(leonel) surprise visit

Je m'ennuie. Je viens de finir mon rendez-vous avec une maison d'édition pour mes dessins, qui vont peut-être être sélectionnés pour illustrer un livre qui va sortir. Je prie, je veux ce job, au moins, je pourrais dire que j'avance au moins dans quelque chose dans ma vie. Au lieu de passer mon après-midi et ma soirée à stresser comme une folle, je préfère aller chez quelqu'un, voir un ami. De là où je suis, à vélo, le plus proche, c'est Leonel. Ce garçon si... attirant ? Que je connais depuis des années et que je garde encore le goût de ses lèvres imprégnées sur les miennes. Je ne peux pas dire si c'était une petite amourette, ou juste pour s'amuser. Je n'en sais rien en fait. Le seul mec qui a éveillé un soupçon de mon palpitant, c'est Kenneth Rojas. Mon Kenny... dont je n'ai plus trop de nouvelles depuis ma grosse bêtise. Pourquoi l'avoir embrassé ? Non mais Leah, t'as intérêt à rester loin des mecs que tu trouves craquant. Erreur fatale, je suis devant la porte de Leonel et je sonne. Je ne sais pas s'il est là. Après tout, il est tôt dans l'après-midi. Le connaissant, il est surement en train de boire une limonade en terrasse. Ou un verre alcoolisé plutôt. Je reste un moment immobile, les bras croisés, je suis en train de me dire que je perds espoir alors je tourne les talons pour m'en aller. Jusqu'à ce que la porte s'ouvre. Je fais volte face, accrochée sur mon vélo, un pied sur le sol et je souris en voyant mon ami. « oh, t'es là ! salut leo, t'as bonne mine. » bonne mine vraiment ? Je ne dirais pas. On dirait qu'il s'est pris le mur en se réveillant ce matin. « je t'ai réveillé, peut-être ? » que je dis d'une petite moue en me mordant la joue, l'air désolée, mais faussement désolée. J'avais envie de le voir et quand j'ai une idée en tête, je peux en faire un caprice pour avoir ce que je veux. Après tout, il est quatorze heures, s'il a fait la fête hier, en pleine semaine, il est surement en gueule de bois. Qui sait, peut-être encore saoul de la veille.

Tu n’arrêtes pas de voyager ces derniers temps. Martin venant de plus en plus souvent avec toi. Il aime être la petite mascotte de l’équipe, leur porte-bonheur. Ça t’a demandé d’embaucher une nounou qui te coûte un bras au vu des heures qu’elle fait. Elle est jeune, souhaite mettre de l’argent de côté pour pouvoir reprendre ses études. Si vous pouvez vous rendre service mutuellement alors tout roule sur des roulettes. Hier soir, ou plus exactement cette nuit, vous êtes revenus du Canada. Épuisé, vous vous êtes endormi tous les deux dans la chambre de l’enfant, habillés. Incapable de pouvoir faire un mouvement de plus. Écrasé à moitié par l’enfant qui va bientôt fêter ses sept ans, ronflement léger dans l’oreille, la sonnette d’entrée te sort de tes rêveries. Bouche pâteuse, tu te réveilles, lèves la tête et regarde dans l’heure sur ce réveil dinosaure. Il est tard, la journée a déjà bien avancé. Pas étonnant qu’une personne pointe son nez dans l’espoir vous tenir compagnie. Tu grognes, et te glisses du lit doucement pour ne pas réveiller Martin, toujours profondément endormi. Dans le noir, tu marches lentement jusqu’à la porte et sors de la chambre et descends au rez-de-chaussée éclairé par la lumière du soleil rayonnant. Yeux encore à moitié clos, cheveux en bataille, tu ouvres la porte d’entrée et vois une forme remontant à vélos. Difficilement, tu arrives à reconnaître Leah. Tu tentes de sourire lorsqu’elle te taquine, mais ta bouche forme surtout une grimace « Qu’est-ce qui te fais dire ça ? » Tu te frottes la tête. « Allez entres, ton vélo ne risquera rien. » Tu traînes des pieds et fais demi-tour pour retourner dans le salon.

Prévenir de ma venue ? Oh non, surement pas. Je suis comme ça, imprévisible, spontanée. J'adore faire peur aux gens ou simplement leur faire une surprise. Et puis comme je le dis, quand j'ai une idée en tête, impossible de me la faire partir de mon citron tant que je ne l'ai pas assouvie. J'attends, et je perds espoir. Je recule mon vélo, prêt à m'en aller pour continuer mon chemin, mais Leonel ouvre la porte. Alléluia. Je souris joyeusement et je m'approche un peu de lui, toujours à moitié assise sur la scelle de mon vélo. « t'as la trace de ton oreiller sur ta joue. » que je réponds amusée en faisant une petite grimace. J'espère que c'est agréable de voir Leah Burgess au réveil ? Vu le smile qu'il porte sur ses lèvres, ça devrait être oui. Leonel m'invite et je m'exécute. Je laisse mon vélo à l'entrée et je le rejoins à l'intérieur. Bon dieu ça fait un bail que je ne suis plus venue mettre les pieds ici. Je suis mon ami du regard et je m'arrête à sa hauteur, dans le salon. Je me pince les lèvres. « t'es vraiment sur que tu veux de moi ici ? maintenant ? ça me dérange de t'avoir réveillé. je peux très bien repasser ou... » toujours en train de trop parler moi, comme à mon habitude. Mes yeux se posent sur la cafetière et je souris. « tu veux que je te fasse du café ? » totalement hors sujet mais si je peux au moins me rendre utile pour me faire pardonner... Enfin, pardonner de quoi ? D'arriver comme une fleur à l'improviste, ok, je comprends, mais à quatorze heures... quoi que, c'était peut-être l'heure de la sieste en fait.

Je ne suis pas gênée non, si c'est la question que vous vous posez. Je fais ce qui me chante, et ça plait ou ça ne plait pas. Bon, je ne vais pas non plus débarquer à deux heures du matin chez lui, le sortir du lit, juste parce que j'ai envie de papoter. Quoi que, j'ai déjà réveillé Blake à cinq heures du matin car j'allais faire une crise d'angoisse. Mais Leo, c'est encore autre chose. On est en pleine journée. Je m'excuse quand même, alors que c'est hyper rare pour moi de demander pardon à quelqu'un. Mais en voyant sa tête, ses petits yeux endormis, je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir coupable. Quoi ? Bien sûr que ça m'arrive de temps en temps d'avoir de la compassion et de l'empathie. « d'accord chef, mais tu me vires quand t'en as marre. » de me voir, d'entendre mon rire, pour retrouver la paix. Car moi, je suis comme un ouragan qui débarque dans ta vie et quand tu m'invites chez toi, ta maison tremble tellement j'ai de l'énergie à donner. Je lui propose de faire un café pour me faire pardonner et je m'exécute. Okay, un grand café, sans sucre, comme d'hab quoi. Facile à retenir. Je mets la machine en route, le temps qu'elle chauffe et je fais volte-face, m'appuyant contre le comptoir, pour le regarder. « boh je sais pas trop. je passais devant chez toi et j'me suis dit que ça faisait longtemps que je n'avais plus de nouvelles de toi alors... » j'hausse les épaules. Sans doute parce que t'es fort pris avec la femme de ta vie, cette grande blonde que je jalouse un tout petit peu, faut se l'avouer. On a déjà eu un baiser échangé, il fut un temps, mais il ne semble pas y apporter grande importance. Alors que moi, j'ai genre embrassé que deux garçons dans ma vie, et à chaque fois, le baiser n'a rien donné. « tu sais comme je suis, imprévisible, à débarquer sans prévenir. » je souris. Je prends une grande tasse comme il me l'a demandé et je la remplis de liquide chaud à l'odeur du bon café du matin.

« T’inquiète, je devrai pouvoir survivre à ta compagnie. » dis-tu en plaisantant. Tu sais pertinemment que Leah ne va pas t’embêter. Généralement, tu passes de bons moments avec elle. C’est une vieille amie en qui tu as toute confiance. Tu ne risques pas de t’ennuyer avec elle. Juste, qu’elle évite d’être bruyante qu’elle peut l’être habituelle. Tu n’es pas encore assez réveillé pour subir autant de bruit. Toi-même, tu es bien incapable de te mettre à brasser du vent aussi rapidement qu’à ton habitude. Du moins pas durant les trente minutes qui vont suivre. Chaque chose en son temps. T’acceptes donc facilement son café. Ce qui va certainement te réveiller plus rapidement. Et oui, il n’y a rien de tel que du café. Dire que tu n’aimais pas ça jusqu’à il y a quatre ans. Aujourd’hui, tu ne peux plus t’en passer. « C’est vrai que ça fait des lustres qu’on ne s’est pas vu. Ce n'est pas facile, j’ai des matchs quasiment tous les jours lorsque la saison de baseball est lancée. » Six voir sept jours sur sept tu fais des matchs par semaines. Fort heureusement, tu n’as pas à bouger à travers tout le pays, mais majoritairement dans les états de l’Est. Ça limite les voyages à travers les Etats-Unis. Parfois, tu peux joueur plusieurs jours d’affilé dans une même ville, et contre la même équipe. C’est à si perdre lorsqu’on ne s’y connaît pas. A côté de ça, tu as Martin dont tu dois t’occuper, et il y a aussi Meghan. Tu leur voues beaucoup de ton temps libre. « Mais t’as bien raison, sinon ça serait difficile de se voir. » Souvent, ça se passe comme ça. On ne prévient pas, et on débarque chez toi. C’est plus simple pour te piéger, et te voir quelques minutes. Heureusement, aujourd’hui, tu es totalement libre. « Bon, dis moi ce que tu deviens depuis tout ce temps. » Tu récupères la tasse de café, et viens la mettre entre tes mains. Ça sent délicieusement bon.

Je dois peut-être être bizarre comme fille. Je vais souvent vers les gens, et non l'inverse. A croire que je fous la trouille. C'est vrai quoi ? Personne ne vient sonner chez moi à l'improviste, peu de gens prennent de mes nouvelles. Tout ce dont j'ai droit ce sont des claques de bises quand je vous croise dans la rue. Sans plus. C'est souvent moi qui me déplace jusqu'à eux, qui cherchent leur compagnie. Et parfois, je vous jure parfois je sais  que je dérange à venir chercher du contact comme ça. Mais j'en ai besoin. Je suis une grande enfant qui a du mal à rester seule dans son appart, même si j'ai beau vous dire que je déteste mes voisins. J'ai débarqué chez Leo spontanément et je me sens un peu bête de l'avoir réveillé.  « et surement une femme non ? ou plusieurs ? »  je fais une petite moue puis j'étire un sourire. Le mettre mal à l'aise, j'y arriverai jamais je crois. Je ne connais même pas sa situation amoureuse. Quand on s'est embrassé, il n'y avait personne, il me semble. Maintenant, ça a surement changé. Leonel a beau me sortir toutes les excuses qu'il veut, il est fort pris par une gonzesse. C'est malheureux mais c'est normal. Je lui donne sa tasse de café lorsqu'elle est prête et je soupire bruyamment quand il me demande ce que je deviens. « mmh rien ? j'arrive à un stade de ma vie ou je sature un peu. y'a rien de neuf, rien de palpitant, tout est plat et c'est fatiguant. » j'aimerais me trouver un but, quelque chose qui me motive, qui me donne envie de me lever le matin, mais je ne trouve pas. Quand je vois mes amis qui se casent tous à gauche à droite, je me rends compte que si j'avais pas la coloc de la dream team, j'sais pas ce que je deviendrais. « parfois je me dis que je devrais me barrer quelques mois, tout foutre en l'air et kiffer ailleurs. » seulement, je suis trop attachée à mon cocon New York ici. Je me vois mal quitter cette ville du jour au lendemain.