s'il te plais parle moi. [Hestia et Calypso]

Comme tous les jours, je dois sortir Naïko, mon petit amour a bien le droit a sa petite promenade non ? Mais avant tout, direction le Gimme Coffee. J’ai besoin de ce café du matin que je prends toujours à emporter avant d’aller me promener avec mon petit bébé. Après une bonne petite douche je choisis enfin ma tenue. Un legging, un crop-top et une veste et c’est bon. Je m’attache les cheveux en queue de cheval haute et je prends la laisse de Naïko. Il arrive comme un dingue en entendant le bruit de celle-ci et s’assoit bien gentiment pour que je l’attache. Une fois chose faite je prend mes clés, mon téléphone et mon portefeuille et c’est partie.
Après quelques minutes de marche me voila au café. J’ai la chance qu’ils acceptent les chiens mais surtout que Naïko est encore tout petit et qu’il tient dans mes bras. Je n’aime pas déranger avec la présence de mon chiot. En entrant je me rends directement au bar pour commander mon latté habituelle avec un petit supplément de chocolat. C’est mon péché mignon je n’y peux rien. Le service ce matin est très rapide puisque j’entend mon prénom dans la minute qui suit ma commande. J’aime quand je n’ai pas besoin d’attendre. Je prends mon café dans ma main et remercie le jeune homme qui me l’a fait. En partant je parcours machinalement la salle du regard jusqu’à exceptionnellement tomber sur une personne que je connais. Une personne que je ne vois plus depuis un moment maintenant et qui, je dois l’avouer, me manque énormément. Je m’approche doucement de peur de me prendre sa boisson en plein visage. « Salut, Caly » Je ne sais pas si elle va lever la tête pour me regarder ou si rien qu’à ma voix elle saura qu’elle va m’ignorer. Je croise simplement les doigts pour pouvoir parler à ma chère sœur.

Avant d’aller au bureau, tu te décides d’aller te poser dans ce café où tu as pris tes habitudes matinales. C’est assez récent. Un rituel mis en place dès ton premier jour à la maison d’édition. Avant ça, tu prenais ton café à la caserne avec le restant de la team. C’était l’occasion de tous vous retrouver et de prendre le petit-déjeuner ensemble. C’était bien plus amusant. Parfois, ils te manquent. Ces mecs ont su rendre tes années de services intéressantes. Avec eux, tu savais t’amuser, parler de choses futiles comme importantes. Ce qui n’est pas le cas de tes nouveaux collègues. Tous bien trop pressés, occupé pour partager cinq minutes. Tu te terres dans ton bureau la plupart du temps, et ne connais pas la plupart des personnes qui bossent pour cette boîte. Mais ça ne te dérange pas tant que ça. Tu profites donc de ces minutes de temps libre pour prendre ton café dans un lieu calme, bien loin des futurs romans de l’année ou de la plus grosse catastrophe jamais connue sur Terre. Et comme à ton habitude, tu sors un livre, un que tu passeras très certainement à Miles pour qu’il puisse lui aussi le découvrir. Tu fais glisser les pages sont index droit. Parcours chaque ligne de tes yeux. Et bois cette boisson chaude sans regarder où tu tends la main. Avant machinalement. Une présence à tes côtés vient te cacher la lumière naturelle. Assombrir ta lecture. Tu daignes regarder la personne uniquement quand elle s’adresse à toi. Et avant même de lever les yeux, tu sais de qui il s’agit. Hestia. Tu reconnais parfaitement sa voix. Celle qui t’irrite, t’agace. « Hestia. » dis-tu simplement d’un bref regard. Et tu retournes ton attention sur ton livre. Tu ne lui proposes pas de s’asseoir. Et si tu lui demandes de partir, alors il refusera et insistera pour venir se poser en face de toi. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » De votre langue maternelle, tu lui adresses la parole. C’est détaché. Une phrase qui ne semble pas vouloir de réponse. Car, tout ce que tu souhaites c’est qu’elle trace sa route. Qu’elle oublie t’avoir croisé.

Ce matin quand je me suis levée je ne pensais pas tomber sur ma grande sœur au détour de ce café durant ma balade matinal avec Naïko. Je ne l'avais jamais croisée ici avant, mais je ne pouvais pas passer à côté d'elle sans même la saluer. Je sais qu'elle m'en veut d'être son opposé vis à vis de nos parents. Elle n'a jamais compris que je n'ai pas sa force de caractère pour me retourner contre notre père. Je suis incapable d'imaginer ma vie sans eux, malgré leur pression sur nous depuis tout petit j'ai réussi à faire avec et je sais très bien que je suis le genre de fille qui a peur d’être abandonnée par ses proches. Caly est la personne qui me manque le plus dans ma vie. Il m'arrive très souvent de faire ce même cauchemars. Elle est là, face à moi puis elle se retourne et marche dans la direction opposée. J'ai beau l’appeler la supplier de revenir elle s’évapore. C'est à ce moment-là que je me réveille en hurlant son nom. Cette distance me ronge mais j'ai l'impression que c'est peine perdu. Elle me déteste.
« Hestia. » Une seule parole et je sens que je suis déjà de trop ici. Je ne compte pas l'embêter trop longtemps, mais je ne comptais pas simplement passé à côté d'elle comme à côté d'une pure inconnue. Elle ne tarde pas à replonger son regard dans son livre comme si je n'étais qu'une moins que rien. C'est surement ce que je suis après tout. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » avait-elle dit dans cette langue que seule elle te parle. C'est dans cette même langue qui est la nôtre que je lui réponds. "Je sais que tu n'as aucune envie de me voir Caly, je veux juste savoir comment tu vas et ce que tu deviens." Je sens la réponse venir comme quoi je n'ai aucun droit de lui demander ça. J'aimerais tellement qu'elle s’apaise enfin face à moi simplement pour être cordiale afin de simplement pouvoir avoir des nouvelles une fois de temps en temps.