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 Avoir une vie entre ses mains ▬ Andrea

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Invité a posté ce message Lun 27 Aoû 2018 - 18:06 #


Avoir une vie entre ses mains

Deux semaines. Deux longues semaines. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai ce sentiment au fond de moi qui reste ancré, que je n’arrive pas à faire disparaître. J’arrive encore à revoir toute la scène très clairement. Une femme qui arrive en urgence à l'hôpital. On me bip pour me prévenir et quand j’arrive sur place, je remarque que je dois directement la faire monter au bloc opératoire. Je n’avais pas de temps à perdre. Et c’est là que je me retrouve dans le cerveau de cette patiente, avec une grosse hémorragie.

Bien entendu, je ne panique pas, j’ai eu la chance d’être formé pour ce genre de situation. Je suis très doué en plus de ça. Le cerveau humain, c’est quelque chose que j’adore. Il est très difficile de le comprendre. Mais de se retrouver de ce côté de la table, avoir entre les mains la vie d’une personne, c’est quand même quelque chose d’assez fort. Presque déroutant pour être honnête. Mais depuis quelques mois maintenant, je suis dans le grand bain et en tant que titulaire, je ne peux pas faire d’erreur, c’est moi le chirurgien maintenant.

Le pire dans tout ça ? L’opération s’est très bien déroulée, j’ai réussi à la sauver. Et pourtant… Deux semaines, et elle ne s’est toujours pas réveillé. C’est tellement rare de voir ça. J’ai l’impression d’avoir fait une erreur, mais pourtant, ce n’est pas le cas. J’ai repassé la procédure des dizaines de fois dans ma tête, j’ai demandé plusieurs scans, tout ce qu’il faut. Et la patiente ne montre aucun signe qui fait qu’elle reste endormie comme ça.

Le plus difficile dans tout cela c’est de voir cette jeune femme venir tous les jours à son chevet depuis son opération. À force de la croiser, j’ai eu l’occasion de discuter un peu avec elle. Sa fille. Andrea. J’ai parfois du mal à la regarder dans les yeux. Je me demande souvent si elle m’en veut, si elle me porte pour responsable de l’état actuel de sa mère. Mais même si son regard me semble parfois difficile à supporter, je dois faire mon travail. J’aimerais vraiment trouver une solution pour ramener cette femme parmi nous.

C’est aujourd’hui le quinzième jour de coma pour Abbey Reynolds. Je me dirige vers sa chambre, comme chaque jour, pour prendre ses constantes et vérifier s’il y a un changement ou non. Je pose mon stéthoscope contre sa poitrine, écoutant son cœur, ses poumons. La jeune femme n’est pas présente dans la chambre, ce qui me permet d’être concentré un peu plus sur ce que je fais. Mais malheureusement, encore aujourd’hui, je ne constate aucun changement. Bordel… Qu’est-ce que je peux bien faire pour changer ça ?

Sans vraiment sourire, je sors de la chambre en laissant glisser la porte doucement, pour ne déranger personne dans le service. Il commence à être un peu tard en début de soirée et seules les personnes vraiment proches sont encore autorisées à rester auprès des patients.

Mais en marchant quelques pas dans le couloir, je tombe nez à nez avec elle. J’ai un petit frisson qui parcours mon dos. Encore, aujourd'hui, je vais devoir lui dire que la situation pour sa mère n’a toujours pas changé. Je m’approche alors un peu d’elle et elle remarque ma présence en se tournant vers moi, lâchant des yeux le distributeur devant lequel elle se trouve.

Bonsoir Andrea. Comment allez-vous ? Je range mon stéthoscope qui se trouve dans ma main pour le mettre dans la poche de ma blouse blanche. Je viens de passer dans la chambre de votre mère. Toujours pas d’évolution aujourd’hui. Je suis désolé.

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Invité a posté ce message Lun 27 Aoû 2018 - 23:06 #

Avoir une vie entre ses mains {ft. Alexander}
C’était très étrange de la voir comme ça, allongée, le souffle calme et régulier mais surtout silencieuse. Mes deux semaines de visites n’avaient rien changé au fait que je n’étais toujours pas à l’aise avec cette situation. Abbey était et avait toujours été une femme active au fort caractère. Il était impensable d’un jour pouvoir l’apercevoir assise dans un coin à se tourner les pouces. Elle était hyperactive, toujours à tout gouverner quand bien même la horde de nos domestiques pouvait s’en charger à sa place, sans parler des nombreuses fêtes qu’elle adorait organiser. Le moindre petit évènement était synonyme de grand restaurant gastronomique ou de réception à couper le souffle. Elle était comme ça, ma mère. Sans parler de sa beauté à couper le souffle, à croire que les années ne faisaient que l’embellir. Elle s’habillait bien aussi, elle se devait de toujours être à la pointe de la mode et de porter la tenue parfaitement adaptée à chaque occasion. Ses cheveux châtains mi longs étaient sa plus grande fierté, elle en prenait grand soin et dieu seul savait à quel point elle ne les aurait pas confiés au premier coiffeur venu ! C’était pour ça, que je ne me sentais pas bien à chaque fois que je venais la voir. Le plus dur pour moi était de poser mes yeux sur son visage ecchymosé mais surtout de discerner les larges bandes, qui, je le savais, cachaient son crâne qu’ils avaient dû raser pour l’opération.

J’étais arrivée à l’hôpital tout de suite après les cours, comme je le faisais depuis ces deux dernières semaines. Parfois je me contentais de m’asseoir à ses côtés pour l’observer et lui tenir la main. D’autres fois, je lui parlais longuement, lui racontant ma journée, des souvenirs ou tout ce qui était susceptible de lui donner envie de revenir parmi les vivants. Il m’était même arrivé de la menacer de la haïr si jamais elle osait nous abandonner. Evidemment, au début j’avais pleuré. Nous avions beau être une famille peu démonstrative de nos sentiments, elle n’en restait pas moins ma mère, celle qui m’avait toujours soutenue même dans mes pires moments de faiblesses. Je restais souvent jusqu’à l’heure limite de visite si bien que je rentrais toujours tard chez moi et pour m’occuper l’esprit, je travaillais. Je dormais très peu, trop peu, et je m’entraînais beaucoup pour maintenir mon niveau d’excellence en cours, que ça soit à l’écrit comme à la danse. Mon corps commençait à m’abandonner un peu, j’avais beau me maquiller, mes larges cernes restaient visible et j’avais probablement perdu un ou deux kilos à force de me sous-alimenter. Je ne le faisais pas exprès, je n’avais juste pas faim et les insomnies me menaient la vie dure.

« Rhys et moi avons réussi l’examen haut la main. Notre duo est parfait, les professeurs ont adoré sa musique et ma chorégraphie. Ça augmente mes chances de décrocher un vrai contrat dans le futur, tu sais ? Nous envisageons de poster la vidéo sur les réseaux. Ta fille va devenir connue, tu m’entends ? Mes efforts vont payer et je te promets de toujours être la meilleure, nous décrocherons ce rêve ensemble mais pour ça, j’ai besoin que tu sois là pour en profiter avec moi. On organisera une réception inoubliable, encore mieux que n’importe laquelle que nous ayons déjà pu faire par le passé ! Tu ne peux pas passer à côté de tout ça ! Je t’attends maman. »

Je déposais un léger baiser sur son front en retenant mes larmes de couler. Je devais être forte pour deux. Sur ces paroles, je quittais sa chambre puis allais m’asseoir dans la salle d'attente la plus proche. Je pris le temps de souffler pour reprendre mes émotions puis checkais mon portable. Aucun appel de mon père, ni même aucun message. Il devait probablement attendre que je lui donne des nouvelles plus convaincantes. D’un côté je comprenais que son emploi du temps était surchargé, qu’il avait beaucoup de réunions et de voyages d’affaires difficilement modifiables mais de l’autre je lui en voulais de ne s’être déplacé que deux ou trois fois pour voir maman. Je la trouvais incroyable d’avoir toléré cette absence quasi constante pendant toute sa vie et d’être restée amoureuse de lui comme au premier jour. Je savais que c’était réciproque mais j’avais toujours eu du mal à le vivre. Je soupirais en me tenant la tête. J’étais fatiguée et je commençais à avoir la migraine. Je me levais alors pour rejoindre la machine à café. A vrai dire, je détestais ça mais à défaut, j’adorais le thé. Je vérifiais l’heure sur ma montre. Ce n’était pas vraiment raisonnable d’en prendre un maintenant si je comptais réussir à dormir cette nuit mais je n’avais pas vraiment l’intention de rentrer tout de suite non plus. Un bruit de pas me fit sortir de mon combat intérieur et je levais les yeux vers le médecin qui s’approchait de moi.

« Bonsoir Docteur Blake… Alexander. »

J’avais toujours du mal à appeler quelqu’un par son prénom quand il ne s’agissait pas d’un proche et mon état actuel ne m’aidait pas non plus à le faire mais j’appréciais cet homme. Nous nous croisions tous les jours, il nous arrivait même parfois d’échanger quelques mots avant qu’il ne soit appelé ailleurs. Ceci dit, l’hôpital semblait plus calme que d’ordinaire aujourd’hui. Mes épaules s’affaissèrent à son annonce sans que je ne puisse vraiment m’expliquer pourquoi. Sa tête avait parlé pour lui bien avant ses lèvres et ce n’était pas comme si je n’étais pas habituée à cette déclaration mais quelque part, j’avais toujours de l’espoir.

« J’étais sur le point de me prendre un thé, vous voulez quelque chose ? »

Je pianotais déjà sur la machine avant même qu’il ne me réponde. Pour moi, c’était un thé au citron, mon préféré. Ce devait être le cinquième aujourd’hui pourtant je ne m’en lassais pas, à croire que mes doigts connaissaient l’enchaînement par cœur pour m’offrir cette drogue. Je détournais mon regard de la machine pour le planter dans le sien.

« Vous n’avez pas besoin d’être si désolé vous savez. Vous avez fait ce qu’il fallait, ce n’est pas de votre faute si ma mère en est là aujourd’hui. »

Je me crispais à mes propres mots et serrais la mâchoire. C’était à cause d’un chauffard qui avait grillé un feu comme un dingue et qui avait percuté ma mère, c’était à cause de lui qu’elle était dans cet état et qu’elle n’en sortait toujours pas malgré toute la bienveillance qui l’entourait. Je soupirais. Encore. J’étais las de ressasser sans cesse les mêmes choses. Alors je questionnais mon interlocuteur sur la chose la plus banale qui soit :

« Comment s’est passée votre journée ? »

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Invité a posté ce message Ven 31 Aoû 2018 - 18:39 #


Avoir une vie entre ses mains

Je me souviens encore de mes années à l’école de médecine. Quand on est à la fac, on ne fait face qu’à la théorie, des schémas, des dessins. Un apprentissage qui ne nous met en rien face à la réalité. Une fois qu’on se retrouve dans le bloc, avec un bistouri en main, le cerveau d’une personne ouvert devant soit, c’est totalement autre chose.

Certaines personnes pensent que c’est ce qu’il y a de plus difficile dans notre métier, mais je ne suis pas vraiment d’accord avec eux. La pratique, le savoir faire, une fois que c’est quelque chose de maîtrisé, ça devient de plus en plus facile. C’est un peu comme un don, finalement.

Non, pour moi, le plus difficile dans tout ça, c’est sûrement de devoir faire face aux proches, à la famille. Pour eux, c’est moi le responsable. Si jamais je sauve quelqu’un, ils vont être très heureux, vont me remercier, parfois même me prendre dans leurs bras. Mais au contraire, quand je perds quelqu’un durant une opération, que je n’arrive pas à sauver une vie, j’ai l’impression d’être vu comme un bourreau, d’être celui qui vient de tuer un ami, un frère, un enfant, un parent… Je ne suis pas une machine, je n’arrive pas à cacher mes sentiments, mes angoisses.

Ce n’est pas tellement différent avec cette jeune femme. Je fais de mon mieux pour garder la tête haute, pour faire en sorte de sourire, de rester positif. Mais plus le temps passe et plus je me dis que ça doit vraiment être une épreuve terrible pour elle. Et je dois dire qu’en fait, je parle en connaissance de cause. Je me revois encore perdre ma sœur. Ca m’arrive encore de faire des cauchemars à ce sujet. Je la revois, allongé sur cette table, la vie ne voulant plus d’elle. Et même moi, en tant que médecin, je ne peux rien faire pour elle.

Alors qu’en est-il de cette femme qui se trouve devant moi. Je n’imagine pas à quel point cela doit être affreux à surmonter. Et je le vois apparaître encore plus, ce lourd poids qui porte sur ses épaules, grossir un peu plus, quand je lui annonce les nouvelles. Je n’arrive presque pas à la regarder dans les yeux de temps à autre. Malgré tout, elle attire mon attention en me demandant si je prends quelque chose.

Oui avec plaisir. Je vais prendre… un café. puis en souriant, je commence à rire doucement. Vous avez réussi à prendre l’habitude de cette machine ? Je n’y arrive toujours pas.

J’évite de le prendre ici maintenant, depuis que j’ai découvert cette magnifique cafetière dans la salle des titulaires. C’est très clairement un nouveau monde pour monde, j’ai encore des choses à découvrir. Mais d’un coup, quand elle me parle de sa mère, en disant que ce n’est pas ma faute, je reprends assez vite mon calme. Sur le côté de la machine, une chaise, sur laquelle je me pose. Mais d’un coup, quand elle me parle de sa mère, en disant que ce n’est pas ma faute, je reprends assez vite mon calme.

Vous savez pour être franc, j’ai du mal à me dire le contraire. Quand elle est arrivée ici, son état n’était vraiment pas bon. Je réussis à la faire revenir, l’opération s’est très bien passé et pourtant, nous sommes toujours dans l’attente. J’ai l’impression que j’aurais pu faire quelque chose d’autre, que j’aurais pu l’aider. Du moins, mieux que maintenant.

C’est vrai que je me sens coupable, c’est normal d’avoir de la compassion dans le métier que je fais sinon tout cela ne deviendrait qu’une sorte de rythme machinal à prendre et seulement opérer des gens sans pour autant prendre en compte ce qui peut se passer autour de soi.

Ma journée était… vraiment très longue. Pour être honnête, je ne suis pas retourné au bloc pour opéré depuis votre mère. Je sais pas, j’ai un peu besoin de temps. Du coup je passe mon temps à m’entraîner, enseigner et passer voir mes patients. Ce n’est pas le mieux, mais ça me convient pour le moment.

Puis c’est là ou je me rends compte qu’en fait, je suis en train de dire tout ça, mais à une personne que je connais à peine. Depuis tout ce temps ou je suis à New York, j’ai passé tellement de temps à l'hôpital que j’ai presque oublié la vie extérieur. Je n’ai pas revu ma famille depuis un moment, mais pourtant, je me laisse aller sur cet instant, sans trop savoir pourquoi. Peut-être que j’avais besoin de dire ces mots-là.

J’imagine que ça dois être bien pire pour vous, n’est-ce pas ? Bien plus difficile à supporter que mes petits problèmes. J’aimerais vraiment pouvoir vous aider plus, mais je ne peux rien faire pour changer cette situation.

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Invité a posté ce message Lun 10 Sep 2018 - 23:37 #

Avoir une vie entre ses mains {ft. Alexander}
Je l’écoutais en silence, souriant à mon tour en l’entendant rire vis-à-vis de la machine à café. C’était plaisant à entendre, un rire. J’avais l’impression qu’une éternité s’était écoulée depuis la dernière fois où j’avais pu en percevoir un. Alors oui, je lui offrais un sourire en retour tandis que je récupérais mon précieux breuvage.

« C’est sûr que ça ne vaut pas une vraie boisson bien préparée mais à défaut, c’est toujours mieux que rien. Je vous apprendrais un jour, si vous le souhaitez ! » Le taquinais-je gentiment. « Un café noir, j’imagine ? »

Je ne savais pas vraiment pourquoi mais je ne l’imaginais pas boire autre chose qu’un café pur pour apprécier tout son arôme et ses bienfaits. J’attendis sa réponse pour à nouveau faire voleter mes doigts sur les boutons. Je l’écoutais parler en silence, les yeux rivés sur le liquide qui coulait dans le gobelet, songeuse. Malgré ce qu’il me disait, malgré ses arguments, j’étais certaine qu’il avait fait le maximum pour sauver ma mère comme il faisait le maximum pour sauver le moindre de ses patients. Lorsque je lui tendais son bien, mes yeux plantés dans les siens, je pouvais y lire une profonde culpabilité mêlée à… de la tristesse ou bien de la compassion… les deux ? C’était assez déstabilisant. Il était médecin, il devait avoir l’habitude de ne pas toujours tout réussir, sans parler de son côté humain, c’était la vie qu’il côtoyait tous les jours. Pourquoi n’était-il pas retourné au bloc ? Je me rendis compte, un peu tard, que je le fixais toujours aussi je détournais vivement le regard en remettant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je décidais finalement de m’asseoir à ses côtés, savourant mes premières gorgées de thé en réfléchissant aux termes que j’allais employer.

« Vous êtes neurochirurgien et vous êtes humain. Vous avez fait un miracle en sortant ma mère d’un état critique pour la remettre dans un état stable. Peu importe ce que vous pouvez bien penser, c’est déjà beaucoup à mes yeux, il y a de l’espoir ! »

Je le regardais à nouveau droit dans les yeux. Je tenais à ce qu’il sache à quel point j’étais sincère en disant ces mots.

« A vrai dire, vous devriez plutôt vous inquiéter de ce que vous allez subir à son réveil. Je vous préviens, ma mère est une femme de caractère et elle obtient toujours ce qu’elle veut. »

Je lâchais un petit rire. Il ne fallait pas être devin pour savoir qu’Abbey voudrait le remercier par tous les moyens possibles et imaginables, que ça soit par des dîners, des cadeaux ou tout ce qui lui chanterait. Et ma mère voyait toujours les choses en grand. Et oui, en passant, j’étais sûre de moi, Abbey Reynolds finirait par se réveiller, c’était la raison pour laquelle je parlais d’elle avec autant de confiance. Penser à elle de cette manière me mettait du baume au cœur bien que, hélas, la réalité finissait toujours par me rattraper. Je me calmais bien assez tôt pour répondre à la question de mon interlocuteur. Il avait été honnête avec moi alors j’allais faire de même avec lui :

« Arrêtez de vous accabler, je vous en prie ! En plus de ça, chacun d’entre nous avons nos propres problèmes à régler, peu importe leur intensité. » Je marquais une pause. « Pour être franche, je me sens très seule. Encore plus que d’habitude je veux dire. »

Avouer cela de vive voix était déjà une épreuve pour moi mais le faire devant une personne que je connaissais à peine était une grande première. Était-ce justement parce que nous n’étions pas vraiment proches ? J’en doutais. Je décelais chez cet homme une oreille attentive et une bienveillance naturelle qui m’aidaient à m’ouvrir. Alors je me permettais de continuer :

« Je suis fille unique et mon père est probablement à l’autre bout du monde au moment même où nous nous parlons. Sans parler d’obligation, je sens qu’il est de mon devoir de prendre soin de ma mère sans pour autant négliger tous les efforts que j’ai fournis jusqu’ici pour gérer ce qui sera ma future carrière. Je croyais avoir les épaules assez solides pour tout supporter mais je commence à être épuisée. Je suis vraiment ridicule. »

Oui, je me sentais ridicule. Si je ne pouvais pas gérer de front ma vie familiale et professionnelle en tant qu’étudiante pendant ces deux dernières semaines, qu’en serait-il le jour où ma carrière décollerait ? J’avais toujours parfaitement géré ma vie, j’étais excellente dans tout ce que j’entreprenais et je dessinais déjà mon avenir à un détail près. J’étais et j’avais toujours été seule. Là où n’importe qui avait des amis, sortait les week-ends ou allait sonner chez quelqu’un dès qu’il avait le moral au plus bas, moi je devais constamment tout gérer seule. Et aujourd’hui, je n’en pouvais plus. Je buvais de grandes gorgées de mon thé pour me redonner une certaine contenance. Je ne devais pas craquer maintenant, je ne pouvais pas me le permettre. Alors je décidais de rebondir :

« Pardon mais… Je ne comprends pas… Pourquoi ne retournez-vous pas au bloc ? J’ai un peu de mal à croire que ça soit uniquement à cause de ma mère. On dirait qu’il y a autre chose, je me trompe ? »

Je le scrutais toujours. A vrai dire, mon intention n’était pas de le mettre mal à l’aise mais puisque nous discutions à cœurs ouverts alors autant y aller. De plus, les couloirs étaient déserts, nous étions seuls, assis à côté de la machine à café sous la faible lumière de la salle d’attente. A croire que le contexte se prêtait parfaitement aux confidences.

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