♪ One good thing about music, when it hits you, you feel no pain.

Jamie était de repos aujourd’hui. Il était de ceux qui en réalité, n’avait pas besoin d’en avoir, n’en voulait pas en fait. S’il pouvait passer ses nuits, ses journées, jusqu’à ses heures perdues à travailler il le ferait. Il ne vivait que par ça maintenant et il ne voyait pas d’autres manières de vivre, si ce n’est, attendre le jour de sa mort avec envie. Il attendait vivement qu’arrive le jour où un barjot lui tirerait dessus et qu’il ne s’en sorte pas. Mais pour l’instant il n’avait trouvé aucun grand fou qui n’osait lui tenir tête ou qui voulait réellement se venger. Jamie en avait fait des belles à pas mal de gars, et il savait pertinemment que du sang coulait sur ses mains, ça imprégnait encore ses entrailles. Il essayait tant bien que mal d’éviter de toutes les manières possibles, de blesser quelqu’un mais comme si ça faisait partit de lui, il était sûrement un homme vénal et impulsif car dès qu’un mec faisait le dur lors d’interrogatoire, il serrait le poing et en cognait pas mal en passant. Non ce n’était pas du tout la procédure mais il faut dire qu’il n’y avait pas énormément de flics qui respectaient les règles ici. Alors pourquoi lui ? Il était passé au poste ce matin, une habitude, avant qu’un de ses collègues, Oward, ne lui envoie une blague en pleine figure. « Hey Sorensen, ça fait déjà 3 fois maintenant que t’oublies qu’aujourd’hui c’est ton jour de congé. Le patron va te botter le cul si il te voit. » Jamie avait eut un sentiment d’amertume, presque de dégoût à l’idée de ne devoir rien faire aujourd’hui. Il n’avait rien prévu, ni envie de faire quoi que ce soit. Alors toute la journée, il s’était baladé en ville. Il avait traversé les rues en regardant les vitrines des boutiques, sans y rentrer. Puis il s’était occupé comme il pouvait en fait, jusqu’à ce qu’il se retrouve devant le Selamat Pagi, ce restaurant indonésien qu’il avait toujours voulu essayer. Il pouvait être seul, il s’en moquait bien. De toute façon il n’était pas la compagnie la plus agréable. Jamie étant peu bavard, il n’était pas le rendez vous rêvé avec ces dames. Il avait essayé après s’être séparé de Sally, oui il avait essayé d’avoir quelques rencards par-ci par-là, pour se consoler dans les bras de femmes. C’était parfois agréable de se sentir avec quelqu’un, de se sentir considéré et soutenu. Mais il avait très vite lâché l’affaire parce qu’il s’était rendu compte qu’en fait, ça ne l’intéressait plus. La solitude avait prit le dessus. C’est pour cela que rentrer dans ce restaurant seul ne le gênait pas le moins du monde. Il salua les employés en rentrant et commanda différentes choses, pour goûter. Ses papilles gustatives se délectaient déjà du goût épicé et salé de la cuisine indonésienne. Il s’installa à côté de la baie vitrée qui donnait vue sur un magnifique parc avec un point d’eau, au loin. Jamie était un fervent admirateur des paysages verts, et manger avec cette vue lui convenait parfaitement.

Il termina de manger au bout de 30 minutes. Jamie jeta un œil à sa montre qui indiquait qu’il était déjà 21 heures et des brouettes. Il paya et sortit du restaurant. Ainsi, il avait réussi à passer cette foutue journée sans la voir passer. C’était assez rare à vrai dire et il en était assez fier. Il continua à marcher dans les rues voisines pour rejoindre la route qui le ramènerait chez lui lorsqu’une lumière au loin lui aveugla les yeux. C’était un panneau illuminé par des lumières terriblement aveuglante mais qui faisait bien son travail. C’était tape à l’œil et les lettres rouges contrastés de petites lampes montrait que c’était le logo d’un bar. Le Baby Grand. Si il y avait bien une chose dont il avait envie avant de dormir, c’était un bon verre de scotch, glacé, et sec. Jamie pensa donc que la meilleure idée était de rentrer dans ce bar tape à l’œil pour voir si il était à la hauteur de ce qu’il prétendait être. En rentrant dedans, il découvrit un endroit bizarrement chaleureux, illuminé comme il fallait sans qu’il fasse trop sombre ni trop clair. Mais les mêmes écritures grotesques parés de lumières pour les illuminer étaient accrochées derrière le bar. C’était une assez bonne idée, au moins il savait où il devait aller. Le brun commanda donc ce qu’il désirait avant qu’il ne rentre ici et s’installa dans un coin. Posant son verre sur la minuscule table devant lui, il fut surprit que la chaise, ou plutôt le fauteuil, qu’il s’était prit était confortable. Tandis qu’il observait cela, il entendit l’animateur s’accaparer le micro. « Hey hey bienvenue et bonsoir mesdames et messieurs ! J’espère que vous allez toujours bien les baby’s. Bon jusque là nous avons des représentations un peu casse gueule et… franchement novice... » Des éclats de rires jaillirent de la salle entière, chose que Jamie ne fit pas. « …et je vous laisse donc maintenant découvrir une vraie perle. J’en dis pas plus mais je vous prie mesdames et messieurs d’accueillir chaleureusement Poppy Moran. » L’attention de Jamie fut instantanée. Il connaissait Poppy. Oh oui qu’il la connaissait mais que pouvait-elle faire là ? Elle savait pourtant que jamais Jamie ne raterait jamais une de ses représentations. Il aperçut la jeune femme monter sur la scène, saluer le public et prendre le micro. Jamie s’installa au fond du fauteuil et se préparera à être attentif à toute la performance que la jeune femme donnerait.

Il se tenait fermement à son fauteuil. Poppy avait le don de le toucher au plus profond de son être lorsqu’elle chantait. Jamie était une personne plutôt insensible depuis quelques années. Mais Poppy avait une voix à vous faire transporter par-delà ce monde. Et ça, ça lui rappelait de bons souvenirs, comme des mauvais. La jolie blonde monta sur scène, très sûre d’elle et le sourire aux lèvres comme à son habitude. Elle commence à chanter une chanson qu’il a entendu un jour à la radio. Et elle égalait la version originale, voir même en mieux. Jamie serra les poings, il était surpris à chaque fois qu’il pouvait se cacher au fond de lui un homme sensible. A tel point que des semblants de larmes avait l’air de monter jusqu’à ses yeux mais il avait trop de fierté pour cela alors il les ravala. Il devait avoir les yeux larmoyants, oh quelle tristesse. Mais cela lui rappelait sans nul doute Andrea, sa merveilleuse petite fille, son adorable fillette aux cheveux blonds et ses yeux bleus remplis de joie de vivre. La vie lui avait reprit ce qui lui avait été le plus cher à ses yeux. En fait elle s’acharnait sur lui car il ne demandait qu’à être heureux et il s’était comme entendu avec elle, il avait voulu se racheter ; se repentir des horreurs qu’il avait pu faire et de toutes les vies qu’il avait pu prendre. Mais elle n’avait pas l’air d’être d’accord. Alors oui, tout ça ça le touchait. Il n’était qu’un humain avec des sentiments. Quand il se rappelait d’Andrea c’était très douloureux et il essayait de ne plus s’en souvenir car son cœur se tranchait en milliers de morceaux. Lorsque la musique prend fin, il ne s’en rend même compte tellement il est plongé dans ses pensées, à repenser aux deux minuscules années où il avait vécu avec sa fille. Mais les applaudissements qui retentirent le sortirent de ses pensées et il se leva sans plus attendre pour aller se prendre un verre. C’était son rituel lorsqu’il se remémorait son passé, il buvait. Il avait eu des passades d’alcollo. L’alcool était devenu son meilleur ami à une période, le seul à le comprendre et à le consoler. Il demanda un whisky très chargé et s’accouda au comptoir en attendant, et le temps de se remettre de ses émotions lorsque Poppy apparut face à lui, demandant un cocktail. « Celui-là est pour moi. » dit-il en tendant un billet au serveur et assez fort pour qu’elle l’entende. Les verres lui étaient peut être offert mais tant pis, le serveur n’avait qu’à garder l’argent pour sa poire. Puis il s’approche de Poppy avec un grand sourire. « Et bien quelle prestation, c’était génial comme toujours. » Il considérait Poppy comme une petite sœur qu’il n’avait jamais eu alors il la chérissait comme un membre de sa famille. « Tu ne m’as pas dis que tu performais ce soir, petite cachotière. »

Du plus loin qu’il se souvienne, Jamie n’avait jamais été proche de sa famille. Sa vraie famille. Même enfant, il était le plus calme tandis que les autres étaient de vrais perturbateurs. Voilà pourquoi sa tante n’avait voulu prendre que Jamie en charge à la mort de ses parents. Et depuis, il s’éloignait d’eux comme la peste. Ils avaient tous mal tournés. Entre son frère qui était drogué et qui avait des relations douteuses avec la mafia et ses deux sœurs qui n’étaient pas nettes du tout, habillées légèrement et pas sur la même longueur d’ondes par rapport à lui. Bref, Jamie n’était pas fier de sa famille. Alors quand il a rencontré Poppy, tout a été clair. Elle était comme la petite sœur qu’il avait toujours voulu avoir. Elle était souriante, pleine de vie, et elle était pleine de rêve. Rêver. Qu’est-ce que c’était que ça ? Ca faisait longtemps que Jamie n’avait plus fait ça. Enfin du coup, il prenait grand soin de Poppy, il la protégeait, la conseillait, l’épaulait, il faisait tout pour elle. Et par-dessus tout, il adorait l’entendre chanter car elle faisait remonter en lui un trop plein de sentiments. Personne n’avait réussi à faire ça en cinq ans.
Après qu’elle ait terminé sa performance, Jamie se présenta donc au bar, commanda pour lui et en voyant Poppy arriver, il paya sa tournée. Et en quelques instants, Poppy se retrouva dans ses bras, lui sautant quasiment dessus. Il s’en voulait un peu parce qu’il ne lui avait pas dit bonjour dans les normes, il lui avait carrément lancé une phrase comme ça. Mais Poppy s’excusait la première pour ne pas l’avoir appelé ce soir. Jamie se mit à rire lorsque Poppy posa des milliards de questions, un peu inquiète, un peu perturbée. Il trouvait ça adorable c’était du Popo tout craché. « J’étais dans le coin et à vrai dire je suis vraiment tombé par hasard dans ce bar. T’as eu de la chance que je sois dans les parages, l’appel du fan à sa chanteuse préférée ! » Il leva son verre qui venait d’arriver et trinqua avec celui de Poppy. « Poppy tu me connais quand je suis sincère c’est-à-dire 99% de mon temps, alors oui c’était formidable ! Regarde j’ai encore les yeux humides. » Il tira la langue tout en grimaçant. Il n’avait aucune honte de dire à Poppy que ses prestations l’avaient touchées, elle savait tout de lui après tout. Elle lui demanda ensuite ce qu’il faisait ici ce soir. « Je tue le temps, je me baladais c’est mon jour de repos… Viens on va s’assoir à ma table ? » Il montra sa table un peu plus loin. Jamie n’était pas du genre à parler au milieu de tout le monde. « Et toi alors ? Comment ça se fait que tu sois là tu ne travailles plus ? » Il prend place sur le fauteuil où il était assit tout à l’heure après avoir fait asseoir Poppy sur le siège d’en face, toujours gentleman celui-là. Mais il était intéressé par la vie de Poppy car au moindre problème, il ferait son possible pour l'aider.