il y avait le bloc, dans West Williamsbourg que ton patron venait d’acquérir. Les mieux nantis. Vallait mieux y aller de soir. Tous des gens avec un job stable, qui travaillaient de jour. Ça te faisait chier à chaque fois. Une heure et quart de transport en commun de chez toi. Tu raterais le match, à la télé, tu le savais. Mais au moins, il n’y avait pas d’histoires, avec eux. Ils payaient rubis sur l’ongle.

« Je peux t’offrir un truc à boire? »

Tu arrêtes de compter les billets, un instant et tu dévisages le type, de biais. C’est la deuxième fois qu’il t’invite, comme ça. La première fois, t’as fait comme si t’avais rien entendu. Peut-être parce que t’avais dû faire tout le chemin la semaine d’avant pour lui dire d’arrêter de se prendre pour Farinelli passé 23h.

Tu lèves les yeux vers lui avec une moue agacée. C’est la deuxième fois, ouais, et ça te rend mal à l’aise. Un mec n’insiste pas, comme ça, pour prendre une bière avec un pur inconnu. Et t’es loin d’être con, Angus. Tu l’as vu, comment il te regarde. Oh oui, tu l’as vu.

Et pourtant, tu restes là au pas de la porte, comme un imbécile. Ça fait deux mois, maintenant. Deux mois que t’es rentré dans ce bar, dans Greenwich Village. Un mec t’as entrainé dans les toilettes et t’a fait une pipe. C’était glauque à souhait. C’était chiant. Autant que de se payer une fille et de faire ça sur un bout de trottoir. T’as catégoriquement refusé de lui rendre la pareille. Juste d’y penser te donne encore la nausée. Ça te rappelle trop de choses. Trop… beaucoup trop de choses. Et la dernière chose dont tu veux te souvenir, c’est de la queue de Bob. T’es sorti du bar en te disant que t’étais peut-être guéri pour de bon. Mais non. On ne guérit pas ça. C’est ce que dit ton psy.

Le mec est vachement mignon. Il a un regard doux, tellement doux. Et il a beau sonner british, il a parfois le même accent que la vieille Kowalski. Sa wòdka, ouais.  Tu inspire par le nez et tourne le regard vers le couloir, pour ne pas qu’il voit ton expression. Tu ronchonnes comme toujours.

« Mate. J’ai encore douze autres logements à faire. »

Tu roules les yeux au ciel et tu comptes à partir du début, en soupirant, les yeux rivés sur les billets. Puis tu empoches, le visage taillé dans le marbre. Tu marmonnes un merci à peine compréhensible et tu te diriges à la porte suivante, sans un seul mot ou un regard de plus.

**

18 juin 2019

Les Bruins ont perdu la Coupe. Ça te déprime encore un peu, 6 jours plus tard*. Tu t’es réfugié dans la lecture, avec quelques bières, comme à chaque fois. Pourquoi se faire des idées, comme ça, sur un sport ridicule quand on peut lire des trucs franchement plus glorieux? Tu te poses la question à chaque année. Tu passais une soirée tranquille et voilà qu’on t’appelle. Une plainte pour bruit. West Williamsbourg. Pourquoi t’es pas surpris?

Tu sors la clé à mollette que t’as fiché en dessous de ta chemise à carreaux et tu frappes trois grands coups sur la porte avec. À l’intérieur de l’appartement, c’est le remake d’une comedie musicale de Broadway quelconque. Le type ne t’entends pas. La voisine du pallier sort la tête de son appartement, la tête pleine de bigoudis. Tu le sais. Elle est à l’origine de la plainte. Une mégère qui n’a pas baisé depuis les années 40. Il n’est que 21h, bordel. Tu lui jette un regard noir. Noir comme ton âme. Comme la colère qui te pollues l’intérieur depuis ton premier cri. Une heure et quart de transport en commun alors que les bouchons d’oreilles sont en solde chez CVS Pharmacy. L’autre, il est parti dans son délire. Arrêtera-t-il à 23h? Tu en doutes. Et un aller-retour Bronx-Williamsbourg à minuit? Tu frappes plus fort.

La porte s’ouvre enfin. Le type a l’air surpris de te voir. Non, mais il s’entend?

« Maaaate. Tu t'es trompé d'avenue. Broadway, c'est pas ici. Ça te dirait de chanter juste dans ta tête? Ou d'aller casser d'autres oreilles dans un karaoke où les gens sont payés pour endurer ça? Il y a des gens qui dorment, ici. »

Tu inspire par les narines. Il est beau, comme ça, avec son air désolé. Tu rougis, malgré toi. Tu te mords la lèvre. T’as pas envie de reprendre le metro. T’as pas envie de revenir, dans deux heures, pour la même chose. Et puis, t’as fini ta journée. T’es rompu. T’as juste envie de t’écraser, avec une bière. Ou deux. Ou trois. De ne penser à rien.

« Si tu te la fermes pour le prochain mois, je prendrais une bière, ouais. Ou peu importe ce que t'as. »
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Invité a posté ce message Mer 19 Juin 2019 - 23:57 #

Quand je suis arrivé et qu'il a fallu trouver un logement, pour pas squatter indéfiniment chez mes potes et parce que j'ai définitivement besoin d'indépendance, j'ai un peu galéré, notamment parce que mon contrat commençait tout juste, et parce que je refusais de m'éloigner trop de mes partenaires de musique. Et puis il y a eu cette annonce juste à côté. L'aubaine. J'ai un peu tiqué quand le proprio a expliqué qu'il ne prenait que du cash, et je me fais pas trop d'illusion sur ce qu'il fait pour gagner sa vie. Mais je ferme les yeux, parce que ça m'arrange un peu de rester là. Pour l'endroit, pour le loyer. J'ai pas voulu demander de l'aide à ma mère, là-bas en Angleterre, j'assume.

Si bien que tous les premiers du mois, il y a cette tête blonde qui frappe à ma porte, pour réclamer son dû. Et on va pas se mentir, ça me va bien de le voir lui plutôt que le proprio lui-même.

C'est pas la première fois que je me lance pour lui proposer de boire un verre, au milieu de sa... récolte. La première fois, je crois qu'il a pas entendu, et je me suis rétracté, j'ai pas relancé. De peur d'un refus, et de paraître lourd avec ma proposition. Ce soir, je retente, sait-on jamais. McKie s'arrête de compter les coupures, et me lance un regard pas vraiment très engageant. Un peu comme quand il débarque pour me demander de fermer ma gueule parce que ça gêne la voisine... Pire, même, j'ai l'impression que ça le rend carrément malade que j'aie osé proposer ça, alors je lève les bras en signe de reddition quand il m'oppose clairement son refus.

« Mate. J’ai encore douze autres logements à faire. »

Techniquement, c'est une raison valable. Mais je crois que ça sert d'excuse parce que ma demande était déplacée. Il recommence à compter, et je patiente, appuyé sur le chambranle de la porte. A peine un merci plus tard, il disparaît dans le couloir et derrière l'autre porte du rez-de-chaussée, pour réclamer son dû. Et moi je soupire, et ferme le battant pour retourner m'échouer sur mon canapé.

*


18 juin 2019


Bam bam bam.

J'entends rien, complètement plongé dans The Phantom of the Opera. Ca fait peut-être une demi-heure que je suis rentré, grosse journée bien que peu glorifiante, et je suis dans ma cuisine en train de finir ma tambouille, la musique résonnant autour de moi, accompagnant ma voix. Je me suis fait enguirlander par l'envoyé du proprio, le mois dernier, mais faut croire que j'apprends pas vite. En réalité, je m'en rends pas trop compte. Je me laisse emporter, et je réalise pas que ma voix prend autant d'ampleur. Ni l'heure qu'il est.

BAM BAM BAM.

Psiakrew, qui c'est qui vient défoncer ma porte à cette heure ? Je m'interromps, la musique joue toujours en fond, mais j'ai fermé ma gueule pour aller ouvrir. Et je me retrouver nez-à-nez vers le visage blond que je commence à bien connaître, mais que je m'attendais pas à voir ce soir. Parce qu'on n'est plus le premier du mois... Ce qui signifie que...

« Maaaate. Tu t'es trompé d'avenue. Broadway, c'est pas ici. Ça te dirait de chanter juste dans ta tête? Ou d'aller casser d'autres oreilles dans un karaoke où les gens sont payés pour endurer ça? Il y a des gens qui dorment, ici. »


Je suis mortifié. C'est pas la première fois, chaque fois je me promets de faire gaffe, que je le lui promets aussi d'ailleurs, pour faire taire la rombière d'à côté. Mais il suffit que je mette la musique qui me plaît, et c'est reparti comme en quarante, je peux pas m'en empêcher.

« Bloody hell, il est si tard que ça ? »

Regard jeté à la montre à mon poignet, avant de croiser à nouveau celui qui vient me demander des comptes. Euh... T'es sérieux, pal ? Elle râle à cette heure-ci ? Je suis cramoisi depuis que j'ai ouvert la porte, mais voilà que lui aussi pique un fard, et je trouve ça touchant. Je sais pas ce qui génère cette réaction, mais je peux pas nier que ça me laisse pas indifférent. Et la lèvre qu'il mord là... Hum...

« Elle abuse un peu quand même... Te faire venir alors qu'il est même pas 22h... Je suis désolé, hum... Tu veux entrer un instant ? Histoire de pas être venu trop pour rien ?
- Si tu te la fermes pour le prochain mois, je prendrais une bière, ouais. Ou peu importe ce que t'as.
- Bière, whisky, vodka... »


J'ai complètement prononcé wódka dans ma tête, ouais... et j'ai l'air d'un alcoolique, là, ou bien... ?

« Et d'autres trucs plus ou moins softs... Bière, donc ? »

Je l'ai laissé entrer, j'ai fermé derrière lui, et l'ai invité à regagner le salon, pendant que moi je me suis à nouveau dirigé vers la cuisine. Et j'ai ouvert le frigo pour commencer à sortir une bouteille brune avant de me tourner vers l'autre pièce.

« Brune ou IPA ? »

Non j'ai pas de blonde classique pardon. Je suis venu le rejoindre sur le canapé avec deux bouteilles pour armes et le décapsuleur, que j'utilise aussitôt pour lui filer la bière qu'il a choisie. Et je lève la mienne en guise de toast. Nazdrowie... Je vais pas le dire, tu vas rien comprendre et me prendre encore plus pour un demeuré...

« Vraiment, je suis désolé que ça te fasse faire de la route pour ça... Elle pourrait pas juste venir me le dire, la voisine, plutôt que de te faire appeler direct ? »

Je passe quand même une main embarrassée derrière ma nuque. Ouais, elle m'agace la voisine, elle pourrait juste agir en personne adulte et civilisée, en plus je suis pas de mauvaise volonté, je fermerais ma gueule. Mais non, c'est tellement mieux de faire suer tout le monde... Cela étant, c'est moi qui perds toute notion d'amplitude vocale et de temps qui passe quand je me mets à chanter, et je peux comprendre que ça l'agace, elle aussi. Mais encore une fois, il suffirait qu'elle vienne me le dire...

« J'ai rien contre le fait de t'offrir un verre, mais ça te fait quand même sans doute pas mal de chemin juste pour ça, et t'as sans doute mieux à faire... »

Genre t'occuper de ta mère, mais ça, je vais éviter de le dire... Et je me fais la réflexion qu'il faudrait vraiment que je fasse venir la mienne un de ces quatre, soit dit en passant...
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Invité a posté ce message Sam 22 Juin 2019 - 9:41 #

The Phantom of the Opera.

Pourquoi ne l’avait-tu pas remarqué avant? La colère, sans doute. La frustration. Celle de devoir perdre tout son temps pour des cons incapables de vivre ensemble. L’un qui chante à tue-tête sans réfléchir et la harpie d’à côté qui s’imagine que la terre entière est vouée à son petit confort. La salope. Tu baisse la tête un instant et tu lâche un juron à mi-voix. T’en a parfois marre, de tout ça. Marre.

Mais qu’est-ce que tu veux faire d’autre, Angus? Qu’est-ce que tu peux faire d’autre? Tu ne le sais même pas. Tu ne sais plus à quoi t’accrocher. Ni quoi espérer. T’as rien devant toi. Rien…

Tu prends une grande respiration et réalise que t’as la mâchoire et les poings serrés. Tu ferme les yeux un moment et écoute la musique, sans un mot. The Phantom of the Opera. Tu le connais par cœur. C’est ton prof d’anglais, au lycée, qui vous avait d’abord lu le livre en classe. Il t’avait réellement interpellé, ce génie musical, caché, seul, dans l’ombre. Sa rage et son désespoir ne t’étaient pas inconnues. Au fond, tu te sentais comme lui. Tu avais trouvé un CD un peu égratigné et tu l’avais écouté et écouté dans ton vieux discman jusqu’à ce que le disque casse.

Tu te râcles la gorge. Stanhope te regarde, toujours aussi cramoisi et commence à bredouiller que tu dois avoir d’autres plans, pour ce soir. Tu parles… À part ramasser ta mère ivre morte dans la cage escalier de ton immeuble et te faire gueuler des insanités dessus, t’as pas grand chose de prévu. Tu pointe la bière brune qu’il a entre les mains.

« À chaque fois que tu me me vois, tu m’invites et quand finalement je dis oui, tu te défile. Faudrait se brancher. »

Tu as les mains un peu moites. Tout ça te rend nerveux et tu détestes ça. Tu ne sais pas quoi ajouter d’autre. T’ignores comment il interprètes ce « oui » que t’as lâché pour avoir la paix. Est-ce que vraiment pour ça que t’as accepté cette bière? Pour avoir la paix? Mais qu’est-ce qu’il veut? Pourquoi cet inconnu insiste tant pour t’offrir un verre, comme ça? Et pourquoi t’as accepté, d’abord? Hein, pourquoi, mon petit Angus?  

Tu te frotte les mains fébrilement et accepte la bière qu’on te tend. Tu contemples l’étiquette pour éviter le regard du mec. Un truc importé, qui vaut bien plus cher que le pack de Pabst quotidien que tu peux te permettre. Tu fais quelques pas vers le canapé et y écrase tes fesses en lâchant un soupir et porte la bouteille à tes lèvres. Pas mauvais. Pas mauvais du tout. Tu fais rouler le liquide sur ta langue, les yeux rivés sur la table basse.

«  Elle fait chier tout le monde, comme ça. Quand c’est pas toi qui t’égosille à minuit, c’est la fille du dessus de chez elle qui marche trop fort ou l’autre type d’à côté qui fume trop d’herbe à son goût. Elle s’imagine qu’il y a des rats dans les tuyaux. Le mois dernier, j’ai dû passer je ne sais pas combien d’heures au sous-sol pour lui fermer le clapet. Y a pas de rats. C’est juste de vieux tuyaux, comme partout à New York. C’t’une plaie, c’te femme. Elle nous appelle au moins six fois par mois pour des conneries. Et Ciccone déteste qu’un locataire fasse appel aux poulets, alors…»

Tu secoue la tête d’un air exécré et avale une autre gorgée de bière. Il est venu s’asseoir à côté de toi sur le canapé et t’évites trop de le regarder. Tu peux presque sentir sa chaleur et son regard te bruler le cou. Tu commences à te faire des films et tu le sais. Peut-être que dans le fond, il ne sait pas quoi faire de son mardi soir, c’est tout. La musique joue toujours en sourdine et tu te concentre dessus, pour éviter de penser au reste. La trame est passée à the Music of the Night. Tu te met à fredonner tout bas, les paroles, sans trop penser.

Softly, deftly, music shall caress you
Hear it, feel it, secretly possess you
Open up your mind, let your fantasies unwind
In this darkness which you know you cannot fight
The darkness of the music of the night


Tu te passe la main sous le nez, un peu mal à l’aise. Tu renifles. Tu engouffres quelques gorgées et secoue ta bière, voir combien il en reste. Tu en as vidé les deux-tiers en un rien de temps. Que va-t-il penser? T'aurais envie de sortir le joint que t'as, dans ton porte-feuille. Pour te détendre un peu. Le gars a l'air d'un type relax, après tout. Mais la vieille...

« Tu vois, t’es pas obligé de gueuler, pour chanter un peu. »
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Invité a posté ce message Dim 23 Juin 2019 - 0:23 #

Je sens bien qu'il n'est pas ravi d'être là et je peux pas vraiment lui en vouloir. Je vois bien les poings et la mâchoire serrés malgré la tête baissée. Je propose un verre presque en désespoir de cause, m'attends à un nouveau refus... qui ne vient pas.

Oui ? Vraiment ? Je suis surpris, et sans doute que ça transparaît dans cette question qui vise plus ou moins consciemment à lui donner l'occasion de se défiler. Pourtant au fond, j'espère que non. Je voudrais qu'il reste, pour une fois... et sans doute que j'espère plus que ce qu'il pourra jamais se passer.

« À chaque fois que tu me me vois, tu m’invites et quand finalement je dis oui, tu te défiles. Faudrait se brancher. »

Ca me cloue le bec un instant. Il a raison quelque part même si en réalité, ça n'est pas vraiment question de me défiler... alors je lui tends la bière, un peu soulagé de le voir la prendre et s'installer sur mon canapé. Et je me confonds encore en excuses - va vraiment falloir que j'arrête ça... A ma décharge, même si je suis pas mécontent de partager une bière avec lui, j'ai jamais eu l'intention de le faire traverser la ville parce que la mégère d'à-côté l'aurait appelé...

« Elle fait chier tout le monde, comme ça. Quand c’est pas toi qui t’égosilles à minuit, c’est la fille du dessus de chez elle qui marche trop fort ou l’autre type d’à côté qui fume trop d’herbe à son goût. Elle s’imagine qu’il y a des rats dans les tuyaux. Le mois dernier, j’ai dû passer je ne sais pas combien d’heures au sous-sol pour lui fermer le clapet. Y a pas de rats. C’est juste de vieux tuyaux, comme partout à New York. C’t’une plaie, c’te femme. Elle nous appelle au moins six fois par mois pour des conneries. Et Ciccone déteste qu’un locataire fasse appel aux poulets, alors… »

Je me mords la lèvre un instant, me venge sur ma bière. Pas de risque que je fasse appel à mes collègues ou sorte ma plaque pour la calmer, la vieille d'à-côté, mais la façon d'évoquer ma profession en dit long. Je me fais pas d'illusion, quand j'ai débarqué, avec la ferme intention de m'installer près de mes potes, et que le proprio a manifesté son désir d'être payé cash uniquement, et qu'il a pas vraiment demandé de référence, je me suis douté qu'il était pas forcément très net. Mais j'ai fermé les yeux, et je compte bien continuer à le faire. Au moins un moment en tout cas. Et The Music of The Night a commencé à jouer emplissant nos silence.

Mon silence.

Softly, deftly, music shall caress you
Hear it, feel it, secretly possess you
Open up your mind, let your fantasies unwind
In this darkness which you know you cannot fight
The darkness of the music of the night


Je suis surpris de l'entendre fredonner, et je tourne la tête pour l'observer à nouveau, l'écouter davantage. Ca, je l'ai pas vu venir. Mais je trouvais déjà le type charmant, ça ne fait que renforcer mon attirance, à l'évidence. Je suppose que mon regard doit en dire trop long, devenir trop pesant : Il s'arrête subitement, le malaise remonte instantanément d'un cran. Et je vide une gorgée de ma bière, en me raclant légèrement la gorge. La sienne est presque vide, la mienne à moitié seulement, mais je viens d'en avaler une large rasade, histoire de me donner une contenance, si bien qu'elle ne va pas faire long feu non plus...

« Tu vois, t’es pas obligé de gueuler, pour chanter un peu. »

Je souris à cette petite pique, secoue la tête, les coudes sur mes genoux, mes deux mains autour de ma boisson à présent.

« Ca commence généralement comme ça. Et puis je me laisse emporter. Pour ça que je sais pas si je peux tenir une telle promesse que celle que tu me demandes. J'ai pas envie de te faire traverser la ville pour rien mille fois, mais je peux pas promettre de jamais me laisser embarquer par la musique... C'est plus fort que moi... »

Et ça risque pas de s'arranger sur des morceaux comme Down once more... tiens... Non mais ce final ! Ce final !

« Là, comment tu veux que je fasse ça sotto voce ? »

Ca doit avoir l'air d'une fausse excuse, je suppose, pourtant c'est on ne peut plus vrai. Je peux pas m'en empêcher. Il y a forcément un moment où je vais déraper.

« T'as un joli brin de voix toi aussi, soit dit en passant... »

Et franchement, quitte à faire chier la voisine, j'aimerais bien en entendre un peu plus. Ma bière est presque vide, et la sienne davantage encore, je me lève et retourne en chercher d'autres, sans vraiment poser la question. S'il en veut pas, je le forcerai pas. Si ça lui chante, il y a qu'à tendre la main. Et moi, j'en décapsule une seconde à peine j'ai terminé la précédente.

« Tu joues un peu ?... »

Je tente de combler les silences, de ne pas les laisser s'éterniser. Et de pas vider trop vite ma seconde bière, aussi... Qui sait ce que je risque de me laisser aller à faire, avec un coup dans le nez... ? Et je sais pas vraiment comment ça pourrait être reçu... Je me dis qu'il a accepté de rester, d'un côté, mais accepter un verre, et accepter un rapprochement physique, ça reste deux choses différentes... Mon regard posé sur lui est sans doute trop appuyé cependant pour réellement laisser planer le doute. Il me plaît, c'est indéniable. Mais je m'efforce au calme, histoire de pas le faire fuir dans l'instant. Je suis célibataire depuis trois ans, depuis que j'ai débarqué à New-York. Mais ça veut pas dire que je doive me transformer en prédateur non plus... Je me rends bien compte que je guette une ouverture quand même, et il en faudrait pas beaucoup pour que je tente quelque chose...
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Invité a posté ce message Lun 24 Juin 2019 - 6:39 #

« Voce quoi? »

Tu secoue la tête, en lui coulant un regard en biais, à Stanlope. Tu détestes quand on te sort un truc trop extravagant, comme ça. Un truc que t’aurais sûrement pu apprendre aux dernières années de lycée ou à l’Université, tu te dis. Ça te fait honte, au fond. Honte de ne pas le savoir. De ne pas avoir cette culture-là.

Tu te renfrognes, Angus. Tes épaules se crispent et tu portes plus d’attention encore à ta bouteille. T’essaie de décoller l’étiquette, du bout de l’ongle. Mais c’est pas une bouteille américaine. Ça ne se décolle pas comme ça. Ça te frustes. Tu aimerais conserver cette étiquette quelque part. Sur ton frigo, peu importe. Quelque part. Ça vient du Royaume-Uni. Là où t’es né. Et tout ce que tu arrives à faire, c’est de déchirer. Tu lèves la tête en l’air, les larmes presqu’au yeux. T’arrive même pas à conserver un fragment de chez toi.

« Ouais ben, va falloir que t’essaie vraiment fort parce que, j’ai d’autres choses à faire, mec. »

À peine la nouvelle bière en main que tu la cales de moitié. C’est bon, ce truc. Ça goûte d’abord amer, puis ça goûte le sucre, le caramel, les noisettes et un paquet de trucs. Ça goûte vraiment l’alcool et pour une bière, ça compte.

« Ça vient du Royaume-Uni, ça, non? Tu viens de là ? Ça s’entend, juste à ta façon de parler. T’es pas d’ici, toi. Bon, d’accord. Personne n’est d’ici, vraiment. Pourquoi tu continues à boire des trucs de là-bas ? »

Pourquoi t’es pas resté là-bas, hein? C’est la question implicite qui se juxtapose à tes mots bâtards. Qu’est-ce qu’il y a de si mal à rester chez soi, dans la vie? C’est à ta mère que tu aurais voulu la poser, cette question. Joey est enterré là-bas. Tu te sens comme un étranger ici. Alors que tu te souviens pas d’où tu viens.

Tu secoues la tête à nouveau, concentré sur l’étiquette que tu déchires plus encore. T’ose pas le regarder, Stanhope. T’aime le tracé de sa barbe sur ses joues. Tu n’aimes pas l’admettre mais tu adores son accent à la con. T’aime son foutu sourire timide. Ses yeux trop doux, sous les sourcils épais. Juste ça, ça te donne la chair de poule. T’aime pas ça, Angus. T’aime pas être vulnérable, comme ça. Non, t’aime pas ça. Tu ne sais toujours pas ce que tu fous, sur ce canapé.

Tu te lèves nerveusement et tu avales une autre gorgée en faisant mine de t’intéresser au contenu de la bibliothèque. Tu touches à tout, les livres, les Cds, les DVDs. Vous avez un peu les mêmes goûts musicaux, tu remarques. Il aime le rock. Bon, peut-être un peu plus soft que toi mais il aime le rock. Tu attrapes un roman et le retourne entre tes doigts, pour y lire le quart de couverture. Un roman policier. T’en a déjà entendu parler. Tu hoches la tête, pour approuver le choix de ses lectures et tu remets sagement le livre en place. Il y a le portrait de Stanhope, un peu plus jeune et d’une femme, sur une étagère. Nope. Ce n’est pas sa sœur. Pas de la manière dont il la regarde, sur la photo. Tu le prends un instant pour les observer. Ils ont l’air au diapason, sur le portrait. Ils ont l’air fous l’un de l’autre. Il la dévore des yeux.

Un peu comme il le fait présentement avec toi.

Tu replaces le cadre et reporte la bouteille à tes lèvres, songeur, sans dire un mot, les yeux toujours rivés sur le portrait. Ça fait un an et demi que tu passes, à tous les mois et tu n’y as jamais vu la moindre présence féminine. Qu’est-ce qui s’est passé entre vous deux, love birds, hein? Tu te gardes bien de poser la question. C’est pas de tes affaires.

Tu marmonnes un autre merci, lorsqu’il te complimente, sur ta façon de chanter. Tu te râcles encore la gorge et fait la moue. Tu n’aimes pas chanter devant qui que ce soit. T’as toujours peur qu’on se moque de toi, qu’on te traite de pédé.

Connor disait lui aussi que t’avais du talent, pour la musique. Il allait même jusqu’à plaisanter et dire que ta mère disait peut-être la vérité, quand elle se mettait à fabuler à qui voulait bien l’entendre, que Kurt Cobain était votre père, à Joey et toi. Tu riais avec lui, même si tu avais en douce vérifié les dates, avec tous tes espoirs, sur Google. 1991. C'était la dernière fois que Nirvana avait joué en concert en Écosse. Ça ne concordait pas du tout.

Tu l’aimais bien, Connor. Linda aussi. C’était ce qui s’était rapproché le plus d’une vraie famille, pour toi. Connor avait eu son époque rocambolesque d’excès, dans le temps, et avait été le bassiste d’un groupe jazz. Linda était vendeuse de produits Avon à ses heures et kiffait un peu trop les trucs New Age. Ils étaient à leurs retraites. Ils étaient montés de la Nouvelle-Orléans jusqu’à New-York dans leur roulotte pour te rencontrer toi et ta mère. Même si t’avais fait quatre foyers d’accueil dans les deux dernières années d’avant. Tu avais déjà de sérieux problèmes de comportements. Tu avais même commencé à prendre des cuites régulièrement, à même pas treize ans. C’était une ancienne amie de Linda qui travaillait à l’ACS qui leur avait parlé de toi. Connor t’avait confié que sa grand-mère était une McKie, elle aussi et blaguait sur le fait que vous étiez peut-être des cousins éloignés. Il t’avait dit que quand tu serais prêt, tu pourrais leur parler de Bob. Il n’avait pas insisté, lui. En tout cas, pas devant toi. Tu te souviens très bien de ses éclats de fureur, quand ils pensaient que tu n’entendais pas. Du fait qu’ils avaient invité ta mère à te rendre visite, dépenses payées et qu’elle ne viendrait pas, parce qu’elle était toujours avec Bob, malgré ce qu’il t’avait fait. Tu l’avais entendu, Connor, dire entre les dents qu’il l’aurait tué, ce type. Encore aujourd’hui, t’ignores pourquoi ces deux-là t’ont pris sous leur aile. Mais ça avait été les deux plus belles années de ta vie. C’est là où tu avais pris un peu de cet accent du sud. Pour être comme eux. Connor t’avait appris à lire les partitions et à jouer. Ils t’avaient offert ta propre guitare électrique, à Noël pour te récompenser des améliorations. Les bagarres avaient diminué de moitié et tes notes frisaient la perfection.

Et puis Connor avait fait un AVC. Paralysé sur tout le côté droit. Incapable de parler et de manger ou d’aller aux toilettes seul. Toi, t’étais incapable de le regarder. Tu étais en colère. En colère après Connor. Comme s’il avait fait exprès. En colère d’avoir perdu ce qui s’était le plus rapproché d’un père. Tu t’étais remis à boire en cachette. Linda s’était assis à coté de toi, sur ton lit et t’avait pris la main, les larmes aux yeux. Et t’étais retourné dans le système fédéral.

« De la guitare, ouais. »

Ta voix te paraît rauque. T’as toujours un peu la gorge serrée, quand tu repenses à eux. Linda t’envoie une carte de Noël à chaque année, avec des tas de slogans psycho-pop dedans de pensées positives. Et une invitation à revenir la voir, à Métairie. Même si t’es pas venu à l’enterrement de son mari, il y a cinq ans. Même si t’es toujours incapable de prendre le téléphone et de l’appeler.

« Ça fait un bout que j’en ai pas joué. »

Qu’est-ce penserait de Connor de toi, maintenant, hein? Qu’est-ce qu’il penserait, de te voir te faire sucer par un autre mec, dans un bar de strip-teaser? Qu’est-ce qu’il penserait de te voir ici, dans ce salon?

Tu inspires. Un coup, deux coups. Connor et Linda t’auraient probablement donné un préservatif et une claque dans le dos.

« Toi? »

Tu retournes t’assoir à pas lents sur le canapé, plus raide que jamais. Non, ce n’est pas seulement ton imagination. Et sois honnête avec toi-même, pour une fois. T’as accepté ce verre pour ça. Ça fait un moment déjà que tu as remarqué comment il te regardait, quand tu passais, pour le loyer. Tu renifles. Est-ce que les gays peuvent vraiment s’identifier entre eux d’un coup d’oeil? Est-ce que c’est parce que c’est écrit dans ton front ou il a simplement lancé sa ligne à l’eau, avec le premier étranger, comme ça? Il n’a pas peur de se faire casser la gueule, lui? Tu rejettes un oeil au portrait et ça te saute aux yeux. Est-ce que c’est parce que tu lui fait penser à cette femme, avec ton chignon blond cendré à moitié défait et tes traits trop délicats à ton goût? Tu te passes la main sur le visage. Tu frottes le début de barbe qui te pousse, au menton. Tu ne sais pas quoi faire, Angus.

« Tu me ressers une autre bière? »
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Invité a posté ce message Lun 24 Juin 2019 - 9:36 #

« Voce quoi? »

Je me mords la lèvre, embarrassé. Je vois bien son regard en biais, les épaules qui se crispent, le visage renfrogné. C'est sa bière qu'il regarde, refusant de croiser mon regard, et je passe une main nerveuse dans mes cheveux.

« A voix basse, pardon... »

Au fond, je suis pas certain qu'il y ait réellement quelque chose à pardonner, c'est pas un drame de pas connaître une expression, ni d'avoir utilisé un vocable qu'un autre ne connaît pas. Pourtant, c'est quand même des excuses que je lui présente, parce que je n'aime pas du tout le fait de l'avoir mis mal à l'aise.

Je le vois tenter de détacher l'étiquette du bout de l'ongle, la déchirer, et la quitter des yeux pour fixer le plafond. Et je me retrouve embarrassé à nouveau quand il renchérit concernant mes débordements vocaux.

« Ouais ben, va falloir que t’essaies vraiment fort parce que, j’ai d’autres choses à faire, mec.
- J'en doute pas. »


Même ce soir, il avait sans doute autre chose à faire. Pourtant il est là, à côté de moi, à enchaîner les bières.

« Ça vient du Royaume-Uni, ça, non? Tu viens de là ? Ça s’entend, juste à ta façon de parler. T’es pas d’ici, toi. Bon, d’accord. Personne n’est d’ici, vraiment. Pourquoi tu continues à boire des trucs de là-bas ?
- Parce que c'est bon. Meilleur que les lagers fades d'ici. »


Du pouce, je caresse presque l'étiquette de la mienne de bière, me demande ce qu'il y trouve de particulier. Le sous-entendu est évident, pourtant je n'y réponds pas. Pas pour le moment. La réplique est toute faite pourtant, dans ma tête. Pourquoi t'es pas resté là-bas ? Pour mettre le plus de distance possible entre mon paternel et moi. Quitte à m'éloigner aussi du reste de ma famille, ouais.

Je repose le regard sur lui quand il se lève, fait le tour de la pièce, s'arrête pour observer le contenu de la bibliothèque. Ses doigts sillonnent les rangées de livres, CDs, DVDs, s'emparent d'un roman policier et il hoche la tête en déchiffrant la quatrième de couverture. Je souris derrière ma bière, mais mon sourire retombe comme il s'attarde de la photo qui trône, toujours, au milieu des romans.

Mary-Ann et moi, avant qu'on apprenne son état de santé.
Il ne pose pas de question, pourtant je me sens obligé de répondre à celle qu'il garde sans le moindre doute pour lui, mes doigts jouant nerveusement avec l'alliance que j'ai jamais retirée.

« Elle est morte il y a... pas mal d'années maintenant. »

Un froid s'engouffre dans la pièce en même temps que le silence qui s'y attarde. C'est avec la musique que je me décide à le briser, en le complimentant sur ce que j'ai entendu. Il bredouille un vague remerciement, se racle la gorge, visiblement embarrassé. Le silence, à nouveau. Ce putain de silence, que je supporte mal après un concert, presque autant que maintenant. Tu joues, mate ? Réponds-moi, s'il te plaît, que j'arrête de me venger sur ma bière déjà presque vide.

« De la guitare, ouais. »

J'entends l'émotion dans sa voix.

« Ça fait un bout que j’en ai pas joué. »

Est-ce que c'est pour ça qu'il se retrouve si ému ? Parce qu'il a laissé son instrument au grenier et que ça lui manque ? Ou pour autre chose ?

« Toi?
- De la basse. Et un peu de guitare aussi, mais principalement de la basse. »


Je vais peut-être pas préciser que le voisin qui fait chier avec sa weed, c'est mon meilleur pote et le chanteur et guitariste de mon groupe, n'est-ce pas ? Il est revenu s'asseoir, trop lentement, trop mécaniquement. Presque à reculons. Et je me sens con soudainement, à pas trop savoir quoi faire ou dire. Et maintenant, petit génie, tu fais quoi ?

« Tu me ressers une autre bière?
- Sure. »


Merci pour ça, pour me donner une échappatoire en te resservant. Je vide le reste de la mienne d'un trait, en décapsule deux nouvelles. Le stock va pas faire long feu, je sens bien, mais je m'en plains pas. Ce soir, il me faut bien ça. Parce que j'ai pas envie de te laisser repartir tout de suite, et qu'en même temps, je sais pas trop bien comment agir. Je revois les pages de ce dossier judiciaire, les mentions de l'agression sexuelle, l'abandon de la mère, les familles d'accueil. La faute à pas de chance, avec l'AVC de celui qui l'avait accueilli. J'aurais sans doute pas dû tout lire dans les détails comme ça. Je serais peut-être plus naturel, si je savais pas pour ce connard de Bob. Mais j'ai pas pu m'empêcher de lire, et dans les détails encore. Tout comme je sais pas m'empêcher de me rapprocher de lui en tendant cette troisième bière, le regard plongé dans le sien. Bière que je garde peut-être un peu trop en main, alors qu'il s'en est déjà emparée. Et la mienne reste sur le bord de la table basse, libérant mon autre main qui vient doucement se poser sur son genou comme mon visage se rapproche du sien, tout mon corps tourné vers lui.

Vers ses grands yeux clairs fuyant, et ses lèvres fines, surmontées de cet irrésistible grain de beauté. Un an et demi qu'il a frappé pour la première fois à ma porte, et que son visage a marqué mon esprit. Un an et demi que ses traits fins s'imposent à mes songes nocturnes et me laissent pas vraiment serein au réveil. Est-ce que je vais me faire jeter, comme à chaque fois que j'ai proposé un verre, auparavant ? Peut-être. Peut-être qu'il n'est pas de ce bord, et qu'il n'a accepté ce verre que pour ne pas faire l'aller-retour dans lam minute. Peut-être que je me fais des idées. J'ai pas de gaydar particulier, comme j'entends dire parfois. Je suis jamais sûr de l'attrait ni des préférences de l'autre, mais qui l'est, réellement ? Tant pis. Tant pis si je gâche tout, je peux pas m'en empêcher, j'en meurs tellement d'envie... Et mes lèvres s'approchent de sa bouche, peut-être un peu trop hésitantes, à la recherche d'un baiser...
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