Je m’étire doucement, écoutant d’une oreille distraite les discussions qui se mélangent dans la pièce. Aujourd’hui, nous passons du temps en salle à faire des ateliers ou encore, à nous renforcer musculairement grâce aux équipements du club. Tout le staff est là, à faire travailler chaque joueuse de notre équipe, que ça soit les titulaires, les remplaçantes ou les internationales qui sont encore en phase de reprise, comme moi et Ozalee. J’ai passé vingt bonnes minutes à faire certains mouvements avec un élastique autour des mollets pour me faire travailler encore plus. Après une heure intense à faire les différents ateliers, je choisis de ralentir un peu le mouvement en allant pédaler un peu sur un des dix vélos qui sont placés les uns à côté des autres devant la baie vitrée. En montant sur le vélo, j’observe ce qui se passe à l’extérieur, la baie vitrée donnant sur le terrain d’entraînement qui est désert pour le moment. Je bidouille certains réglages et commence ainsi à pédaler. En fait, je me suis installée à côté d’Oz’ qui fait elle aussi du vélo. Je lui lance un sourire… disons, fatiguée. « Le fameux combo reprise et mauvaise nuit. » ai-je lancé en m’étirant à nouveau.
Invité a posté ce message Mer 14 Aoû 2019 - 15:11#
Putaaaaaain … Je grogne intérieurement pour éviter d’envoyer promener le coach qui semble décidé à me faire comprendre que je suis carrément à côté de la plaque aujourd’hui. Et c’est vrai. Moi qui suis toujours énergique d’habitude, là j’avance au ralenti, fais mes exercices comme s’il s’agissait d’une montagne à gravir. J’ai l’habitude pourtant. Avec la coupe du monde, j’ai passé des mois intensifs dernièrement mais il n’y a rien à faire, je suis fatiguée. Le genre de fatigue qui vous assomme, ne vous laisse pas faire le moindre effort parce que ça serait trop demander. Le genre de fatigue que je ne supporte pas et j’ignore d’où elle sort. J’ai eu le temps de me reposer après notre victoire en France, le temps de laisser le soleil en Grèce me donner assez de vitamines D pour une année complète mais il faut croire que ce n’est pas assez. Peut-être que je devrais penser à ralentir mes nuits en charmante compagnie ? Toujours est-il que j’en ai ras-le-bol et que je décide d’aller me faire transpirer sur un des vélos abandonnés par le reste de l’équipe. Perdue dans mes pensées, m’insultant en silence, je ne prends pas conscience que Roxanna m’a rejoint, du moins pas immédiatement mais quand je le fais, je suis rassurée de voir qu’elle semble être aussi en forme que moi. « Le fameux combo reprise et mauvaise nuit. » Je grimace, ralentis un peu et modifie la dureté de mes pédales pour pouvoir parler sans donner l’impression d’être à deux doigts de tourner de l’œil. « Ouais enfin même si je dors pourtant, j’ai pas la moindre idée du pourquoi je suis autant crevée mais ça semble pas préoccuper le coach. Je crois que la dernière fois qu’il m’a gueulé dessus comme ça c’était … je m’en souviens pas en fait. » C’est dire à quel point ma fatigue est surprenante. « Et toi ? Mauvaise nuit en mauvaise compagnie ou y a un truc qui va pas ? »
Invité a posté ce message Jeu 15 Aoû 2019 - 11:51#
Ça ne fait que quelques jours que nous avons repris et je suis déjà fatiguée. Je ne sais pas comment je dois le prendre. J'ai une pensée pour mes anciennes coéquipières en Europe qui vont devoir affronter toute une saison avant de pouvoir se reposer à nouveau. De toute façon, les saisons post compétition internationale sont toujours difficiles. Nos corps ne sont pas des machines et plus les années passent, plus ça se ressent. Si on ajoute à ça mon genou qui est parfois récalcitrant... ça peut devenir compliqué. Cependant, même si une certaine douleur dans mon genou se réveille de temps en temps, ce n'est pas la raison pour laquelle j'ai mal dormi cette nuit. En fait, il n'y a pas vraiment de raison. Parfois on dort mal et puis c'est tout. J'aurais juste aimé que ça n'arrive pas pendant la phase de reprise. Je prends cette période très au sérieux vu que je ne veux pas me blesser dès mon premier match. Alors après m'être concentrée comme je pouvais aux différents ateliers, je vais me détendre un peu sur un des vélos alignés devant la baie vitrée. Je prends le vélo à côté d'Ozalee, tant qu'à faire. Autant bosser et discuter en même temps. « Ouais enfin même si je dors pourtant, j’ai pas la moindre idée du pourquoi je suis autant crevée mais ça semble pas préoccuper le coach. Je crois que la dernière fois qu’il m’a gueulé dessus comme ça c’était … je m’en souviens pas en fait. » annonce Ozalee en changeant les réglages des pédales. J'esquisse un sourire, comprenant très bien ce qu'elle veut dire. Et je dois dire que je suis rassurée aussi, de pas être la seule à être crevée. « Ouais je vois ce que tu veux dire. C'est pour ça que je passe mon temps à éviter le coach depuis que je suis arrivée. » ai-je dit en lui jetant un regard entendu. Certes, ce n'est pas facile mais je me débrouille. Les gens du staff ont deviné mon manège vu que j'ai tendance à les coller mais ils n'ont rien dit. « Et toi ? Mauvaise nuit en mauvaise compagnie ou y a un truc qui va pas ? » Je commence à pédaler tranquillement, vraiment très tranquillement vu que la dureté de mes pédales est presque inexistante. Je secoue la tête. « Non, rien de spécial. J'ai juste... mal dormi. Aucune compagnie en vue, même pas une mauvaise. J'ai mis un peu tout ça en pause depuis notre préparation pour la Coupe du monde et j'ai été pas mal occupée pendant les vacances... » ai-je soupiré. J'ai beau prétendre que mes jouets me suffisent largement, c'est vrai qu'ils ne remplacent pas totalement la présence d'un homme et ça me manque un peu en ce moment. « Toi aussi alors, t'as juste mal dormi ? Aucune raison particulière ? » ai-je fait surprise. On est synchro même sur ça, c'est impressionnant. À croire qu'on n'est pas seulement synchro sur le terrain, mais aussi en dehors. « En tout cas si on continue comme ça, on va cirer le banc jusqu'à octobre. » ai-je fait avec un sourire. Je dis vraiment ça pour plaisanter vu qu'on est encore au tout début de notre reprise.
Invité
Invité
Invité a posté ce message Ven 16 Aoû 2019 - 10:47#
Incapable de me donner à fond, c’est souvent ce qui finit par me mettre de mauvaise humeur. Je suis une perfectionniste depuis que je suis gamine. Le sport ne coule pas dans mes veines puisque je suis la seule sportive pro de la famille, mais j’ai toujours adoré ça et j’ai toujours été douée. Être aussi molle, ça m’agace. Je voudrais me donner à fond, prouver encore et toujours de quoi je suis capable seulement quand le corps ne veut … eh bien il ne veut pas. Je ne suis pas wonder woman, arriver à un moment mon corps ne peut pas donner plus, qu’importe si je le veux vraiment. Sauf que je déteste cette impression de décevoir et de me donner en spectacle. Du coup, j’ai préféré aller m’isoler vers les vélos, là où je sais que le coach ne viendra pas me chercher. C’est Roxanna qui me rejoint et, en toute franchise, ça ne me surprend pas. Nous sommes les deux épuisées par la coupe du monde et qui ont du mal à se remettre d’aplomb pour la fin de saison. « Ouais je vois ce que tu veux dire. C'est pour ça que je passe mon temps à éviter le coach depuis que je suis arrivée. » Aveu qui me fait rire alors que j’arrête de pédaler quelques secondes. « J’aurais dû y penser mais faut croire que même mon cerveau est trop fatigué pour me permettre de réfléchir intelligemment. » Je vais sans doute faire comme la brune dans les prochains jours si ma fatigue reste là, à me suivre partout comme mon ombre. Je n’ai pas envie de passer mes jours d’entraînements à me faire critiquer, ma patience risque d’arriver à ses limites et je ne voudrais pas lui donner un bon coup de tête pour lui comprendre de me foutre la paix. « Non, rien de spécial. J'ai juste... mal dormi. Aucune compagnie en vue, même pas une mauvaise. J'ai mis un peu tout ça en pause depuis notre préparation pour la Coupe du monde et j'ai été pas mal occupée pendant les vacances... » J’agite la tête. Je comprends parfaitement ce qu’elle veut dire. J’ai été aussi focalisée qu’elle sur nos matchs et il n’y a que depuis mon retour à New York que j’ai pris un peu plus de … temps pour moi dirons-nous. « Toi aussi alors, t'as juste mal dormi ? Aucune raison particulière ? » Je prends tout de même quelques secondes pour réfléchir à cette question au cas où quelque chose m’aurait échappé puis je hausse les épaules. « J’admets que certaines nuits ont été occupées mais de là à être aussi fatiguée faut pas pousser. Peut-être le contre-coup des derniers matchs. » De toute manière je ne vois pas ce que ça peut être d’autre. « En tout cas si on continue comme ça, on va cirer le banc jusqu'à octobre. » Là ma grimace est sincère. Cette idée ne m’enchante mais alors pas du tout et je secoue vivement la tête de gauche à droite. « Ah non ! Je me doperais s’il le faut mais je reste pas sur la touche jusqu’à la fin de saison. » Roxanna me connait assez pour savoir que c’est une menace en l’air et que je ne toucherai jamais à aucune merde pour améliorer mes performances, c’est ma façon de lui faire comprendre que je n’ai pas la moindre envie de rester sur le banc durant les prochains matchs. « Ça va passer ! » J’ignore si je dis ça pour la convaincre elle ou moi mais je vais jusqu’à pédaler plus fort comme si ça allait changer quelque chose.
Invité a posté ce message Mer 21 Aoû 2019 - 18:24#
Être épuisée pour aucune raison une journée d'entraînement doit être sur ma liste des choses les plus frustrantes au monde. Je n'aime vraiment pas ça. J'ai l'impression d'être inutile et comme j'ai vraiment envie de me remettre en forme pour la fin du championnat... j'ai envie de tout, sauf d'être inutile. Le seul point positif c'est que j'essaie de m'encourager deux fois plus. Je me dis que ça fait travailler mon mental davantage. C'est toujours bien, quand on est sportif de haut niveau. « J’aurais dû y penser mais faut croire que même mon cerveau est trop fatigué pour me permettre de réfléchir intelligemment. » lance Ozalee alors que nous pédalons toutes les deux. Je souris. C'est dommage que ça nous arrive toutes les deux le même jour mais dans un sens, ça a toujours un côté rassurant de galérer ensemble. De toute façon, après notre compétition en France et nos vacances, ont été obligées d'avoir un coup de mou comme celui-là pendant notre préparation. « Sois pas trop dure avec toi-même Oz... Après tout, t'es championne du monde. » ai-je fait avec un sourire malicieux. Comment ça, ça n'a aucun rapport ? Je sais, mais c'est ce que je dis tout le temps en ce moment. Oui, j'ai peut-être foiré si, ou ça mais je suis championne du monde. Autant dire que mes proches lèvent les yeux au ciel à chaque fois qu'ils entendent cette phrase à présent. Ma coéquipière me demande si j'ai mal dormi pour une raison particulière et je lui explique que ce n'est pas le cas. Et que non, il n'y a aucune compagnie en ce moment. Elle semble comprendre mes explications et j'en profite pour lui retourner la question. Pédaler en discutant de nos vies privées, ça pourrait faire passer le temps plus vite. « J’admets que certaines nuits ont été occupées mais de là à être aussi fatiguée faut pas pousser. Peut-être le contre-coup des derniers matchs. »« Certaines nuits, hein ? » ai-je fait, curieuse. « Et peut-être oui, en même temps c'était obligé qu'on ait un coup de mou à un moment pendant notre préparation, rien d'inquiétant. » J'en suis sûre, impossible de penser au contraire, sinon on est bonnes pour rester sur le banc jusqu'à octobre. « Ah non ! Je me doperais s’il le faut mais je reste pas sur la touche jusqu’à la fin de saison. » lance Ozalee. Je hausse les sourcils et la regarde, amusée et surprise. « À ce point ? Tu devrais aller dire ça au coach, je suis sûre qu'il serait impressionné par ta... motivation. » ai-je fait en rigolant doucement. Après tout, je la connais bien depuis le temps et je sais qu'elle n'est pas sérieuse. « Ça va passer ! » continue Oz. Je hoche la tête, les bras croisés sur ma poitrine pendant que je continue de pédaler en jouant petits bras. « Je ne me fais pas de soucis, ça arrive à tout le monde. Ça ira mieux demain. Si c'est pas le cas... on trouvera une autre solution que les médoc'. » ai-je plaisanté.
Invité
Invité
Invité a posté ce message Sam 24 Aoû 2019 - 15:05#
« Sois pas trop dure avec toi-même Oz... Après tout, t'es championne du monde. » Sa réflexion me fait rire. Je devrais me répéter ça plus souvent pour me motiver. Je suis championne du monde, ça pourrait m’aider à excuser mon côté lent du jour excepté que … non. Il m’est arrivé de faire pire que ça, d’enchaîner deux saisons sur deux continents différents lorsque je le pouvais. Gamine, je faisais plusieurs sports pour vider le trop-plein d’énergie en moi alors très honnêtement, des entraînements et plusieurs matchs même avec de la pression, ça n’explique pas mon état. Enfin c’est peut-être la pause entre la fin de la coupe du monde et la reprise, mon corps a du mal à savoir ce que je veux. « Que veux-tu, je suis trop perfectionniste. » Lancé-je en haussant les épaules. Ce n’est pas loin de la vérité. J’aime faire les choses comme il se doit, persévérer et repousser mes limites. Je n’ai peut-être pas énormément de qualités mais j’en ai malgré tout – et heureusement. Roxanna essaye de savoir si mes nuits ne sont pas trop mouvementées et même si c’est le cas, ça n’a rien à voir – je ne crois pas. « Certaines nuits, hein ? » Sourire malicieux au coin des lèvres, je hausse encore les épaules. « Et peut-être oui, en même temps c'était obligé qu'on ait un coup de mou à un moment pendant notre préparation, rien d'inquiétant. » J’approuve en silence. Pédale encore un peu avant de reprendre la parole. « Certaines nuits, oui. Comme on dit faut savoir se remettre en selle pour par rester traumatisée. » Ma rupture avec Elijah, grand basketteur en Grèce, a fait la une. Les journalistes ignoraient seulement que je l’ai retrouvé en train de s’en faire une autre dans notre lit. J’aurais pu en rester là, décider de ne plus jamais laisser un homme ou une femme m’approcher mais il n’en est pas question. « On va dire qu’avoir pris des vacances était une erreur et la fatigue vient de là. » Je ne suis pas très convaincue mais j’ai besoin d’une raison, je déteste ne pas en avoir. Je change à nouveau la force de mes pédales, modifie le programme pour quelque chose de plus intense et m’installe un peu mieux sur la selle. « À ce point ? Tu devrais aller dire ça au coach, je suis sûre qu'il serait impressionné par ta... motivation. », « C’est certain qu’il adorerait. » A tel point qu’il pourrait me virer pour la saison à coup de pied au cul. Se doper pour un sportif c’est une très mauvaise idée. Alors oui, ça aide, mais il n’y a pas de quoi être fier. Je ne l’ai jamais fait et je ne le ferais jamais. « Je ne me fais pas de soucis, ça arrive à tout le monde. Ça ira mieux demain. Si c'est pas le cas... on trouvera une autre solution que les médoc'. » Ouais les médicaments ne sont pas une bonne idée, à moins de vouloir ne plus jamais jouer ce qui ne nous intéresse pas du tout. Il n’y a qu’à voir notre joie à l’idée de rester sur le banc lors des prochains matchs. « Bref, comment ça s’est passé ton retour dans ta famille ? Toujours tendu avec ton frère ou le fait de ramener une nouvelle étoile ça l’a déridé un peu ? »
Invité a posté ce message Mar 27 Aoû 2019 - 17:47#
D’accord, le fait que je dise qu’elle soit Championne du monde ne change pas grand-chose au final. De toute façon, elle sait très bien que j’ai dit ça pour plaisanter, comme une excuse éphémère. Premièrement, je sais qu’Ozalee est une perfectionniste. Et dans un second temps, parce que si on s’arrête à ça, on ne bossera plus jamais. Même dans un très mauvais jour, on se cachera derrière cette excuse et ce n’est pas possible. Dans ce boulot, il faut toujours travailler et se remettre en questions si tu veux continuer à être titulaire tous les week end. Et je travaille depuis toujours pour m’améliorer. Je n’ai pas le talent inné de certains et certaines. Je me débrouille, c’est sûr, mais j’ai aussi beaucoup travailler. « Que veux-tu, je suis trop perfectionniste. » me répond Ozalee. L’une comme l’autre, nous savons très bien qu’on ne va pas s’arrêter de bosser après ce qui s’est passer cet été. Je hoche la tête. « Ouais… Perso, je sens qu’aujourd’hui va être une exception. » ai-je fait avec un sourire. Je ferai de mon mieux cependant, pour que le reste de l’entraînement se passe un peu près bien. J’ai plus qu’à espérer que demain soit une meilleure journée, pareil pour ma coéquipière. En attendant, le vélo d’intérieur c’est bien, c’est calme. Notre discussion glisse ensuite sur les raisons pour lesquelles on a un peu de mal aujourd’hui. J’essaie d’en savoir plus sur ses programmes nocturnes, j’avoue. « Certaines nuits, oui. Comme on dit faut savoir se remettre en selle pour par rester traumatisée. » Tout en continuant de pédaler, je prends un air plus sérieux parce que comme beaucoup, je sais ce qui s’est passé avec son dernier copain, ce connard de basketteur. Enfin quand je dis comme tout le monde… Si je me souviens bien je suis pas sûre que les médias aient parlé de toute l’histoire. « T’as raison. Faut pas laisser un connard t’empêcher d’en profiter. » ai-je lancé. Il ne manquerait plus que ça ! Je sais qu’elle a eu pas mal de soucis avec ses exs mais bon, c’est Oz’. Elle est canon et se priver de plaisir à cause de certains mecs, ça serait con. « On va dire qu’avoir pris des vacances était une erreur et la fatigue vient de là. » Je fais la moue, pas convaincue mais je réfléchis tout de même. « Je sais pas. On s’est peut-être un peu refroidies mais fallait qu’on souffle je pense. Passer de la Coupe à la fin du championnat en claquement de doigts, je sais pas toi mais ça m’aurait fait bizarre. » Pour commencer, il faut se réhabituer à jouer avec nos partenaires de club, ce qui n’est pas rien. Je finis par augmenter la résistance de mes pédales et le regrette quelques secondes plus tard. Je disais quoi à propos de travailler et ne pas se laisser aller ? Ozalee se met soudain à parler de dopage pour être sûre de ne pas cirer le banc jusqu’à octobre. Je lui dis que le coach devrait être impressionné par sa motivation. « C’est certain qu’il adorerait. » Je pense que le coach la tuerait, tout simplement. Le dopage est un sujet tabou et même si nous ne sommes pas le sport le plus exposé, ça reste évidemment pas du tout apprécié. « Bref, comment ça s’est passé ton retour dans ta famille ? Toujours tendu avec ton frère ou le fait de ramener une nouvelle étoile ça l’a déridé un peu ? » demande Oz. Je hausse les épaules. « Oh tu sais… rien de spécial. Ils étaient tous contents pour moi, même Wyatt. Après comme on a pas vraiment eu l’occasion de parler de tout ça depuis mon retour… disons qu’il est toujours un peu ridé. » ai-je répondu avec un léger sourire. Si je suis honnête, je suis aussi coupable que lui en ce qui concerne notre situation qui n’évolue pas, mais bon. Les bras croisés sur ma poitrine, je fais un effort supplémentaire pour pédaler. « Aaaah les frères... » ai-je fait avec un sourire amusé en pensant qu’elle a aussi un frère.
Invité
Invité
Invité a posté ce message Mer 28 Aoû 2019 - 21:33#
« Ouais… Perso, je sens qu’aujourd’hui va être une exception. » Je suis plutôt assez d’accord avec cette affirmation, pour ne pas dire que je le suis complètement. Cette journée va même entrer dans ma liste des journées noires à bannir de ma mémoire parce c’est honteux. Oui, c’est ça ! C’est totalement honteux de me voir galérer à m’y remettre alors que ma tête le désire tellement. Malheureusement le corps et l’esprit n’arrivent pas toujours à se mettre en accord aussi triste que ça soit dans notre cas. Seulement, j’espère que les prochains jours ne seront pas comme celui-ci. Je pousse un peu plus sur l’effort. Tant que je ne serais pas en nage et que mon souffle ne sera pas entrecoupé il n’est pas question que je ralentisse. C’est sans parler de mon rythme cardiaque qui me semble bien trop calme pour le moment. Enfin, il est inutile d’insister sur le sujet, ce n’est pas ce qui va nous remettre en forme. Non, je dirais même que c’est ce qui risque de me donner un énième coup au moral. Je me contente donc de hocher la tête pour exprimer mon approbation et bidouille encore quelques réglages sur l’écran tactil du vélo. « T’as raison. Faut pas laisser un connard t’empêcher d’en profiter. » Me dit-elle dès que je parle de me remettre en selle. Avec Roxanna nous sommes assez proches pour qu’elle soit au courant de ce par quoi je suis passée. Elle en sait nettement plus que les journalistes qui se sont amusés à mettre ma rupture en avant. Elle sait à quel point Elijah a été pire qu’un enfoiré et combien ça m’a blessé. « Ouais bon faut dire que ça m’a quand même vacciné contre le fait d’être en couple. » Jusqu’à quand telle est la question. Pour le moment je n’ai pas envie de m’investir à nouveau. Non seulement ça demande trop de temps mais aussi trop de ma personne et quand je vois à quel point j’ai du mal à me remettre dans les entraînements je suis persuadée qu’il y a des priorités à ne pas négliger. « Je sais pas. On s’est peut-être un peu refroidies mais fallait qu’on souffle je pense. Passer de la Coupe à la fin du championnat en claquement de doigts, je sais pas toi mais ça m’aurait fait bizarre. » Les lèvres pincées le temps de réfléchir, j’opine assez rapidement en renouant ma queue de cheval. « Je suis pas sûre que ça aurait été faisable surtout, nos corps nous auraient dit fuck au bout d’un moment. Enfin y a pas de raisons que ça n’aille pas mieux dans les prochains jours. » J’ignore si c’est elle que je tente de convaincre ou moi. Les deux j’imagine. On se motive comme on peut même si là je rêve d’une bonne douche et d’un café bien chaud plus que de pédaler sur ce fichu vélo. « Oh tu sais… rien de spécial. Ils étaient tous contents pour moi, même Wyatt. Après comme on a pas vraiment eu l’occasion de parler de tout ça depuis mon retour… disons qu’il est toujours un peu ridé. Aaaah les frères… » Je ricane un peu, totalement d’accord avec elle. Enfin pour ce qui est des frères et même si le mien … eh bien disons que c’est rarement comme c’était avant. « Je vois ! Le mien n’est pas ridé mais c’est plus la même chose depuis des années donc j’imagine que je vois à peu près de quoi tu veux parler. » Assuré-je dans un haussement d’épaules. « Vous n’avez jamais essayé de crever l'abcès ? Désolée si je pose des questions indiscrètes je suis curieuse et c’est toujours mieux que m'apitoyer sur mon sort parce que je suis bonne à rien. » Dis-je en levant les yeux au ciel. C’est surtout qu’elle est mon amie, proche qui plus est, il me semble parfaitement normal que je m’intéresse à elle.
Invité a posté ce message Ven 30 Aoû 2019 - 18:41#
Reprendre le quotidien du championnat après notre compétition de cet été et les vacances n’est pas évident. C’est un équilibre et des habitudes à retrouver. Contrairement à ce qu’on peut penser, cela nécessite un peu de temps de se réhabituer à cette vie là. Après, comme pour beaucoup de boulots, il y a des jours qui sont plus faciles que d’autres et celui-là fait définitivement partie des pas faciles pour Ozalee et pour moi. Mais bon, on n’a pas la choix. On est des professionnelles et même quand on est pas dans le coup, on doit quand même se donner à fond. Alors pendant qu’on pédale sur les vélos d’intérieur de notre centre d’entraînement, on discute un peu, histoire de savoir s’il y a une raison particulière au fait qu’on soit crevées l’une et l’autre. C’est comme ça qu’on se retrouve à parler des programmes nocturnes d’Ozalee. « Ouais bon faut dire que ça m’a quand même vacciné contre le fait d’être en couple. » lance-t-elle. Je hoche la tête, comprenant très bien son envie de se préserver après ce qu’elle a pu vivre. « Une chance qu’il n’y a pas besoin d’être en couple pour profiter, pas vrai ? » ai-je fait avec un sourire et un clin d’oeil. Aaah ça, c’est sûr. Notre époque a beau avoir de nombreux défauts, profiter sans être en couple est quelque chose de commun maintenant, même si nous, les femmes avons des chances d’être appelées par de jolis noms si on fait ça, contrairement aux mecs. « Je suis pas sûre que ça aurait été faisable surtout, nos corps nous auraient dit fuck au bout d’un moment. Enfin y a pas de raisons que ça n’aille pas mieux dans les prochains jours. »« C’est ça. Je pense que nos corps auraient carrément décidé pour nous en fait. » ai-je complété. Il est hors de question que je me blesse pour la fin de la saison. J’ai encore ma blessure de 2017 en tête. Plus jamais. La question ne se pose pas, il nous fallait cette pause, non seulement physiquement mais aussi mentalement. Mais c’est vrai qu’on a dû se refroidir. Pendant un instant, je me concentre sur ma respiration en sentant mes muscles travailler et se crisper de plus en plus. Oz’ me demande ensuite des nouvelles de ma famille et surtout, de mon frère vu qu’elle est au courant de notre situation. « Je vois ! Le mien n’est pas ridé mais c’est plus la même chose depuis des années donc j’imagine que je vois à peu près de quoi tu veux parler. » Je lui fais un petit sourire. « On grandit, j’imagine. Et encore, Wyatt et moi ne sommes pas jumeaux. » Je ne sais pas si ça compte, mais quand même, ça me semble être un tout autre niveau. « Vous n’avez jamais essayé de crever l'abcès ? Désolée si je pose des questions indiscrètes je suis curieuse et c’est toujours mieux que m'apitoyer sur mon sort parce que je suis bonne à rien. » poursuit ma coéquipière. Je l’écoute, dans mes pensées, et ma première réponse est un léger soupire. « Pas encore… Je pense qu’on est trop bornés l’un et l’autre pour faire le premier pas. C’est comme si quelque chose nous bloquait. » Il faudra vraiment qu’un jour, on se débrouille pour mettre les choses à plat, mais ce n’est pas encore le cas. Je jette un coup d’oeil à Ozalee, un sourire amusé aux lèvres. « Depuis quand les championnes du monde s’apitoient sur leur sors ? » Et sur ce, je pédale un peu plus fort et plus vite pour illustrer mes propos. Oui, je sais, je suis lourde avec cette histoire de championne du monde mais on fait ce qu’on peut pour se motiver.
« Une chance qu’il n’y a pas besoin d’être en couple pour profiter, pas vrai ? » Difficile de dire le contraire quand on sait que je suis exactement le genre de femme considérer très élégamment comme une fille facile. Cela dit je n’ai jamais laissé l’avis des autres m’atteindre - à part peut-être celui de ma famille. Je mène ma vie comme bon me semble et si les autres ne sont pas contents, je m’en moque. Ce n’est pas eux qui vont me rendre heureuse ou qui vont me permettre d'avancer. S’il y a bien une chose que j’ai appris au cours des années passées c’est qu’on n’est jamais mieux servit que par soi-même et qu’on peut réussir si on s’en donne les moyens. Je ne dis pas que c’est tous les jours facile, qu’il n’y a pas des moments de doutes, mais ce n’est très certainement pas l’avis d’une tierce personne qui va chambouler toute ma vie. Alors oui je suis certainement ce qu’on considère comme une fille facile mais lorsque je vois ce que m’a apporté le fait d’être en couple je me dis que je suis bien mieux seule à me faire plaisir de temps en temps avec qui je le veux. « Je n’aurais pas dit mieux ! » J’affirme en secouant vivement la tête tout en continuant à pédaler, soit la seule chose dont je me sente capable aujourd'hui. Ça et prendre une douche, manger et retourner me coucher, loin de la forme olympique d’une sportive de haut niveau mais on ne peut pas tout le temps être au top de notre forme. « C’est ça. Je pense que nos corps auraient carrément décidé pour nous en fait. », « Pour avoir déjà tenté de lui en demander trop, je préfère ne pas revivre cette expérience. » Ca remonte au début de ma carrière mais ça m’a assez traumatisé pour que je m’en souvienne comme si ça avait eu lieu la veille. Enfin, il faut aussi dire qu’à cette époque je ne me mangeais pas assez. En fait, j’étais persuadée de ne pas avoir le corps parfait pour mon métier. Trop ronde pour être acceptée, il fallait que je perde du poids mais que je prenne du muscle par la même occasion ce qui s’est révélé être une véritable catastrophe, surtout lorsque j’ai fini par perdre connaissance et frôler le coma de peu. Dans ma condition, rien de plus normal. S’il est en réalité conseillé de faire du sport lorsqu’on est diabétique, avoir un régime nutritionnel catastrophique et surtout très pauvre en se dépensant comme pas possible à côté c’est une grosse erreur. C’est pour ça que jamais, vraiment jamais, je ne prendrai le risque de me doper même en étant au fond du trou. Mais passons. « On grandit, j’imagine. Et encore, Wyatt et moi ne sommes pas jumeaux. » J’aimerais dire être persuadée que ça ne joue pas mais je n’ai connu que ma relation fusionnelle avec Warren et le fait de la sentir diminuer d’année en année me rend presque malade. Je doute que ça soit la même chose pour Roxanna mais je peux comprendre qu’être en froid avec son frère lui fasse du mal. « Pas encore… Je pense qu’on est trop bornés l’un et l’autre pour faire le premier pas. C’est comme si quelque chose nous bloquait. Depuis quand les championnes du monde s’apitoient sur leur sort ? », « Depuis qu’il s’est avéré qu’en fait nous sommes humaines. Oui je sais, moi aussi ça m’a choqué ! » Que je dis en plaisantant. « Ce qui bloque ça s’appelle la fierté, je te promets, c’est le même souci de mon côté. » Un gros souci pour toutes les personnes qui ont un sale caractère comme nous il faut croire.
