Le débutd'un tout premier sourire équivaut au début d'une grande histoireLa vie réserve très souvent des surprises, parfois empoisonnées et parfois délicieuses....
Samedi 04 Août 2018Ellie et EmiliaCurieusement, même en temps de crise, les clients affluaient toujours dans les bars. Peut-être était-ce une façon de couper du travail, du quotidien à la maison ou tout simplement pour voir ce qui se passait ailleurs. Emilia adorait cet environnement et n'échangerait sa place pour rien au monde. Son père adoptif espérait sûrement qu'elle fasse quelque chose de plus gratifiant mais peu importait, Emilia était heureuse. Le BumBumBar battait son plein comme tous les soirs où il ouvrait. Rares étaient les moments de répits pour les barmaids. Heureusement, qu'elles fonctionnaient dans un roulement équitable car bien souvent, elles finissaient sur les rotules. Célèbre par leur musique branchée et leur happy hour généreux, il y règnait une très bonne ambiance et se tenait à une réputation très fiable. Emilia commençait à avoir les articulations des bras qui se rouillaient à force de servir des bières ce qui arrivait généralement lorsque la pause se réclamait. Alors elle adressa un signe à ses collègues, qui voulait dire : « je prends ma pause » et elle retira son petit tablier, révélant un joli petit short en jean.
Elle l'adorait, c'en était presque son préféré et pour pas grand chose, c'était le cadeau d'anniversaire de Freya, sa sœur. Du coin de l'oeil, elle n'avait pas arrêté de zieuter du côté intérieur du bar, là où une brune s'y était installée après qu'elle lui avait servit son verre. Ce dernier ne s'était pas beaucoup vidé et la cliente semblait perdue dans ses pensées. Pour savourer sa pause d'une demi-heure, elle se servit un diabolo-fraise, contourna le comptoir pour aller rejoindre cette inconnue : « Salut! Je peux m'asseoir ? » Elle n'avait pas attendu qu'on lui répondre. Elle s'était saisi du tabouret pour grimper dessus. Pas très grande, pas petite non plus, elle devait quand même prendre son élan pour s'asseoir correctement sur les tabouret-bar. Cela n'avait pas été ignoré par la cliente qui le lui fit la remarque, amusée mais souriante, ce qui rassurait un petit peu Emilia : « Salut! Bien sûr tu peux t'asseoir... Même si c'est déjà fait. » Emilia prit la paille et sirota une bonne gorgée de son diabolo qui lui fit le plus grand bien. Son métier lui demandait pas mal de chose comme savoir rester debout pendant plusieurs heures d'affiler à piétiner et surtout parler, ça vendait bien, de ce que pouvait bien raconter sa patronne. « Cool ! T'es cool ! » Elle passa une mèche de ses cheveux derrière son oreille : « Qu'est-ce que tu fais toute seule ? » demanda t-elle, réellement intriguée. C'était un petit peu sa manière d'approche lorsqu'elle voyait quelqu'un de triste.
En générale, ça marchait plutôt bien. Un grand sourire s'afficha sur le visage de la brune et cela avait eu l'effet miroir sur Emilia. Son sourire est tellement contagieux..., pensa t-elle en écoutant : « Je suis venue oublier certains détails de ces derniers jours dans l'alcool... Mais je crois, que grâce à toi, je viens de trouver une bien meilleure occupation. » « Oh ! » avait répondu Emilia en baissant les yeux, rougissante, un petit sourire marqua le coup. Et puis : « Et toi, qu'est-ce que tu fais dans ce bar ? » Elle prit une autre gorgée de son diabolo, l'eau pétillante lui rafraîchissait la gorge, et la bouche. A la bonne heure ! « Je travaille ici, je t'ai même servie ce verre ! » Elle pointa du doigt d'un ongle parfaitement manucuré le verre que la brune tenait dans sa main puis souris : « Tu veux en parler ? » Sûrement encore bien plongée dans ses pensées préoccupantes, la jolie brune fixa le verre en question et, dans un sourire s'échappant encore de ses lèvres fines mais dons l'ourlet appelait divinement bien la barmaid : « La barmaid... » Emilia leva la main comme si on faisait l'appel, la paille encore dans la bouche : « Effectivement tu m'as servie ce verre... » Après un bref instant d'hésitation qui était peut-être nécessaire pour elle, sa nouvelle interlocutrice répondit : « Je ne sais pas si ça servirait à grand chose... » « Ne crois pas ça, ça sert toujours de parler. Peut-être pas sur l'instant mais l'avenir te le dira.. »
C'était peut-être ce qu'Emilia avait ajouté qui avait convaincu Ellie de parler : « J'ai découvert l'existence d'une sœur jumelle. » C'était évidemment pas ce genre de nouvelle qu'Emilia pensait apprendre et c'est pourquoi elle avait lâché un petit « Oh ! » signalant sa surprise : « Comment l'as-tu appris ? A voir ta tête, ce n'est pas toi qui a fait les recherches... » Aussitôt, Emilia avait fait le rapprochement, si elle avait apprit ça seulement maintenant, c'était probablement parce qu'elle avait été adopté ou pire, abandonné... Qu'en pouvait-elle savoir au juste ? Toujours est-il qu'elle n'allait pas laisser la brunette dans cet état : « Je n'ai fait aucune recherche, et étrangement... Elle non plus. » Son regard se perdit aussitôt dans le vide alors qu'Emilia marqua un signe d'étonnement et puis : « On a failli se rentrer dedans, au cours d'une intervention sur un accident. » Une intervention sur un accident.. Emilia réfléchissait tout en écoutant et les informations se notaient progressivement dans sa tête : « Woah.. » commenta t-elle, surprise dans la manière où les choses s'étaient présentées à ces deux jeunes femmes. Une information qui allait bouleverser toute leur vie en une fraction de seconde : « C'est ce qu'on appelle le Coup du Destin ! » Elle haussa des épaules pour tenter de faire généraliser cette info : « Sais-tu que dans le monde, chaque personne compte au moins 7 sosies ? » Elle laissa ces mots voler dans les airs mais en ne voyant aucune réaction de la part de son interlocutrice alors elle ajouta : « Ce que je veux dire, c'est que tant qu'il n'y a pas de preuve, rien ne te lie à elle, si ? » demanda Emilia, en reprenant la paille entre ses dents. La pauvre, elle ne ressemblait plus du tout à une paille : « Non... Rien ne me lie à elle. Mais si elle est un sosie alors il est parfait... » Le regard de la brune passa de son verre à la barmaid : « Parce que j'avais vraiment l'impression de me voir dans un miroir. On est toutes les deux pareilles. » Emilia leva le doigt comme pour noter une évidence : « Qu'est-ce qu'un sosie d'après toi, si ce n'est quelqu'un qui te ressemble comme deux gouttes d'eau ? »
Elle choqua son verre avec le sien et continua dans sa réflexion : « Je ne vois que deux solutions : Soit tu te décides de mettre un lien avec elle ou tu décides de la laisser partir.. C'est toi qui décide ! » « ça fait plusieurs jours que je me torture avec toute cette histoire... Et en un claquement de doigt, ça semble si simple la façon dont tu le dis. » « Hey, je n'ai pas dit que c'était simple hein ! » L'enchainement était presque parfait, en parallèle, Emilia faisait une introspective de sa propre vie. La jeune blonde faillit dire : « Hakuna Matata.. » mais s'était clairement retenue en se tenant la langue. La brune ne la connaissait sûrement pas assez et on lui avait dit que ses références étaient... très enfantines. Il y avait aussi « Carpe Diem.. » mais là encore, elle n'était pas forcément la bienvenue. « Pour te donner une idée, j'ai eu beaucoup de mal à accepter l'idée de... me lier à ma famille d'accueil – grande histoire !- mais aujourd'hui, j'ai accepté et je n'ai jamais été aussi heureuse ! » commenta Emilia avec entrain. Elle ne pouvait qu'être convaincante puiqu'elle en avait fait des mauvais choix mais celui-là était l'un des meilleurs : « Une famille d'accueil hein... » releva la cliente et Emilia acquiesça : « Oui. » « Toi aussi, tu as été adopté ? » Elle avait haussé des épaules, cherchant un moyen de relativiser mais aussi, de ne pas en dire trop. Ce soir, c'était Ellie qui avait besoin de parler, pas elle : « Moi et ma sœur, oui. On a été six ans dans le système. On a rencontré cette famille quand j'avais 15 ans. » Elle soupira : « Je devais faire un choix et je l'ai fait. » termina t-elle en même temps que son verre. « Comment as-tu su que c'était le bon choix ? » « Comment je l'ai su ? Cela peut te paraître cul-cul la praline mais je l'ai senti. Je leur ai laissé leur chance de m'apprivoiser... Quand j'y réfléchis, ça a été bien les seuls à avoir réussi d'ailleurs. »
